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La lettre T
Le signe hiéroglyphique égyptien représentait un bras étendu portant sur la main un objet, qui était un gâteau. Ce signe, correspondant au son [tu], se déforma beaucoup en passant dans l'écriture hiératique, et encore davantage dans l'écriture des Phéniciens, où il fut réduit à deux traits s'entre-croisant. La lettre T prit de bonne heure, chez les Grecs et les Romains, la forme qu'elle a gardée depuis. La forme de l'alphabet étrusque paraît dérivée directement, comme plusieurs autres, de l'alphabet phénicien.
1 - Origine et dérivations du T latin
Origine et dérivations du K latin.
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Le T épigraphique romain se déforma beaucoup entre le VIe et le VIIe siècles. La barre transversale ou « tête » du T s'inclina à droite ou à gauche, de même que la haste de la lettre. La tête prit même quelquefois la forme de l'Y (3e fig. des inscriptions du VIIe siècle). Sur les monnaies, le T avait souvent des traits massifs et triangulaires (2e fig. des inscriptions du IXe et du Xe siècle).

La capitale des manuscrits a deux formes : le T épigraphique on carré et le T rustique. Ce dernier a sa tête et sa base arrondies et ondulées (2e figure de la colonne de la capitale des manuscrits). La tête est souvent très courte par rapport à la hauteur de la haste. La base a quelquefois la même dimension que la tête, de sorte que la lettre prend l'aspect d'une sorte d'I majuscule. Souvent aussi, la tête est presque entièrement portée à gauche et est formée d'une ligne très fine (2e fig. du VIe siècle). Les extrémités de la ligne de tête du T sont très souvent terminées en forme d'appendices divers formant des angles, des crochets, etc.

2 - Ecritures de la première période du Moyen âge
Origine et dérivations du K latin.-

Le T oncial est caractérisé par l'arrondissement de la haste, à sa partie inférieure, et par la courbure de la tête vers la gauche de la haste, qu'elle rejoint souvent vers le milieu de sa hauteur. Souvent la tête est une ligne très déliée et la haste une ligne très épaisse et massive (fig. 2 du Ve siècle). Transporté dans les écritures minuscules, le T oncial a donné la forme semi-onciale. La tête du T semi-oncial devient plus ondulée à mesure qu'on avance dans le Moyen âge

Le T entre dans beaucoup de ligatures de l'écriture capitale et de l'écriture onciale, notamment celle de NT, qui subsiste, à la fin des mots et à la fin des lignes des manuscrits, jusqu'au XIIe siècle. La tête du T est très ondulée et très inclinée vers la droite, dans la cursive romaine. Tracé d'un trait continu, dans la forme de la cursive antique qui s'est conservée longtemps en Italie et prit dans la chancellerie des papes aux VIIIe et IXe siècles, le T prend ta forme d'un O surmonté d'une barre horizontale (fig. de la cursive des VIIe-IXe siècles). Dans la cursive carolingienne, la tête du T se termine par une boucle dont les ondulations traversent plusieurs fois la haste de la lettre. Plusieurs ligatures usitées dans l'écriture cursive avec la lettre T se sont conservées très longtemps, notamment & pour et. Dans la cursive notariale d'Italie, du Xe au une siècle, cette même ligature, avec un prolongement à droite, au-dessous de la ligne de base de l'écriture, a la valeur de [ti], quand il est prononcé [zi] en italien, puis celle de [z] seulement (C. Paoli, dans l'Archivio storico italiano, année. 1885 , Miscell. XI). La ligature ST est très fréquente dans la cursive et la minuscule carolingiennes, ainsi que dans la minuscule gothique des diplômes royaux et pontificaux, où elle se faix remarquer par l'écartement des deux lettres et les fioritures du trait qui leur sert
de liaison.

3 - Ecritures dites nationales
Origine et dérivations du K latin.

Les formes des écritures dites nationales exagèrent ou modifient arbitrairement les types classiques du T capital, par exemple dans l'écriture wisigothique, qui amplifie la tête ondulée du T de la capitale rustique (fig. de la capitale wisigothique du tableau n° 3). Dans l'écriture lombardique et dans l'écriture wisigothique, la forme en Y que prend quelquefois la tête du T (fig. 3 des inscriptions du VIIe siècle, tableau n° 2) s'est conservée en s'exagérant encore davantage. La boucle de droite de la tête du T, agrandie et abaissée en se retournant jusqu'au niveau de la base du T, a été tracée d'un trait continu avec la haste de la lettre (fig. de la cursive et fig. 2 de la minuscule lombardique, etc,), de sorte que le T prend tout à fait l'aspect d'un a, de it et de at. Ces fautes de lecture ont été souvent commises par les copistes du Moyen âge, quand ils n'étaient pas familiarisés avec l'écriture lombardique. Dans l'écriture anglo-saxonne, la rune thorn, dérivée de la capitale antique, a aussi pour prototype une lettre dont la tête était en forme d'Y et qui a donné, dans la minuscule anglaise du XIVe siècle, un th en forme d'y, par exemple : ye pour the.

4 - Ecritures gothiques
Origine et dérivations du K latin.

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Dans les écritures gothiques, le T majuscule a deux formes, celle de la capitale et celle de l'onciale, qui ont été usitées simultanément pendant toute la durée du Moyen âge. Les deux extrémités de la tête du T capital sont terminées par des lignes retombantes, qui descendent presque au niveau de la base, surtout dans les écritures d'Allemagne. Le T de forme onciale a sa base repliée en une volute très arrondie et dont le côté gauche est toujours beaucoup plus fort que le côté droit. Quelquefois le côté droit de cette volute est réduit à une simple ligne très fine (fig. 2 des majuscules du XIIIe siècle et fig. 8 du frontispice). La tête du T gothique majuscule se compose généralement d'une ligne ondulée et très renfléee dans sa partie centrale. Dans la cursive gothique, la haste est très recourbée et la tête très oblique, ce qui fait généralement confondre cette lettre, surtout au XIVe et au XVe siècle, avec l'e minuscule et cursif. La tête se termine souvent par un trait de fioriture qui rejoint la base (fig. 2 de la minuscule et de la cursive du XVe siècle).

5 - Ecritures modernes
Origine et dérivations du K latin.

Dans l'écriture bâtarde des temps modernes (tableau n° 5), le T minuscule a deux formes, l'une dont la haste dépasse la ligne de sommet de l'écriture (fig. 1) et l'autre dont la tête est supprimée (fig. 2) et dont la haste ne dépasse pas la hauteur des jambages moyens des lettres (tels que l'i). (E.-D. Grand).
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Lettres historiées et ornées.
1. Psautier anglo-saxon du VIIe siècle.
2. Initiale mérovingienne, VIIe siècle. 3. Initiale mérovingienne, VIIIe siècle.
4. Lettre ornée italo-lombardique, XIe siècle. 5. Initiale italo-lombardique, XIIe siècle. 6. Lettre ornée allemande, XIIe siècle.
7. Initiale de livre d'heures anglais, XIVe siècle.
8. Grande lettre ornée de missel anglais, XIVe siècle. 9. Initiale de missel anglais, XVe siècle. 10. Initiale filigranée, XVe siècle. 1 l. Ms. choral italien, XVIe siècle. 12. Bible de Wittemberg, XVIe siècle.
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Dictionnaire Le monde des textes
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