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Arcole

Arcole. - Ville d'Italie (province de Vérone), située au milieu des marécages, sur la gauche de l'AIpone, affluent de gauche de l'Adige, à 28 kilomètres au Sud-Est de Vérone; 5700 habitants. Arcole est célèbre pour la victoire qu'y remportèrent Bonaparte et Augereau lors de la Campagne d'Italie.

Bataille d'Arcole.
La bataille d'Arcole, livrée par Napoléon Bonaparte aux Autrichiens les 15, 16 et 17 novembre 1796, est l'une des plus importantes de cette campagne d'Italie, où l'art militaire de Napoléon s'élève à des hauteurs qu'il ne dépassera jamais dans la suite. Arcole appartient à la période la plus difficile et la plus laborieuse de la campagne. Bonaparte, après avoir détruit successivement trois armées autrichiennes, et soumis le Piémont et la Lombardie, a pris un temps d'arrêt dans sa marche offensive, car il veut en finir avec Mantoue, qu'il assiège, avant de se porter de nouveau en avant. Mais la pays mantouan est marécageux et malsain, et l'armée française, qui compte à peine 38000 hommes, est décimée par les fièvres paludéennes. Cependant l'Autriche a formé une quatrième armée qu'elle a confiée à Alvinzi, avec mission de faire lever le siège de Mantoue, défendue par Wurmser. Cette armée est forte de plus de 50000 hommes. Les troupes françaises sont partagées en trois groupes. Masséna et Augereau sont sur la Brenta et le bas Adige, Vaubois sur le Lavis, Sérurier assiège Mantoue. Les Autrichiens, de leur côté, comptent agir sur trois points. Alvinzi avec près de 40000 hommes opérera dans le Frioul, prenant pour premier objectif Vérone où se fera sa jonction avec Davidowich, qui doit s'avancer par le Tyrol, à la tête de 18000 hommes. Tous deux marcheront ensuite à la délivrance de Mantoue. 

Au commencement de novembre les Autrichiens prennent l'offensive sur toute la ligne. Bonaparte, ayant prescrit la défensive à Vaubois, rallie les deux divisions Masséna et Augereau, environ 18000 hommes, et se porte à la rencontre d'Alvinzi. Le 6, il est en présence des Autrichiens à Bassano et se dispose à les attaquer, quand il apprend que Vaubois bat en retraite devant Davidowich. II abandonne alors son premier dessein, ordonne à Masséna et Augereau de se retirer sur Vérone en disputant le terrain pied à pied, et court rejoindre Vaubois, dont les troupes sont déjà heureusement ralliées. Il remonte leur moral, exalte encore le désir qu'elles ont de venger leur échec, et, les jugeant dès lors en état de résister à l'ennemi, il revient à Vérone. Alvinzi est arrivé à trois lieues de cette place, et occupe la position fortifiée du Caldiero. Bonaparte l'attaque le 12 novembre, mais échoue et bat en retraite sur Vérone. Pendant ce temps, Wurmser harcèle, autour de Mantoue, la division Sérurier. La position devient donc pour nous extrêmement critique. C'est alors que Bonaparte conçoit le projet extraordinaire qui doit le sauver. Le 14, à 8 heures du soir, l'armée reçoit l'ordre de prendre les armes. Elle traverse Vérone où Kilmaine seul reste avec 3000 hommes de garnison, et passe sur la rive droite de l'Adige qu'elle descend pendant quatre lieues pour venir passer de nouveau le fleuve au moyen d'un pont de bateaux que Bonaparte a fait jeter à Ronco.

Le 15 au matin, Alvinzi peut voir ses positions du Caldiero tournées et les Français près de couper sa ligne de communication. Le terrain qui borde la rive gauche de l'Adige, à hauteur de Ronco, n'est qu'un vaste marais traversé par deux chaussées, l'une remontant l'Adige par Porcil et Gambione jusqu'à Vérone, l'autre traversant une petite rivière, l'Alpon, à Arcole, et rejoignant également Vérone, mais par les derrières du Caldiero. Bonaparte a choisi ce terrain afin de compenser son infériorité numérique par l'impossibilité où seront les Autrichiens de déployer leurs troupes, là où les routes seules sont praticables. II confie la chaussée de gauche à Masséna, celle de droite à Augereau, et reste de sa personne à Ronco, Masséna traverse sans résistance le marais; mais Augereau, qui trouve le pont d'Arcole fortifié et défendu par des bataillons croates, est repoussé. C'est alors qu'Alvinzi accourt du Caldiero avec toutes ses forces. Masséna voit s'avancer contre lui la division Provera; il la laisse s'engager sur la chaussée, puis fond sur elle et la culbute. Augereau fait de même contre la division Mitrowski, mais il est encore repoussé au pont d'Arcole. 

Napoléon Bonaparte, que cette résistance exaspère, se précipite au galop, descend de cheval aux abords du pont, se met à la tête des troupes, leur parle et finalement saisit un drapeau et court sur le pont que balaient la fusillade et la mitraille. Son aide de camp Muiron veut le couvrir de son corps, il est tué; Lannes est blessé à ses côtés, et la tête de colonne est encore une fois repoussée et dispersée dans le marais. Bonaparte s'y trouve lui-même entraîné et embourbé un moment jusqu'à mi-corps, courant le plus grand danger d'être pris ou tué; mais ses soldats parviennent à le dégager.
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Le passage du pont d'Arcole.
Le passage du pont d'Arcole, le 15 novembre 1796, par J. J. Feuchère
(bas-relief de l'Arc de Triomphe, à Paris). © Photo : Serge Jodra, 2010.

Dans la nuit du 15 au 16. Bonaparte, qui n'a pas de nouvelles de Vaubois, fait retirer ses troupes sur l'Adige, en gardant le pont de Ronco, et les Autrichiens se portent en avant. Mais alors Bonaparte, rassuré au sujet de son lieutenant, lance de nouveau ses deux divisions que sa conduite à Arcole a électrisées, et qui font un véritable massacre des têtes de colonne ennemies. La même manoeuvre, renouvelée le 17, et complétée par un passage de l'Adige à Albaredo et une attaque d'Arcole par les deux rives de l'Alpon, fait tomber la résistance de ce village. Bonaparte, qui a franchi les marais, est prêt à prononcer son attaque décisive en plaine, quand une sortie de la garnison de Legnago, qu'il a ordonnée, pour opérer une diversion, montrant des forces sur le flanc gauche des Autrichiens, décide Alvinzi à ordonner la retraite sur Vicence et à céder aux Français le champ de bataille.

Ces trois journées de lutte lui coûtaient environ 10000 tués ou blessés et 5000 prisonniers, Quant à Bonaparte, cette victoire rétablissait entièrement ses affaires, et lui permettait de repousser facilement, quelgues jours après, Davidowich dans le Tyrol, et Wurmser dans Mantoue.La victoire d'Arcole transporta d'admiration et d'enthousiasme la France entière, et le Directoire décréta que les drapeaux portés par Bonaparte et par Augereau au pont d'Arcole deviendraient leur propriété et seraient conservés dans leurs familles.

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Dictionnaire Villes et monuments
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© Serge Jodra, 2006. - Reproduction interdite.