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Climat
Le mot climat a été employé par les anciens géographes pour désigner une division de la Terre, fondée sur la durée du jour comparée à celle de la nuit au solstice d'été; cette durée dépendant de l'inclinaison du soleil sur l'horizon terrestre, ils appelèrent climats (du grec clima, inclinaison) les bandes ou régions de la Terre déterminées par des parallèles entre lesquels il n'y a qu'une différence d'une demi-heure dans la durée du plus long jour depuis l'équateur jusqu'aux cercles polaires, et une différence d'un mois depuis les cercles polaires jusqu'aux pôles. De là, 24 climats de demi-heures et 6 climats de mois dans chaque hémisphère. Cette répartition égale de la durée relative des jours et des nuits dans tous les lieux que comprend un climat astronomique entraînant pour ces mêmes lieux une certaine conformité dans la température, le mot climat a passé du langage de la géographie mathématique dans celui de la géographie physique, et on a appelé climat physique d'un lieu la réunion des phénomènes atmosphériques, terrestres, maritimes, etc., qui, combinés avec la position astronomique, déterminent la température de ce lieu. 

Si la Terre était parfaitement homogène, les climats physiques correspondraient exactement aux climats astronomiques, et les différences de température n'auraient d'autre cause que la longueur des jours (c'est-à-dire du temps d'ensoleillement) et donc des différences de latitude mais la constitution géologique du terrain, son altitude au-dessus de l'Océan, sa pente naturelle et son exposition, la disposition de ses montagnes par rapport aux points cardinaux, le rapport de la terre ferme aux eaux, la proximité ou l'éloignement de la mer, la nature particulière et la direction des vents, enfin l'état de la culture, du sol, apportent au climat des modifications importantes. Toutefois, entre les tropiques, comme entre les cercles polaires et les pôles, l'opposition entre le climat astronomique et la climat physique est moins sensible qu'entre les tropiques et les cercles polaires; aussi la division de la Terre, en cinq zones astronomiques et climatologiques n'est-elle pas dénuée de toute vérité. 

En considérant toutes les causes de variabilité de la température, on a pu distinguer 4 climats principaux : le climat chaud et sec, qui est celui des déserts de sable, principalement de l'Arabie et du Sahara; le climat chaud et humide, le plus insalubre de tous, celui des grandes plaines arrosées par les fleuves qui débordent (le Pendjab, la Mésopotamie, la Sénégambie, la Guyane); le climat froid et sec, celui des hautes montagnes et de la plus grande partie de l'Europe et de l'Asie; le climat froid et humide, celui des plaines septentrionales toujours enveloppées de brouillards, comme le nord de l'Asie et de l'Amérique. 

Mais il est très rare que l'un de ces climats existe absolument dans un pays sans des modifications qui en altèrent la nature; ce sont même ces modifications qui peuvent mériter à un climat quelconque le nom de tempéré. ce mot étant pris pour désigner une constitution atmosphérique dans laquelle le froid, le chaud, le sec et l'humide sont également tempérés l'un par l'autre.

Le climat de l'Europe centrale et occidentale est ainsi considéré comme tempéré. (C. P.).

Les principaux types de climats

Utilité d'une classification des climats. 
Une variété infinie de climats résulte de la combinaison des facteurs météorologiques. Il est cependant désirable et possible de fixer un certain nombre de types, qui se retrouvent partout où prédominent les mêmes facteurs généraux.

Même si la Terre était entièrement maritime ou entièrement continentale, le fait qu'elle est ronde suffirait à amener la répétition des mêmes zones climatiques dans les deux hémisphères. La division de sa surface en continents et océans est l'origine de nombreuses variétés locales de climats; mais la répétition des contrastes que présentent les côtes orientales et occidentales ramène forcément les mêmes combinaisons dans chaque masse continentale. Une véritable classification des climats est donc une interprétation de la physionomie climatologique du globe. Elle doit mettre en lumière les analogies et en faire comprendre les causes. Sa portée dépasse ainsi le cadre de la pure géographie physique. Car elle donne la clef des analogies si frappantes qu'offrent en divers points de la Terre la végétation et même, lorsqu'on se place dans une perspective historique, l'état des sociétés humaines. Les déserts et les steppes se présentent avec les mêmes caractères partout où règnent les types de climats qui les déterminent. Le maquis méditerranéen se retrouve en Afrique du Sud, en Australie, en Californie et au Chili, partout où l'on note un climat semblable à celui qui règne de Gibraltar à l'Anatolie.

Sans doute les distinctions établies pourront sembler parfois un peu trop systématiques; les limites entre les différents types ne peuvent toujours être marquées avec précision. Mais une classification logique permettra justement d'expliquer les parentés des divers groupes de climats entre eux, de faire comprendre comment et pourquoi on passe de l'un à l'autre.

Principes de la classification des climats.
Le premier essai de ce genre qui paraît avoir été tenté est dû à Köppen. Mais il était conçu trop systématiquement en vue d'une interprétation des formes de végétation. Aussi, tout en en conservant les bases, a-t-on, par la suite, élaboré des systèmes de classification plus complexes, dans lesquels, notamment, les caractères physiques, en dehors de toute considération étrangère, ont primé l'application à la biogéographie ne doit venir qu'ensuite. Ainsi a-t-on a tenir compte de tous les éléments du climat. Certains méritent une importance spéciale. La température est évidemment l'élément primordial. Outre la moyenne annuelle, les moyennes des mois extrêmes et leur différence, nous envisagerons comme un élément capital la durée des périodes chaudes et froides. 

Nous appelons mois chaud un mois dont la moyenne atteint 20°C, mois froid un mois dont la moyenne ne dépasse pas 5°C. L'oscillation diurne de la température ne peut non plus être négligée, particulièrement dans les basses latitudes.

Après la température, l'humidité est l'élément le plus important. La somme annuelle des précipitations  permet de distinguer des climats pluvieux et secs; la série des moyennes mensuelles laisse reconnaître les climats à périodes sèches. La sécheresse ne dépend pas seulement de la quantité de pluies, mais de l'évaporation, par suite, de la température. 

Nous appelons pratiquement mois sec un mois où la somme des précipitations, mesurée en millimètres, est inférieure au double de la température moyenne annuelle mesurée en degrés centigrades : soit moins de 50 mm dans les climats chauds, moins de 25 mm dans les climats tempérés, moins de 10 mm dans les climats froids.

La nébulosité, l'humidité de l'air et le nombre des jours de pluie doivent aussi être considérés autant que possible. Les variations de la pression atmosphérique et des vents entreront en ligne de compte à titre explicatif.

Les grands groupes.
L'application de ces principes nous permet de distinguer d'abord quatre grands groupes de climats :

Le groupe des climats chauds;
Le groupe des climats tempérés;
Le groupe des climats froids;
Le groupe des climats secs ou désertiques.
Le groupe des climats chauds est caractérisé par une moyenne annuelle toujours supérieure à 20°C. Aucun mois ne s'abaisse d'ailleurs au-dessous de cette moyenne. La variation annuelle ne dépasse pas 5°. Par contre, la variation diurne est très forte. L'exubérance de la végétation et de la vie animale est importante.

Dans la zone des climats tempérés la moyenne annuelle est inférieure à 20°C et plusieurs mois s'abaissent au-dessous de cette température, sans que cependant la période froide puisse dépasser 8 mois. La variation annuelle de la température est toujours très nettement marquée. Il y a donc une périodicité thermique, qui manque aux climats chauds et qui se manifeste dans la vie des plantes de façon assez évidente pour changer complètement l'aspect des contrées suivant la saison.

Par contre, les climats chauds offrent généralement une périodicité dans le régime des précipitations. Les caractères de la végétation et les conditions de la vie humaine y sont commandés par les variations de la somme annuelle des pluies et l'existence de périodes sèches plus ou moins marquées. On doit distinguer parmi les climats chauds ceux qui ne connaissent pas à proprement parler de période sèche, ce sont les climats équatoriaux, et ceux qui connaissent une période sèche, ce sont les climats tropicaux proprement dits.

Au contraire, ce sont les variations thermiques qui permettent de diviser les climats tempérés en climats à saison froide (4 mois à 5°C) et climats sans saison froide. De même, dans les climats froids. nous aurons à distinguer ceux qui ont une saison tempérée (4 mois au moins au-dessus de 10°C) et ceux qui n'en ont pas. La vie végétale et même la vie humaine se retirent peu à peu de ces zones, dont la dernière est presque entièrement située à l'intérieur du cercle polaire.

Jusqu'ici nos grandes divisions sont à peu près conformes aux zones thermiques de Köppen. Mais on s'en écartera pour mettre à part les climats désertiques. Dans les climats chauds et tempérés proprement dits, la somme des précipitations est partout suffisante, on ne connaît pas de saison sèche de huit mois. Il en est autrement dans les régions désertiques, qui, dans l'Ancien monde, forment une zone continue oblique par rapport aux parallèles, allant de l'Afrique tropicale à l'Asie orientale. D'un bout à l'autre de cette zone qui rompt la continuité des zones chaude et tempérée, nous retrouvons des caractères climatiques constants. Le plus frappant est la sécheresse (somme annuelle inférieure à 25 cm; plus de 8 mois secs). La limpidité de l'air, la tendance à la formation d'anticyclones, le régime de calmes et de vents divergents s'y observent partout. Même au point de vue thermique, il y a des caractères communs. Partout l'oscillation annuelle est très prononcée, même dans les parties les moins élevées en latitude. Toutefois on doit distinguer les climats désertiques chauds, en liaison avec les climats tropicaux ou les climats tempérés sans saison froide, et les climats désertiques froids en liaison avec les climats tempérés et froids.

En résumé, nous avons huit groupes :

Climats chauds sans période sèche ou climats équatoriaux,
Climats chauds à période sèche ou climats tropicaux,
Climats tempérés sans saison froide ou climats subtropicaux,
Climats tempérés à saison froide,
Climats désertiques chauds,
Climats désertiques froids,
Climats froids à saison tempérée,
Climats froids sans saison tempérée ou climats polaires.
Dans chaque groupe, il y aura presque toujours à distinguer une variété continentale à oscillations thermiques plus fortes et une variété océanique. En outre les moussons viennent introduire des perturbations dans le régime régulier des climats chauds, commandé presque exclusivement par l'influence des facteurs astronomiques; ces perturbations se font même sentir dans la zone tempérée en sorte qu'on peut faire une place à part aux climats de moussons. L'influence du relief du sol détermine des variétés de climats particuliers; nous étudierons seulement ici celles qui s'observent dans la zone chaude, réservant pour un chapitre spécial l'étude du climat alpin.

Climats équatoriaux.
Les climats équatoriaux sont les climats où la chaleur et l'humidité sont le plus constantes. La moyenne thermométrique est supérieure à 25°C et l'amplitude ne dépasse pas 5°C. La somme annuelle des précipitations atteint au moins 150 cm, l'humidité relative moyenne est supérieure à 80%. Aussi l'atmosphère est-elle dans un état constant d'instabilité pluviométrique. Les orages sont fréquents. La nébulosité moyenne est supérieure à 7 et 6. Ce serait s'exposer à une grave déception que d'aller chercher le ciel bleu (ou du moins un ciel bleu durable) sous l'équateur. Il n'y a pas à proprement parler de période sèche, mais souvent un ou deux maxima de pluviosité, correspondant aux passages du soleil au zénith, qui déterminent une recrudescence du mouvement ascendant de l'air. La pression atmosphérique varie très peu et est constamment inférieure à 750 mm. C'est la zone des calmes équatoriaux, qui n'est pas atteinte par le renversement des alizés.

Climat équatorial océanique.
Nulle part ces caractères ne sont plus marqués que dans la variété océanique. L'oscillation thermique annuelle est inférieure à 1°C, la moyenne annuelle supérieure à 26°C. La somme des précipitations dépasse 2000 mm; pas un mois où il tombe moins de 100 mm. Une atmosphère de serre chaude baigne le sol. La végétation ne connaît pas de période de repos déterminée et déploie toute l'année la même exubérance folle.

Ce climat règne dans les îles équatoriales de l'océan Pacifique et de l'océan Indien, entre 15° Nord et 10° Sud. La station de Jaluit dans les îles Marshall en offre un excellent exemple. On peut donner à ce type de climat le nom d'Océanien.

Climat équatorial continental.
La variété continentale du climat équatorial en diffère par une oscillation thermique légèrement plus forte, mais qui reste cependant encore inférieure à 3°, par une moyenne annuelle un peu moins élevée, niais encore supérieure à 25°, enfin par une somme de pluies généralement moins grande et répartie moins également dans l'année. Suivant les conditions du relief, on peut voir l'un des deux maxima renforcé, parfois s'esquisse une ébauche de saison sèche. Sur les plateaux de l'Afrique orientale cette tendance est particulièrement marquée, et sa coïncidence avec une oscillation thermique plus prononcée pourrait permettre d'y distinguer un sous-type continental extrême (climat Nyanzien).

La forêt primaire couvre les régions où règne le climat équatorial normal. C'est dans le bassin de l'Amazone que ce climat a la plus grande extension, aussi l'appelle-t-on climat Amazonien. Il s'étend jusqu'au pied des Andes, et règne d'autre part sur les côtes de Guyane. En Afrique, il n'occupe qu'une frange étroite sur la côte Nord du golfe de Guinée et ne s'étale que dans la partie moyenne du bassin du Congo, jusqu'au Plateau des Lacs du Haut Nil. Le régime tropical à affinités désertiques lui succède à l'Est du Victoria Nyanza. La transition est marquée par l'augmentation des oscillations diurne et annuelle du thermomètre, la diminution de la somme annuelle des pluies et l'apparition de périodes sèches, qui donnent un caractère particulier au climat du plateau lacustre (Mengo). Nous retrouvons le climat équatorial normal en Indonésie et en Nouvelle-Guinée.

Climats tropicaux. 
La variété des climats tropicaux est plus grande que celle des climats équatoriaux. Par une transition graduelle, le régime équatorial des pluies, déterminé par les influences astronomiques, se transforme en un régime à saison sèche de plus en plus accentuée. La variation annuelle du baromètre augmente graduellement de l'équateur aux tropiques. Le renversement des alizés devient de plus en plus net. Le rapprochement. des deux passages du Soleil au zénith qui déterminent la marée atmosphérique annuelle amène la fusion des deux périodes de pluie et le développement d'une longue période sèche. D'autres influences tendent à diviser nettement l'année en une saison sèche et une saison pluvieuse, ce sont celles de la mousson, qui règnent autour des continents tropicaux.

Ces contrastes ne se font guère sentir, il est vrai, que dans les variétés continentales. La variété océanique du climat tropical diffère même assez peu du climat Océanien. Une moyenne annuelle plus basse, mais encore supérieure à 20°C, une variation thermique légèrement plus accentuée, mais encore inférieure à 5°C, une somme annuelle de pluies moins considérable, un régime sans période sèche, mais avec un maximum bien prononcé, tels sont les traits essentiels du climat que nous observons à Hawaii et dans toutes les îles de l'océan Pacifique situées aux mêmes latitudes (climat Polynésien). La station de Honolulu les met en lumière.

Nous avons au contraire à distinguer au moins cinq types différents de variétés continentales. Les seules influences astronomiques déterminent deux types, suivant qu'on a deux maxima de pluie ou un seul. Dans le premier cas, il y a en théorie deux périodes sèches; en pratique, la plus grande est seule nettement marquée, mais elle est moins longue et par suite moins sensible à la végétation que dans le second cas, où une seule grande période sèche s'étend sur 4 à 7 mois. Des formes de végétation différentes correspondent à ces climats différents, pour lesquels on a proposé les noms de Soudanien et Sénégalien : d'un côté, la savane coupée de bouquets d'arbres et de forêts primaires le long des cours d'eau; de l'autre. la steppe avec brousse épineuse annonçant l'approche du désert. 

Partout où s'observe le climat Sénégalien, le désert est proche. Nulle part l'extension de ces deux types n'est mieux marquée qu'en Afrique. La zone du climat Soudanien enveloppe celle du climat Amazonien, en faisant un crochet autour de la région des sources du Nil. Ce crochet caractéristique est répété par toutes les limites d'espèces végétales et animales qui nous sont connues. Cette disposition explique les affinités floristiques de part et d'autre de l'équateur.

 La zone du climat Sénégalien forme une frange bordière le long de la lisière méridionale du Sahara. On y note la transition graduelle au désert. Elle s'étale largement sur les plateaux crevassés de l'Afrique orientale.

On retrouve ces types de climats non seulement dans l'Afrique méridionale (lisière du Kalahari), mais sur le plateau du Brésil (Matto Grosso) et en Australie sur la bordure du désert intérieur. 

Partout, on constate une moyenne thermique inférieure à 25°C, une amplitude supérieure à 5°C, une somme annuelle de pluies inférieure à 1500 mm, avec une période sèche atteignant respectivement 4 et 6 mois pour les climats Soudanien et Sénégalien. 

Nous donnons comme type du climat Soudanien : Port-au-Prince (Haïti). Yégué (Togo); comme type du climat Sénégalien : Veracruz (Mexique), Bathurst (Gambie), Gorée (Sénégal) et Luanda (Angola).

Climats de moussons. 
L'extension des types normaux de climats tropicaux est singulièrement réduite par l'influence du régime des moussons, qlui se fait sentir sur tout le pourtour de l'océan Indien. Partout où cette influence règne, l'année est nettement divisée en une saison sèche, souvent très longue même dans les contrées subéquatoriales, et une saison de pluies torrentielles. La sécheresse est augmentée par le caractère continental et anticyclonal des vents, qui soufflent pendant la première partie de l'année; l'abondance des pluies est au contraire accrue par le passage des vents de la mer sur la terre et leur heurt contre les hauts reliefs, qui bordent presque de tous côtés les rivages de l'océan Indien. Aussi la moyenne annuelle des précipitations est-elle presque toujours supérieure à 1000 mm. La transition entre les deux saisons est marquée par de violentes perturbations atmosphériques : orages, trombes, typhons.

On imagine aisément l'influence d'un climat à contrastes saisonniers aussi marqués sur toutes les manifestations de la vie. On en retrouve partout l'empreinte dans les formes de végétation. En Inde, la vie de millions d'individus est réglée par la marche des saisons et dépend des caprices du climat. Un retard de la période des pluies, une prolongation intempestive des précipitations torrentielles ruine les récoltes.

Dans les contrées voisines de l'équateur, l'inégale distribution des précipitations dans l'année est le seul contraste que présente le climat de moussons; mais, lorsqu'on approche des tropiques, la variation thermique annuelle s'accentue, et cela d'autant plus qu'on s'éloigne de la mer. La variation diurne devient très forte pendant la saison sèche; on a noté dans le Nord de l'Inde des minima absolus atteignant ou dépassant même 0°C. On distinguera donc un climat de moussons subéquatorial et un climat de moussons tropical.

Le premier règne dans le Dekkan et sur les côtes du golfe du Bengale (types : Calcutta, Rangoon). La période sèche y est très marquée, même au pied de l'Himalaya et sur le bord des Ghâtts orientales, où la somme annuelle des pluies atteint localement 5 et même 10 m. Mais la variation thermique ne dépasse guère 10° C. Ce climat, qu'on peut appeler Bengalien, se retrouve dans le Nord de l'Australie (Cooktown).

Le climat de moussons tropical ou continental règne dans la vallée du Gange et les provinces centrales de l'Inde; c'est le climat Hindou proprement dit. L'amplitude thermique est plus forte, tant à cause de la latitude que de la situation continentale.

La quantité de pluie annuelle diminue progressivement vers l'Ouest et, bien que l'absence de précipitations soit moins complète pendant la période sèche, le climat prend. une teinte de plus en plus subdésertique. Dans la vallée de l'Indus et le Pendjab, la transformation est radicale, on a affaire à un climat très sec; un analogue de l'erg saharien s'étend le long de l'Indus, qui arrive à la mer, très appauvri, et des irrigations seules ont permis le développement agricole du Haut Pendjab (types: Lahore, Jacobabad). C'est un climat analogue qui se retrouve sur la côte de l'Arabie et de la Somalie. Le climat Hindou, s'étend sur tout le Haut Laos et la Chine méridionale (Canton), où il devient progressivement plus froid et plus également pluvieux (passage au climat Chinois C1).

L'influence du relief du sol et de l'orientation des côtes modifie les caractères du climat (le moussons dans presque toute la péninsule Indochinoise, en déplaçant la période pluvieuse. Dans l'Annam, c'est la mousson d'hiver, se heurtant contre les chaînes côtières après la traversée de la mer de Chine, qui détermine la période des pluies (Hué). L'influence de ce régime est encore sensible en Cochinchine (Ho-Chi-min ville) et dans le lias Tonkin (Hanoï). En Thaïlande, où la mousson d'hiver est encore humide, la mousson d'été ne perd pas toute influence sur les précipitations. Aussi a-t-on deux périodes de pluie (type : Bangkok). Le climat Annamite se retrouve pour les mêmes raisons sur la côte orientale du Dekkan (Chennai). Le climat Thaïlandais règne sur la côte orientale du Sri Lanka, où la latitude et la situation océanique diminuent assez la variation thermique pour qu'on se rapproche du climat équatorial Amazonien à deux périodes de pluie (Colombo).

Dans ces variétés aberrantes des climats de moussons, où la période sèche est toujours plus on moins atrophiée, le régime atmosphérique n'a pas la stabilité ordinaire des climats tropicaux. Les typhons et les cyclones naissent surtout dans ces régions troublées. Ces conditions anormales pour la latitude rapprochent, au point de vue de la marche du baromètre, ces pays des régions tempérées.

Climats tempérés sans saison froide ou climats subtropicaux. 
La variété des climats tropicaux est peu de chose encore comparée à celle des climats tempérés. Le jeu des influences qui agissent sur les divers éléments météorologiques devient singulièrement plus complexe. Les facteurs géographiques, répartition des terres et des mers, relief du sol, exposition, prennent une importance de plus en plus grande. Les perturbations atmosphériques sont fréquentes et profondes. La variation annuelle du baromètre et son oscillation moyenne mensuelle augmentent en général avec la latitude.

Ces caractères commencent déjà à se dessiner dans la zone des climats tempérés sans saison froide, ou climats subtropicaux. sous y trouvons partout une moyenne annuelle inférieure à 20°C. Mais le nombre de mois où la moyenne s'abaisse au-dessous de 10°C ne dépasse jamais 4°C. La variété la plus connue de ce groupe de climats est celle du climat Méditerranéen qui doit son originalité à l'existence d'une période sèche d'été. Mais la période sèche petit aussi faire défaut, comme dans la Chine méridionale (climat Chinois). Dans les montagnes de la zone tropicale, on voit s'associer à un régime thermique tempéré un régime de pluies tropicales (climat Colombien et Mexicain). Ainsi nous devons distinguer au moins trois sous-groupes.

Le climat chinois.
Le climat Chinois (Shanghaï) ne connaît pas en général de saison sèche. C'est à peine si l'on remarque une légère baisse de précipitations en hiver. Le maximum est en été ou au printemps. Ce seul fait suffirait à indiquer que les influences de moussons sont un facteur essentiel du régime. C'est en effet la mousson d'été qui apporte les fortes pluies arrosant la Chine méridionale. Mais les cyclones qui se forment en hiver sur les flancs du maximum barométrique sibérien et se déplacent vers le Nord-Est suffisent pour amener encore des précipitations notables. La coïncidence d'un régime thermique sans saison froide avec des pluies constantes donne à la végétation arborescente cette beauté particulière qui frappe tous les visiteurs de la Chine méridionale. En avançant vers le Nord ou vers l'Ouest, on voit la variation thermique s'accentuer de plus en plus, les mois d'hiver se multiplier et la saison sèche se dessiner de plus en plus nettement. On passe ainsi graduellement au climat Mandchourien. Shanghaï représente déjà un type assez extrême. Les basses températures d'hiver (janvier 2,7°C) sont dues à l'influence de l'anticyclone sibérien. Guangzhou (Canton) marque la transition au climat de moussons tropical. C'est dans les îles (Taiwan en particulier) qu'il faut aller pour trouver ce climat exempt d'influences continentales. De brusques coups de froid sont souvent amenés par des vents continentaux du Nord-Ouest déterminés, comme les cold waves des Etats-Unis, par des cyclones se déplaçant vers le Nord-Est.

Le climat Chinois se retrouve aux États-Unis dans les États riverains du golfe du Mexique et ceux du littoral atlantique méridional (Nouvelle-Orléans, Charleston). Les influences de moussons s'y font sentir surtout dans les États sud-atlantiques, l'anticyclone du Manitoba jouant le même rôle que le maximum barométrique de Sibérie. Mais des cyclones parcourent fréquemment en hiver la vallée du Mississippi, ou longent le littoral atlantique. Ils amènent des coups de froid qu'ils appelés cold waves. Les minima moyens atteignent -4,9°C à la Nouvelle-Orléans, -4°C à Charleston.

C'est encore au type chinois qu'il convient de rattacher le climat des bassins moyens du Parana et du Paraguay dans l'Amérique du Sud. La transition est graduelle, d'un côté au climat tropical (Floride Nord, Brésil Sud), de l'autre à des climats continentaux plus extrêmes avec périodes sèches (climat des Great Plains et du Texas aux États-Unis, climat des Pampas en Argentine). Le même rapport existe encore en Australie entre la zone subdésertique et la zone de climat tempéré sans périodes sèches, qui longe le pied des Alpes australiennes (Brisbane, Sydney). Dans l'Afrique méridionale, c'est au type chinois qu'il faut rattacher le curieux climat du Natal (Afrique du Sud), qui frappe par sa chaleur et son humidité constante, contrastant avec les inégalités des climats voisins et la sécheresse de la région proche du Cap.

Le climat méditerranéen.
Le climat méditerranéen règne sur à peu près toute l'étendue du bassin de la Méditerranée. Son régime thermique le rapproche des climats tropicaux, dont il exagère les variations. Mais il s'en sépare par son régime de précipitations, puisque les pluies, au lieu d'être estivales, tombent pendant la saison froide. Ces pluies sont dues à des cyclones se propageant vers l'Est suivant une trajectoire dont nous avons précédemment montré l'importance. La zone méditerranéenne, annexe de la zone tropicale désertique en été, se rattache donc en hiver à la zone tempérée océanique, où dominent les vents d'Ouest, et où les perturbations atmosphériques d'origine atlantique règlent les caractères du temps. On comprend que, dans de pareilles conditions, on observe une transition graduelle du climat méditerranéen au climat désertique d'une part, au climat tempéré froid de l'autre.

Sur les côtes de l'océan Atlantique et dans toute la partie Nord du bassin occidental de la Méditerranée, l'amplitude thermique est atténuée, la période pluvieuse est précoce et abondante. Le mois le plus pluvieux est souvent octobre (Provence, Italie centrale). Cette variété à influences océaniques peut être appelée climat Portugais (type : Lisbonne), bien que ce soit dans l'archipel des Açores qu'on trouve le type le plus nettement océanique. La variété normale ou climat Hellène manifeste une accentuation de plus en plus forte de l'oscillation thermique, un retard de la période des pluies et une réduction de plus en plus grande de la somme annuelle, au fur et à mesure qu'on avance vers l'Est. La faible nébulosité et la luminosité, caractéristiques du climat méditerranéen, sont aussi de plus en plus marquées. Tunis, Palerme, Athènes, Izmir et Jérusalem mettent en lumière cette progression, qui conduit insensiblement à un climat subdésertique, nettement réalisé dans la Syrie continentale et l'Iran (climat Syriaque, types : Mossoul, Téhéran).

L'instabilité de l'atmosphère est remarquable dans la zone méditerranéenne, particulièrement clans la saison pluvieuse et spécialement dans la zone de transition, où se font sentir les influences océaniques. Les dépressions barométriques qui parcourent le bassin occidental de la Méditerranée donnent lieu à des vents locaux qui contribuent à rendre plus sensibles les contrastes thermiques. Le Leveche en Espagne, le Sirocco en Tunisie, Algérie et Sicile, vents chauds et secs, le Mistral en Provence, la Bora sur la côte dalmate, vents froids et violents, donnent une teinte spéciale aux climats des pays sur lesquels ils soufflent.

L'influence du relief du sol augmente encore les contrastes locaux. Les chaînes montagneuses côtières forment un écran, qui arrête les précipitations, au détriment des plaines et des plateaux situés en arrière. Aussi le régime subdésertique apparaît-il déjà dans l'Asie Mineure intérieure. Les hauts plateaux de l'Atlas ont eux-mêmes un régime extrême, aggravé par l'irrégularité des précipitations, dont le, régime n'est pas nettement caractérisé (Djelfa). C'est à des raisons analogues qu'il faut attribuer la faible extension du climat méditerranéen en Amérique.

Les mêmes conditions atmosphériques qui donnent au climat de l'Europe méridionale son cachet particulier se retrouvent en effet réalisées sur les côtes de la Californie et du Chili. Cependant le climat méditerranéen ne s'y observe que sur une frange littorale étroite. La Sierra Nevada de Californie arrête les vents pluvieux, et sur les plateaux du Grand Bassin règne déjà le climat désertique du type Aralien. Le contraste est d'autant plus grand, que la variété représentée sur la côte californienne est justement la variété océanique du climat méditerranéen. L'oscillation thermique est atténuée et ralentie; les automnes sont, exceptionnellement chauds et conviennent aux cultures fruitières (Sacramento). Sur la côte même, à San Francisco, la moyenne d'octobre est plus élevée que celle de juillet.

La Cordillère des Andes joue un rôle analogue à celui de la Sierra Nevada. Le climat de la bande côtière du Chili est aussi très océanique au point de vue de l'oscillation thermique, les températures d'été sont relativement basses. L'influence d'un courant froid côtier doit entrer en ligne de compte, comme pour San Francisco.

En Afrique du Sud, des montagnes élevées formant le rebord de hauts plateaux servent d'écran aux vents marins et le Sud de la région du Cap jouit seul du véritable climat méditerranéen. Les steppes du Karroo ont un climat analogue au climat syriaque. Vers le Natal, des influences de moussons se font sentir, la période des pluies est reportée en été, l'hiver bénéficiant encore de pluies cyclonales (climat Chinois). Dans l'Australie méridionale, nous retrouvons le climat méditerranéen, passant graduellement vers le Nord et l'Ouest au climat désertique, vers l'Est au climat Chinois (Sydney).

Climats d'altitude subtropicaux. 
Les types les plus curieux de climats subtropicaux sont ceux qu'on observe dans les montagnes des régions voisines de l'équateur. Dans les Andes de la Colombie et de l'Equateur, le régime des pluies est nettement équatorial. Pas de saison sèche, mais deux maxima déterminés par les deux passages du Soleil au zénith. L'altitude abaisse la moyenne thermométrique au-dessous de 20°C, mais la température reste aussi constante que dans le climat océanien. Ces caractères originaux résultent de l'action combinée des facteurs astronomiques (latitude) et des facteurs géographiques (altitude). La station de Bogota les met en lumière. On retrouve le même climat sur les pentes des hauts volcans de l'Afrique orientale.

Au voisinage des tropiques, les plateaux élevés jouissent d'un climat analogue, différant seulement par une amplitude thermique un peu plus forte et un régime de pluies de type tropical avec période sèche plus ou moins marquée et maximum unique. Le Plateau central du Mexique offre un excellent exemple de ce climat que l'on a appelé Mexicain (type : Mexico). Mais on le retrouve dans l'Amérique du Sud sur les plateaux de Bolivie (Cochabamba). Ce sont encore les mêmes conditions qui règnent en Ethiopie et sur les plateaux du Transvaal (Prétoria).

Climats tempérés à saison froide. 
Au delà du 45e parallèle, il n'est plus de pays exempts d'hiver. Mais tant que la saison froide ne dépasse pas quatre mois, et que la moyenne annuelle reste voisine de 10°C, on est encore dans la zone tempérée. La zone des climats tempérés à saison froide est loin d'avoir l'extension géographique que semblerait lui assurer le grand développement des continents dans les latitudes moyennes, particulièrement dans l'hémisphère Nord, ni l'étendue que laisse supposer le chiffre élevé de sa population. De hautes chaînes de montagnes et des déserts très étendus lui disputent le continent asiatique. C'est en Europe qu'elle est le mieux développée et qu'on peut le mieux y distinguer les types variés de climats dus aux facteurs géographiques.

Nulle part la différence entre les climats océaniques et continentaux n'est plus marquée. Elle se manifeste, non seulement dans le: régime thermique, mais même dans le régime des précipitations. L'amplitude, qui dépasse rarement 10°C dans les climats océaniques, atteint 30°C dans les climats continentaux. Les premiers ont généralement une moyenne annuelle plus basse à égale latitude, des étés beaucoup moins chauds, des hivers très doux. Les précipitations sont abondantes, sans saisons sèches, mais avec un maximum d'hiver, dû à l'influence des cyclones d'origine atlantique, qui assaillent plus fréquemment les côtes d'Europe pendant la saison froide. Dans les climats continentaux le maximum des précipitations est au contraire en été.

Une transition graduelle conduit du climat océanique au climat continental. Le premier ne s'étend guère en réalité au delà d'une frange étroite du littoral atlantique, comprenant la Galice, la côte des Landes de Gascogne, la Bretagne et le Cotentin, l'Angleterre occidentale et la plus grande partie de l'Irlande. Un climat de transition règne sur toute l'Europe occidentale, jusqu'au méridien de Hambourg. C'est ce qu'on a appelé le climat Parisien. La moyenne annuelle y est plus élevée que dans le climat océanique ou Breton, l'hiver moins rigoureux que dans le climat continental ou Polonais. La station de Brest met en lumière les caractères du climat Breton; celles de Paris, Toulouse, Karlsruhe montrent les variétés du climat de transition Parisien.

Le climat continental, auquel appartiennent déjà le Brandebourg, la Saxe et la République Tchèque, devient de plus en plus rigoureux au fur et à mesure qu'on avance vers l'Est (Prague, Cracovie, Kiev). En même temps, la somme annuelle des précipitations diminue et l'automne prend de plus en plus le caractère d'une saison sèche. Dans la Russie méridionale, il tombe en moyenne moins de 500 mm, dont 65% pendant les mois d'été. La forêt cède la place à des prairies steppiques (climat Ukrainien). Plus à l'Est, on tombe dans la zone du climat désertique aralien. Nous assistons ainsi, dans la zone tempérée à saison froide, comme dans la zone méditerranéenne, à une transition graduelle de l'Ouest à l'Est vers les climats désertiques, qui règnent au centre de la masse continentale eurasiatique.

En Amérique, le passage est singulièrement plus brusque. Le climat océanique est limité à une frange littorale au pied des Montagnes Rocheuses de la Colombie Britannique, dont le haut relief augmente singulièrement les précipitations (comparer Astoria avec Brest), mais au détriment des plateaux situés en arrière, où règne le climat aralien. De même, dans l'Amérique du Sud, la côte méridionale du Chili jouit d'un climat extrêmement tempéré et pluvieux, niais à l'Est règne dans la Cordillère une sécheresse extraordinaire.

En somme c'est le climat continental qui est le type normal de la zone tempérée à saison froide; c'est lui qui a la plus grande extension géographique. Non seulement il apparaît en Europe, lié par une transition graduelle au climat océanique, qui caractérise les côtes occidentales des continents, mais il règne sur les côtes orientales. En Asie nous le trouvons dans le bassin moyen et inférieur de l'Amour, mais de hautes montagnes l'empêchent de s'étendre à l'Ouest, et il confine au climat désertique du Gobi, tandis qu'au Sud, l'influence de la mousson lui imprime un caractère à part en Mandchourie et dans le nord de la Chine. Là nous avons le seul exemple d'un climat tempéré à saison froide ayant une période sèche d'hiver nettement marquée. Le renversement des vents est un fait frappant à Pékin. En hiver les vents continentaux du Nord-Ouest, extrêmement secs et froids, originaires du maximum de Sibérie, soulèvent des tempêtes de neige ou de poussière. En été les vents océaniques du Sud-Est et de l'Est apportent les pluies. Ce climat original est ce qu'on appelle le climat Mandchourien (types : Pékin, Moukden). L'augmentation des précipitations et l'élévation de la température vers le Sud le font passer au climat Chinois.

Malgré son caractère insulaire, le Japon central se rattache au climat Mandchourien. Toutefois les oscillations thermiques y sont moins fortes que dans le nord de la Chine (Tokyo). La côte occidentale présente même une particularité curieuse : c'est la mousson d'hiver qui y apporte la pluie, après avoir traversé la mer (Kanazawa).

En Amérique, l'extension du climat continental n'est pas limitée par les mêmes raisons que dans l'ancien monde. Il règne sur une large zone, depuis l'Atlantique jusqu'aux sources du Mississippi. Les variations thermiques augmentent de plus en plus, au fur et à mesure qu'on s'approche du centre de l'anticyclone du Manitoba; la somme des précipitations annuelles et surtout le nombre des jours de pluie diminuent. Au pied des Montagnes Rocheuses nous retrouvons le climat de la Russie méridionale, qui se rapproche du climat désertique des plateaux de l'Ouest (Omaha, Denver).

D'autre part à l'Ouest des Appalaches et dans le bassin moyen du Mississippi, règne une variété qui se rapproche des climats subtropieaux : la moyenne annuelle est plus élevée, les précipitations sont abondantes, mais leur maximum est au printemps, en sorte qu'une tendance à la sécheresse, plus ou moins marquée suivant les années, se manifeste en automne. Ce climat, particulièrement favorable à la culture du maïs, se retrouve en Europe dans les plaines du bassin moyen et inférieur du Danube (plaine Hongroise, Roumanie); d'où le nom de climat Danubien qui est souvent employé pour, le désigner. Il passe d'un côté au climat méditerranéen, de l'autre au climat ukrainien, qui s'étend jusqu'en Roumanie (Dobroudja, Valachie orientale).

Dans l'hémisphère Sud, le groupe des climats tempérés à saison froide ne peut, vu la faible extension des continents, être guère représenté que par la variété océanique. Ses caractères (forte pluviosité, pressions basses et instables, oscillations thermiques très faibles) sont très marqués sur la côte du Chili et en NouvelleZélande, où ils favorisent à la fois l'extension des glaciers et le développement de la végétation arborescente. L'écran des Andes, arrêtant les précipitations venues du Pacifique, amène la juxtaposition du climat océanique avec un climat relativement sec et continental, qui règne dans le Sud de l'Argentine (San Luis), en passant vers le Nord au climat tropical sec. En Australie, on pourrait noter une transition semblable sur le versant Ouest de la chaîne côtière orientale.

Climats désertiques chauds.
Nous avons vu que tous les groupes de climats étudiés jusqu'à présent présentent des variétés se rapprochant des climats désertiques. La zone désertique s'étend en effet à la fois sur la zone chaude et sur la zone tempérée de Köppen, offrant partout les caractères suivants : somme annuelle des précipitations inférieure à 25 cm, régime de pluies indéterminé et inconstant, variations thermiques annuelles très fortes. Dans la zone chaude, ces caractères frappent davantage, par leur contraste avec ceux des variétés normales de climats. Aussi les déserts chauds sont-ils les plus connus et le Sahara en est-il l'exemple classique. En réalité, le climat saharien représente seulement la variété continentale des climats désertiques chauds, et il y a lieu de distinguer, à côté de ce type normal, un type océanique, dont l'extension est moins grande, mais dont les caractères très particuliers se retrouvent en plus d'un point du globe.

On l'a observé particulièrement sur la côte occidentale de l'Afrique du Sud. La variation thermique y est très faible, la moyenne annuelle exceptionnellement basse. A Port Nolloth, dans le Namaqualand, par 29° de latitude, elle tombe au-dessous de 14°C. Le mois le plus chaud dépasse à peine 15°C. Malgré l'insuffisance des précipitations, l'atmosphère est loin d'être pure, de fréquents brouillards voilent le sol. On attribue à l'influence du courant froid, qui longe la côte, ces caractères particuliers. Il est remarquable, que, partout où l'on retrouve le même climat, sur la côte occidentale du Sahara, du Pérou et du Chili septentrional, existe également un courant froid longeant la côte (Lima). Il n'est pas de climat plus ingrat que ce climat, que nl'on a proposé d'appeler Péruvien. Rarement la nature se montre plus inhospitalière à l'homme que dans les solitudes du désert d'Atacama, ou sur la côte de la Namibie.

Le climat Saharien est moins répulsif. Plus froid en hiver, il est beaucoup plus chaud en été. Partout où l'irrigation peut être pratiquée, le sol donne naissance à la végétation la plus exubérante; les oasis du Sahara ont été depuis les temps les plus reculés recherchées par es Humains. La valeur de l'oscillation thermique annuelle augmente en général vers le Nord et l'Est. L'oscillation diurne est partout supérieure à 15°C. Le gel n'est pas rare dans le Sahara Algérien. Au Caire même on note des températures de 2°C, alors que le maximum absolu atteint 42°C. L'humidité moyenne est à peu près partout inférieure à 50%, elle peut s'abaisser jusqu'à 20%.

Le climat désertique saharien règne non seulement sur tout le Sahara, mais s'étend sur la plus grande partie de l'Arabie. Nous le retrouvons dans l'Afrique australe (Kalahari), l'Australie et la Californie (Yuma).

Climats désertiques froids. 
En dehors de la zone chaude, les déserts sont en général limités à l'intérieur des grandes masses continentales de l'hémisphère Nord. Leur coïncidence avec des dépressions fermées, privées d'écoulement vers la mer, hauts plateaux d'Asie et d'Amérique ou cuvettes dont le fond est au-dessous du niveau des océans, comme la dépression Aralo-caspienne, prouve que le relief du sol est réellement un facteur du régime désertique. Les montagnes entourant ces dépressions forment en effet un écran arrêtant toutes précipitations. Mais le régime anticyclonal, qui prévaut sur ces régions, a une importance au moins aussi grande. Les précipitations n'y font pas aussi entièrement défaut que dans les déserts tropicaux, et, quand le sol s'y prête, des steppes viennent souvent interrompre ces déserts. Mais le régime thermique tend à accentuer les effets de la sécheresse. Les étés brûlants donnent des températures dépassant parfois celles du Sahara. Les hivers sont exceptionnellement froids. C'est dans le continent Eurasiatique que ce climat a la plus grande extension géographique. Il règne sur toute la dépression Aralo-caspienne, d'où le nom de climat Aralien, et s'étend sur les plateaux intérieurs encadrés par les hautes chaînes de l'Asie centrale, du Tarim jusqu'aux sources de l'Amour (Merv, Tachkent, oblast du Syr Daria). Nous le retrouvons dans le Grand Bassin des Etats-Unis et sur les Plateaux de l'Oregon, disputant le terrain au climat Persan, qui l'emporte en général au pied des montagnes, et a une période de pluies d'hiver relativement assez abondantes (Salt Lake City).

Le climat Aralien, comme le climat Saharien, n'est pas hostile à toute manifestation de l'activité humaine. Les déserts et steppes de l'Asie centrale sont les territoires de parcours de populations hardies et ont été le point de départ de ces grands mouvements de peuples, qui ont bouleversé la face de l'Europe. L'irrigation y fait naître des oasis, comme dans le Sahara. Au pied des colosses montagneux de l'Asie centrale, le Ferghana nous révèle les traces d'une civilisation ancienne relativement avancée.

On ne connaît guère la variété océanique des climats désertiques tempérés. Le climat de la Patagonie paraît être l'exemple qui y correspondrait le mieux, tout en présentant des affinités avec le climat ukrainien, qui règne dans le Sud de l'Argentine (Chubut). Des vents violents, un ciel souvent voilé de brume, des températures d'été très basses et des précipitations insuffisantes donnent à la côte un caractère âpre, qui s'atténue graduellement vers l'Ouest quand on approche des Andes.

Climats froids à été tempéré. 
Le groupe des climats froids peut être placé, au point de vue bio-géographique, à côté de celui des climats désertiques. Le froid et la sécheresse excessive ont les mêmes effets : disparition de la végétation arborescente, des cultures et enfin des établissements humains. C'est dans la zone des climats froids que nous trouvons les limites polaires des céréales, des arbres et de l'habitat humain. Toutefois une bonne partie de cette zone est encore animée d'une vie assez intense; c'est celle où il existe une saison tempérée de quatre mois au moins. Les influences océaniques et continentales y créent des contrastes aussi frappants que dans les climats tempérés.

La variété océanique se distingue par un hiver doux, un printemps tardif et un automne chaud (température d'octobre supérieure à mai), un été relativement frais. Les pluies y sont abondantes, particulièrement pendant l'automne et l'hiver, où les dépressions barométriques se déplacent vers les hautes latitudes. Ce climat règne dans les îles baignées par les branches extrêmes des courants chauds (Islande, Féroé, Shetland) et sur toute la côte de Norvège. La côte Baltique de la Suède méridionale échappe déjà à ces influences. A Stockholm la variation annuelle est de plus de 20°C.
La côte de l'Alaska présente tous ces caractères d'une façon plus frappante encore (Sitka). L'hiver est doux et extrêmement pluvieux. Mais c'est l'extrême pointe de l'Amérique du Sud qui offre le type le plus accentué de ce climat. Au Cap Horn, la variation thermique n'est que de 6°C, les précipitations atteignent 3400 mm, et le nombre des jours de pluie est de 191.

La variété continentale a une extension bien plus grande; elle règne sur une large zone d'un bout à l'autre du continent Eurasiatique. La moyenne annuelle est comprise entre + 5°C et -5°C. L'oscillation augmente graduellement de l'Ouest à l'Est, de la Russie à la Sibérie orientale. A Moscou, elle est de 30°C. à Barnaoul (Altaï) et Irkoutsk, de près de 40°C. Les précipitations diminuent aussi graduellement, et l'hiver devient presque une véritable saison sèche en Sibérie. On sait que ces caractères sont dus à l'influence de l'anticyclone, qui a son centre vers Verkhoïansk. Tout le Canada, au Nord de la région des Lacs, jouit du même climat âpre, mais qui n'exclut pas la végétation. Les températures d'été y dépassant 15°C, les arbres peuvent se développer jusqu'au voisinage du cercle polaire.

Climats froids sans saison tempérée. 
La limite des arbres est à peu près celle des climats froids à saison tempérée. Là où les 4 mois les plus chauds n'atteignent pas 10°C, il n'y a plus place pour la vie. Les eaux sont couvertes de glace, la terre de neige pendant la plus grande partie de l'année. Toute élévation du sol donne naissance à des glaciers descendant jusqu'à la mer. La variété continentale de ce climat est la seule qui nous soit bien connue. Elle règne sur toutes les terres entourant le pôle Nord, aussi l'a-ton appelée la variété arctique. Upernivik (Groenland) représente les conditions moyennes; le Svalbard, avec une amplitude de 20°C, représente un cas où les influences océaniques se font sentir; Verkhoïansk, avec une amplitude de 66°C, est l'exemple le plus continental.
C'est seulement dans l'hémisphère Sud qu'on peut observer la variété océanique. D'après les observations d'hivernage faites à diverses stations, les moyennes d'hiver sont en général supérieures de 15 à 20 °C à celles des latitudes correspondantes dans l'hémisphère Nord, mais les moyennes d'été sont inférieures de 5 à 10°C.

Le climat de montagne

Dans tous les pays, la montagne est par son climat, autant au moins que par son relief, un monde à part. Tous les phénomènes météorologiques : température, humidité, précipitations et vents, y présentent des caractères originaux et y font sentir leur influence plus impérieusement que partout ailleurs. Non seulement en effet la distribution des plantes, la répartition des habitations et les formes de l'activité économique reflètent les variations et les caprices du climat montagnard; mais la sculpture du relief doit elle-même ses caractères particuliers aux modes spéciaux de décomposition des roches et d'érosion que déterminent les conditions météorologiques des hauteurs. 

La pression atmosphérique en montagne. 
Le fait essentiel d'où dérivent à peu près tous les caractères du climat de montagne est la raréfaction de plus en plus grande de l'air dans les hautes altitudes. De tous les phénomènes météorologiques des régions élevées, c'est le plus régulier, car c'est le seul qui ne dépende pas des conditions locales du relief. La diminution de la pression atmosphérique pour une élévation donnée ne dépend en effet que de l'altitude moyenne de la zone considérée et de la température de l'air. Elle est plus rapide au niveau de la mer que dans les zones élevées et dans les climats chauds que dans les climats froids.

La température en montagne. 
L'abaissement de la température avec les altitudes croissantes est une des particularités les plus connues et les plus importantes du climat de montagne. Elle est le résultat de la raréfaction de l'air, dont la capacité calorifique diminue avec la densité.

Dans les hautes montagnes la valeur du refroidissement suivant l'altitude dépend des conditions topographiques. L'abaissement de température est en général plus rapide sur les pentes raides et les versants tournés au Sud, plus lent sur les pentes douces, sur les plateaux et les versants tournés au Nord. 

Oscillation de la température. 
En général, toutes les oscillations thermiques sont amorties. Absorbant moins de chaleur, l'air raréfié des hauteurs en perd moins pendant les périodes de refroidissement nocturne et hivernal. Le climat des montagnes ressemble par là en apparence au climat océanique. C'est dans les climats extrêmes des hautes latitudes que le contraste est le plus marqué à ce point de vue entre la plaine et la montagne. Mais, même dans les pays équatoriaux, on peut observer au moins l'atténuation de la variation diurne.

Inversion de température. 
Le régime thermique ultra-continental des dépressions a pour résultat un phénomène en appparence paradoxal. Dans la saison froide, il peut arriver que la température décroisse non pas des vallées vers les sommets, mais des sommets vers les vallées. C'est ce qu'on appelle l'inversion de température. L'inversion de température est la règle dans les vallées et bassins fermés des Alpes orientales. 

Insolation. 
L'avantage des versants sur le fond des vallées s'explique en partie par l'influence de l'insolation. On ne saurait comprendre les caractères particuliers du climat des montagnes en n'étudiant que la température de l'air. L'importance de l'insolation augmente avec l'altitude, toute la chaleur non absorbée par l'air raréfié arrivant directement au sol. L'intensité de l'insolation augmente aussi avec la pente moyenne, car la quantité de chaleur reçue sur une même surface est proportionnelle à l'angle d'incidence des rayons solaires, il en résulte que les contrastes entre les pentes exposées à l'ombre et les versants ensoleillés croissent avec l'altitude.

Le climat des montagnes, qu'on compare souvent au climat polaire, en diffère profondément par l'échauffement du sol, qui permet à la végétation de se développer malgré les basses températures de l'air. C'est ce qui explique que le Faulhorn, en Suisse, sur un espace de 4,5 ha, offre au botaniste 131 espèces de phanérogames, alors que dans tout l'archipel du Svalbard, on en récolte à peine 93.

Si les pentes montagneuses bénéficient pendant le jour de la chaleur que l'atmosphère raréfiée ne peut absorber, elles sont réciproquement soumises la nuit à un refroidissement d'autant plus intense que l'air n'arrête pas le rayonnement. On a trouvé qu'au sommet du Mont-Blanc la valeur du rayonnement nocturne est de 95% plus élevée qu'à Chamonix. 

La température de l'air ne peut manquer d'être influencée par celle du sol et elle le sera d'autant plus que les formes du terrain étendront la surface de contact du sol et de l'atmosphère. De là vient l'exagération des variations thermiques dans les vallées, leur atténuation sur les sommets isolés. Par là s'explique aisément le surchauffement des dépressions pendant l'été et leur refroidissement excessif en hiver, qui va jusqu'à l'inversion de température.

Enfin c'est encore la raison principale du contraste si souvent marqué entre les deux flancs d'une vallée. Dans les Alpes les mots populaires d'adret et d'ubac désignent le versant tourné au midi, où les maisons grimpent très haut au milieu des prairies, et le versant tourné au nord, qui parait plus sombre sous son tapis de forêts respectées par l'homme. Ce contraste se retrouve partout, même dans des montagnes peu élevées comme les Vosges ou le Massif Central. Il se traduit même dans la valeur moyenne des limites d'altitude suivant l'exposition.

L'insolation explique encore le fait bien connu que les vallées orientées du Nord au Sud sont en général plus chaudes, ont une flore plus méridionale et sont plus habitées que les vallées orientées de l'Est à l'Ouest. Dans celles-ci, en effet, un des versants est entièrement soustrait à l'insolation.

Précipitations atmosphériques.
Si frappants que soient les contrastes thermiques entre la montagne et la plaine, ceux que présente la répartition de l'humidité sont peut-être plus significatifs. Ce qui frappe encore plus c'est la variété et l'irrégularité capricieuse de la nature montagnarde. Le brouillard enveloppe un versant, tandis que sur l'autre le soleil brille, une pluie glacée mêlée de grêle tombe avec une violence inouïe, tandis qu'à quelques centaines de mètres le ciel est serein...

Un fait général bien connu domine : c'est l'augmentation de la somme annuelle des précipitations avec l'altitude. Cette augmentation est encore plus irrégulière que la diminution de la température et il est impossible d'en donner une valeur moyenne, même approximative.

Limite des neiges éternelles. 
Les précipitations ont souvent lieu dans la haute montagne sous forme neigeuse et, au delà d'une certaine altitude, la chaleur de l'été est insuffisante à fondre complètement ces neiges qui s'accumulent sur le sol. La limite des neiges éternelles est une des limites d'altitude les plus importantes. Elle sépare deux mondes aussi différents au point de vue physique qu'au point de vue biologique. Non seulement, en effet, toute trace apparente de vie végétale et animale disparaît dans le domaine des neiges, mais les agents destructeurs du sol et les formes de relief s'y présentent tout autrement que dans la zone inférieure.

La hauteur de la limite des neiges éternelles dépend avant tout de la température. Théoriquement elle correspond à la zone où la moyenne de l'été reste en dessous de 0°C; elle doit donc s'abaisser de l'équateur au pôle. En réalité, son altitude moyenne la plus élevée est plus voisine des tropiques que de l'équateur. Ce seul fait indique. que les précipitations ont une importance aussi grande que la température.

Le rôle de ces deux facteurs apparaît nettement lorsque l'on compare l'altitude moyenne de la limite des neiges éternelles avec les températures et les précipitations moyennes aux différentes latitudes.

Les vents.
Brise de montagne et de vallée. 
Les reliefs montagneux modifient les caractères des grands courants de l'atmosphère; ils peuvent même créer des vents locaux. Tels sont les vents quotidiens connus sous le nom de brises de montagne et de vallée, qui, par un temps calme alternent avec la régularité des brises de terre et de mer. C'est vers 21 heures que s'élève généralement la brise de montagne, vent froid, qui semble apporter l'air glacé de la région des neiges éternelles. Elle dure toute la nuit et cesse vers le matin. Entre 9 heures et 11 heures. commence à souffler en sens contraire un vent qui enfile la vallée en remontant vers la montagne et qui augmente d'intensité pendant toute l' après-midi, pour cesser au coucher du Soleil. C'est une brise chaude et humide. Par un temps clair, alors que les cimes se détachent au lever du jour dans un ciel bleu immaculé, on la voit dès 11 heures rassembler et pousser vers la montagne tout un cortège de petits nuages, qui grossissent insensiblement et finissent par cacher les sommets. Dans l'après-midi le mouvement s'arrête, on voit les nuages revenir vers la plaine et se dissiper sous l'influence de la brise de montagne, vent descendant et par suite sec.

Le Foehn. 
On donne le nom de Foehn, dans les vallées de la Suisse et du Tyrol, à un vent de direction constante qui souffle en descendant de la montagne pendant plusieurs jours avec une violence croissante. 

Le foehn est surtout commun dans les hautes vallées de la Suisse et du Tyrol, entre Genève et Innsbruck. Dans le bas Valais et sur le lac de Genève il est connu sous le nom de vaudaire. Des vents analogues par leurs causes et leurs caractères existent dans toutes les montagnes. En Nouvelle Zélande, au Groenland, en Iran, au Japon, on a signalé des cas de foehn typiques.

Sur le versant oriental des Montagnes Rocheuses, les Indiens donnent le nom de chinook à un vent de montagne sec et chaud soufflant de l'Ouest, qui a tous les caractères du foehn. En un jour, le chinook fait monter le thermomètre de -10°C à + 20°C. Non seulement la neige, épaisse d'un pied, fond entièrement, mais au bout de peu de temps l'herbe est devenue sèche, au point qu'on n'y voit pas la trace du pied. C'est grâce à ce vent que la limite polaire des céréales, qu'on trouve dans le Canada oriental à la latitude de Bordeaux, remonte jusqu'au lac Athabasca au pied des Montagnes Rocheuses, par 60° de latitude. Les isothermes d'hiver font toutes un crochet significatif vers le Nord, en abordant la zone du chinook. De fortes pluies et un temps froid sur la côte Pacifique accompagnent toujours le chinook sur le versant occidental des Montagnes Rocheuses.

Les vallées du versant Nord des Pyrénées centrales et Atlantiques sont visitées par un vent sec et violent ayant tous les caractères du foehn. Le vent d'autan est aussi une sorte de foehn. Sa violence et sa sécheresse sont particulièrement sensibles sur le plateau du Sidobre et dans la plaine de Castres, où il dessèche les mares, tarit les sources et fait éclater les chênes. Au même moment le versant méditerranéen du Languedoc a un temps humide, nuageux et même parfois pluvieux, avec un vent de même direction appelé le marin.

Principaux types de climats de montagne.
Sous l'influence de causes identiques (raréfaction de l'air, diminution de l'humidité absolue, action du relief sur les mouvements de l'atmosphère), le climat de toutes les montagnes offre des caractères communs. Les lois générales, qui diversifient les climats suivant la latitude et la répartition des terres et des mers, ne peuvent cependant cesser de se faire sentir. Nous indiquerons brièvement les principales variations qui en résultent.

Dans la zone tropicale, le climat de montagne présente deux particularités intéressantes : 

1° par suite des hautes températures qui règnent au niveau de la mer toute l'année, l'isotherme de 0°C se trouve toujours à une très grande altitude, bien au-dessus de la zone des précipitations maxima. Il en résulte le développement d'une zone sèche de caractère steppique, entre la limite des arbres et celle des neiges éternelles. 

2° Les rayons solaires étant pendant la plus grande partie de l'année voisins de la verticale à midi, la pente du sol n'augmente pas sensiblement l'insolation, et même les pentes raides exposées au midi reçoivent moins de chaleur que les surfaces planes. Par contre le versant opposé perd beaucoup moins que dans les hautes latitudes. Les contrastes d'exposition des versants montagneux sont donc peu marqués. Ce sont les différences de pluviosité, qui expliquent presque exclusivement les différences de la végétation sur les deux flancs d'une chaîne. C'est la pluviosité qui règle la hauteur de la limite des neiges éternelles, beaucoup plus basse dans les régions humides, plus basse même dans les climats équatoriaux que dans les climats tropicaux.

C'est dans la zone tempérée et froide que le climat de montagne offre les particularités les plus curieuses. Il est caractérisé par la concordance générale de la zone des précipitations maxima avec le commencement de la zone froide. Ce fait a une très grande importance au point de vue de l'érosion et du relief du sol; il n'en a pas moins au point de vue de la végétation, car il amène la disparition de la zone désertique, qui caractérise les montagnes des pays tropicaux.

Mais la différence capitale avec le climat des régions tropicales est dans l'importance prise par l'insolation. Par suite de l'obliquité des rayons solaires, les pentes bien exposées bénéficient d'une insolation plus forte que les surfaces planes; mais, par contre, les pentes tournées au Nord sont sacrifiées. Les contrastes d'exposition jouent donc un rôle de plus en plus important. La diversité qui caractérise le climat de montagne dépasse tout ce que peut imaginer l'habitant des plaines. Suivant leur orientation, la raideur plus ou moins grande de leur pente, deux vallées voisines peuvent avoir à la même altitude des climats entièrement différents. Dans la même vallée le contraste est souvent plus grand entre les deux versants.

C'est dans la zone tempérée et froide que les vents locaux prennent en montagne une importance décisive. Le foehn ne paraît pas connu dans les contrées tropicales; le chinook, qui en est l'équivalent dans les Montagnes Rocheuses, perd de plus en plus ses caractères au fur et à mesure qu'on avance vers le Sud.

Coup d'oeil d'ensemble sur la répartition des climats 

Le contraste est remarquable entre les deux hémisphères : c'est l'hémisphère Nord qui offre la plus grande variété de types et les plus grands contrastes. En général, c'est là qu'il faut aller chercher les types continentaux extrêmes. L'hémisphère Sud est plus uniforme, mais il offre, surtout dans les hautes latitudes, les exemples des types océaniques les plus caractéristiques. Ces contrastes et bien d'autres s'expliquent par le relief du sol et l'influence des grandes masses océaniques.

Le contraste systématique entre les côtes orientales et occidentales est également marqué dans toutes les zones climatiques et sur les rives des deux grands fuseaux Atlantique et Pacifique. On remarque que les climats proprement océaniques, avec leur faible oscillation thermique, leur régime de pressions capricieux et instable, sont limités aux côtes occidentales des continents, tandis que les côtes orientales sont toujours, à même latitude, sous l'influence de conditions continentales, et même participent au régime des moussons (Mandchourie). Par contre, dans la zone tempérée sans hiver, ce sont les côtes occidentales qui ont une période sèche (climat méditerranéen), inconnue aux côtes orientales (climat chinois). Aux environs du tropique, les côtes occidentales du continent sont en proie au climat désertique, tandis que les côtes orientales y échappent grâce à la mousson. D'une manière générale, les influences de mousson sont le privilège particulier des côtes orientales. 

Mais dans la réalité les groupements sont plus complexes. Chaque océan a son rôle particulier. L'océan Indien est, par sa position équatoriale au milieu des masses continentales les plus considérables, le principal foyer des moussons. Les influences océaniques sont plus fortes et plus limitées sur les bords de l'océan Pacifique, à cause de sa ceinture de chaînes montagneuses, moins accentuées mais plus étendues sur les rives de l'Atlantique. La transition des climats océaniques aux climats désertiques, graduelle en Europe, est brusque en Amérique.

Les deux grands groupes de continents ont donc leur individualité propre. La répartition des diverses variétés de climats tempérés n'est pas la même dans l'Ancien et le Nouveau Monde. On a quelques difficultés à étendre à l'Amérique du Nord les cadres et les subdivisions créés en étudiant l'Europe. Certains types, à peine représentés dans le monde eurasiatique, ont une extension considérable en Amérique et y montrent des variétés inconnues. Ainsi le climat ukrainien règne sur une zone méridienne longue de 15 à 20 degrés de latitude au pied des Montagnes Rocheuses, de plus en plus froid et continental au fur et à mesure qu'on avance vers le Nord. Le climat danubien, limité en Eurasie à quelques bassins intérieurs, s'étend sur presque tout le bassin du Mississippi. (E. Martonne).

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