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Pétrone.
- Auteur d'un roman satirique, connu sous le
nom de Satyricon
(Satirae), dont les manuscrits portent le nom de Petronius Arbiter,
qui désigne probablement Caius Petronius dont la vie n'est connue
que par une superbe page de Tacite. Esprit délicat
et voluptueux, mais corrompu, il consacrait le jour au sommeil, la nuit
aux affaires ou aux plaisirs dont il possédait le goût et
la science. L'aisance naturelle et le charme abandonné de ses discours
lui donnaient un air de simplicité qui plaisait : proconsul en Bithynie
et plus tard consul, il montra beaucoup d'habileté et d'intelligence.
Revenu ensuite au vice, il fut admis dans la petite cour de Néron
où il donnait le ton et décrétait ce qui était
galant et délicieux; il y devint l'arbitre du goût (arbiter
elegantiarum) ;mais un de ses émules, Tigellinus, prit de l'ombrage
de se voir surpassé dans la science des voluptés et le calomnia
auprès de Néron; il s'adressa à la cruauté
de l'empereur et dénonça la liaison de Pétrone avec
Scevinus. Néron se trouvait alors en Campanie ;
Pétrone allait le retrouver lorsqu'il reçut l'ordre de rester
à Cumes ..
Ne voulant pas vivre ainsi dans les alternatives
de l'espérance et de la crainte, Pétrone résolut de
mourir, mais avec délicatesse. II s'ouvrit les veines, puis les
referma, et les rouvrit de nouveau, causant de bagatelles avec ses amis,
sans chercher à faire montre de sa fermeté d'âme en
cette occasion il ne parlait pas de l'immortalité de l'âme,
mais de chansons et de poésies légères; avant de mourir,
il châtia quelques esclaves et en récompensa d'autres, se
mit à table et dormit pour que sa mort eut un air naturel; il fit
son testament et n'y mit aucune flatterie pour Néron
ou les puissants du jour, contrairement à l'habitude; sous des noms
d'hommes et de femmes perdus, il écrivit le récit de la vie
dissolue du prince avec les raffinements de ses infamies et l'envoya cacheté
à Néron puis il brisa son cachet « de peur, qu'on ne
s'en servit pour perdre des innocents » (Tacite).
Pline
ajoute que Pétrone brisa un admirable vase myrrhin pour que le tyran
ne pût se réjouir de le posséder après sa mort
(66 ap. J.-C.).
Du roman intitulé
Satirae ,
attribué à Petronius Arbiter et qui devait comprendre environ
20 livres, roman satirique qui se passe, sous Tibère,
dans le Sud de l'Italie ,
il ne subsiste que de courts fragments détachés, dont leplus
complet est la célèbre Cena Trimalchionis, le festin
de Trimalchion. Cette oeuvre licensieuse est écrite avec beaucoup
d'esprit et d'ironie; la fidélité des représentations
de moeurs et de personnages et l'excellence de la langue, vive, abondante
et vigoureuse, semée d'idiotismes provinciaux qui la rendent plus
piquante, méritent d'être grandement admirées. C'est
un récit fictif en prose, noté de nombreuses pièces
de vers, souvent de parodies: les morceaux poétiques sont brillants
et recherchés, intermédiaires entre les manières de
Perse
et de Lucain. La maîtrise de la langue se
marqua dans le caractère des conversations qui change d'après
la nature des causeurs et est tantôt populaire, tantôt élevé.
Une analyse des Satirae est rendue difficile par le peu d'étendue
des fragments que l'on possède; le narrateur et le héros
du roman est Encolpe qui, à la suite d'un adultère, court
le monde en compagnie d'Ascylte, jeune affranchi fugitif, et de Giton,
esclave presque enfant enlevé à une dame nommée Tryphoena;
les aventures de ces trois aventuriers dans la grotte de Quartilla ou se
célèbrent d'infâmes mystères,
les singuliers divertissements du ridicule repas de Trimalchion, puis les
ruses du poète Eumolpe, qui se joint à Encolpe pour vivre
aux dépens des captateurs de testaments crotoniates, sont extrêmement
amusants.
La première édition des
fragments du Satyricon
a été imprimée à Venise
par Bernardinus de Vitalibus en 1499, et la seconde à Leipzig
par Jacobus Thanner en 1500; elles ne contenaient que de courts fragments.
Le morceau le plus étendu (le souper de Trimalchion) a été
découvert à Traun (Dalmatie )
par Pierre Petit, et publié en 1664 à Padoue
et à Paris. En 1693, François
Nodot publia à Rotterdam un Satyricon complet d'après
un prétendu manuscrit qui aurait été trouvé
à Belgrade ;
mais la supercherie était trop palpable et ne trompa personne. La
première édition critique a été donnée
par Bucheler (Berlin, 1862 et 1882); traduction de W. Heinse (Rome, 1773),
et de Schluter (1792), puis d'après l'édition de Bücheler
(1874); le Repas a été traduit par Merkens (1876)
et Friedländer (1891). (Ph. B.). |
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