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Varus (Publius
Atticus), partisan de Pompée.
Avant le début de la guerre civile entre César
et Pompée, Varus avait été prêteur, puis propréteur
en Afrique. Il se trouvait dans le Picenum à la tête de forces
assez considérables, lorsque César passa le Rubicon ;
il essaya même d'arrêter la marche du conquérant des
Gaules, mais il fut abandonné de presque tous ses soldats, et il
se hâta de rejoindre Pompée en Apulie. Lorsque Pompée
eut quitté l'Italie, Varus gagna l'Afrique, où il avait conservé
beaucoup d'amis. Grâce à l'alliance du roi de Numidie ,
Juba
Ier, il vainquit près
d'Utique
un lieutenant de César, Curion; mais en
48, il fut, supplanté, à la tête des Pompéiens
d'Afrique, par Scipion; il ne garda que le commandement
de la flotte. Il infligea quelques échecs aux navires de César
près d'Hadrumète. Après la défaite des Pompéiens
à Thapsus, Varus fit voile vers l'Espagne; vaincu dans un combat
naval en face de Carteia ,
il fut tué peu de temps après à la bataille de Munda
(45 av. J.-C.). |
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Varus, gouverneur
romain de la Germanie. Publius Quintilius ou Quintilius Varus fut consul
en 13 av. J.-C.; quelques années plus tard, il fut chargé
du gouvernement de la Syrie; il s'y montra très avide; parti de
Rome pauvre, il y revint fort riche au bout d'un an. En 9 ap. J.-C., il
fut chargé par Auguste, dont il était
le neveu par alliance, du commandement des légions de Germanie.
Drusus,
puis
Tibère venaient d'étendre la
domination romaine jusqu'à l'Elbe ; ils avaient reçu la soumission
plus ou moins sincère des principales tribus germaniques, Chauques,
Bructères, Chérusques, Chattes. Des camps de légions
avaient été installés dans la région du haut
Weser
et jusque sur la rive gauche de l'Elbe. Mais la paix n'était qu'apparente,
et bien peu de Germains étaient résignés à
la domination romaine. Varus ne le comprit pas; c'était un homme
indolent et médiocre. Il crut pouvoir traiter la Germanie comme
il avait traité la Syrie. Au lieu de tenir ses légions en
haleine et d'inspirer la crainte aux peuplades germaniques par une activité
militaire incessante, il passa son temps à prononcer des sentences
du haut de son tribunal ; il administra ce pays mal dompté comme
une province depuis longtemps conquise et pacifiée. Ce fut alors
qu'un jeune guerrier, Arminius, chef des Chérusques,
ourdit un complot contre les Romains. Il avait servi dans les troupes de
Rome; il avait même acquis le droit de cité et le rang de
chevalier. Pour mieux capter la confiance de Varus, il se montra fréquemment
devant lui; il encouragea les Germains à feindre de s'intenter les
uns aux autres de nombreux procès; Varus les jugeait, et ces guerriers
le remerciaient de mettre fin, par ses sentences, à des conflits
qu'ils avaient jusqu'alors tranchés les armes à la main.
Lorsque Arminius eut gagné à son projet de nombreux Germains,
il fit courir le bruit qu'une peuplade éloignée s'était
soulevée. Varus, qui campait alors près du Weser, accueillit
cette nouvelle et se mit aussitôt en marche vers le Rhin. Tout d'abord
Arminius et les principaux chefs germains l'accompagnèrent avec
leurs guerriers ; mais bientôt ils disparurent.
Enfin, lorsque les trois légions
dont se composait l'armée de Varus furent arrivées dans la
forêt de Teutoburg, la trahison éclata. De toutes parts surgirent
les Germains, menés au combat par le jeune chef des Chérusques.
Le premier jour, les troupes de Varus résistèrent vaillmnment,
et le soir elles campèrent en plein bois; le lendemain matin, elles
reprirent leur marche, mais assaillies sans répit durant tout le
jour, elles ne se défendirent qu'à grand'peine ; le troisième
jour, arrivées à la lisière de la forêt, elles
débouchèrent en plaine et furent cernées par des bandes
innombrables d'ennemis. Varus, dès qu'il vit la défaite certaine,
se jeta sur son épée; son corps, retrouvé par les
Germains, fut mutilé : sa tête fut portée, comme un
trophée de victoire, au roi des Marcomans, Marobod, qu'Arminius
voulait entraîner dans sa révolte; mais Marobod, redoutant
la puissance romaine, l'envoya à Rome où elle put être
déposée dans le tombeau de famille du malheureux Varus. Tous
les soldats romains, qui ne tombèrent pas sur le champ de bataille,
furent les uns .massacrés, les autres vendus comme esclaves. Trois
aigles légionnaires furent prises par les Germains. Depuis la bataille
de Cannes, Rome n'avait pas subi une pareille défaite. Lorsque Auguste
apprit ce désastre, il tomba dans une douleur profonde ; on raconte
que pendant longtemps il s'écria :
"Varus,
Varus, rends-moi mes légions".
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