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La langue cherokee
Le cherokee (ou Tsalagi, Tslagi, Tsaraghee) est une langue amérindienne du groupe des langues iroquoises, parlée aux Etats-Unis aujourd'hui seulement par 15 000 personnes, mais autrefois par des populations plus nombreuses, qui se répartissaient entre les Etats actuel du Tennessee, de la Géorgie, de l'Alabama et de l'Arkansas. 
Les Cherokees ont été un peuple uni par des liens d'étroite parenté avec les Creeks et appartenant comme ceux-ci au groupe Appalachien. Ils habitaient (jusqu'en 1830) la partie montagneuse des régions qui sont devenues les Etats d'Alabama, de Géorgie, du Mississippi et du Tennessee. Leurs terrains de chasse avaient une étendue de près de 3000 km². 

D'après leurs traditions, ils étaient venus de l'Ouest, avant les Muscogees qui cependant s'établirent plus à l'Est, sur la côte de l'océan Atlantique. Soto traversa leurs villages en 1540, mais leur situation dans l'intérieur du continent ne les mit que tard en contact avec les Européens. Ils furent d'abord assez bien disposés pour les Blancs; en 1712, ils aidèrent les Caroliniens à détruire ou à chasser les Tuscaroras. En 1730, sir Alexander Cunning les décida à se soumettre au roi d'Angleterre et emmena six de leurs chefs pour les présenter à la cour. 

La variole et des guerres continuelles où les engagèrent contre les Blancs les empiètements continuels de la civilisation occidentale, avaient décimé leurs rangs en 1750, et un grand nombre de leurs villages durent être abandonnés. Leurs guerriers toutefois se joignirent, en 1757, à l'expédition des colons contre les Français sur l'Ohio. Au retour, dénués de provisions, ils pillèrent quelques plantations. Les Caroliniens exercèrent des représailles et le sang coula. Montgommery et Grant dévastèrent tout le pays Cherokee. Les Indiens, de leur côté, prirent le fort Loudoun avec sa garnison. Grant revint en 1761 et acheva leur soumission.

Pendant la guerre de l'Indépendance, leur alliance avec les Anglais et les tories leur coûta tout le territoire entre les rivières Savannah et Chattahoochee. Mais par le traité de Hopewell (1785), ils reconnurent la souveraineté des Etats-Unis et furent maintenus dans la possession de leurs terres à l'Ouest des Etats actuels de la Géorgie et de la Caroline du Sud. Une partie de la tribu émigra, dès 1790, à l'Ouest du Mississippi, dans la Louisiane espagnole. Trente ans plus tard, les Cherokees de l'Ouest, dans l'Arkansas, étaient au nombre de trois mille. Ceux de l'Est commençaient à adopté le mode de vie des Blancs dont ils étaient maintenant entourés de tous côtés. Des missionnaires moraves les avaient convertis au christianisme, et leurs guerriers servirent sous Jackson en 1812.

Cependant ils avaient vendu, à plusieurs reprises, des parties de leurs terrains aux Etats qui les enserraient; En 1830, à la suite d'incessants conflits entre leurs chefs et le gouvernement de la Géorgie, les autorités fédérales résolurent de les reléguer définitivement au delà du Mississippi. Un traité leur fut imposé dans ce sens en 1835 et l'année suivante le général Scott, avec 2000 hommes, fut chargé d'en poursuivre l'exécution. Les Cherokees durent se résigner à émigrer. On les établit dans la région que l'on allait appeler le Territoire Indien (et qui fournira bientôt l'essentiel du territoire de l'Oklahoma), à  l'Ouest de l'Etat d'Arkansas, sur un espace de 40,000 km². 

En 1853, leur nation comptait 20,000 personnes, et c'est à peu près le même nombre que donnait le recensement de 1880. A l'exemple de leurs voisins Bblancs du Sud, les Cherokees eurent des esclaves noirs sur leurs plantations de coton, se donnèrent une constitution, plus tard fondèrent des écoles. On commença à publier un journal, le Cherokee Phoenix, en anglais et en cherokee.

Lorsque éclata la guerre civile, ils se joignirent aux confédérés. Des Cherokees combattirent contre l'Union à Pea Ridge. Leur territoire fut ravagé par les armées du Nord et du Sud. A la fin de la guerre, ils durent donner une partie de leurs terres à leurs esclaves émancipés.

Les Cherokees ont un capitole à Tablequah, où des représentants de la nation prononcent des discours et font des lois. Jusqu'en 1889, les Cherokees avaient réussi à conserver intacte leur nouvelle patrie. Mais alors une portion du territoire Indien, sous le nom d'Oklahoma, a été ouverte aux settlers blancs. C'était le commencement de l'invasion qui a eu pour conséquence une nouvelle émigration des Cherokees vers l'Ouest ou leur dispersion définitive au milieu des Américains. (A. Moireau).

la langue cherokee a le caractère polysyllabique des autres langues amérindiennes : on y trouve des mots d'une longueur démesurée, et à peine une douzaine de monosyllabes dans tout le vocabulaire. Il n'y a pas de distinction de genres; mais le pluriel des noms et les pronoms varient selon qu'il s'agit d'êtres animés ou inanimés. 

Une singularité de cette langue, c'est l'existence du duel dans les noms aussi bien que dans les verbes. Le vocabulaire contient peu d'adjectifs, mais plus de verbes que dans aucune langue de l'Europe : seulement, comme dans beaucoup d'idiomes américains, le verbe être n'existe pas. Les flexions du verbe varient selon qu'on a été ou non témoin de ce dont on parle. Le cherokee paraît être divisé en deux dialectes principaux : l'Ottare, parlé dans les montagnes, et l'Ayrate, dans les plaines. 

Le cherokee possède une écriture syllabique, composée de 85 signes, dont les formes, sinon la valeur, sont empruntées à l'alphabet latin; elle a été conçue au début du XIXe siècle par un certain Gwest, dont les ancêtres étaient Indiens. Dans la prononciation des mots, on ne distingue .que 6 voyelles et 12 articulations. (B.).

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