.
-

Saint-Pavin

Denis Sanguin de Saint-Pavin est un poète français,  né à Paris vers 1600, mort le 8 avril 1870. Issu d'une famille ancienne dans la robe et dans l'Eglise, il était fils de Christophe Sanguin, président aux requêtes, prévôt des marchands, et d'Isabelle Séguier, fille de Nicolas, seigneur de Saint-Cyr, cousine du chancelier Séguier

Engagé, malgré son goût, dans l'état ecclésiastique, on a dit qu'il avait été pourvu de l'abbaye de Livry-en-Launoy, près de Paris, localité dont la seigneurie appartenait à sa famille, pour qui elle fut érigée en marquisat (1688). Mais outre que son nom ne figure pas parmi la suite des abbés dans le Gallia Christiana, il est certain qu'à l'époque indiquée cette abbaye fut possédée par l'oncle de Mme de Sévigné, Christophe de Coulanges. On l'a confondu sans doute avec un parent de son nom qui succéda à celui-ci. 

Quoiqu'il en soit, il commença cette lignée d'ecclésiastiques peu canoniques, comme Chaulieu, qui ont mieux mérité des lettres que de l'Eglise. Il fut même si bien connu pour ce qu'on appelait alors un libertin, c'est-à-dire un libre penseur, que son nom seul passa en proverbe, comme en témoignent ces vers de Boileau :

Avant qu'un tel dessein entre dans ma pensée,
On pourra voir la Seine à la Saint-Jean glacée...
Saint-Sorlin janséniste et Saint-Pavin bigot.
Il ne s'en cachait pas plus que de ses moeurs épicuriennes, disant de lui-même :
De force choses je me moque,
Et, sans contraindre mes désirs,
Je me donne entier aux plaisirs.
Des sonnets à Iris, des madrigaux, des épigrammes, en vers faciles, négligés, mais toujours spirituels, furent le fruit de loisirs qu'il partageait entre la muse et l'amitié. Parmi ses amis, on rencontre Des Barreaux, le poète, le grand Condé - fort libertin en ses jeunes ans. 
-
Sonnet contre un critique

« Cléon monté sur le Parnasse, 
Avant que personne en sût rien, 
Trouva Régnier avec Horace 
Et rechercha leur entretien.

Sans choix et de mauvaise grâce
Il pilla presque tout leur bien;
Il s'en servit avec audace 
Et s'en para comme du sien.

Jaloux des plus fameux poètes, 
Dans ses satires indiscrètes
Il choque leur gloire aujourd'hui;

En vérité je lui pardonne;
S'il n'eût mal parlé de personne, 
On n'eût jamais parlé de lui. »
 

(D. de Saint-Pavin).

Il correspondait avec Mme de Sévigné, qu'il avait rencontrée chez Christophe de Coulanges, l'abbé de Livry, voisin des Sanguin. Un peu contrefait de taille, il faisait oublier cette disgrâce de la nature par sa gaieté, la finesse de son esprit. Il compte aussi parmi les goutteux célèbres, que cette infirmité n'assombrit pas. 

Ramené vers la fin de ses jours à une vie plus ecclésiastique par Claude Joly, devenu plus tard évêque d'Agen, il légua aux pauvres une partie de ses biens. Il fut un des derniers poètes qui ont pratiqué le sonnet, et il y excellait. Fontenelle, qui le place entre Charleval et Voiture, le goûtait beaucoup, et Sainte-Beuve a dit de lui : " Ses vers sont très soignés, le sonnet a fini avec lui : dans ses mains la pointe ne s'en est pas émoussée ".

D'abord ses vers furent publiés dans les recueils de Sercy, Poésies choisies de MM. Corneille, etc. (1655, 2 volumes), et de Barbin, Recueil des plus belles pièces, etc. (1692, 5 volumes); puis réunis par Saint-Marc, avec ceux de Charleval (Amsterdam [Paris], 1759). (E. Asse).
-

Sonnet

« Quand d'un esprit doux et discret, 
Toujours l'un à l'autre on défère; 
Quand on se cherche sans affaire
Et qu'ensemble on n'est pas distrait

Quand on n'eut jamais de secret 
Dont on se soit fait un mystère, 
Quand on ne cherche qu'à se plaire, 
Quand on se quitte avec regret;

Quand, prenant plaisir à s'écrire,
On dit plus qu'on ne pense dire
Et souvent moins qu'on ne voudroit,

Qu'appelez-vous cela, la Belle? 
Entre nous deux cela s'appelle 
S'aimer bien plus que l'on ne croit. »
 

(D. de Saint-Pavin).
.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2020. - Reproduction interdite.