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La miniature depuis le XIIIe siècle
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La miniature avant le XIIIe siècle
La miniature depuis le XIIIe siècle
La Miniature à l'Âge gothique

Avec le milieu du XIIIe siècle, nous entrons dans la phase réaliste, et dans la période dite gothique. De même qu'en architecture et en sculpture, le style de la peinture des manuscrits se modifie profondément. L'imitation de la nature devient de plus en plus la règle des miniatures, aussi bien pour la faune et la flore employées dans l'ornementation, que pour la figure humaine, pour le costume et le mobilier. L'ancien procédé du dessin à la plume colorié à teintes plates fait de plus en plus place à la peinture à la gouache comportant le modelé. Les sujets isolés, les scènes entières, dégagés des initiales, deviennent plus nombreux. La littérature profane commence à participer aux honneurs de l'enluminure, ce qui élargit la sphère de celle-ci. Le paysage n'apparaît presque pas encore au XIIIe siècle, mais les anciens fonds d'or, unis ou guillochés, sont remplacés par des fonds échiquetés, losangés ou diaprés, en or et en couleurs, ou bien par des imitations des étoffes et des tapisseries. L'art de la peinture devenant de plus en plus laïque, passant de plus en plus entre les mains des civils, aussi bien comme exécutants que comme destinataires, devient plus populaire et acquiert de la vie. L'esprit satirique se fait jour dans l'ornementation, même dans celle des livres liturgiques et canoniques, où l'enlumineur ne se gêne pas de semer dans les encadrements des pages de petits sujets narguant souvent cruellement le clergé, les moines et la chevalerie. Cette transformation radicale est l'oeuvre des artistes français, et, à ce point de vue, elle constitue une véritable renaissance, caractérisée par la clarté en tout, dans la conception comme dans l'exécution, dont la finesse atteint avec le temps les limites du possible. Dans cette branche de l'art, c'est surtout Paris qui brilla à partir du règne de saint Louis. Mais, malgré des efforts constants et des progrès rapides, les artistes de cette époque ne parvinrent pas encore à se dégager complètement des traditions et des habitudes d'ordre hiératique dans le rendu des figures, et le travail de la plume y joue encore un trop grand rôle. Les plus beaux manuscrits illustrés de cette période se trouvent à la BNF; il suffira de citer le Psautier de saint Louis; l'Histoire de la fondation de l'abbaye de Saint-Martin des Champs; la Vie de saint Denis et de ses compagnons, exécutée dans l'abbaye de Saint-Denis en 1250; enfin, plutôt à titre de curiosité, le Credo de Joinville, datant d'environ 1290. A ce même style hiératique encore, mais avec plus de réalisme déjà, se rattachent les admirables peintures de la Sainte Abbaye, dont l'exécution appartient au XIVe siècle.

La civilisation grandissant, la production de livres augmentant sans cesse dans tout l'Occident, les écoles de miniatures croissent en nombre et leur caractère spécial se délimite progressivement. Le réalisme se développe avec le plus de force dans l'école flamande du XIVe siècle, et il exerce immédiatement une influence prépondérante en France. De la fusion de ces deux styles naquit, au début du XVe siècle, l'art franco-flamand. Les deux écoles demeurèrent ensuite indépendantes et parvinrent à leur apogée dans la seconde moitié de ce siècle. L'école flamande fit de nombreux emprunts, surtout dans l'ornementation, à l'école italienne contemporaine, qui sut combiner merveilleusement le réalisme avec le retour à l'imitation de l'antique, et qui réagit dans le même sens sur l'art français.
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Les Très riches Heures du duc de Berry.
Planche des Très riches Heures du duc de Berry.
(Janvier).

La Miniature à la Renaissance

Le véritable portrait en miniature naît seulement au XIVe siècle, de même que des scènes de genre. L'encadrement des pages se développe et charme par sa légèreté. Une heureuse innovation est produite par l'introduction de la peinture monochrome, en grisaille puis en camaïeu or ou couleur. On ne saurait signaler ici que quelques manuscrits des plus importants, à titre d'exemples. Du règne du roi Jean le Bon : le Psautier de sa femme, Bonne de Luxembourg; la traduction du Tite-Live et les Merveilles du monde, de Marco-Polo; les Miracles de la Vierge, de Gautier de Coincy (au séminaire de Soissons); la Bible historiale (British Museum); le Miroir historial; le Psautier de Jeanne de Navarre. Le règne de Charles V, le Sage, fit éclore une foule de beaux livres. On en peut juger d'après la Bible moralisée (Bibl. Nat.) et la traduction du Tite-Live (Bibl. Sainte-Geneviève). Tous ces volumes sont des oeuvres purement françaises. Son frère Jean, duc de Berry (mort en 1416), protecteur passionné de tous les arts, ne s'attacha pas moins aux manuscrits. Il employa plus particulièrement des artistes italiens et flamands et fit exécuter une série de volumes qui brillent au premier rang : Heures, ornées (vers 1390) de peintures par André Beauneveu, de Valenciennes, et par Jacquemart de Hesdin (Biliothèque de Bruxelles); un Psautier, aussi avec les peintures de Beauneveu (Bibl. Nat.), et surtout les Très Riches Heures du duc de Berry, avec les peintures de Pol de Limbourg et de ses frères, exécutées après 1440 (Musée du Château de Chantilly), et considérées, à juste titre, comme un pur chef-d'oeuvre.

En Italie, c'est également au XIVe siècle que la miniature revêt un caractère d'originalité propre et de progrès, grâce à l'influence puissante de Giotto. Bons dessinateurs généralement, compositeurs aspirant souvent à l'idéal, les peintres d'alors de ce pays ne brillent pas par le coloris, et l'ornementation est encore bien lourde sous leur pinceau. L'école de Sienne a peut-être fourni, dans cette période, les meilleurs miniaturistes, et on peut apprécier leurs oeuvres dans certains beaux Antiphonaires. Il y a lieu de signaler encore le frontispice d'un Virgile, par Simone Memmi (Bibliothèque de Milan) et les peintures en grisaille, rehaussées d'or et de couleurs, des manuscrits du traité de Pétrarque, de Viris illustribus (Bibl. Nat.). Dans le royaume de Naples, sous les Angevins, il se créa une école particulière, franco-italienne, dont l'oeuvre la plus importante nous est fournie dans les Statuts de l'ordre du Saint-Esprit, fondé par le roi Louis de Tarente en 1352 (Bibl. Nat.).

Au XIVe siècle aussi se forma dans la ville papale d'Avignon une école de miniaturistes d'origine italienne, mais qui subit ensuite l'influence de l'art français.

En ce qui concerne l'Allemagne, les manuscrits enluminés de cette période ne sont importants qu'au point de vue historique : le Parzival de Wolfram d'Eschenbach (à Munich), et le Guillaume d'Orange, du même, datant de 1334 (à Kassel); le célèbre recueil de Manesse, des poésies lyriques des Minnesinger, dont les peintures furent reproduites plusieurs fois.
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L'Arrivée des Croisés à Constantinople, par Jean Fouquet.
L'Arrivée des Croisés à Constantinople, miniature de Jehan Foucquet.

La Renaissance classique ne commence dans l'Occident, en dehors de l'Italie, qu'au XVe siècle. Les trois grandes écoles qui y règnent créent des merveilles de la miniature. En France, cette évolution est plus lente. Le célèbre Bréviaire du duc de Bedford (Bibl. Nat.), exécuté vers 1430 et dont les peintures furent attribuées par plusieurs historiens d'art aux Van Eyck, se rattache encore plutôt à l'école franco-flamande. Puis surgit le plus grand miniaturiste français, Jehan Foucquet, qui résume en lui les meilleurs principes de toutes les écoles. C'est même plus qu'un miniaturiste : c'est un grand peintre et un portraitiste. Les tableaux du livre d'heures d'Étienne Chevalier (Chantilly); le frontispice du Boccace de 1458 (Bibl. de Munich) et les peintures des Antiquités judaïques de Josèphe, exécutées pour l'illustre prince bibliophile, Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, en témoignent éloquemment. A côté de ces monuments, on peut encore mettre à une place honorable des volumes, tels que : les Heures du roi René; le Bréviaire de René II, duc de Lorraine ; les Heures de Louis de Laval (Bibl. Nat.), pour ne citer que les plus connus. Foucquet est considéré comme fondateur de l'école dite de Touraine, dont la facture offre un caractère particulier. Néanmoins, c'est Paris qui fut le grand centre de production à cette date, et il y avait là de véritables fabriques de manuscrits illustrés, surtout de livres d'heures. On a conservé les noms d'un certain nombre de miniaturistes parisiens d'alors, entre autres celui de Jacques de Besançon.

L'art flamand dans ce même siècle brilla aussi d'un éclat extraordinaire, grâce à la protection de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, des princes et des grands personnages. On se bornera à citer à cet égard : les Heures de Philippe le Bon (Bibl. de La Haye); les Miracles de la Vierge, de 1456, avec peintures en grisaille (Bibl. Nat.); les Heures de Charles le Téméraire et celles de Marie de Bourgogne (Bibl. de Vienne); les Heures dites du Maître aux fleurs et celles de la dame de Lalaing; les Heures d'Isabelle de Castille (British Museum), et celles de l'empereur Maximilien (Bibl. de Vienne); l'Instruction d'un jeune prince, par Georges Chastelain; le Boèce (1492), fait pour le sire de la Gruthuyse et dont les peintures ont été restituées par Durrieu à Alexandre Bening (Bibl. Nat.); le Bréviaire du pape Alexandre VI, peint probablement par Gérard David, de Gand (qu'il ne faut pas confondre avec Gérard de Bruges), etc. Le plus célèbre manuscrit de cette école est le Bréviaire du cardinal Grimani (Bibliothèque de Venise), exécuté, dit-on, pour Marie de Bourgogne, après 1477, et qui se trouva, vers la fin du siècle, entre les mains du peintre Antonello de Messine. Ses admirables peintures sont l'oeuvre de plusieurs artistes inconnus.
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Chastelain offrant son livre au duc de Bourgogne.
Georges Chastelain offrant son livre à Charles,
duc de Bourgogne. Miniature de l'Instruction d'un 
Jeune Prince. Manuscrit du XVe s. exécuté par les
peintres de la cour de Bourgogne..

Le XVe siècle est aussi l'âge d'or pour la miniature italienne. L'art religieux y est représenté à cet égard par des missels et de superbes livres de choeur, notamment dans ceux du Dôme de Sienne, les uns illustrés magistralement par Liberale de Vérone, d'autres par Girolamo de Crémone, Francesco di Lorenzo, Rosselli, Litti Corbizzi, etc. ; dans ceux du Dôme de Florence dont les peintures sont dues à Attavante, aux frères Gherardo et Monte di Giovanni et à d'autres, et dans les antiphonaires de Santa Maria del Fiore, peints par Zanobi Strozzi, élève de l'immortel et unique Fra Angelico, considéré également comme un grand miniaturiste. A cette époque, c'est Florence qui fut, sous la protection féconde des Médicis, le centre d'activité pour l'illustration des manuscrits. Pierre de Médicis, fils de Cosme, eut recours au talent de Francesco d'Antonio del Cherico, miniaturiste hors ligne, dont le talent peut être apprécié dans le frontispice d'un volume d'Aristote, exécuté entre 1465 et 1469 (Bibl. Laurentienne de Florence). Ce même artiste enlumina aussi un grand nombre de manuscrits destinés à la cathédrale de cette ville et à la basilique de Saint-Laurent. Le fameux calligraphe Sinibaldi décora pour Laurent de Médicis, en 1476, un manuscrit de Pétrarque, qui est un bijou, et, en 1485, un superbe livre d'heures, l'une des perles de la riche collection formée par lord Ashburnham, où se trouvait aussi un manuscrit illustré par le Pérugin et ses contemporains. Le plus célèbre de ces illustrateurs fut le Florentin Attavante, peintre et décorateur merveilleux et l'un des plus brillants représentants de la Renaissance- italienne. Les oeuvres qu'on a de lui sont nombreuses, et son chef-d'oeuvre est le Missel, exécuté de 1485 à 1487 pour le grand bibliophile, Mathias Corvin, roi de Hongrie, dont il fut le miniaturiste attitré (Bibl. de Bruxelles). Il faut encore signaler un remarquable volume d'Histoire romaine, avec de beaux bustes à l'antique et de charmants paysages. Les Sforza de Milan, rivaux des Médicis, employèrent aussi des enlumineurs d'élite, disciples de l'école florentine. On peut s'en rendre compte par l'examen des peintures des deux manuscrits, d'environ 1490, exécutés pour le duc Ludovic le More : Histoire de François Sforza, par Jean Simonetta (où, dans un encadrement historié, figurent deux beaux portraits), et Gesti di Francesco Sforza, d'Antonio Placantine, copié par Gambagnola (Bibl. Nat.), et surtout par une miniature de toute beauté, d'Antonio de Monza, représentant la Descente du Saint-Esprit (Vienne, collection Albertine). Vérone eut également des miniaturistes supérieurs, témoin le manuscrit des Épîtres de saint Jérôme, de 1470 à 1480 (Berlin). Les ducs de Ferrare firent travailler à la décoration des volumes des artistes locaux ou vénitiens, tels que Taddeo de Crivelli, Francho da Rossi, Guglielmo de Magni et Guglielmo Ziraldi.

Clovio : enluminure de Commentaire de l'Epitre de Paul aux Romains par le cardinal Grimani.
Bordure d'un manuscrit 
enluminé par Giulio Clovio.
Les rois de Naples de la maison d'Aragon ne furent pas en retard dans cette noble émulation pour les arts. On admire à juste titre les Heures du roi Ferdinand (Bibl. Nat.). L'école romaine revendique avec orgueil Giulio Clovio (1498-1578), d'origine croate, surnommé le Michel-Ange de la miniature, mais qui appartient déjà aux deux seconds quarts du XVIe siècle.

En Allemagne, au XVe siècle, a fleuri l'école de Bohème, grâce aux goûts artistiques de l'empereur Charles IV et de son fils Venceslas. On trouve de beaux spécimens de cet art à Prague, à Vienne et ailleurs.

En France, après la mort de Jean Foucquet, l'art de la miniature décline rapidement, en raison du coup fatal que l'imprimerie a porté aux manuscrits, et par suite de l'influence italienne qui s'y implanta de plus en plus, depuis les expéditions et les conquêtes de Charles VIII, et de ses successeurs immédiats. Les célèbres Heures d'Anne de Bretagne, peintes aux environs de 1508 par le Tourangeau Jean Bourdichon (Bibl. Nat.), sont, comme on l'a dit, « le testament de la miniature française expirante ». Du même artiste est le livre d'Heures, bien français, de Renée de Ferrare, fille d'Anne de Bretagne (Bibliothèque de Modène). On peut encore rattacher à ce style les peintures du Voyage de Gênes, par Jean Marot (Bibl. Nat.), où figure un véritable tableau, l'Entrée de Louis XII dans cette ville. Puis, c'est bientôt l'école dite de Fontainebleau, plus italienne que française, qui régnera en maîtresse. 

Les manuscrits avec miniatures deviennent d'ailleurs rares et constituent des objets de haut luxe. Parmi ceux encore de style français, se trouvent les suivants : le Livre des nobles Dames, de Boccace, et les Echecs amoureux, offerts à Louise de Savoie (Bibl. Nat.); Dialogues entre François Ier et César sur la conquête des Gaules, trois volumes illustrés de 1319 à 1520 par un Godefroy, des Pays-Bas (Godefridus Batavus), et dispersés aujourd'hui (Bibl. Nat., British Museum, Musée du Château de Chantilly); les Chants royaux (Bibl. Nat.). On rencontre en même temps quelques volumes offrant le mélange des deux arts séparés, tel le manuscrit des Antiquités judaïques de Josèphe, de la Bibliothèque Mazarine. Enfin, c'est l'art italien ou italo-flamand, qui domine dans le livre d'Heures de Henri Il (Bibl. Nat.); dans celui qui fut fait, croit-on, pour Catherine de Médicis, et qui a appartenu plus tard à Anne d'Autriche (anc. coll. A. Firmin-Didot et Spitzer). Le livre d'Heures de Catherine de Médicis, conservé au Musée du Louvre, est célèbre par cinquante-huit portraits des membres des maisons de France et de Lorraine.

Dans les Flandres, on peut signaler de cette époque des livres de choeur exécutés dans des couvents de Bruges et ailleurs.

En Allemagne, le meilleur miniaturiste du XVIe siècle fut Nicolas Glockendon, qui peignit, pour l'archevêque Albert de Mauence, un Missel (1523) et un Bréviaire (1531), conservés à la bibliothèque d'Aschaffenburg (Bavière).
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Miniature : Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
Anne de Bretagne entourée de ses patronnes
miniature des Grandes Heures d'Anne de Bretagne
(commencement du XVIe siècle).

Depuis le XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, les manuscrits se font encore plus rares. La miniature, de style tout à fait moderne, accompagne quelquefois les volumes écrits par le célèbre calligraphe Jarry, tels que la fameuse Guirlande de Julie, illustrée par Nicolas Robert; l'Adonis de La Fontaine, fait pour le surintendant Fouquet; le Temple de la Gloire, par de La Serre, orné de portraits (Bibl. Mazarine); etc. On ne doit pas oublier les portraits de Louis XIIIet d'Anne d'Autriche, ainsi que d'autres personnages de la cour, illustrant les Heures satyriques de Bussy-Rabutin, dont parle Boileau, miniatures attribuées à Petitot (anc. coll. A. Firmin-Didot). Le peintre strasbourgeois Frédéric Brentel exécuta, en 1647, pour Guillaume de Bade, un beau livre de Prières (Bibl. Nat.). Sous Louis XIV, Jacques Bailly  peignit les Devises du carrousel de 1662 (Bibl. de Versailles), et son fils Nicolas, miniaturiste attitré du roi, exécuta le manuscrit intitulé les Tapisseries du Roy (Bibl. Nat.) et le Labyrinthe de Versailles (1674). Il faut encore citer les deux livres d'heures offerts au souverain par les pensionnaires des Invalides, en 1688 et 1693, et surtout la Relation de ses campagnes pendant la guerre de Hollande (Bibl. Nat.).

Au siècle suivant, on rencontre encore de nombreux livres de choeur richement enluminés, ainsi que des Offices, des livres de prières et de piété. On a fait quelques tentatives à cet égard au XIXe siècle et on a essayé de faire revivre cette branche de l'art, en se bornant généralement à la copie ou à l'imitation des modèles anciens. (G. Pawlowski).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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