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Savonarole

Girolamo Savonarole est un prédicateur italien, né le 21 septembre 1452 à Ferrare, mort à Florence le 28 mai 1498. A L'âge de vingt-deux ans il sentit s'éveiller sa vocation religieuse, entra dans l'ordre de Saint-Dominique, et fit en 1481 ou 1482 ses premières prédications à Florence avec un succès médiocre; bientôt, il crut avoir reçu de Dieu l'inspiration prophétique et, prêchant à Sienne en 1485 et 1486, il y prédit pour la première fois la prochaine punition des vices de l'Eglise romaine, suivie d'un prompt renouvellement.

En 1490, il revint à Florence, obtint par ses sermons un succès foudroyant; désormais, pendant huit ans, la ville subit l'influence de ce moine petit, au visage pâle, au front ridé, au nez d'aigle, au regard perçant, aux cheveux noirs, à la barbe épaisse. Nommé prieur de Saint-Marc, il prêchait à la cathédrale, combattait l'amour de la beauté, le goût de l'art; Laurent le Magnifique essaya en vain de le gagner, mais ne sévit pas contre lui.

Savonarole prédisait l'arrivée d'un nouveau Cyrus qui traverserait toute lItalie sans résistance. L'arrivée de Charles VIII lui donna raison; Savonarole, ennemi des Médicis, eut plusieurs entrevues avec le roi, contribua au calme qui accueillit l'arrivée, puis le départ des Français. La réalisation de ses prétendues prophéties avait augmenté son pouvoir; le gouvernement de Florence le consultait sur toutes choses, réformait d'après ses idées la Constitution dans un sens démocratique, réorganisait la justice, créait un mont-de-piété pour réprimer l'usure, proclamait la royauté du Christ
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Savonarole.
Savonarole, par Fra Bartolomeo (1498).

Les sermons de Savonarole sur la réforme des auteurs eurent aussi un grand succès depuis 1495; les femmes renoncèrent à leurs bijoux, les débauches diminuèrent, des marchands restituèrent le bien mal acquis, les églises se remplirent. De plus en plus rigoriste, il réclama la torture pour les joueurs, le supplice de la langue percée pour les blasphémateurs, employa de nombreux enfants à espionner et à dénoncer tout ce qui se passait dans les maisons. Sans condamner entièrement les lettres et les arts, il voulait en exclure le paganisme; des artistes comme Botticelli et Lorenzo di Credi adoptèrent ses idées.

Après avoir réformé les moeurs de Florence, le moine voulut réformer celles de Rome et attaqua sans relâcha la corruption de l'Eglise. Alexandre VI demeura longtemps indifférent à cela, mais vit avec mécontentement Savonarole demeurer le partisan de la France, mettre son espoir dans une nouvelle expédition de Charles VIII; il l'appela à Rome par un bref du 25 juillet 1495 pour rendre compte de ses prophéties, puis, le 8 septembre et le 15 octobre, lui interdit de prêcher; Savonarole, sans se déclarer formellement rebelle, reprit la parole, surtout quand la Seigneurie florentine le lui eut ordonné; pendant le carême de 1496, il déploya une violence inouïe contre les vices de Rome, et bien plus encore l'année sui vante. 

Alexandre VI, après avoir tergiversé longtemps, l'excommunia le 12 mai 1497. Savonarole répondit par une épître « contre l'excommunication subrepticement obtenue », célébra la messe à Noël, reparut en chaire en février 1498, attaquant toujours l'Église romaine, affirmant sa mission divine, parlant de la convocation d'un concile qui déposerait le pape. Cependant les menaces d'Alexandre VI effrayaient la Seigneurie; les partisans des Médicis, les adversaires du rigorisme moral, les franciscains jaloux du moine dominicain, tous les ennemis de Savonarole se coalisèrent. 

Finalement un franciscain proposa de subir, en même temps qu'un dominicain, l'épreuve du feu; elle fut fixée au 7 avril, mais au dernier moment le dominicain refusa, ce qui tuait le prestige de Savonarole. Bientôt on l'arrêta, on le mit à la torture, on prétendit qu'il avait avoué la fausseté de ses inspirations prophétiques. Le 22 mai il fut condamné à mort avec deux autres moines; le lendemain, il marcha courageusement au supplice; après l'avoir pendu, on brida son corps. Quelques écrivains l'ont considéré à tort comme un précurseur du protestantisme. (G. W.).

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Dictionnaire biographique
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