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Tocqueville

Charles Alexis Henri Maurice Clérel de Tocqueville est un littérateur français, né à Verneuil (Yvelines) le 29 juillet 1803, et mort à Cannes le 16 avril 1859. Elevé d'abord au château de Verneuil, près de Mantes, il fit ses études à Metz où sait père était préfet (de 1817 à 1823); il fit son droit à Paris et fut nommé juge auditeur au tribunal de Versailles, en 1827 : il avait auparavant rapporté d'un voyage en Italie et Sicile des notes qui ont été publiées en partie après sa mort et qui montrent déjà un sens droit et observateur; il remplit ses fonctions judiciaires, qui lui offraient peu d'attrait, et fut nommé en 1830 juge adjoint. C'est au parquet de Versailles qu'il se lia d'une amitié profonde avec un jeune substitut, Gustave de Beaumont, qui collabora à ses oeuvres et les publia complètes après sa mort. En 1831, les deux amis partirent pour les Etats-Unis, envoyés en mission pour étudier la question pénitentiaire; tout en examinant avec soin ce difficile problème, Tocqueville étudia et saisit le mécanisme et les institutions de la grande république américaine. Revenu en France, il publia avec Beaumont : Du système pénitentiaire aux Etats-Unis et de son application en France (1832), ouvrage fort intéressant et remarqué. 

Peu après, Tocqueville profita de la destitution de son ami Beaumont pour donner sa démission (21 mai 1832) et plaida quelques causes comme avocat. Il voyagea aussi en Angleterre et prépara l'ouvrage qui devait fonder sa réputation : la Démocratie en Amérique (la première partie parut en 1835, la seconde en 1840 et la dernière édition complète date de 1868). Le succès de ce livre fut énorme : il valut à son autour d'abord le prix Montyon (1836), puis le titre de membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1836), et, en 1841, celui de membre de l'Académie française. En 1835, Tocqueville fit un second voyage en Angleterre où il épousa miss Motley. Devenu célèbre, il fut envoyé à la Chambre des députés par les électeurs de Valognes en 1839.

A la Chambre, Tocqueville garda une attitude indépendante; il siégea dans l'opposition, sans être tout à fait hostile au gouvernement de Louis-Philippe; peu doué pour la parole, il travailla plutôt dans les commissions (rapports sur l'abolition de l'esclavage dans les colonies en 1839 et sur l'organisation des prisons en 1843); il visita à deux reprises l'Algérie (1841 et 1846), et dans un rapport définit les principes de la colonisation; il se prononça pour la liberté de l'enseignement et le libre échange. Le 27 janvier 1848, dans un discours à la Chambre, il annonça la révolution. Elu à la Constituante par le département de la Manche, il vota avec la droite, sans montrer une hostilité absolue à la République, qu'il rêvait conservatrice. Envoyé par le général Cavaignac à la conférence diplomatique de Bruxelles pour le règlement des affaires d'Italie, il combattit la candidature à la présidence du prince Napoléon. En 1849, if fut réélu à l'Assemblée législative et en devint vice-président (juin 1849).

Nommé ministre des affaires étrangères dans le cabinet Odilon Barrot-Dufaure, c'est pendant son administration qu'eurent lieu le siège et la prise de Rome : il tomba avec le ministère le 30 octobre 1849, passa l'hiver en Italie, puis revint voter avec la droite; il rédigea un rapport sur l'Algérie, demandant la fin du régime militaire. Lors du coup d'Etat du 2 Décembre, il signa à la mairie du Xe arrondissement la demande de mise en accusation de Louis Bonaparte et fut emprisonné à Vincennes. Remis en liberté, Tocqueville rentra dans la vie privée et retourna à Sorrente, en Italie, où il commença la rédaction de l'Ancien régime et la Révolution, qu'il ne devait pas terminer; la première partie parut en 1856, après un voyage d'études en Allemagne : le succès fut très grand. Tombé malade peu après, Tocqueville alla se soigner à Cannes où il mourut.

Le caractère aimable et droit de Tocqueville, son éloquent amour du bien, son style ferme et simple, ses vues élevées le firent aimer et estimer de ses contemporains; esprit ouvert, il eut dès sa jeunesse le sentiment de l'avènement irrésistible de la démocratie : mais il ne sut pas l'aimer; défiant vis-à-vis d'elle, il ne l'acceptait que comme un fait et n'avait qu'une sympathie médiocre pour elle. Les conservateurs le revendiquent, bien qu'il se fit une idée bien différente de la religion et de la liberté politique; il détestait, selon son expression, « le fumet de sacristie ».

Outre ses trois ouvrages principaux, on doit à de Tocqueville : Etat social et politique de la France (1834, trad. en anglais par Stuart Mill); Histoire philosophique du règne de Louis XV (1846); Coup d'oeil sur le règne de Louis XVI, de son avènement au 23 juin 1789 (1850). Ses Oeuvres complètes ont paru en 9 volumes, de 1860 à 1865, par les soins de G. de Beaumont. (Ph. B.).

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Dictionnaire biographique
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