 |
M. Terentius Varro
(Varron) est un écrivain romain (116-27 av. J.-C.), que ses contemporains
surnommèrent « le plus savant des Romains », naquit
probablement près de Béate en Sabine. Il fut élevé
par un chevalier romain, L. Aelius Stilo, dont l'érudition était
très vaste, et qui avait commenté les Chants Saliens ;
il suivit aussi les leçons du philosophe académicien Antiochus.
Il entra dans la carrière publique, mais on ne tonnait pas exactement
son cursus honorum. On sait qu'il fut tribun et édile; qu'il
exerça, sous la direction de Pompée,
un commandement naval important dans la guerre contre les Pirates, puis
dans la guerre contre Mithridate; qu'il se
prononça contre César pour son ancien
chef, et qu'il fut en 49 av. J.-C. un des lieutenants de Pompée
en Espagne. Vaincu par le dictateur, il n'en resta pas moins fidèle
jusqu'au bout au parti qu'il avait choisi. Après Pharsale
et la défaite définitive des Pompéiens, il fut bien
traité par César, qui lui confia même le soin d'organiser
à Rome une bibliothèque publique. Lorsque le second triumvirat
se forma en 43, Varron fut proscrit; mais, plus heureux que Cicéron,
il échappa aux assassins. Un an plus tard, il obtint la protection
d'Octave. Il abandonna désormais la politique,
et consacra à l'érudition tout le reste de sa vie. Il mourut
en 27 av. J.-C., âgé de quatre-vingt-dix ans.
Varron fut certainement le plus fécond
des écrivains antiques. Il nous apprend lui-même qu'à
soixante-dix-huit ans il avait déjà écrit 490 volumes;
comme il ne cessa pas de composer des ouvrages jusqu'à ses derniers
jours, on peut admettre le chiffre de 600 volumes indiqué au IVe
s. ap. J.-C. par le poète Ausone. Les oeuvres
de Varron traitaient des sujets les plus variés; nous savons qu'il
avait écrit des tragédies, des épigrammes, de très
nombreux discours, des traités de philosophie,
de grammaire, de morale,
des ouvrages d'histoire et d'érudition. De tout ce que Varron produisit,
il ne reste aujourd'hui qu'un traité complet, le De Re rustica;
nous possédons en outre une partie du De Lingua latina (6
livres seulement sur 24, dont se composait l'ouvrage entier); et quant
aux autres oeuvres de l'écrivain, nous ne connaissons avec quelque
détail, soit par des fragments et des citations, soit par des allusions
postérieures, que les Antiquitates rerum humanarum et divinarum,
et les Saturas Menippeae .
Le De Re rustica de Varron est le
plus important de tous les traités d'agriculture que l'antiquité
nous a laissés. Moins sec que l'ouvrage similaire de Caton
l'Ancien, il est, d'autre part, bien supérieur à la compilation
de Columelle. Écrit sons la forme d'un
dialogue, il est divisé en 3 livres, dont le premier est consacré
à la culture des champs et des jardins, le second à l'élevage
des troupeaux, le troisième à l'élevage des abeilles ,
à la chasse, à la pêche, à divers autres sujets
analogues qui intéressent directement ou indirectement la vie rurale.
Varron écrivit le De Re rustica à l'âge de quatre-vingts
ans, et le dédia à sa femme Fundania.
Le De Lingua latina était
dédié à Cicéron; c'était un traité
complet sur la langue latine. Dans les six livres qui en restent (liv.
V - X), Varron étudie l'étymologie et l'analogie; ses observations
sont souvent judicieuses; mais toutes ses assertions ne sont pas exactes.
La perte de l'ouvrage intitulé
Antiquitates rerum humanarum et divinarum est des plus regrettables;
car Varron y avait réuni en 41 livres tout ce qu'il savait sur l'histoire
de l'Italie, de ses habitants et de Rome, sur la religion italique et la
religion romaine, sur les cultes d'Italie et de Rome. Ovide,
pour ses Fastes ,
saint
Augustin, dans son traité De Civitate Dei ,
lui ont beaucoup emprunté.
Les Satires Ménippées
(Saturae Menippeae ),
ainsi nommées par Varron lui-même en souvenir du philosophe
cynique
Ménippe, étaient, suivant toute apparence, de courts morceaux,
où se mêlaient la prose et les vers et qui traitaient de toute
espèce de sujets. Varron les composait dans une intention à
la fois ironique et morale. Il y était question de la vie courante,
de la littérature, de la philosophie, de l'art; les allusions politiques
n'en étaient pas absentes, semble-t-il. Varron y employa parfois
la forme du dialogue; il y combattit toutes les extravagances, toutes les
théories excessives; il y prit la défense du bon goût
et du sens commun. (.J. Toutain).
 |
En
bibliothèque - Principales
éditions anciennes des divers ouvrages ou fragments de Varron :
le De Re rustica a été surtout édité
dans la collection des Scriptores rei rusticae. éd. Jenson
(Venise, 1472); éd. Gesner (Leipzig, 1735); éd. Schneider
(Leipzig, 1794-97). -. Le De Lingua latina : éd. princeps
(Rome, 1471); éd. Spengel (Berlin, 1826); éd. Ottfr. Müller
(Berlin, 1833); éd. Egger (Paris, 4846). - Les fragments connus
des Satires Ménippées ont été publiés
par Fr. OEhler, Saturarum Menippearum reliquiae (Leipzig, 1844).
- De nombreux extraits de Varron ont été réunis et
publiés par divers érudits sous le titre de Sententiae
Varronis éd. De Vit (Padoue, 1843); éd. Quicherat, dans
la Biblioth. de l'Ecole des Chartes (3e série, t. I). |
|
|