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Jeux de société
Les gages et les punitions

Dans la plupart des jeux de société, celui qui commet une faute ou une méprise est condamné à payer un gage, composé d'un objet quelconque, que le délinquant dépose entre les mains de la personne qui dirige le jeu. La partie étant terminée et les gages étant réunis dans un foulard ou dans un châle, on procède à leur tirage. Chacun d'eux, à mesure qu'il est tiré, impose une pénitence au joueur à qui il appartient.

Le droit de tirer les gages est ordinairement confié au joueur qui a commis le moins de fautes; la personne qui dirige le jeu impose la pénitence, en tenant le gage dans la main, avant de le mettre en évidence. La peine prononcée, on montre le gage, et on ne le rend au joueur que lorsqu'il a accompli sa punition.

Le choix des pénitences n'est guère embarrassant : il y en a de toute espèce, et presque toutes sont très douces, aux jeux dits innocents.

On peut condamner un coupable à réciter un morceau de poésie, à déclamer un passage, à chanter un couplet, suivant son âge et le degré de son instruction. On peut lui faire conjuguer un temps d'un verbe, nommer les capitales de certains pays, ou chercher à l'embarrasser par une question inattendue; mais on doit éviter de blesser son amour-propre en faisant allusion à ses travers ou à ses défauts et la punition ne doit pas dégénérer en supplice.

Voici, du reste, tirée de l'Encyclopédie des jeux de Moulidars (1888), une liste des principales punitions que l'on peut prononcer avec discernement, de manière que le paiement des gages soit, en quelque sorte, une agréable continuation de la partie :
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S'asseoir sur le feu. 
On écrit le feu sur une feuille de papier et on s'assoit dessus.

L'aumône.
Un cavalier, s'agenouillant devant une dame, se tient dans une attitude de suppliant, et lui frappe légèrement sur les genoux avec ses deux mains. La dame l'interroge aussi longuement qu'il lui plaît sur ce qu'il désire, elle lui demande par exemple :

« Voulez-vous du vin ? voulez-vous du pain? » etc.
Cependant le cavalier continue de frapper, jusqu'à ce qu'on lui dise :
« Voulez-vous un baiser ? » 
Comme c'est là l'aumône qu'il attendait, il. s'empresse de la recevoir.

Les aunes d'amour. 
On prend les mains d'une dame, et on les réunit; puis on les écarte comme si l'on voulait mesurer la longueur de ses bras ; et dans cette position on .l'embrasse. C'est là une aune d'amour.

On peut ordonner de prendre deux, trois quatre aunes de ce genre et même davantage; mais on ne peut excéder le nombre que prescrit la pénitence.

Le baiser à la capucine.
Le pénitent choisit une dame. L'un et l'autre se mettent à genoux dos à dos. La dame tourne la tête à droite, et son cavalier, penchant la sienne sur l'épaule gauche, ploie son corps du mieux qu'il peut sans qu'il lui soit permis de déranger ses genoux; il va, dans cette position gênée, cueillir le baiser qu'on lui offre.

Le baiser au hasard.
On prend les quatre rois et les quatre dames d'un jeu de cartes; on les mêle, et on les distribue au hasard à quatre dames et à quatre cavaliers. Ou ordonne ensuite au roi de carreau d'embrasser la dame de carreau et ainsi des autres.

Le baiser de lièvre.
Un cavalier et une dame prennent par chaque bout une longue aiguillée de fil, et la retirent on la mâchant jusqu'à ce que les deux bouches se rencontrent.

Le baiser trompeur. 
Une dame accourt vers un cavalier comme pour lui offrir un baiser. Celui-ci s'avance pour le recevoir : mais elle le repousse et va le donner à son voisin.

Le berceau d'amour. 
Celui ou celle qui doit exécuter cette pénitence, choisit une personne du sexe différent du sien. Elles se prennent les mains, et figurent un berceau en les tenant élevées. L'un désigne ensuite une dame, et l'autre un cavalier, qui se présentent pour passer sous le berceau.

A peine sont-ils entrés que les bras s'abaissent et les retiennent prisonniers. Chacun d'eux paie un baiser pour sa rançon. Ce nouveau couple se place à côté du premier, et dans une semblable position. Un troisième couple est appelé; et l'on conçoit que celui-ci a un double tribut à acquitter avant d'avoir traversé le berceau ainsi agrandi. Toutes les personnes de la société viennent ainsi se ranger à la suite les unes des autres. Si les dames et les cavaliers ne sont pas en nombre égal, ceux qui restent passent un à un, et paient leur tribut à qui de droit.

Bouder.
Le pénitent va se mettre derrière une porte ou dans un coin, et chacun, à tour de rôle, lui demande en déguisant sa voix : « Voulez-vous que je vous déboude ?» Mais il répond « Non » jusqu'à ce qu'il ait reconnu le voix de la personne qu'il veut embrasser.

Quelquefois, on exige que le boudeur déclare tout bas, au dépositaire des gages, le nom de la personne qui doit le débouder et qu'il doit reconnaître.

C'était moi.
Le pénitent se place successivement, devant chaque assistant et lui demande ce qu'il a vu de plus extraordinaire dans la matinée. Quelle que soit la réponse, il doit répliquer : « c'était moi ». Sa situation est parfois très humiliante, car si des personnes disent qu'elles ont vu un gentil garçon, un jeune homme spirituel, etc., il y a des gens qui n'ont remarqué qu'une grosse bâche, un âne bâté, un dindon, un malotru, et le malheureux est forcé de reconnaitre à chaque fois que c'était lui; les compliments ironiques ne sont pas moins désagréables, et on doit les éviter.

Le cheval d'Aristote. 
Celui à qui cette pénitence est imposée, se met à quatre pattes sur le parquet. Une dame s'assied sur son dos, et il va la présenter, dans cette position, à tous les cavaliers, qui l'embrassent chacun à leur tour.

Le chevalier de la triste figure. 
Celui à qui cette pénitence est ordonnée fait asseoir une dame sur ses genoux. Celle-ci appelle un autre cavalier qui vient l'embrasser.

Le colin-maillard à la bougie
C'est une punition qui a le don d'amuser la société aux dépens, du patient. On place celui-ci en face d'une bougie posée sur une table, on lui bande ensuite les yeux, on lui ordonne de faire trois pas en arrière, trois tours sur lui-même et trois pas en avant, puis de souffler la bougie. Cette pénitence s'exécuterait facilement si le patient faisait des tours complets sur lui-même, mais il se trompe toujours plus ou moins, et il lui arrive de marcher ses trois pas en avant dans une direction diamétralement opposée à celle de la bougie. Ses efforts pour éteindre, en la soufflant, une bougie imaginaire, égaient toujours la société.

Quand on a reconnu qu'il lui est impossible d'obéir à l'ordre donné, on le livre à un nouveau genre de supplice, qui consiste à se tenir immobile et à souffler devant lui jusqu'à ce qu'il ait éteint la bougie que l'on passe rapidement en face de sa bouche, à une distance de 25 à 30 centimètres. Inutile d'ajouter que si l'on a soin de ne présenter la bougie devant lui que dans les moments où il reprend son haleine, la torture peut durer longtemps.

Le concert des chats
Pour terminer une soirée, on prend le reste des gages, on fait former le cercle aux pénitents et on leur ordonne d'imiter tous ensemble les différents cris du chat, de sorte que l'un feule pendant que l'autre miaule, rugit ou ronronne. Après une minute ou deux de cette singulière cacophonie, on peut lever la séance.

La confession. 
On se choisit un confesseur. Celui-ci fait à son pénitent toutes les questions qui lui viennent à l'idée; et le pénitent doit y répondre d'une manière satisfaisante ou évasive.

La confidence
On fait à l'oreille de quelqu'un une confidence quelconque.

Les conseils
Cette pénitence consiste à donner tout bas un conseil quelconque à une personne, ou même à chaque personne de la société, selon qu'on l'a déterminé. Pénitence à éviter.

La danse des colins-maillards.
Quand il se fait tard et que l'on veut se débarrasser de plusieurs gages à la fois, on en tire huit, on bande les yeux aux huit pénitents, on les place comme pour danser un quadrille, et on leur ordonne d'exécuter la première figure de cette danse.

Ecrire sans plume ni encre
Cette pénitence paraît bien embarrassante. Le condamné cherche et déclare que c'est impossible. Pourtant quoi de plus simple que d'écrire avec un crayon?

Embrasser un livre en dedans et en dehors sans l'ouvrir.
Encore un jeu de mots : il suffit de prendre un livre, de l'embrasser en dedans de la salle où l'on se trouve et de sortir en dehors pour l'embrasser de nouveau.

Embrasser son ombre. 
La pénitence est agréable si l'on a soin de se placer entre la lumière et une gentille personne, sur le visage de qui l'on fait projeter son ombre.

Embrasser le dessous du chandelier. 
C'est prendre un chandelier et le porter sur la tête d'une personne que l'on embrasse.

Le baiser de la religieuse.
Ce baiser consiste à se mettre à genoux devant une chaise et à désigner une personne qui doit se mettre à genoux de l'autre côté du siège et que l'on embrasse, à travers les barreaux.

Embrasser la personne que l'on aime le mieux sans que personne le sache. 
Un jeune homme, quand il est condamné à cette douce pénitence, embrasse toutes les jeunes filles de la société; une jeune fille embrasse tous les jeunes gens : de cette manière personne ne sait quel est la ou le préféré.

S'étendre de tout son long sur le tapis ou sur le plancher et se relever sans faire usage des mains ni des bras.
Pénitence de jeune homme fort en gymnastique...

Etre professeur d'histoire naturelle.
Il faut passer de place en place et demander à chaque joueur quel est son animal favori, puis imiter le cri ou le chant de cet animal, fût-ce un âne.

Etre à la discrétion.
C'est être obligé d'obéir ponctuellement aux ordres d'une personne, ou de la société entière, selon qu'on l'a déterminé.

L'exil.
On ordonne à une personne d'aller se placer dans un coin de la chambre, et d'y rester tout le temps que l'on délibère. A utiliser en combinaison avec un autre gage dont on veut cacher la nature exacte au pénitent.

Faire ce que la société ne veut pas.
Le titre de cette pénitence en donne suffisamment l'explication. Ainsi, par exemple, lorsqu'une personne dit : « Je ne veux pas que vous m'embrassiez », cela doit signifier : «-Embrassez-moi. »

Faire des comparaisons. 
Celui qui exécute la pénitence, doit comparer chaque personne à quelqu'un ou à quelque chose. Pour que la comparaison soit suivant les règles, il faut qu'elle offre une différence avantageuse ou défavorable à la personne que l'on compare. Par exemple, on peut dire à une dame : « Vous ressemblez à une rose; mais vous ne « passez pas comme elle »; à un cavalier : « Vous ressemblez au tourtereau, mais vous m'en avez pas la fidélité, » etc.

Faire le muet (ou la muette).
Le condamné passe devant chaque assistant et répète à l'aide de signes un discours ordonné par celui-ci : « Dites-moi que vous m'aimez, ou que vous me détestez, que vous êtes laid, que vous êtes méchant, qu'il pleut, etc. »

Faire le perroquet. 
Le pénitent fait le tour de la société en demandant à chacun : « Si j'étais perroquet, que m'apprendriez-vous à dire? » et il doit répéter la réponse, tant ridicule soit-elle, avant de poser une nouvelle question.

Faire le sourd. 
Cette cruelle punition consiste à se placer au milieu de la salle et à répondre toujours « je n'entends pas » lorsque quelqu'un vous pose une question. Il est pénible de dire ces mots à une demoiselle qui vous demande : « voulez-vous m'embrasser?» ou à toute autre personne'qui fait des offres séduisantes. Lorsque chaque joueur a posé son invitation agréable, la personne qui ordonne les condamnations peut faire cesser le supplice en déclarant que le pénitent a payé son gage, ou aggraver sa condamnation en lui faisant une invitation désagréable, à laquelle il est forcé de répondre : « J'entends, et je veux bien. »

Faire son testament.
On lègue à chaque personne de la société quelque chose que l'on possède moralement ou physiquement.

On donne à l'un son chapeau, à l'autre sa langue, à l'autre sa discrétion, à une dame son amour, sa tendresse, etc.

Faire tomber de son front une pièce de cinquante centimes.
Il est étonnant à quel point l'enfant, même le plus fin, quand il n'est pas prévenu, se laisse tromper par l'imposition de la pièce de monnaie. La personne qui ordonne les pénitences, tenant dans ses doigts une pièce de cinquante centimes, procède, avec un air de grande importance, à l'action de la fixer sur le front de la victime, en la pressant assez fortement un peu au-dessus des yeux, après l'avoir mouillée. Dès que la pièce est considérée comme solidement collée au front, l'opérateur retire ses mains, et la pièce aussi. On dit alors à l'enfant de faire choir cette pièce sur le plancher, sans s'aider de ses mains, et il se penche en secouant la tète. Il est tellement persuadé que la pièce est collée à son front, qu'il fronce les sourcils et plisse la peau de son visage pendant longtemps avant de découvrir la tromperie.

Faire une Vénus.
On fait deux espèces de Vénus, l'une morale, l'autre physique. La première se forme des qualités du cour et de l'esprit, que l'on emprunte à chacune des dames de la société : on prend à celle-ci sa modestie, à celle-là sa sagesse, à une autre sa douceur, etc. Quant à la Vénus, physique, on la compose à l'aide des attraits extérieurs: les yeux d'une dame, la bouche d'une autre, etc., sont successivement désignés pour sa formation.

La franchise.
Cette pénitence consiste à dire à une personne désignée ce que l'on pense d'elle.

Jean souffle la chandelle
Cette pénitence consiste à prendre une chandelle allumée, à la passer rapidement devant son visage en soufflant, et à faire ce manège jusqu'à ce qu'on soit parvenu à l'éteindre.

Juger en aveugle.
Ici, juger en aveugle ne se dit pas comme figure de rhétorique; le condamné, dont les yeux sont bandés d'un mouchoir, doit reconnaître les assistants, qui passent, les uns après les autres, à sa portée; il doit, non seulement les nommer, mais porter sur chacun d'eux un jugement, agréable ou non, et il faut que ce jugement soit reconnu véridique par l'assemblée. Faute de remplir cette double condition de reconnaître un joueur et de porter sur lui un jugement équitable, le patient reste aveugle et juge jusqu'à ce qu'il reconnaisse mieux les justiciables et se trompe moins sur leur compte. 

Tant que siège ce juge, nul ne doit dire un mot et chacun passe à tour de rôle à portée de sa main, pour se faire palper et entendre dire des vérités qui s'adressent le plus souvent à un autre.

Le mannequin ou la statue.
L'infortuné qui doit payer son gage en faisant le mannequin se tient droit et immobile devant les assistants; l'un lui tourne la tête à gauche et il doit conserver cette position jusqu'à ce qu'il plaise à un autre de la lui tourner à droite, ou en avant ou en arrière, ou penchée sur une épaule. On lui fait tendre le jarret, plier les genoux, placer les bras dans toutes les directions et, fléchir le corps dans toutes les attitudes.

Mettre trois chaises en une rangée, se débarrasser de sa cravate (de son fichu ou de tout autre objet de toilette, quand on parle à une jeune fille ou à une dame) et sauter pardessus. Cette pénitence paraît toujours formidable, surtout quand elle est appliquée à une demoiselle; mais on explique ensuite au condamné qu'il s'agit de sauter par-dessus sa cravate, si c'est un garçon, ou pardessus son fichu, si c'est une jeune fille.

Mordre le tisonnier... à distance. 
Le condamné prend le tisonnier ou tout autre objet, suivant l'ordre qui lui en est donné, l'approche à quelques centimètres de sa bouche et fait semblant de le mordre.

Le muet.
Cette pénitence consiste à exécuter sans mot dire les ordres que chaque personne donne par signes.

Le pèlerinage.
Un cavalier conduit une dame par la main et la présente alternativement à toutes les personnes de la société. Lorsqu'il arrive devant un cavalier, il lui dit : « Un petit morceau de pain pour
moi, un baiser pour ma soeur », et à une dame : «-Un petit morceau de pain pour ma soeur, un baiser pour moi. »

La pendule
Celui qui exécute cette pénitence se tient debout devant la cheminée, et appelle une personne de sexe différent du sien. Celle-ci s'approche, et lui demande : Quelle heure est-il ? Si la pendule répond qu'il est douze heures, le questionneur doit lui donner ou recevoir douze baisers.

Petit papier.
On demande à chaque personne de la société : «-Si j'étais petit papier, que feriez-vous de moi?-» et chacun répond ce que bon lui semble.

Passer soi-même par le trou de la serrure
Ce n'est pas bien difficile (pour peu que la serrure s'y prête) : on écrit le mot soi-même sur un petit morceau de papier que l'on roule en flèche et que l'on fait passer par le trou de la serrure.

Placer sa main gauche dans un endroit où la main droite ne puisse la toucher.
Le condamné prend, dans sa main gauche, le coude de son bras droit.

La planche de chêne.
 La personne à qui cette, pénitence est infligée se tient debout, le dos appuyé contre une porte. Elle appelle une autre personne de sexe différent du sien, qui vient se placer vis-à-vis d'elle; celle-ci en appelle une troisième, qui se place dos à dos. Alors on ordonne de faire volte-face, et d'embrasser la personne que l'on a devant soi.

Poser une question à laquelle il soit impossible de répondre autrement que par l'affirmative (ou par la négative).
La question la plus simple est la suivante : « Comment s'écrit le mot oui? » on ne peut répondre que par : « o-u-i, oui ». De la même façon, la réponse nécessairement négative viendra à la question  : « comment s'écrit le mot non? - on ne peut répondre que : «n-o-n , non »

Le pont d'amour.
Un cavalier, les mains posées par terre, reçoit sur son dos une dame et un cavalier, qui s'y embrassent.

Le portier. 
Celui qui fait la pénitence se place à la porte d'une pièce voisine, dans laquelle il enferme une dame. Celle-ci frappe un instant après; le portier ouvre, elle lui nomme à voix basse le frère qu'elle demande, et il crie : « la soeur N... attend le frère N... » Le frère entre aussitôt avec elle et le portier referme sa porte. La soeur revient ensuite; et l'on se doute bien que ce n'est pas sans avoir reçu un baiser. Le frère frappe à son tour et demande une soeur. Enfin tout le monde, excepté le portier, se rend ainsi successivement au parloir.

Poser sur le plancher un bout d'allumette pardessus lequel nul ne puisse sauter. 
Le condamné n'a qu'à poser le bout d'allumette le long du mur, près d'un coin. Au lieu d'allumette, on peut employer une plume, un crayon, un brin de paille ou tout autre objet de petite dimension.

Quitter la salle avec deux pieds et y rentrer avec six.
Le condamné sort seul de la salle et y rentre en portant une chaise.

Le roi de Maroc.
Celui qui exécute la pénitence prend une, bougie allumée; il invite une autre personne à en prendre une aussi. Ils se placent chacun à une des extrémités de la salle; et d'un air triste, les yeux baissés, ils s'avancent lentement l'un vers l'autre. Lorsqu'ils se rencontrent, ils lèvent les yeux, soupirent, font l'exclamation prescrite, et continuent leur marche jusqu'à l'extrémité opposée. Ces allées et venues ont lieu jusqu'à ce qu'ils aient achevé le dialogue que voici :

Ire. Rencontre : A. Ah! quelle nouvelle! B. Hélas!
2e Rencontre  : A. Le roi de Maroc est mort. B. Hélas! Hélas!
3e Rencontre : A. Il est enterré. B. Hélas! Hélas! Hélas!
4e Rencontre : A. Il s'est coupé le cou d'un coup de coutelas. B. Hélas! Hélas! Hélas! et quatre fois hélas!
Le secret. 
On fait tout bas une confidence à une personne; celle-ci la répète à l'oreille de son voisin, qui n'est pas plus discret; et la confidence fait ainsi le tour du cercle. Le dernier qui la reçoit la publie alors à voix haute.

La sellette. 
C'est une pénitence à ne pas ordonner. Le patient, assis sur un siège élevé, entend, les assistants lui dire, à tour de rôle « Vous êtes sur cette sellette pour telle ou telle raison ». Les raisons ne manquent jamais. Le condamné est trop aimable avec les dames ou trop désagréable avec elles; il est gourmand, maussade, méchant ; il a tel défaut ou porte à l'excès telle qualité. Son supplice dure jusqu'à ce qu'une personne, touchée de son infortune, lui dise : « Vous êtes sur cette sellette parce que vous ne m'avez, pas embrassée »; et la punition finit par un-baiser.

Soupirer.
La personne que l'on envoie soupirer se place dans un coin. On lui demande : 

« Pour qui soupirez-vous? » 
Elle nomme une personne du sexe différent du sien, qui va l'embrasser. Celle-ci soupire à son tour pour une autre, et successivement tous les cavaliers et toutes les dames de la société soupirent à leur tour. Tout le monde se trouve alors rangé sur une file : Le premier qui a soupiré revient à sa place en embrassant toutes les personnes de sexe différent qu'il trouve sur son passage; le second en fait de même, et ainsi jusqu'au dernier.

Le tracas de Polichinelle. 
La dame à qui l'on ordonne cette pénitence se choisit une bonne amie; celle-ci reste assise, et l'autre va successivement embrasser tous les messieurs. A chaque baiser qu'elle reçoit, elle vient le rendre à sa bonne amie.

La troupe d'Allemands
Dans ce divertissement, trois ou quatre personnes peuvent payer leur dette en même temps. On donne à chacune d'elles un instrument imaginaire, en choisissant de préférence les cuivres, tels que trombone, cornet à piston, saxhorn, etc. Il faut que les condamnés jouent de leur mieux un air quelconque en imitant le son de leurs instruments et les gestes des exécutants.

Les voeux.
On donne au pénitent le nom de trois objets, et il doit déclarer quel usage il en ferait.

Le voyage à Corinthe.
Un cavalier, tenant une bougie allumée, donne un mouchoir blanc à celui qu'il choisit pour l'accompa gner dans son voyage; puis il le prend par la main, et le conduit à toutes les dames de la société. Le compagnon de voyage les embrasse successivement; et à chaque fois il essuie avec le mouchoir la bouche de son conducteur.

Le voyage à Cythère.
Le voyageur choisit une dame pour compagnon de route. Ils partent ensemble, et vont dans une pièce voisine. Là, les deux voyageurs s'embrassent; le cavalier touche une partie du vêtement de sa dame; et revenant ensuite avec elle, il demande ce qu'on pense qu'il a touché! Chacun dit son opinion; celui qui devine, baise la chose désignée. Si personne ne devine juste, le voyageur la baise lui-même.

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© Serge Jodra, 2008. - Reproduction interdite.