.
-

La découverte du monde > Le ciel > Les  calendriers
Les calendriers
Le calendrier juif
-
Il faut distinguer, dans l'histoire du calendrier juif, plusieurs périodes : l'époque biblique, l'époque talmudique et les périodes médiévale et moderne :

Époque biblique

Tous les critiques modernes s'accordent à penser que le calendrier primitif des Hébreux a été un calendrier lunaire, comme l'ont eu les Arabes, les Babyloniens, les Grecs. Le principal élément des calendriers de cette espèce est le mois lunaire d'un peu plus de quatre semaines. La Lune, avec ses phases mensuelles, qui sont peut-être l'origine de la semaine, fournit aux peuples primitifs un moyen facile de mesurer le temps. Encore à une époque assez récente, relativement, la néoménie (premier jour du mois lunaire) était une véritable fête chez les Hébreux, comme on le voit par les fêtes célébrées à la cour du roi Saül (I Samuel, 20, 5 et suiv.), dans l'histoire de la Sunammite (Il Rois, ch. 4; voir surtout verset 23) et ailleurs (par ex. Osée, 2, 13; Amos, 8, 5). Nous croyons très volontiers même que, dans l'antiquité reculée, la fête du sabbat se plaçait, suivant les phases de la Lune, aux 7e, 14e, 21e et 28e jours du mois (Wellhausen, Geschichte Israels, Berlin, 1878, p. 116), comme chez les Assyriens. Mais un peuple de pasteurs nomades, comme le furent d'abord les Hébreux, ou d'agriculteurs, comme ils le devinrent plus tard, est forcé de se préoccuper des saisons et de régler sa vie aussi bien ou plus encore sur le cours du Soleil que sur celui de la Lune. Il est donc incontestable que les Hébreux, dès les temps les plus anciens, ont dû avoir une année solaire où les mois lunaires se plaçaient comme ils pouvaient, ou faire accorder par un moyen quelconque (jours supplémentaires à la fin des mois, ou mois intercalaire) l'année lunaire avec l'année solaire. Déjà dans le mythe, probablement très ancien, d'Hénoch qui monte au ciel, le chiffre de 365, qui représente la durée de la vie d'Hénoch, paraît dériver des 365 jours de l'année solaire (Genèse, 5, 23). 

Dans le récit du Déluge, également ancien, on trouve des mois solaires qui sont uniformément de 30 jours (Genèse, 7, 12, les 150 jours sont 5 mois de 30 jours); mais, d'un autre côté, puisque le Déluge commence le 17 du deuxième mois et finit l'année suivante dans le même mois, mais 10 jours plus tard, le 27 au lieu du 17 (Genèse, 7, 11 et 8, 14), il semble qu'on ait ici justement une année luni-solaire, composée de 354 jours formant une année lunaire, plus 11 jours supplémentaires pour compléter l'année solaire. Ce fait est assez significatif; il indique au moins ce qui se passait, pour le calendrier, dans une antiquité très haute, chez les Babyloniens, d'où vient le récit du Déluge, et il paraît très probable que les calendriers de tous les peuples sémitiques anciens se ressemblaient beaucoup. Quatre des noms de mois de l'ancien calendrier préhistorique des Hébreux nous ont été conservés (trois dans le récit de l'inauguration du Temple de Salomon), ce sont des noms analogues à ceux du calendrier républicain de la Révolution et qui ne peuvent appartenir qu'à un calendrier solaire ou du moins luni-solaires. Ces noms sont abib, plus tard, 1er mois (Exode, 13, 4); ziv, plus tard 2e mois; étanim, plus tard 7e mois, et but, plus tard 8e mois (I Rois, 8, 2; 6, 1; 6, 38), et ils paraissent devoir se traduire respectivement par mois des épis, de la floraison, des torrents ou grandes eaux (Aitanim), de la récolte (ou peut-être des grandes pluies).

Ces noms paraissent avoir été en usage jusque vers la fin de l'époque des rois; même dans le Deutéronome, dont on place la rédaction au temps de Jérémie et du roi Josias, on trouve encore l'ancien nom abib (16, 1), mais vers cette époque justement ces anciens noms furent écartés, et les mois furent désignés par des numéros d'ordre allant de 1 à 12. Ces désignations par chiffres ne se trouvent que dans les ouvrages écrits sous les derniers rois de Juda, puis, pendant et après l'exil, dans Jérémie, Ezéchiel, Haggée, Zacharie, les Chroniques, Ezra, Néhémie, Esther. Quand elles figurent dans des écrits antérieurs, on peut les considérer comme des remaniements, leur présence dans diverses parties du Pentateuque et dans le livre des Rois n'étonnera pas ceux qui savent à quel point ces livres ont été transformés par des additions et interpolations de l'époque de l'exil ou du second temple. Après l'exil, les Juifs rapportèrent de la Babylonie les noms des mois qui sont encore en usage dans le calendrier juif actuel et qui étaient usités chez tous les peuples sémitiques du Nord et de l'Est (Lenormant, les Origines de l'hist.; Paris, 1880, p. 595 s.). Zacharie emploie encore les numéros d'ordre en les expliquant par les noms nouveaux (1, 7 et 7, 1) et le livre d'Esther, quoique beaucoup plus jeune, fait de même (2, 16; 3, 7 et 12; 8, 9 et 12); dans Ezra, on ne trouve qu'une fois un nom nouveau (6, 15), tandis que partout ailleurs ce livre emploie les numéros d'ordre. Néhémie emploie tantôt les numéros d'ordre (7, 73; 8, 2 et 16), tantôt les noms nouveaux (1, 1; 2, 1 et 6, 15). Au IIe siècle avant l'ère chrétienne au plus tard (par exemple dans les livres des Macchabées et dans Josèphe), la numérotation des mois est abandonnée définitivement pour faire place aux noms nouveaux. Voici la liste de ces noms, avec la numérotation  qui indique leur rang dans l'année : 

1. Nisan, 2. lvyar, 3. Sivan, 4. Tammuz, 5. Ab, 6. Elul, 7. Tisri, 8. Marhesvan, 9. Kislev (Chislev, Caslev, dans le ler livre des Macchabées), 10. Tébet, 11. Sebat, 12. Adar. 
Le 13e mois, un mois intercalaire, reçut le nom de second Adar ou Ve-Adar. La plupart de ces noms sont assez difficiles à expliquer; plusieurs d'entre eux semblent être, quant à leur signification, de même nature que les noms anciens; Tammuz répond au nom d'un dieu (Dumuzi)  et Adar probablement aussi. D'après cette liste, l'année commence au mois de Nisan, qui tombe aux environs de l'équinoxe du printemps et contient la fête de Pâques, de sorte que l'ancien mois d'Abib peut être identifié avec Nisan (Nissan). Il est plus que probable que dans les temps anciens l'année commençait en automne (mois de Tisri actuel), après la récolte et les vendanges, quand le cycle de la vie agricole est achevé ou recommence son tour avec les semailles. Encore à l'époque talmudique on se demandait si le monde avait été créé (et si, par conséquent, l'année commençait) en Nisan ou en Tisri. Dans Exode, 23, 16 et 34, 22, c'est la fête de la récolte (automne), qui est considérée comme la fin de l'année (Isaïe, 32, 10). On a fait remarquer aussi que le roi Josias (Il Rois, ch. 20), après la découverte du livre merveilleux qui eut lieu la 18e année de son règne, fait célébrer la Pâque encore en cette même année, après avoir réuni tout son peuple à Jérusalem, ce qui eût été impossible si l'année avait commencé au mois de Nisan (Wellhausen, 1. c., p.97).

Chez un peuple agricole, l'année devait avoir un caractère agricole. Mais lorsque vint plus tard, sous le roi Josias ou à une époque plus récente, la réforme religieuse, qui fut une oeuvre de doctrinaires, on rompit tous les liens qui rattachaient le religion à la vie pratique, et on dénatura exprès le caractère de l'année en prenant pour origine le mois de Nisan (Exode, 12, 2). Ce changement avait pour but de transformer l'année agricole en année religieuse et de fonder sur une doctrine le calendrier fondé autrefois sur les saisons. La mesure fut si radicale qu'on fit disparaître les anciens noms des mois, trop significatifs pour un calendrier purement religieux, et qu'on les remplaça par de simples numéros. Mais les innovations de ce genre ont toujours beaucoup de peine à se faire accepter. Le mois de Tisri resta sans doute, pour le peuple, le vrai commencement de l'année, et il est très probable que déjà vers la fin du second temple, le mois de Nisan fut à peu près destitué de la place qu'on avait voulu lui donner en tête de l'année. L'adoption par les Juifs de l'ère des Séleucides (312 avant l'ère chrétienne), qui commence aussi en automne, prouve qu'on était purement et simplement revenu, sur ce point, à l'ancien système et il s'est maintenu jusqu'à nos jours. On ne parlait plus de l'origine de l'année en Nisan que par acquit de conscience. Nous ne savons pas, au reste, quelle valeur il faut attribuer à ce que dit le Talmud des quatre commencements d'année qui auraient existé de son temps ou antérieurement : Nisan, Tisri, Sebat et Elul, à savoir : Nisan, pour l'année religieuse; Tisri, pour l'année civile; les deux autres mois pour d'autres objets. Le renseignement a l'air d'être une hypothèse d'archéologue.

Époque talmudique 

Nous ne dirons que peu de chose de l'histoire du calendrier juif pendant l'époque qui s'étend du Ierau IIe siècle avant l'ère chrétienne jusque vers le Ve siècle de l'ère chrétienne. Les renseignements qu'on a sur ce sujet montrent que, durant cette époque, le calendrier s'achemine vers l'état où il est aujourd'hui. Le mois est toujours lunaire et le 1er du mois, qui est le jour de la nouvelle lune, est fixé chaque fois par l'observation directe de la Lune. Les mois sont tantôt de 29, tantôt de 30 jours. La grande affaire était de s'arranger de telle sorte, par l'intercalation du 13e mois, que la fête de Pâque eût lieu vers le commencement de la moisson, non
auparavant (suivant Exode, 13, 4 et Deutéronome, 16, 1), ce qui, accessoirement, rétablissait la concordance avec le cours du Soleil et des saisons. On n'avait, pour cette intercalation, aucune règle fixe, on se déterminait à la faire chaque fois que, à certains signes plus ou moins précis, tirés, en partie, de l'état de la végétation, on croyait que la saison n'était pas encore assez avancée pour célébrer la Pâque. On se préoccupait aussi grandement de faire célébrer les fêtes exactement le même jour par toutes les communautés juives, l'autorité centrale de Jérusalem ou, plus tard, les patriarches, furent chargés de fixer les néoménies et le mois intercalaire, et les décisions prises étaient communiquées au loin, jusqu'en Babylonie et en Egypte, soit par des signaux de feu, soit par des messagers. Là où les messagers ne pouvaient pas arriver à temps, et où, par conséquent, on ne pouvait savoir de suite si un mois avait 29 ou 30 jours, on célébrait deux jours de fête, au lieu d'un, pour être plus sûr de ne pas manquer le vrai jour, et c'est de là que viennent, dans le calendrier juif moderne, les deux jours (au lieu d'un jour) de grande fête au commencement et à la fin des fêtes de la Pâque et des Tabernacles et les deux jours de Pentecôte et de Rosch-haschana. 

Encore au IIe siècle après l'ère chrétienne, on voit des rabbins palestiniens aller fixer les fêtes en Babylonie, mais déjà vers cette époque l'autorité des Juifs palestiniens, en cette matière, a dû baisser. D'un autre côté, on s'était fait ou on avait appris des Grecs des règles qui diminuaient l'importance de l'observation directe, et en Palestine même on commençait à penser qu'on pourrait se fier au calcul et laisser de côté le procédé suranné de l'observation directe de la Lune. Des tentatives ont certainement été faites, dès le commencement du IIIe siècle après l'ère chrétienne, pour établir un calendrier fixe, au moins en Babylonie, mais la tradition fut la plus forte. Il n'existe pas un seul texte talmudique d'où l'on puisse conclure avec certitude qu'il y ait eu, chez les Juifs, un calendrier fixe avant la rédaction du Talmud de Babylone (en 499 de l'ère chrétienne), et il est prouvé, au contraire, que plusieurs règles du calendrier juif actuel n'étaient pas observées jusque dans les derniers temps de l'époque talmudique. Le Talmud ne fait mention ni d'un calendrier officiel, ni de l'établissement d'un cycle ou nombre d'or, ni d'un ordre fixe dans la succession des années embolismiques. Nous ne savons ce qu'il faut penser des cycles de 3, 5 et 8 ans dont il semble être question dans le livre d'noch (ch. 74 ; ce livre est du temps de Jean Hyrcan), ni de l'année solaire de 360 ou 364 jours du même livre (ch. 72, 73 et 82), avec année lunaire de 354 jours (ch. 72 et 79) et mois lunaires de 30, 29 et même 28 jours (ch. 78, v. 9). Les données assez confuses de cet ouvrage sont probalement de pure théorie et ne permettent pas de conclure qu'elles aient eu une application pratique. Le livre des Jubilés (Ier siècle de l'ère chrétienne) a également une année solaire de 364 jours et semble réclamer l'abolition des mois lunaires et, par suite, celle des mois intercalaires (ch. 6). Certaines règles du calendrier fixe ont pu, d'ailleurs, être appliquées concurremment avec la méthode de l'observation de la Lune, par exemple, les règles sur la forme des cycles. Les cycles dont il est question dans les auteurs sont les cycles de 3, de 5 et 8 ans, respectivement avec 1, 2 ou 3 mois intercalaires (cycle de 3, 5, 8 ans, dans le livre d'Hénoch; 3 ans, dans Josèphe; 8 ans, chez Jules Africain, cité par Syncelle, p. 611 ; 3 ans, dans Pirké R. Eliezer, du VIIe ou VIIIe siècle, ch. 7). Le mois lunaire étant supposé de 29 jours 12 heures 40 minutes, et l'année solaire de 365 jours 6 heures, la restitution au même jour de la semaine et à la même heure s'opère, pour la Lune, en 21 ans; pour le Soleil, en 28 ans. De là, la mention d'un grand cycle de 84 ans, attribué par la légende à R. Nahson, cycle qui est multiple commun des cycles de 21 et de 28 ans.

Moyen âge et temps modernes

Sur la foi d'un texte unique du gaon Haï (969-1038), reproduit dans Abraham b. Hayya, Séfer ha ibbur, p. 97, on a prétendu que le calendrier actuel des Juifs a été rédigé par Hillel Il, fils de Juda, en l'année 355 de l'ère chrétienne. Mais outre que ce texte n'est pas absolument clair et qu'il paraît en opposition, comme nous l'avons vu, avec les renseignements qu'on tire du Talmud, il faut s'étonner qu'une information aussi importante pour les Juifs n'apparaisse, dans leur littérature, qu'au Xe ou XIe siècle (Isaac Israéli donne, pour l'établissement du calendrier, l'an 500,  (lesod Olam, IV, 5); c'est peut-être un chiffre rond; autre renseignement, par Makrizi, dans Silvestre de Sacy, Chrestom. arabe, 2e édit., 1, 287; Il, 159 et 190). Ce qui est certain, c'est qu'il résulte des données qu'on trouve dans le passage cité du gaon Haï que le calendrier actuel était établi de son temps; on le trouve déjà, avec tous ses détails, dans un remarquable ouvrage d'Al-Birouni (V. cet ouvrage dans la traduction anglaise de Sachau intitulée The Chronology of ancient nations; Londres, 1879), qui a vécu de 973 à 1048, et a étudié chez les juifs d'Orient (à Bagdad?) le calendrier juif. Al-Birouni a, pour les éléments de ce calendrier, le cycle de 19 ans (il parle aussi d'un cycle de 8 ans) avec 7 mois intercalaires (on variait encore, de son temps, sur la place de 7 mois intercalaires dans le cycle, mais les distances entre les années embolismiques étaient toujours les mêmes; la différence venait d'une petite différence sur l'origine des ères); il a aussi pour la durée du mois synodique la même valeur que celle du calendrier actuel, il connaît les quatre règles d'ajournement et, pour la durée de l'année solaire, il donne le chiffre attribué à R. Adda. C'est donc entre le VIe et le Xe siècle que le calendrier a été formé, sans qu'on puisse déterminer plus exactement son âge; il serait tout à fait chimérique de s'en servir, comme on l'a fait quelquefois, pour des études chronologiques portant sur les premiers siècles de l'ère chrétienne ou sur la vie de Jésus. Les Pirké R. Eliézer (VIIe siècle au plus tôt) ne le connaissent pas ou le négligent avec intention.

Voici les principales données et règles de ce calendrier. L'année est luni-solaire. Le jour est divisé en 24 heures et commence à 6 h du soir. Dans les temps bibliques déjà, où au moins dans ce qu'on appelle le Code sacerdotal, le jour commence à la nuit et finit le lendemain au coucher du Soleil. Dans le premier récit de la création (Genèse, ch. I), il semble, au contraire, que le jour commence au lever du Soleil. L'heure, dans le calendrier actuel, est divisée en 1080 parties. La durée du mois lunaire, autrefois estimée par les Juifs à 29 jours, 12 heures et 2/3 d'heure, est, dans le calendrier actuel, de 29 jours, 12 heures et 793 parties. C'est exactement le mois lunaire d'Hipparque, valant 29 j 12 h 44 mn 3s 20''' (Almageste, IV, 2). La durée de l'année solaire est, comme dans le calendrier de Jules César, de 365 jours 6 heures. C'est, dans la littérature juive, l'année dite de Samuel; l'année de R. Adda est une pure fiction. Comme 12 mois lunaires juifs ne font que 354 jours, 8 heures, 876 parties, chaque année juive offrirait, sur l'année solaire, un déficit de plus de 11 jours; c'est pour combler ce déficit qu'on a eu recours aux mois intercalaires donnant des années de 13 mois. A cet effet, on accepta le cycle de Méton, qui divise les années en périodes de 19 ans, dont chacune comprend 11 années de 12 mois et 7 années de 13 mois. Les cycles juifs partent de la création, c.-à-d. 3760 ans avant l'ère chrétienne, et les années embolismiques sont, dans chaque cycle, les années 3, 6, 8, 11, 14, 17 et 19. Cet ordre d'intercalation paraît avoir été emprunté aux grecs d'Asie (Reinach, Revue des Etudes juives, n° 35) ; d'autres ordres d'intercalation avaient cours chez les Juifs (Israéli, l. c., IV, 2). Dans le calendrier actuel, l'année 1884 de l'ère chrétienne, par exemple, correspond à l'année 5644 de l'ère de la création (laquelle est la première année du 298e cycle), mais il faut faire attention que l'année juive 5644 commençant en automne, les premiers mois de cette année tombent sur les derniers mois de l'année chrétienne 1883. Les cycles n'ont pas tous la même durée, ils peuvent avoir 6939, 6940, 6941 et 6942 jours. Cela vient de ce que pour des raisons spéciales les mois de 30 et de 29 jours n'y alternent pas régulièrement, le second mois de l'année (Marhesvan) peut avoir quelquefois 30 jours, et le 3e mois (Kilsev) peut quelquefois n'en avoir que 29, de sorte que l'on a des années communes ayant 353, 354 ou 355 jours, et des années embolismiques (13 mois) ayant 383, 384 ou 385 jours.

Le calendrier juif a suffisamment bien maintenu, jusqu'à ce jour, l'harmonie entre le cours du Soleil et l'époque des fêtes juives. Il donne une année solaire moyenne de 365 j 5 h 55' 25" 26''' 18""... (l'année vraie est 365 j 5 h 48' 50, 918"), et, par suite, la durée du cycle est trop longue de plus de 2 heures. Un autre inconvénient du système vient de ce qu'il n'a pas, dans la succession des années de différente espèce qu'il contient, de série de courte durée. Pour calculer un calendrier perpétuel juif, il faudrait dresser un calendrier de 689,472 ans ou 36,288 cycles. Ce défaut vient uniquement de ce qu'il y a, comme on l'a vu, trois variétés d'années juives communes et trois variétés d'années embolismiques et que le choix outre une variété et une autre est soumis à des règles qui produisent, dans le calendrier, de graves perturbations. Ces règles sont au nombre de quatre et leur application a pour règles d'ajourner d'un jour, quand il y a lieu, et même quelquefois de deux, la date du 1er jour de l'année. Ce qui est curieux, c'est qu'une de ces règles au moins est un souvenir de la lutte des Pharisiens et des Sadducéens et a été établie peut-être déjà à la fin du second temple, uniquement pour faire triompher une idée particulière des Pharisiens sur le caractère du 7e jour de la Fête des Tabernacles.

Comme nous l'avons dit plus haut, l'année commence en automne, avec le 1er Tisri, les noms des mois sont ceux qui passent pour avoir été rapportés par les Juifs de Babylone et que nous donnons plus haut. Les jours de la semaine n'ont pas de noms, et sont représentés par des numéros d'ordre allant de 1 à 7; le dimanche est le premier jour de la semaine. Les fêtes actuelles du calendrier juif, sont : Rosch-haschana (commencement de l'année), 2 jours, 1er et 2 Tisri; Kippur (grand-jeûne, jour du Pardon), 1 jour. 10 Tisri : Succot (cabanes, tabernacles), 9 jours, 15 à 20 Tisri, dont 2 jours de grande fête au commencement et à la fin et 5 jours de demi-fête; Hanucca (fête des Macchabées), demi-fête, dure 8 jours à partir du 25 Kislev; Purim (fête d'Esther), demi-fête, 1 jour, 14 Adar, et, dans les années de 13 mois, 14 Adar II. Péçah (Pâques), du 12 au 22 Nisan, 8 jours, dont 2 jours de grande fête au commencement et à la fin et 4 jours de demi-fête; Sabuot (Pentecôte), 2 jours, 6 et 7 Sivan 

L'ère de la création n'a été adoptée qu'assez tard par les Juifs. A l'époque des rois, on datait d'après les années du règne; l'inauguration du temple de Salomon est datée de la sortie d'Egypte, Ezéchiel compte à partir de l'exil du roi Ioiakhin; Néhémie, d'après les années de règne des rois perses; au temps des rois et princes asmonéens, on compte aussi par années du règne. Cependant, après la conquête d'Alexandre, les Juifs prirent, en général, l'ère des Séleucides, appelée aussi chez eux l'ère des contrats, qu'ils placèrent en l'année 311 ou 312 avant l'ère chrétienne. On trouve déjà cette ère dans le premier livre des Macchabées, elle est souvent mentionnée dans le Talmud et s'est conservée très longtemps chez les écrivains juifs du Moyen âge, concurremment avec l'ère de la destruction du (second) temple. L'ère de la création du monde paraît avoir pris le dessus lorsque les Juifs occidentaux, sur lesquels les souvenirs palestiniens avaient moins d'empire, laissèrent tomber en oubli l'ère des Séleucides ou celle de la destruction du temple, et que leur littérature devint prépondérante dans le judaïsme. (lsidore Loeb).

.


[Histoire culturelle][Biographies][Idées et méthodes]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2007. - Reproduction interdite.