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Céroplastique

Céroplastique (du grec kerôs, cire, et plassô, je forme), art de modeler en cire. Cet art était connu des Anciens. Selon Pline, Lysistrate de Sicyone, contemporain d'Alexandre le Grand; fit le premier des portraits en coulant de la cire dans des moules pris sur nature. La 10e ode d'Anacréon est adressée à un Amour de cire. On était arrivé à une grande perfection dans l'imitation des objets naturels : car le philosophe Sphaerus avança la main pour prendre des grenades en cire que Ptolémée Philopator lui avait fait servir afin de réfuter sa doctrine sur la vérité des images reçues par la vue.

C'était l'usage chez les Grecs de placer des images de beaux enfants dans les chambres à coucher; et, aux fêtes d'Adonis, célébrées dans une saison où la végétation était peu avancée encore, on disposait dans chaque maison un petit jardin où les couronnes, les fleurs et les fruits étaient en cire. Dans les vestibules des maisons romaines, on plaçait les bustes en cire des ancêtres, et c'était un luxe de faire porter ces bustes devant les morts lors des funérailles. Les clients, pour gagner les bonnes grâces de leur patron, avaient chez eux son buste en cire, accompagné d'inscriptions flatteuses. Certains archéologues ont pensé que les Lares et les Pénates des pauvres étaient faits de cire; du moins il est certain que l'autel laraire était enduit de cire, pour y graver les voeux qu'on adressait aux dieux. L'empereur Héliogabale se plut à donner des repas où l'on servait aux convives des mets imités en cire, tandis que lui seul mangeait réellement. 

Au Moyen âge, on fit souvent des figures votives en cire pour les églises, et on leur appliqua des couleurs. Des figures de cire furent aussi employées dans les opérations magiques (envoûtements). Au XVe siècle, un Italien, Andrea del Verrochio, essaya d'imiter en cire les images des personnes mortes ou vivantes. Les petits enfants Jésus et les petits St Jean que l'on met sous verre, les grandes figures qui ornent la montre des coiffeurs et des corsetières, les personnages plus ou moins célèbres dont sont garnis les cabinets de cire, sont des applications assez grossières de la céroplastique. 

Un emploi vraiment utile des imitations en cire est la préparation des pièces anatomiques. Le Musée de physique et d'histoire naturelle de Florence est particulièrement riche en pièces de ce genre. Bien que l'honneur de cette invention ait été revendiqué pour De Nones, médecin de l'hôpital à Gênes vers la fin du XVIIe siècle, et même pour Ludovico Civoli ou Cigoli, sculpteur florentin du XVIe, on l'attribue généralement à l'abbé Zumbo, de Syracuse, qui apporta à l'Académie des Sciences de Paris, en 1701, une tête en cire, préparée pour une démonstration anatomique. Mais, dès le milieu du XVIIe siècle, Ercole Lelli s'occupait à Bologne de faire des modèles en cire à l'usage des jeunes gens qui étudiaient la chirurgie ou les arts du dessin. Son élève et collaborateur Giov. Manzollini poursuivit ses travaux, et la femme de cet artiste, Anne Manzollini, exécuta avec plus d'habileté encore une foule de préparations, que possède toujours l'Institut de Bologne. Antonio Galli, professeur de chirurgie de la même ville, L. Calza, Filippo Balugani, Felice Fontana, Susini, Ferini, etc., portèrent, pendant le XVIIIe siècle, la céroplastique à une rare perfection.

La France, pour être venue plus tardivement que l'Italie, n'en a pas moins produit des travaux très distingués, ceux de Mlle Biheron, Pinson, Bertrand, Benoît, C. Sulzer, Laumonier, Dupont. L'École de Médecine de Paris possède un beau cabinet de pièces anatomiques en cire. Au XIXe siècle, la cire a servi à faire des objets d'agrément et de luxe : en 1823, Mme veuve Didot, en donnant l'exemple d'imiter par ce procédé les végétaux et les fleurs, créa une industrie tout artistique.  (B.).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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