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Van der Weyden

Rogier van der Weyden est un peintre flamand, né à Tournay en 1399 ou 1400, mort à Bruxelles le 18 juin 1464. On l'a appelé aussi Roger de la Pasture, Rogelet de le Pasture, Roger de Bruxelles, Rogerius gallicus, Rogel flandresco, Rugieri di Bruggia, etc., ce qui a fait longtemps croire à l'existence de deux ou plusieurs peintres différents. Il entra, le 6 mars 1427 dans l'atelier de Robert Campin, à Tournai, fut élu maître de la guilde le 1er août 1432, s'établit à Bruxelles en ou avant avril 1435, et fut nommé pourtraiteur de la ville en ou avant mai 1436. Parti pour l'Italie en 1449, il travailla pour Lionel d'Este, les Sforza, les Médicis et revint par Rome en 1450. Il fut enterré à Sainte-Gudule de Bruxelles.

Citons d'abord celles de ses oeuvres, conservées ou non, qui ont une date certaine ou approximative. En 1436, ou peu après, la ville lui commanda pour la cour de justice de l'hôtel de ville quatre grandes compositions à l'huile, dont il reste des copies contemporaines en tapisserie au musée de Berne. En 1438, il dessina les cartons d'une Vie de saint Pierre destinée à être peinte sur toile par H. de Beaumetiel. En 1440, il peignit pour la confrérie du grand serment une Descente de croix que C. van Mander a vue à Notre-Dame hors des Murs, à Louvain, et qui est aujourd'hui à l'Escurial. En 1443, il fit pour la famille Edelheer son seul tableau daté, actuellement à l'église Saint-Pierre de Louvain, une Descente de croix, avec les portraits des donateurs sur les volets. En 1445, le roi Jean II d'Espagne offrit aux chartreux de Miraflorès, près de Burgos, un admirable triptyque de Rogier, exécuté peut-être vers 1438-1440, aujourd'hui au musée de Berlin; dans la Descente de croix du panneau central, la Vierge baise sur la joue, avec une douloureuse tendresse, son fils, qu'elle a saisi à pleins bras; le Christ, avec sa tête tragique et son corps d'un dessin puissant, presque barbare, serait à lui seul un chef-d oeuvre. La Descente de croix des Offices est sans doute celle que Cyriaque d'Ancône vit, en juillet 1449, dans un triptyque du Studio de Lionel d'Este, à Ferrare. Il faut aussi rapporter à 1449-1450 la belle Madone avec saint Pierre, saint Jean, saint Cosme et saint Damien, du musée Staedel de Francfort, où E. Müntz a retrouvé le portrait de Cosme de Médicis. Son oeuvre la plus importante par les dimensions et par le nombre des figures est le retable en neuf panneaux du Jugement dernier commandé par Nicolas Rollin pour l'hôpital de Beaune, qui fut consacré en 1451. Un ouvrage commandé en 1455 par Jean Robert, abbé de Saint-Aubert, à Cambrai, a été identifié par Waagen avec le grand triptyque du musée du Prado à Madrid dont le centre est occupé par un Crucifiement, oeuvre de tout premier ordre pour le dessin et l'expression.

Enfin, il faut placer vers 1456-1458, vu l'âge des modèles, le portrait de Philippe le Bon (musée d'Anvers), et celui de Charles le Téméraire (musée de Bruxelles), attribués par les catalogues à Rogier van der Weyden. Ces deux chefs-d'oeuvre de la même main, avec une exécution plus douce que celle du maître, sont tout à fait dignes de lui : le nom de leur auteur reste discuté, faute de documents décisifs. Les oeuvres authentiques ont permis d'attribuer au maître beaucoup d'autres ouvrages : à Berlin, d'abord, l'Autel de Saint-Jean, où le volet central, Baptême du Christ, est admirable par le modelé du corps de Jésus; ensuite, le triptyque provenant de l'église de Middelbourg, inaugurée en 1460, où le panneau central, oeuvre superbe, a pour sujet la Vierge adorant l'enfant nouveau-né, sur un fond étonnant de rues et d'édifices, avec un portrait du donateur, Pierre Bladelin, merveille de caractère. La Tête de femme en pleurs du musée de Bruxelles est une étude d'après nature, chef-d'oeuvre de réalisme sans vulgarité. La Déposition de croix, du Louvre, peu remarquée à cause de ses modestes dimensions, compte parmi ses plus parfaits chefs-d'oeuvre, tant pour l'impeccable modelé du corps du Christ, que pour la merveilleuse relation de tons qui existe entre la tête livide du supplicié, le linge blanc sur lequel elle repose et le bleu de la robe de la Vierge. Notons que la verdure du paysage a tourné au brun. Il faut citer encore la belle Adoration des mages, de la Pinacothèque de Munich; la Descente de croix, du musée de La Haye, absolument digne du maître; les Sept Sacrements, du musée d'Anvers, etc, Nous proposons d'ajouter à cette liste le Christ descendu de la croix, du musée de Bruxelles, attribué à son « école », mais chef-d'oeuvre de premier ordre par la noble ordonnance, la beauté et la vérité des plis, le grand modelé des têtes, du corps du Christ, la magistrale tenue de l'ensemble.

Le petit retable du Belvédère de Vienne, attribué à Rogier (la Madeleine et Véronique sur les volets, le Christ en croix avec la Vierge et saint Jean et deux donateurs sur le panneau central), est authentique au premier coup d'oeil; l'impression est confirmée par l'identité presque absolue du Christ de ce tableau avec celui de Madrid. Mais une telle ressemblance ne prouverait rien sans l'excellence de l'exécution : ainsi, le Crucifiement, du musée de Dresde, n'est qu'un assez faible travail d'atelier fait avec des figures copiées chez le maître, et le Christ du Parlement, du palais de justice de Paris, supérieur à celui de Dresde, est indigne de Rogier, malgré des analogies notables. La figure du Christ de Madrid se retrouve presque identique, avec une Vierge et un saint Jean fort analogues, dans le délicieux Christ en croix, du musée de Bruxelles, attribué à Memling, qui contient les portraits des Sforza. Cet ouvrage, très discuté, laisse encore quelques questions en suspens. Pour des motifs trop longs à exposer ici, nous pensons que les figures du haut du panneau central, Christ, Vierge et saint Jean, et la Vierge adorant l'enfant, du haut du volet de gauche, doivent être attribuées à Rogier seul, mais que le tableau a été terminé par Memling, qui a peint notamment, en entier, le volet de droite.

Rogier van der Weyden fut employé plus d'une fois, comme ses confrères, à mettre en couleur des sculptures; mais, très probablement, il a dessiné des cartons pour des bas-reliefs, et on se demande s'il n'aurait pas, quelquefois, participé à l'exécution même d'ouvrages de sculpture. En tout cas, son influence, qui fut énorme sur les peintres de la Flandre et de l'Allemagne, n'a pas été moindre sur les sculpteurs de son pays. (E. D.-G.).

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Dictionnaire biographique
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