 |
L'intérieur
de la Terre ,
sa structure, dont la connaissance vont de pair avec celle de son passé,
a également été l'objet ancien de spéculations
nombreuses. L'Antiquité a commencé à s'interroger
sur l'origine des fossiles marins, dont la présence à l'intérieur
des terres, loin de la mer, et parfois en haut des montagnes, posait une
énigme, qui travaillera encore le Moyen âge, qui croit, comme
la Renaissance, trouver une réponse dans la Bible ,
qui parle d'un Déluge .
Il faudra encore composer longtemps avec la lecture littérale de
la Bible, qui restera jusqu'à la fin du XIXe
siècle le principal obstacle aux
avancées de la géologie (et de la biologie!). Il a ainsi
fallu d'abord admettre (en contradiction avec celle, inférieure
à dix mille ans, que donnaient les Écritures) d'inscrire
le passé de notre planète dans une chronologie longue (plusieurs
millions d'années ,
puis plus tard, plusieurs milliards) . Il a fallu aussi vaincre un second
obstacle, contre lequel, cette fois on ne eut rien : l'impossibilité
d'accéder aux régions profondes de la Terre (et aussi à
son passé le plus lointain). On a dû se contenter de déchiffrer
les indices laissés à la surface ou près de celle-ci
(fossiles, montagnes, volcans, sources, tracé des côtes, superposition
des couches de terrains, etc.).
Deux grandes théories
se sont ainsi affrontées à partir de la fin du XVIIIe
siècle. Celle de Werner
(Neptunisme, 1792)
qui imaginait que l'intérieur de la Terre était fait d'eau,
et que l'eau était aussi l'agent des transformations géologiques,
et celle de Hutton (Plutonisme, 1795),
qui attribuait ce même rôle au feu niché dans les régions
profondes de notre planète. Après bien des discussions, dans
laquelle intervenaient également des arguments d'ordre cosmogonique ,
après aussi une longue période de stagnation, un nouvelle
image s'est imposée, qui a fait table rase de la plupart des conceptions
anciennes. Son point de départ remonte à Alfred
Wegener, qui en 1912,
avait proposé sa théorie de la dérive des continents.
Une théorie, finalement, acceptée, sous une forme d'ailleurs
nouvelle, appelée la théorie de la tectonique des plaques,
seulement à partir de la fin des années 1960. |
|
 |
De
l'Antiquité à la Renaissance
Bien que la géologie ne se soit
pas véritablement constituée comme science
avant le début du XIXe
siècle, les préoccupations que seront jusque là
les siennes (origine des fossiles, formation des montagnes, distribution
des terres et des mers) peuvent déjà se rencontrer dans les
ouvrages de plusieurs philosophes et poètes de l'Antiquité
(Aristote,
Ovide, Pline,
etc.). On peut y lire des notions parfois assez exactes sur les problèmes
géologiques - souvent un peu moins, mais en tout cas appelées
à perdurer même jusqu'au XXe
siècle.
Et l'on retrouvera ces mêmes problématiques
développées au Moyen âge,
aussi bien dans le monde arabe (Al-Fergani,
Avicenne)
que dans l'Europe latine (Albert
le Grand, Dante,
Buridan,
etc.). Des solutions nouvelles seront envisagées, comme le rôle
de l'érosion, mais au total peu de progrès
concrets seront accomplis. A la Renaissance,
le rattachement des fossiles à l'épisode du Déluge ,
dont il est question dans la Bible
est très en vogue, mais aussi très contesté. Léonard
de Vinci, Bernard Palissy et d'autres commencent
a leur envisager des causes naturelles. Les besoins
de l'industrie naissante, qui requièrent une exploitation accrue
favorisent les études minéralogiques, dont les bases sont
jetées par Agricola .
Le
XVIIe siècle
Les questionnements
traditionnels continuent d'avoir leurs propres développements au
XVIIe
siècle. On continue par exemple
à s'intéresser à l'origine des fossiles, et Sténon
comprend qu'ils sont les restes d'anciens êtres vivants. Mais ce
qui change véritablement à cette époque, c'est la
façon d'aborder désormais comme un tout l'histoire et la
structure de la Terre. Tant que celle-ci était placée au
centre du cosmos, la question de son origine
n'était pas posée, car elle était liée indissociablement
celle de l'origine du cosmos tout entier, ce qui ne pouvait relever que
de la seule théologie .
A partir du moment où l'héliocentrisme a gagné du
terrain, la place de la Terre a cessé d'être une évidence,
pour devenir l'objet d'un questionnement. Que faisait-elle donc à
cet endroit apparemment anodin du cosmos? Si elle était une planète
comme une autre, la réponse devait impliquer le Système solaire
tout entier. De là les théories de la Terre qui commencent
à être élaborées. Il s'agissait pour elles de
rendre compte de l'existence de la Terre
et de ses caractéristiques globales à partir de la même
série de processus qui devait avoir donné naissance au reste
des astres gravitant autour du Soleil .
Les théories de la Terre étaient
le couronnement d'une cosmogonie .
On trouve ici les noms de Descartes, Burnet,
Woodward,
Whiston,
Leibniz,
etc. .
Le
XVIIIe siècle
Si le XVIIIe
siècle ne parvient pas encore à récolter
les fruits des approches inaugurées au siècle précédent,
la réflexion géologique va développer dans toutes
les directions. La nature des fossiles reste à l'ordre du jour.
On s'interroge aussi sur l'origine de la chaleur de la Terre : vient-elle
de ses profondeurs ou est-ce seulement le Soleil qui en est la cause? On
s'essaie à expliquer les tremblements de Terre.
C'est à cette époque encore
que sont dressées les premières cartes géologiques
: Jean Guettard (1746),
William Smith (1799). On perfectionne
aussi les théories de la Terre élaborées au siècle
précédent. C'est la tâche à laquelle s'attellent
par exemple Benoît de Maillet et surtout Buffon.
Enfin, c'est au XVIIIe
siècle que naît le grand affrontement entre deux
grands courants de pensée : les Neptuniens et les Vulcaniens (ou
Plutoniens). Les premiers, rangés derrière Werner,
donne à l'eau un rôle primordial dans les transformations
qu'a subies le globe au cours de son histoire, les seconds, adoptant les
idées de Hutton, préfèrent
donner cette place au feu que l'on subodore dans les régions centrales
de la Terre, et aux phénomènes volcaniques .
Les
XIXe et XXe
siècles
Le XIXe
siècle est enfin celui où les efforts des siècles
précédents portent enfin leurs fruits. Autour de noms tels
que Elie de Beaumont, Lyell,
Alcide
d'Orbigny, Agassiz,
Suess,
Lapparent,
etc., une nouvelle géologie voit le jour. Le plus grand accomplissement
de cette période sera ainsi la mise sur pied d'une échelle
stratigraphique, qui a peu changé depuis. Les fond marins commencent
également à être étudiés (Expédition
du Challenger). Reste qu'une grande partie de l'édifice que
l'on croit en cours d'achèvement, sa logique
profonde, va être remise en question au XXe
siècle. Alors qu'au cours de cette période, la
géologie de terrain se perfectionne, d'autant plus que la place
immense prise par l'exploitation des ressources pétrolières
en appelle le développement, le grand changement va venir dans les
années 1960, d'une part de la
découverte (à la suite d'idées
initiées vers 1912 par Alfred
Wegener) de l'existence de plaques lithosphériques en mouvement
(théorie de la tectonique des plaques), et qui sont responsables
des grands phénomènes géologiques
qui affectent notre planète ,
et d'autre part du démarrage de l'exploration spatiale, qui installe
l'étude de la Terre
dans un contexte où interviennent désormais les études
des autres corps du Système solaire . |