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Le
Préraphaélisme
ou
Préraphaélitisme
est une la doctrine qui s'est développée
durant la seconde moitié du XIXe
siècle, et qui place l'apogée de la peinture
dans les oeuvres des prédécesseurs de Raphaël.
Cette doctrine, aussi appelée primitivisme, a eu des adeptes
surtout en Angleterre ,
à partir de 1849. Le mouvement d'esthétique déterminé
à Londres dès 1849, au nom
des maîtres primitifs, a eu le double caractère d'une réaction
contre la peinture amollie, sans style et sans point d'appui sur le réel,
qui régnait alors en Angleterre, et d'une revendication raisonnée
du droit des expressions intérieures. Il peut être considéré,
à ce dernier égard, comme une émanation de l'enseignement
religieux et littéraire de l'université d'Oxford.
Son chef est Dante-Gabriel Rossetti, élève de Madox Brown
et fils d'un réfugié italien passionné par Dante.
Rossetti a voulu extérioriser des émotions ou figures d'une
vérité minutieuse, mais transposée dans le rêve
et de l'impression la plus intense.
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Les
Noces de Psyché, par E. Burne-Jones (1895).
Autour de Rossetti
sont venus se ranger John Everett Millais et Holman Hunt, puis Collinson,
le portraitiste Beaumont et Burne-Jones, le symboliste évocateur
de la vie légendaire. Une association ou confrérie préraphaélite
(Preraphaelite Brotherhood) est fondée en 1849 et dissoute
en 1851, en tant que réunion organisée, sans que le lien
soit un seul moment rompu entre ses membres. Hunt explique ainsi le point
de départ de l'effort collectif :
«
Nous n'avons jamais nié qu'il y ait eu beaucoup d'art élevé
et sain depuis Raphaël, mais il nous semblait que les successeurs
de Raphaël avaient laissé trop souvent leur art se corrompre
et que nous ne trouverions la santé, la méthode absolue que
dans les oeuvres anciennes. »
Le préraphaélitisme
anglais, longtemps tourné en dérision par le public, a été
encouragé par le grand critique du XIXe
siècle, John Ruskin, qui en attendait
la restauration du sentiment de la nature et de la dignité de la
pensée dans la peinture. Il aurait pu seulement lui reprocher ses
tendances trop littéraires jusqu'à la subtilité. En
tout cas, des peintres remarquables, tels que Madox Brown, Charles Collins,
W.-H. Deverell, Arthur Hughes, s'intéressent aux tentatives des
novateurs. Lorsque Rossetti est mort, en 1882, il jouissait d'une véritable
gloire. Parmi ses compagnons de lutte, Hunt fait figure de peintre du symbolisme
religieux (la Lumière du monde, l'Eveil de la conscience, le
Bouc émissaire); Burne-Jones s'est abandonné à
l'évocation des existences légendaires et chevaleresques
(Tristan, Lancelot du Lac, le Roi Cophetua et la Mendiante). Seul
Millais, renonçant au mysticisme qui lui avait inspiré sa
fameuse et si poétique Veillée de sainte Agnès,
a fait, par la suite, carrière de portraitiste
et de paysagiste, d'ailleurs avec un grand
talent.
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Ophélie,
par J.E. Millais (1852).
Il convient de mentionner
en France
le pseudo-primitivisme allégorique et symbolique qui s'est produit,
entre 1890 et 1900, en diverses expositions excentriques, comme celles
dites de la Rose + Croix du Temple ,
qui a eu parfois des répercussions dans les Salons annuels. Les
figures affectent des tournures à la Botticelli,
avec des richesses d'harmonies nuancées hasardeuses et des façons
d'esquisses. Quelques réminiscences des conceptions anglaises de
Burne-Jones s'y mêlent incidemment. Ces tentatives n'ont d'ailleurs
jamais abouti à des résultats sérieux. (NLI).
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R.
de La Sizeranne, Le
Préraphaélisme, Parkstone International, 2008.
- Dans une Angleterre
victorienne emportée par les rapides évolutions de la Révolution
industrielle, la Confrérie préraphaélite, proche des
Arts & Crafts de William Morris, prôna le retour aux valeurs
d'antan. Souhaitant le renouveau des formes épurées et nobles
de la Renaissance italienne, ses peintres
majeurs tels John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti ou Edward Burne-Jones,
en opposition à l'académisme d'alors, privilégièrent
le réalisme et les thèmes bibliques
aux canons affectés du XIXe siècle. Cet ouvrage, par son
texte saisissant et ses riches illustrations témoigne avec ferveur
de ce mouvement singulier qui sut notamment inspirer les partisans de l'Art
nouveau ou encore ceux du symbolisme. (couv.). |
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