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La ferronnerie

La ferronnerie est l''art de travailler le fer forgé. Ce n'est guère qu'au XIIe siècle que l'industrie des fers artistement travaillés prit en Occident, en Gaule spécialement, une importance particulière : jusqu'alors, le fer avait été principalement employé par les architectes dans les chaînages, et par les simples ouvriers pour les travaux communs; le bronze était le métal des artistes. Au XIIe siècle, et dès le début, les feeseurs de pentures atteignent les dernières limites de l'art : le métal, chauffé, battu, forgé en petites masses par l'artisan, acquiert une malléabilité que nous ne connaissons plus. Les pentures de l'église de Neuvy-Saint-Sépulcre sont un des brillants spécimens de cette époque. 

Au XIIIe siècle, la simplicité magistrale des modèles précédents est remplacée par des enroulements de feuillages et de fleurs, étampés, découpés, soudés à chaud en larges bouquets épanouis dont les portes de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris offrent un exemple admirable.

Au XIVe siècle, ces ouvrages extraordinaires de fer plein, longuement travaillés au marteau simplement, sont remplacés par de brillants découpages de tôle épaisse, soudés à un centre plus solide, ce qui permet d'obtenir une décoration imposante tout en supprimant la plus grande partie des difficultés. L'étoffe, généralement rouge, sur laquelle l'ouvrier fixe son travail ajouré, en fait encore ressortir la riche ornementation, à laquelle concourent, pour leur part, de superbes clous travaillés dont les saillies, habilement disposées, donnent l'illusion d'un long travail de forge.

Les grilles, qui sont avec les pentures et quelques flambeaux, pour ainsi dire les seuls objets qui nous soient restés des oeuvres de ferronnerie du XIIe au XIVe siècle, suivent comme technique et comme économie les pentures qui viennent d'être signalées. La jolie grille du Puy-en-Velay, du XIIe siècle, rappelle la sobre et délicate économie des pentures de Neuvy-Saint-Sépulcre; celle de Saint-Denis, de la fin du XIIe siècle, se rapproche énormément des pentures de Notre-Dame de Paris.

La serrurerie proprement dite n'a son complet épanouissement que pendant un siècle et demi la fin du XIVe, le XVe et le commencement du XVIe siècle. L'architecture exerce sur elle une influence prépondérante; des travaux antérieurs, il ne reste que bien peu de spécimens: quelques marteaux de portes, d'admirables têtes de lion, comme celles du Puy, de Lausanne, de Hambourg, nous apportent cependant un témoignage de l'habileté des forgerons des XIIe, XIIIe et XIVe siècles.

Mais c'est surtout au XVe siècle que le goût des objets d'art, du fini dans les détails, secondé par de nouveaux moyens d'exécution, simplifiés par l'emploi de la lime et de la cisaille, inconnues aux ouvriers du XIIe et du XIIIe siècle, permirent à l'artiste de produire ces élégants coffrets ajourés, ces serrures dont les fonds d'étoffe font ressortir l'éclat du fer, ces montures d'escarcelles aussi légères que l'argent, ces triptyques, cette coutellerie admirable; il n'est pas jusqu'aux poires d'angoisse, ces instruments de torture, qui ne soient de vrais bijoux, de réels chefs-d'oeuvre. (F. de Mély).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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