 |
Villèle
(Jean-Baptiste Guillaume Marie Anne Séraphin Joseph, comte
de), homme d'Etat français, né à Toulouse le 14 avril
1773, mort à Toulouse le 13 mars 1854. D'une vieille famille de
Lauraguais ,
il fut destiné à la marine. Elève à l'école
de marine d'Alais, il fit campagne à Saint-Domingue (Haïti )
en 1789, aux Indes en 1790. Arrêté comme suspect à
Saint-Benoît (île de la Réunion )
le 21 mai 1794, il fut remis en liberté vers la fin de juillet.
Il acheta en 1796 et fit valoir une propriété assez importante,
épousa en 1799 la fille d'un des grands propriétaires fonciers
de l'île, M. Desbassyns de Richemont, et devint membre de l'assemblée
coloniale. En 1807 il revint en France, fut nommé maire de Morvilles,
entra au conseil général.
La Restauration lui permit de donner un
libre cours à ses sentiments royalistes. Nommé maire de Toulouse
le 23 juillet 1815, il fit bientôt partie de la Chambre introuvable
comme député de la Haute-Garonne. Il se distingua dans les
discussions financières par la clarté de son esprit et son
talent de debateur, rapporta la loi électorale et compta parmi les
plus zélés ultras. Réélu en 1816, il dirigea
l'opposition de droite avec tant de ténacité qu'il mettait
le ministère en minorité en 1820. Nommé alors membre
du cabinet, sans portefeuille, il fut si froidement accueilli par ses collègues
qu'il démissionna en 1821. Réélu député
le 1er octobre 1821, vice-président
de la Chambre, il renversa encore le ministère dès les débuts
de la session. Il obtint alors le portefeuille des finances (15 décembre).
Villèle était un homme d'affaires
remarquable. Il géra son département avec une supréme
habileté. Créé comte le 17 août 1822, et nommé
président du conseil (7 septembre), il eut à pâtir
de l'impopularité du fameux « milliard des émigrés
» pour lequel il n'avait pas personnellement beaucoup de tendresse,
mais qui lui fut imposé par la majorité. Il conçut,
pour le réaliser, un système de conversion de la rente qui
fut accueili sans enthousiasme à la Chambre et rejeté par
la chambre de Pairs. Chateaubriand, qui
avait osé parler contre, bien qu'il fit partie du cabinet, fut instantanément
privé de son portefeuille. Villèle réussit à
faire passer son projet plus ou moins atténué, à la
session suivante.
Mais l'avènement de Charles
X et la série de mesures réactionnaires qui furent la
conséquence du nouveau règne devaient causer la chute de
Villèle qui n'avait jamais été populaire, en dépit
de ses réelles qualités. En 1827, la garde nationale se prit
à crier : A bas les ministres! Villèle dissout la
garde nationale, puis dissout la Chamhre, s'octroie le portefeuille de
l'intérieur pour mieux surveiller les élections. Peine perdue;
la nouvelle Chambre lui était délibérément
hostile et le renversa. Comme on avait peur de son influence et de son
talent d'orateur, on obligea le roi à l'exiler à la chambre
des Pairs (1828). Depuis lors, Villèle ne joua plus de rôle.
Il se retira tout à fait dans la vie privée en 1830. Il a
laissé de fort intéressants
Mémoires et correspondance
(Paris. 1888-90. 5 vol. in-8).
(R. S.). |
|