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Patin

Guy ou Gui Patin est un médecin et écrivain français, né à La Place, hameau de Hodenc-en-Bray (Oise) le 31 août 1601, mort à Paris le 30 mars 1672. Il appartenait à une famille de notaires, d'avocats, etc. Ses parents le destinaient à la carrière ecclésiastique, mais il avait le caractère trop indépendant pour se plaire dans un état où la soumission aveugle était la règle; il remerciait Dieu, disait-il, de ne l'avoir fait ni femme, ni prêtre, ni Turc, ni Juif. Il commença ses études au collège de Beauvais d'où il fut retiré en 1647, puis vers 1620 vint à Paris au collège de Boncourt et, deux années après, fut reçu maître ès arts. Contrairement aux voeux de sa famille, il se mit à étudier la médecine, et comme ses parents lui mesuraient les subsides, il dut se faire correcteur d'imprimerie, emploi que lui procura sans nul doute Nicolas Bourbon, l'un de ses professeurs. Reçu licencié en 1626, docteur en 1627, il devint alors successivement docteur régent, censeur en 1640, professeur de chirurgie en 1646, doyen de la faculté pour deux ans en 1650, puis en 1654 remplaça son maître Jean Riolan dans sa chaire du Collège royal de France. Cet enseignement eut un grand succès et l'on affluait à son cours pour ses traits d'esprit et la pureté de son latin.
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Gui Patin.
Buste de Guy Patin (1601-1672), à Hodenc-en-Bray.
 © Photo : Serge Jodra, 2009.

Cependant, ce n'est ni comme médecin, ni comme professeur, qu'il a acquis sa célébrité, c'est par les lettres qu'il écrivait à ses amis, sans aucune arrière-pensée de publicité. Ces lettres renferment une foule de renseignements utiles pour l'histoire de la médecine pendant au moins 50 ans et pour l'appréciation des moeurs, de la littérature et de l'état social au XVIIe siècle, et fournissent surtout de curieux détails sur la Fronde et sur la grande dispute des jésuites et des jansénistes. De plus, on y rencontre plus d'un témoignage de la pensée hardie et du sens critique si fin et si satirique de leur auteur. Malheureusement, Guy Patin a plus d'une fois exercé sa verve contre des contemporains qui ne méritaient pas ses sarcasmes et contre le mouvement scientifique rénovateur de l'époque, qu'il n'avait pas su apprécier. Il a combattu à outrance les données fournies par la chimie, et surtout l'usage de l'antimoine, au sujet duquel il eut une violente polémique avec Théophraste Renaudot qu'il fit condamner; il a nié la circulation du sang, cette immortelle découverte de Harvey (L'histoire de la médecine); il a rejeté le quinquina, l'une des drogues les plus précieuses de notre arsenal thérapeutique actuel. 

S'il a fait profession de libre pensée dans bien des occurrences, Guy Patin  n'en a pas moins été sectaire et dogmatique dans la lutte absurde de la Faculté contre le progrès véritable. Sous prétexte de défendre l'hippocratisme et le galénisme contre des innovations qu'il jugeait dangereuses parce qu'il ne les comprenait pas ou ne voulait pas les comprendre, il a contribué à retarder la marche en avant des connaissances. Car, au XVIIe siècle comme aujourd'hui, le ridicule tuait en France, et Patin était passé mettre dans l'art de ridiculiser les hommes et les choses. En religion, dit-on, il fut croyant, mais non superstitieux. Il a d'ailleurs accablé de ses sarcasmes la « papimanie », la « moi-nerie », les « loyolites », etc. Guy Patin aimait beaucoup les livres, surtout certains livres dont l'introduction en France était interdite; c'est ce qui perdit son fils, Charles Patin, qui l'aida à cette fraude; il fut exilé, et Guy Patin en mourut de chagrin. (Dr. L Hn.).



En bibliothèque. - Les Lettres de Guy Patin ont été imprimées un grand nombre de fois : Lettres choisies... depuis l'an 1665 jusqu'en 1672 (Francfort, 1683, in-12; 2e éd., Paris, 1683; 3e éd., Paris, 1688; 4e éd., Rotterdam, 1689); Lettres choisies... augmentées de plus de 300 lettres... (Cologne, 1694, 3 vol. in-12; 2e éd., Cologne, 1692, 3 vol. in-12; 3e éd., Paris, 1692, 2 vol. in-12; 4° éd., La Haye, 1707, 3 vol. in-12; 5° éd., La Haye, 1713, 3 vol. in-12); Nouveau recueil de lettres choisies (Rotterdam, 1695, 2 vol, in-12, appelés t. IV et V; 2° éd., 1725, 2 vol. in-12); Lettres choisies... (La Haye, 1718, 2 vol. in-12; 2e éd., Amsterdam, 1748, 2 vol. in-12) ; Lettres de Guy Patin, Nouvelle édition augmentée... par J.-H. Réveillé-Parise (Paris, 1846, 8 vol. in-8). Toutes ces éditions fourmillent d'erreurs et d'omissions et sont bonnes à « aller au pilon », selon l'expression de Chéreau. Celui-ci a publié en 1877 Quelques lettres inédites (Paris, in-8). 

Patin a encore écrit un Traité de la conservation de la santé par un bon régime (Paris, 1682, in-42), réimprimé dans le Médecin charitable de Guibert avec deux autres opuscules de Patin . Notes sur le livre de Galien : "De la Saignée", et Observations sur le livré de Nicolas Ellain. Il a encore écrit quelques Eloges, des ouvrages en latin dont un Sur la sobriété, et de plus, dit-on, un Commentaire sur Rabelais. Des lettres et des fragments de Patin ont encore été imprimés dans Clarorum virorum epistolae (1702, in-8), dans le Patiniana, publié avec le Vaudaeana (1703) et dans le volume intitulé l'Esprit de Guy Patin, par Bordeleu (Paris, 1709 et 1713, in-12 et Enfin, on doit à Patin une traduction, du français en latin, de toutes les oeuvres d'André Du Laurens (Paris, 1628, 2 vol. in-4). 

Henri Jean Guillaume Patin est un professeur et littérateur français, né à Paris en 1793, mort en 1876; fut élève et bientôt maître de conférences à l'École normale, puis professeur de rhétorique au collège Henri IV; se fit connaître par plusieurs prix académiques (Éloges de Bernardin de Saint-Pierre, de Lesage, de Bossuet, etc., qu'il a depuis réunis, avec quelques morceaux de choix, dans ses Mélanges de littérature ancienne et moderne, 1840); fut un instant suppléant de Villemain à la Faculté des lettres de Paris (1830) et y obtint en 1833 la chaire de poésie latine qu'il occupa avec la plus grande distinction pendant plus de trente ans; il devint doyen en 1865. Un livre remarquable par l'érudition et le goût, sinon par le talent de style (Études sur les tragiques grecs), lui ouvrit, en 1843, l'Académie française dont il devint secrétaire perpétuel en 1870, à la mort de Villemain. On lui doit encore de savantes Études sur la poésie latine (1869).
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