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Ankara

Ankara est la capitale de la Turquie. Elle est située dans la région centrale de l'Anatolie. Perchée à une altitude moyenne de 938 mètres, la ville est entourée de collines et de vastes plaines, lui conférant une position stratégique qui a favorisé son rôle historique en tant que carrefour des civilisations. Ankara est au cœur d'une région où se rencontrent des influences géographiques variées : elle est bordée par les montagnes du Pont au nord et par les chaînes du Taurus au sud, tandis que ses plaines fertiles s'étendent vers l'est et l'ouest, favorisant l'agriculture et les échanges commerciaux.

Ankara a un climat continental prononcé, avec des hivers froids et enneigés et des étés chauds et secs. Les rivières comme l'Ankara Çayı, un affluent du fleuve Sakarya, traversent la ville, mais la région reste globalement aride. Les collines environnantes, telles que le mont Elmadağ, ajoutent une dimension topographique notable et servent de refuge pour une faune et une flore typiques des écosystèmes steppiques.

La géographie humaine d'Ankara reflète son évolution rapide au cours du XXe siècle, alors qu'elle s'est transformée d'une petite ville provinciale en une métropole moderne et dynamique. Aujourd'hui, Ankara est une ville densément peuplée avec plus de 5 millions d'habitants. Elle est le siège de nombreuses institutions publiques, universitaires et diplomatiques. Les infrastructures urbaines témoignent de son rôle administratif et politique, tandis que des quartiers comme Kızılay et Çankaya illustrent la vitalité économique et culturelle de la ville. Cependant, Ankara conserve des zones rurales dans ses alentours, où l'agriculture reste un mode de vie prédominant.

La citadelle d'Ankara, qui domine la ville, est l'un des symboles historiques les plus emblématiques, avec des origines remontant à l'époque hittite, bien que ses structures actuelles datent principalement des périodes romaine, byzantine et ottomane. Parmi les autres monuments notables figurent le temple d'Auguste et de Rome, où est inscrit le testament politique de l'empereur Auguste, et les bains romains, vestiges de l'Antiquité. Le mausolée d'Atatürk, Anıtkabir, est un lieu de pèlerinage national et une œuvre architecturale magistrale, incarnant l'esprit républicain de la Turquie moderne.

Histoire d'Ankara.
Les premières traces d'habitation humaine à Ankara remontent à la période préhistorique, notamment à l'âge du bronze. La région était habitée par les Hittites, une des premières grandes civilisations anatoliennes, aux environs du IIe millénaire avant JC. Par la suite, Ankara devint une cité importante pour les Phrygiens, qui la fondèrent sous le nom d'Ancyre. Selon la légende, le roi Midas, célèbre pour son "toucher d'or", aurait été impliqué dans son développement. La ville devint ensuite un centre régional sous la domination des Lydiens, des Perses et des Macédoniens après les conquêtes d'Alexandre le Grand.

Sous l'Empire romain, Ankara (Ancyre) devint une ville prospère et un centre administratif stratégique. En 25 av. JC, elle fut intégrée à l'Empire romain par l'empereur Auguste. La ville devint célèbre pour l'Autel d'Auguste (ou Monumentum Ancyranum), où le testament politique de l'empereur, les Res Gestae Divi Augusti, est gravé en latin et en grec.

Ancyre devint également un centre religieux, notamment pour le culte de Cybèle, la déesse-mère phrygienne, et plus tard pour le christianisme durant les premiers siècles de notre ère. Durant la période byzantine, Ankara conserva son importance comme carrefour commercial et militaire. Elle fut plusieurs fois attaquée par les Arabes durant les guerres arabo-byzantines, mais resta sous contrôle byzantin jusqu'au XIe siècle. La ville joua aussi un rôle dans les débats théologiques de l'Église chrétienne. Après la bataille de Manzikert en 1071, les Turcs seldjoukides s'emparèrent d'Ankara, et elle devint progressivement une ville turque. En 1402, Ankara fut le théâtre d'une bataille décisive entre Tamerlan et le sultan ottoman Bayezid Ier, entraînant une brève période d'instabilité dans l'Empire ottoman.

Sous la domination ottomane, Ankara devint une ville commerciale notable, célèbre pour sa production de laine de chèvre angora (mohair). Cependant, elle resta relativement modeste en termes de population et d'importance politique par rapport à des villes comme Istanbul ou Bursa. L'importance moderne d'Ankara émerge au début du XXe siècle, durant la guerre d'indépendance turque (1919-1923). Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque, choisit Ankara comme base stratégique en raison de sa position centrale et éloignée des influences étrangères qui dominaient Istanbul.
 

Le traité d'Ankara

Le traité d'Ankara, signé le 20 octobre 1921, marque une étape importante dans les relations entre le gouvernement nationaliste turc dirigé par Mustafa Kemal Atatürk et la France, qui était alors l'une des puissances alliées après la Première Guerre mondiale

Après la défaite de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, le traité de Sèvres (1920) imposa des conditions extrêmement défavorables à la Turquie, prévoyant notamment des pertes territoriales majeures et le contrôle de certaines régions par les puissances alliées. Cela suscita une forte opposition de la part des nationalistes turcs, qui lancèrent une guerre d'indépendance sous la direction de Mustafa Kemal (futur Atatürk). La France, en vertu du traité de Sèvres, occupait des territoires dans le sud-est de l'Anatolie, notamment la région de la Cilicie (actuelle Adana et ses environs). Cependant, les forces françaises rencontrèrent une forte résistance de la part des milices nationalistes turques.

La France, épuisée par les combats en Cilicie et préoccupée par la montée en puissance des bolcheviks en Russie, cherchait une solution pour réduire son engagement militaire en Anatolie. Par ailleurs, le gouvernement français voyait dans Mustafa Kemal un interlocuteur crédible face au sultan ottoman déclinant. Le traité d'Ankara fut alors signé entre le gouvernement nationaliste turc représenté par Yusuf Kemal Tengirşek, et la France, représentée par Henry Franklin-Bouillon. Les principales dispositions de l'accord sont les suivantes :

• La frontière entre la Turquie et la Syrie (sous mandat français) fut définie. Elle correspondait en grande partie à la ligne actuelle, avec des ajustements mineurs.

• La région d'Hatay (Alexandrette) fut laissée sous contrôle français, bien qu'elle conserve une autonomie relative. Elle rejoindra la Turquie en 1939.

• La France accepta de retirer ses troupes des territoires occupés dans le sud de l'Anatolie, notamment en Cilicie.

• La France reconnaissait le gouvernement nationaliste d'Ankara comme une entité politique légitime, affaiblissant ainsi la position du sultan à Istanbul.

•  Le traité incluait aussi des clauses pour la protection des minorités vivant dans les zones concernées.

Ce traité constitua une victoire diplomatique majeure pour Mustafa Kemal et le mouvement nationaliste turc, qui consolidèrent leur légitimité internationale. L'accord mit fin aux hostilités entre les forces françaises et les nationalistes turcs, permettant à la France de réduire son engagement militaire en Anatolie. Le traité permit d'améliorer les relations entre la France et la Turquie. La coopération établie durant cette période influença favorablement leurs relations dans les décennies suivantes. Le traité d'Ankara porta par ailleurs un coup supplémentaire au traité de Sèvres, déjà contesté par les nationalistes turcs. Il ouvrit la voie à la négociation du traité de Lausanne en 1923, qui redéfinit les frontières de la Turquie moderne. 

En 1923, après la victoire des forces nationalistes, Ankara fut déclarée capitale de la République de Turquie, remplaçant Istanbul. Ce choix marqua une rupture symbolique avec l'héritage ottoman et une orientation vers une modernisation républicaine. Ankara se développa rapidement, devenant un centre administratif et politique. La ville fut reconstruite selon des plans urbains modernes, avec de larges avenues, des bâtiments gouvernementaux et des zones résidentielles. Aujourd'hui, Ankara abrite des institutions gouvernementales, des ambassades, des universités renommées et des sites historiques importants. 

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Dictionnaire Villes et monuments
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