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Les
Grives et les Merles, que les Anciens désignaient
déjà par deux noms différents (Turdus et Merula) ont
longtemps été classés, par quelques ornithologistes,
dans deux genres distincts sous prétexte que les Grives ont un plumage
de teintes claires et généralement moucheté sur les
parties inférieures du corps, tandis que les Merles portent une
livrée sombre, d'un brun foncé ou
d'un noir uniforme; mais il ne faut pas attribuer grande valeur à
des différences de livrée qui ne se manifestent pas aussi
nettement à tous les âges. En réalité, les Grives
et les Merles appartiennent à un seul genre, au genre Turdus qui
est devenu le type de la famille des Turdidés. Tous ces oiseaux,
qui sont de taille moyenne ou de petite taille, ont le bec
allongé, mais assez robuste et élargi vers la base près
de laquelle les narines viennent s'ouvrir par deux pertuis ovoïdes,
à demi recouverts par une membrane, la mandibule supérieure
un peu arquée et légèrement crochue à l'extrémité,
les tarses de hauteur médiocre, le doigt médian et le doigt
externe réunis à l'origine par une petite membrane.
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Grive
musicienne (Turdus philomelos) et son oeuf.
Les Grives sont particulièrement
répandues dans les régions froides et tempérées
de l'ancien et du nouveau monde, mais quelques-unes se rencontrent jusqu'en
Afrique et en Amérique
du Nord, et beaucoup d'entre elles s'en vont
en grandes bandes passer l'hiver dans les contrées méridionales.
Elles établissent sur les arbres leurs nids
qui affectent la forme d'une corbeille faite de mousse, de brindilles et
de terre gâchée et qui renferment des oeufs
bleus ou verdâtres maculés de brun ou de noir. Leurs petits
naissent presque nus et pendant plusieurs semaines réclament les
soins et la protection de leurs parents. Au printemps, les mâles
de certaines espèces font entendre un chant agréable, et
la Grive commune avait reçu de Linné
le nom de Turdus musicus (auj. Turdus philomelos ).
La nourriture des
Grives varie quelque peu d'une espèce à l'autre et se compose
de larves, d'insectes
et de vermisseaux associés à des sorbes, à des baies
de gui ou d'épine blanche et à divers fruits
sauvages ou cultivés. Pendant la saison des vendanges, la Grive
commune fait une grande consommation de raisins, ce qui lui fait donner,
dans quelques départements, le nom de Grive de vignes.
En raison des qualités de leur chair, les Grives sont partout l'objet
d'une chasse très active. A côté de la Grive commune
ou Grive musicienne on trouve en France la Litorne
(Turdus pilaris L.) qui est un peu plus grosse, la Draine (Turdus viscivorus
L.) qui atteint la taille d'une Tourterelle et le Mauvis (Turdus iliacus)
qui se distingue des espèces précédentes aussi bien
par ses faibles dimensions que par la teinte rousse, très accentuée,
qui s'étend sur ses flancs. (E. Oustalet).
Art
culinaire.
Chez les Anciens,
les grives étaient fort appréciées des gourmets, engraissées
dans des volières et nourries d'une pâtée faite de
figues broyées avec de la farine de millet et de baies de myrte,
à laquelle elles devaient probablement la saveur délicate
qui les a fait célébrer par Horace.
Varron
en possédait jusqu'à cinq mille, qui lui constituaient un
fort beau revenu. Servi d'abord exclusivement dans les festins publics,
cet oiseau devint, par suite des progrès du luxe, d'un usage vulgaire.
Les grives constituent
un aliment d'une digestion facile. La graisse et le parfum particulier
qui les font rechercher n'existent qu'après les vendanges, époque
à laquelle elles se nourrissent de raisins. La meilleure manière
de les apprêter est de les faire cuire à la broche. On ne
les vide pas. Après les avoir plumées, flambées et
leur avoir introduit quelques grains de genièvre dans le corps,
si ce sont de grosses grives, on les enveloppe d'une feuille de vigne,
puis d'une barde de lard, et on les fait cuire en broches avec des croûtons
de pain grillés et beurrés. Vingt minutes de cuisson suffisent
pour ce petit gibier. On sert sur les croûtons arrosés du
jus de la cuisson et du suc d'un citron. On en fait aussi des pâtés
très estimés. |
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