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Soumarokov (Alexandre Petrovitch), auteur dramatique né à Vilmanstrand le 25 novembre1718, mort à Moscou le 12 octobre 1777. Il fit ses études à l'Ecole russe des cadets de terre et s'y occupa surtout, ce semble, de poésie. Il fut d'abord, à sa sortie, en 1740, nommé aux bureaux de la guerre, puis devint aide de camp du comte A. Razoumovski. Il utilisa ses nombreux loisirs en composant des saynètes et des vers, et se fit bientôt par là une certaine réputation, qui se répandit dans les cercles de la cour. En 1747, il imprima ses deux premières tragédies : Khorev (tirée de l'histoire russe légendaire) et Hamlet. En 1749, Khorev fut jouée par les cadets, et Catherine Il, informée du succès de cette représentation d'amateurs, fit donner la pièce au palais, sous la direction de l'auteur, qui, peu après, reçut le grade de colonel, tout en restant attaché à la personne du comte Razoumovski.

C'est l'époque où arriva à Saint-Pétersbourg la troupe Volkov, qui comprenait, entre autres acteurs, l'artiste qui devait s'illustrer sous le nom de Dmitrievski; c'est sans doute cette heureuse coïncidence qui permit de provoquer en 1756 un ukaze du Sénat décrétant la fondation du premier théâtre russe : Soumarokov, déjà général de brigade, en fut nommé directeur. Il se mit alors à composer coup sur coup des tragédies, Sinav et Tonvor Semira, Mtislav, des comédies, des libretti d'opéra, des allégories, destinées à enrichir le répertoire russe à ses débuts. Son caractère irascible et insupportable lui fit perdre son poste de directeur en 1761. Il s'était essayé, entre temps, au journalisme en fondant, en 1759, la revue satirique : l'Abeille laborieuse, qu'il rédigeait presque seul; cette revue vécut peu, mais suscita la création d'une nuée de revues satiriques analogues.

Soumarokov était, avant tout, un versificateur facile, doué, en outre, d'un incommensurable amour-propre. Il s'essaya dans tous les genres, et s'il eut, dans la satire et le théâtre, des succès considérables, c'est surtout parce que ses créations venaient à point pour un public qui avait soif de divertissements littéraires. Il eut pour modèle la littérature française; mais il lui manquait tout pour imiter nos classiques; ses comédies sont grossières et ne contiennent que des types vagues personnifiant des vertus ou des défauts. Ses tragédies sont sans action, sans psychologie, sans nuances et ne contiennent qu'une suite de discours pompeux. Toutefois, son importance historique fut réelle, et il lui faut savoir gré d'avoir été, dans un milieu de grossièreté, le continuel défenseur de l'instruction et de la langue russe. Les Oeuvres complètes de Soumarokov ont été publiées par Novikov (Saint-Péterslourg, 1781-82, 10 vol.; 21 éd., 1787). (J. L.).

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