Histoire
du Tchad. - Le Tchad est issu d'un ensemble d'États puissants
qui ont dominé la ceinture sahélienne à partir du
IXe siècle environ. Ces États
(Baguirmi, Ouaddai,
Kanem-Bornou), ont prospéré sur le contrôle des routes
commerciales transsahariennes et ont principalement profité de la
traite
des esclaves.
• Dans le
sud-est du Tchad, les royaumes Baguirmi et Ouaddai (Wadaï) ont émergé
aux XVe et XVIe
siècles et ont duré jusqu'à l'arrivée des Français.
• Centré autour
du bassin du lac Tchad, l'Empire Kanem-Bornou,
a existé quant à lui entre les IXe
et XIXe siècles, et à son
apogée, l'empire contrôlait un territoire s'étendant
du sud du Tchad au sud de la Libye actuelle
et comprenait des parties des territoires qui correspondent aujourd'hui
à l'Algérie, au Cameroun,
au Nigeria, au Niger
et au Soudan. A la fin du XIXe
siècle, un seigneur de guerre soudanais Rabih Az-Zubaïr (le
Rabah
des Français) a utilisé une armée composée
en grande partie d'esclaves pour conquérir l'empire Kanem-Bornou
.
La France a commencé
à s'installer dans la région à la fin des années
1880 et a vaincu le royaume Baguirmi en 1897, Rabih Az-Zubaïr en 1900
et le royaume Ouaddai en 1909.
Ajoutons qu'à
l'arrivée des Français, il existait, dans les régions
arides du nord du Tchad et du sud de la Libye, une confrérie islamique
appelé le Sanusiyya (Sennoussi) qui dépendait fortement de
la traite transsaharienne des esclaves et comptait plus de 3 millions d'adeptes
dans les années 1880. A partir de 1900, les Français ont
combattu cette confrérie l'ont vaincue len 1910 après des
années de guerre intermittente. En 1910, la France a intégré
la région aride du nord, le bassin du lac Tchad et le sud-est du
Tchad à l'Afrique équatoriale française.
Le Tchad a fait partie
des colonies de la France en Afrique jusqu'en 1960. Le premier président
du Tchad dvenu indépendant sera François Tombalbaye. Il va
très vite se trouver confronter aux organisations de guérilla
soutenues par la Libye qui vont maintenir une rébellion dans le
nord pendant de nombreuses années.
Tombalbaye demande
l'aide des troupes françaises; cependant, en 1975, il est assassiné
lors d'un coup d'État militaireet, peu de temps après, la
Libye annexe à son territoire la bande d'Aouzou, située le
long de la frontière nord du Tchad.
Les Tchadiens, aidés
de l'armée française et de plusieurs pays africains, ont
fini par expulser les forces libyennes pendant la "guerre Toyota" de 1987
(guerre ainsi nommée à cause de l'utilisation de camionnettes
Toyota comme véhicules de combat à laquelle elle a donné
lieu). En 1989, un accord sera négocié avec la Libye concernant
la bande d'Aouzou.
Dans l'intervalle,
en 1984, le chef de la guérilla le plus puissant, Hissène
Habré, est arrivé au pouvoir, ici encore avec l'aide de la
France. Habré remportera les élections de 1990, mais six
mois plus tard, il est renversé par le Mouvement patriotique du
Salut (MPS) du général Idriss Déby, un ancien compagnon
de route de Habré, épaulé par les services de renseignement
français. (Hissène Habré, condamné à
mort par contumace, parvient à s'enfuir au Sénégal
où il mourra en 2021).
Sous Deby, le Tchad
a rédigé et approuvé une constitution et a tenu des
élections en 1996, puis en 2001. Deux scrutins entachés d'irrégularités.
En 1998, une rébellion
a éclaté dans le nord du Tchad, et s'est manifestée
ensuite sporadiquement, malgré plusieurs accords de paix entre le
gouvernement et les rebelles. En 2005, les groupes rebelles ont émergé
dans l'ouest du Soudan et ont fait déborder les attaques dans l'est
du Tchad, malgré la signature d'accords de paix en décembre
2006 et octobre 2007.
La capitale a connu
une importante menace rebelle au début de 2008, mais n'a pas connu
de menaces significatives depuis, en partie grâce au rapprochement
qui a eu lieu entre le Tchad et le Soudan en 2010.
En 2011, Idriss Deby
a été réélu pour son quatrième mandat
lors d'une élection que les observateurs internationaux ont décrite,
pour une fois, comme ayant été sans incident majeur. Le pouvoir
politique reste concentré dans les mains d'une minorité ethnique.
Fin 2015, le gouvernement
a imposé l'état d'urgence dans le bassin du lac Tchad à
la suite de multiples attaques du groupe djihadiste Boko Haram, notamment
des attentats à la bombe à N'Djamena. Fin 2019, le gouvernement
tchadien a également déclaré l'état d'urgence
dans les régions du Sila et du Ouaddaï frontalières
avec le Soudan et dans la région du Tibesti frontalière avec
le Niger où des ethnies rivales se battent toujours. L'armée
a subi de lourdes pertes face aux groupes terroristes islamiques dans le
bassin du lac Tchad. En mars 2020, des militants islamiques ont attaqué
un camp militaire tchadien dans le bassin du lac Tchad et tué près
de 100 soldats; ce fut l'attaque la plus meurtrière de l'histoire
de l'armée tchadienne.
Idriss Deby a dirigé
le pays jusqu'en avril 2021, date à laquelle il a été
tué lors d'une incursion rebelle. Peu de temps après sa mort,
un groupe de responsables militaires - dirigé par le fils de l'ancien
président, Mahamat Idriss Deby - a pris le contrôle du gouvernement.
Les responsables militaires ont révoqué l'Assemblée
nationale, suspendu la Constitution et formé un Conseil militaire
de transition tout en s'engageant à organiser des élections
démocratiques en octobre 2022.