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Regiomontanus

Johannes Müller, dit Regiomontanus est un astronome et mathématicien né le 6 juin 1436 dans le village d'Unfind, près de Koenigsberg en Franconie  (qu'il ne faut pas confondre avec la ville de Kaliningrad en Russie qui a aussi porté ce nom à l'époque prussienne), d'où son nom latin (Koenigsberg voulant dire comme regius mons, mont royal), mort le 6 juillet 1476. 

Passionné d'astronomie dès l'âge de 14 ans et après avoir reçu sa première instruction dans la maison paternelle, il alla étudier à l'Université de Leipzig et pris d'un beau zèle pour la science astronomique, il commença par s'assimiler l'arithmétique et la géométrie, puis il se rendit à Vienne, où il espérait trouver plus de facilités pour se rendre maître de sa science de prédilection ; encore tout jeune adolescent, on le voit suivre les leçons de Purbach. Le maître, qui travaillait alors sur Ptolémée, donna à son disciple divers problèmes géométriques à résoudre, et lui fournit maintes occasions de s'exercer au calcul. Entre temps, Regiomontanus lisait les mathématiciens de l'Antiquité dont les oeuvres avaient été traduites en latin, notamment Archimède. Ils s'occupèrent ensemble de recherches théoriques sur les points principaux de l'écliptique, la position des étoiles fixes auxquelles on peut rapporter les planètes, et il leur arriva de constater que les positions de Mars pouvaient s'écarter de deux degrés de celles que les tables assignaient à cette planète.

Après la mort de Purbach, Regiomontanus sembla tout désigné pour entreprendre l'oeuvre que le défunt n'avait pu exécuter. Ayant acquis quelque connaissance du grec en fréquentant Bessarion, il se rendit à Rome en 1461, et se lia avec les hellénistes habitant la Ville Eternelle, surtout avec Georges de Trébizonde, qui s'occupait à interpréter Ptolémée et Théon. Tout en faisant des observations quand l'occasion s'en trouvait, Regiomontanus s'attacha surtout à comparer les manuscrits grecs, à les copier de sa main ou à les faire copier par autrui. Il visita d'ailleurs différentes villes d'Italie, se liant avec les savants, faisant devant un auditoire choisi des lectures publiques sur diverses questions astronomiques, enfin, travaillant toujours, et le principal résultat auquel il arriva fut la constatation de nombreuses erreurs dans l'interprétation que Georges de Trébizonde avait donnée du Commentaire de Théon.

Il retourna dans son pays, et, après avoir rempli quelque temps ses fonctions à Vienne, il fut invité par le roi de Hongrie Mathias Corvin à venir s'établir à Bude, où il avait une rare collection de manuscrits grecs; mais la guerre ne permit pas à l'astronome de se fixer en Hongrie, et, en 1471, on le retrouve à Nuremberg, où un des principaux citoyens lui fit le meilleur accueil, ayant le goût le plus vif pour les études astronomiques. Cet homme zélé se nommait Bernard Walther, il donna à l'astronome les moyens de vivre et de travailler, lui fournit des instruments, parmi lesquels une horloge, un astrolabe armillaire analogue à ceux d'Hipparque et de Ptolémée, etc., enfin, il mit une imprimerie remarquable par la beauté de ses caractères à sa disposition. Le nom de Bernard Walther mérite de ne pas être oublié.

Le milieu de janvier 1472 fut signalé par l'apparition d'une comète qui, pour l'étendue de sa queue (elle avait plus de 30 degrés de longueur), rappelle la comète de 1858. Douée d'un mouvement d'abord à peine sensible, sa marche alla bientôt en s'accélérant, de telle sorte que dans son passage le plus rapproché du Soleil, dans son passage au périhélie, observé par Regiomontanus, elle parcourait plus de trente degrés en vingt-quatre heures. Le moment du passage d'une comète au périhélie est toujours important à noter, parce qu'il peut servir à fixer la longitude de l'astre chevelu à une période déterminée. 

Regiomontanus et Walther ne manquèrent pas de l'observer assidûment. Regiomontanus observa aussi la parallaxe de l'astre, qu'il trouva de trois degrés. Si son observation est exacte, la comète de 1472 est une de celles qui peuvent approcher le plus près de la Terre : elle aurait passé près de nous à une distance de vingt rayons terrestres. Son mouvement était presque perpendiculaire à l'écliptique. Elle parut d'abord vers l'Épi de la Vierge, entra ensuite dans la constellation du Bouvier, passa près d'Arcturus, traversa la Petite Ourse fort près de l'étoile polaire, d'où elle continua sa route à travers les constellations de Céphée, de Cassiopée et d'Andromède, pour disparaître dans le Bélier, effacée par les rayons du Soleil. Régiomontanus consigna les résultats de ses observations dans un opuscule intitulé : De cometae magnitudine longitudineque ac de loco ejus vero Problemata VI; Nuremberg, 1531.

Pendant son séjour à Nuremberg, il publia encore les Théoriques nouvelles de Purbach, une nouvelle édition de Manilius, un calendrier nouveau, dont le succès fut très grand, et il avait bien d'autres projets en tête. Mais il ne devait pas les exécuter : il fut invité par le pape Sixte IV à venir à Rome, afin de s'occuper de la correction du calendrier. Régiomontanus se soumit, et partit pour la capitale du monde chrétien en 1475, laissant Walther continuer ses observations à Nuremberg. Par malheur, il mourut l'année suivante, soit qu'il ait été atteint de la peste, soit qu'il ait été empoisonné par les fils de Georges de Trebizonde, qui le haïssaient parce qu'il avait fait connaître les fautes qui se trouvaient dans les travaux de leur père sur Ptolémée et Théon. Il fut enseveli au Panthéon.

"Régiomontanus, non seulement croyait à l'astrologie, mais il déclara sa croyance publiquement à Bologne dans un de ses ouvrages, et II n'hésitait pas à dire qu'il travaillait pour les "amateurs de son art". Dans ses Ephémérides de 1499, on le voit rechercher quels sont les aspects de la Lune les plus favorables à la saignée, et sur quelles parties du corps humain les divers signes du zodiaque influent plus spécialement." (Arago).
On trouve le catalogue de ses oeuvres, très nombreuses pour un homme qui a si peu vécu, dans la préface que Georges Tannstetter a mise en tête de la table des éclipses de Purbach qu'il a publiée en 1514. Weidler à reproduit ce catalogue dans son Historia astronomiae. (GE / Hoefer).


En bibliothèque - Pierre Gassendi, Vies de Tycho Brahé, Copernic, Peurbach et Regiomontanus, Albert Blanchard, 1996. 
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