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Bernard Palissy
est un céramiste et savant né
en 1510 à la Chapelle-Biron, près d'Agen,
suivant quelques-uns de ses biographes, en Saintonge, d'après quelques
autres, mort à Paris en 1590. Tout à
la fois artiste, géologue, physicien, chimiste et agronome, et bien
qu'ayant laissé un livre (Discours admirable de la nature des
eaux et fontaines, des métaux, etc.), « qui le place,
a dit le savant Chevreul, tout à fait au-dessus de son siècle
par ses observations sur l'agriculture et la physique du globe , en même
temps que, par la nouveauté de la plupart de ses remarques ( l'Histoire
de la géologie ),
il témoigne de l'originalité de ses pensées »,
Bernard Palissy est surtout célèbre comme potier.
C'est, sans contredit, le plus connu et
le plus populaire de tous les artistes qui se sont adonnés à
l'art de la terre et c'est en lui que semble s'incarner, pour ainsi dire,
toute la céramique française.
Il s'intitulait modestement ouvrier de terre et inventeur des rustiques
figulines.
Ses figulines, toutes en ronde bosse, sont encore recherchées; on
en voit de beaux échantillons au Louvre,
à Sèvres, à l'hôtel Cluny et au musée
de Limoges. Plusieurs villes lui ont élevé
des statues (Agen, notamment), la légende,
le roman et le théâtre
seront emparés de sa vie, et son nom, entouré d'une auréole
de gloire, brille au premier rang des martyrs de la science.
Son père, fabricant de tuiles, lui
fit donner une certaine instruction, de telle sorte que, dès sa
première jeunesse. il put exercer les professions de l'arpentage,
de la pourtraicture et de la vitrerie. La pourtraicture embrassait
alors sculpture et peinture,
et la verrerie était l'art si difficile
de colorier le verre et de le découper par fragments nuancés
pour en former ces mosaïques transparentes
des églises. C'était alors un
usage général de terminer tout sérieux apprentissage
par une série de voyages instructifs et un tour de France .
Palissy, « faisant des figures
ès procès ou peindant des images » résida plusieurs
années à Tarbes ,
et visita très attentivement la chaîne des Pyrénées,
puis celles des Cévennes
et des Ardennes, où il puisa une foule de connaissances qui plus
tard lui servirent à élever ses théories scientifiques.
La basse Bourgogne ,
la Bretagne ,
l'Anjou ,
le Poitou ,
la Touraine
et presque toutes les parties de la France furent successivement visitées.
Cet intrépide explorateur ne crut
pas devoir s'arrêter aux frontières de son pays d'origine
: il chercha encore à recueillir d'utiles observations dans la Flandre ,
les Pays-Bas
et les provinces rhénanes, jusque dans la Brisgau
inclusivement. Ces pérégrinations, effectuées de 1525
à 1530, laissèrent dans son esprit le germe de conceptions
nouvelles, qui lui permirent d'être le véritable fondateur
de la science géologique .
Bernard
Palissy (1510-1590).
« Comme
un homme qui taste en ténèbres ».
Fixé dans la petite ville de Saintes
vers 1535, Palissy continua d'exercer ses trois professions d'imagier,
de vitrier et de géomètre. En 1542, on l'y trouve encore,
«-chargé de femme et enfants
et déjà aux prises avec la pauvreté ». Le hasard
voulut qu'à cette époque une coupe de terre émaillée
d'une grande beauté tombât entre ses mains. La vue de ce vase
devint depuis ce moment l'objet d'une étude incessante; il crut
pouvoir retrouver le secret de la fabrication d'un émail
blanc que l'on connaissait partout en Italie
aussi bien qu'en France ,
à Rouen
et à Paris. Il le savait bien lui-même,
du reste, puisque dans sa dissertation intitulée l'Art de la
terre, il se fera dire par son interlocuteur, Théorique :
Je
« scay que tu as enduré beaucoup de pauvreté et d'ennuis
[...] et ce a esté à cause que tu ne pouvois laisser ton
mesnage pour aller apprendre ledit art en quelque boutique-».
Mais dans quelle boutique aurait-il pu apprendre
le secret de ces émaux si purs, si vigoureux et si profonds, qui
lui sont tellement particuliers qu'ils n'ont jamais été imités
depuis et qui ont fait de ses oeuvres les merveilles de l'industrie humaine?
C'est lui qu'il faut entendre raconter son odyssée domestique :
«
J'emploierais mille rames de papier pour escrire tous les incidents qui
me sont survenus en cherchant ledit art [...] J'entrai en dispute avec
ma propre pensée en me remémorant plusieurs propos qu'aucuns
m'avaient tenus, en se moquant de moi, lorsque je peindais les images [...].
Je me mis à chercher les émaux comme un homme qui taste en
ténèbres, je pilais toutes les matières que je pouvais
penser, et les ayant pilées et broyées, j'achetais une quantité
de pots de terre, et après les avoir mis en pièces, je mettais
des matières que j'avais broyées dessus icelles; puis, ayant
fait un fourneau à ma fantaisie, je mettais cuire lesdites pièces,
pour voir ai mes drogues pourraient faire quelques couleurs.
Or,
m'entant ainsi abuzé plusieurs fois, avec grands frais et labeur,
j'estais tous les jours à piler et broyer nouvelles matières
et construire nou- veaux fourneaux. Je m'advisai, pour obvier à
si grande dépense, d'envoyer mes drogues (trois ou quatre cents
pièces) en une poterie distante d'une lieue et demie de ma demeure,
mais je n'en reçus que honte et perte [...]. Je portai encore mes
pièces aux verreries, et durant deux ans, je ne faisais qu'aller
et venir [...]. Une de mes épreuves, se trouvant blanche et polie,
me causa une telle joie que je pensais être devenu nouvelle créature.
»
Au mois de mai 1543. François
Ier, ayant
établi un impôt sur les gabelles,
envoya le connétable Anne de Montmorency en Saintonge ,
afin d'assurer la perception de ce droit contre les sauniers révoltés.
Le premier soin du maréchal fut d'obtenir le plan des salines. Bernard
Palissy, chez lequel la misère en ce moment parlait plus haut que
les espérances, fut chargé, en sa qualité de géomètre,
d'arpenter les îles et les marais salants
du littoral. Le fisc lui paya assez largement le cadastre, de telle sorte
qu'il se remit à l'oeuvre. Les vases qu'il
avait préparés lui-même étant mal pétris
et mal séchés, son émail
ne fondit pas. Afin de prévenir désormais
le retour des fâcheux accidents qu'il venait d'éprouver, Bernard
Palissy imagina de renfermer ses préparations dans de grands vaisseaux
de terre grossièrement travaillée; emprisonnés de
la sorte, ses ouvrages n'eurent plus rien à redouter de la cendre
ou des graviers que la violence du feu pouvait soulever. Cette opération
est depuis lors pratiquée sous le nom d'encastage, et les
vaisseaux préservatifs sont encore appelés cazettes
ou manchons. Palissy se tire assez heureusement des difficultés
accessoires relatives à la coloration et à la fusion simultanée
des émaux.
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Palissy à
la recherche des émaux
«
Je me prins [1] à ériger un fourneau semblable à ceux
des verriers, lequel je bastis avec un labeur indicible : car il falloit
que je maçonnasse tout seul, que je destrempasse mon mortier, que
je tirasse l'eau pour la destrempe d'iceluy; aussi me failloit [2] moy
mesme aller querir la brique sur mon dos à cause que je n'avois
nul moyen d'entretenir un seul homme pour m'ayder en cest affaire [3].
Je
fis cuire mes vaisseaux [4] en première cuisson : mais quand ce
fut à la seconde cuisson, je receus des tristesses et labeurs tels
que nul homme ne voudroit croire. Car en lieu de me reposer des labeurs
passez, il me fallut travailler l'espace de plus d'un mois, nuit et jour,
pour broyer les matieres desquelles j'avois fait ce beau blanc au fourneau
des verriers; et quand j'eus broyé lesdites matieres j'en couvré
[5] les vaisseaux que j'avois faits. Ce fait [6], je mis le feu dans mon
fourneau par deux gueules, ainsi que j'avois veu faire ausdits verriers;
je mis aussi mes vaisseaux dans ledit fourneau pour cuider faire [7] fondre
les esmaux que j'avois mis dessus. Mais c'estoit une chose mal-heureuse
pour moy : car combien que [8] je fusse six jours et six nuits devant ledit
fourneau sans cesser de brusler bois par les deux gueules, il ne fut possible
de pouvoir faire fondre ledit esmail, et estois comme un homme désespéré;
et, combien que je fusse tout estourdi du travail, je me vay adviser que
dans mon esmail il y avoit trop peu de la matiere qui devoit faire fondre
les autres, ce que voyant je me prins à piler et broyer de laditte
matière, sans toutesfois laisser refroidir mon fourneau; par ainsi
j'avois double peine, piler, broyer et chauler le dit fourneau.
Quand
j'eus ainsi composé mon esmail, je fus contraint d'aller encores
acheter des pots, afin d'esprouver ledit esmail d'autant que j'avais perdu
tous les vaisseaux que j'avois faits et, ayant couverts lesdites pieces
dudit esmail, je les mis dans le fourneau, continuant toujours le feu en
sa grandeur. Mais sur cela il me survint un autre malheur, lequel me donna
grande fascherie, qui est que, le bois m'ayant failli, je fus contraint
brusler les estapes [9] qui soustenoyent les trailles [10] de mon jardin,
lesquelles estant bruslées, je fus contraint brusler les tables
et plancher de la maison, afin de faire fondre la seconde composition.
J'estois en une telle angoisse que je ne sçavois dire; car j'estois
tout tari et tout deseché à cause du labeur et de la chaleur
du fourneau; il y avoit plus d'un mois que ma chemise n'avoit séché
sur moy. Encores pour me consoler on se moquoit de moy, et mesme ceux qui
me devoyent secourir alloyent crier par la ville que je faisois brusler
le plancher : et par tel moyen l'on me faisoit perdre mon crédit,
et m'estimoit-on estre fol.
Les
autres disoyent que je cherchois à faire la fausse monnoye, qui
estoit un mal qui me faisoit seicher sur les pieds; et m'en allois par
les ruës tout baissé, comme un homme honteux j'estois endetté
en plusieurs lieux, et avois ordinairement deux enfans aux nourrices [11],
ne pouvant payer leurs salaires. Personne ne me secouroit; mais au contraire
ils se mocquoyent de moy, en disant : « Il luy appartient bien [12]
de mourir de faim, parce qu'il délaisse son mestier. » Toutes
ces nouvelles venoyent à mes aureilles quand je passois par la ruë;
toutes fois il me resta encores quelque espérance, qui m'accourageoit
[13] et soustenoit, d'autant que les dernieres espreuves s'estoyent assez
bien portées [14], et dès lors en pensois [15] sçavoir
assez pour pouvoir gaigner ma vie, combien que j'en fusse fort éloingné
(comme tu entendras ci-après) et ne dois trouver mauvais si j'en
fais un peu long discours [16], afin de te rendre plus attentif à
ce qui te pourra servir.
Quand
je me fus reposé un peu de temps avec regrets de ce que nul n'avoit
pitié de moy, je dis à mon Ame : « Qu'est-ce qui te
triste [17], puisque tu as trouvé ce que tu cherchois? travaille
à présent et tu rendras honteux tes détracteurs. »
(B.
Palissy, Discours admirables : De l'art de terre; t. Il ).
Notes
: 1. Pris.- 2. (II) me fallait. - 3. Affaire a été masculin
jusqu'au XVIIe siècle. - 4. Vases. - 5. J'en couvris (d'une couche).
- 6. Cela étant fait. - 7. Parce que je pensais ainsi faire. - 8.
Bien que.- 9. Étais. - 10. Treilles. - 11. Chez les nourrices.
- 12. Il mérite bien. - 13. Encourageait. - 14. Comportées.
- 15. J'en pensais. - 16. (Un) discours un peu long. - 17. On n'emploie
plus que les composés attrister, contrister.
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Ce fut en 1555, après
des travaux et des essais sans nombre, pendant lesquels, suivant son expression,
il « cuida entrer iusques à la porte du sépulchre »,
il parvint enfin à se rendre entièrement maître de
son art; il put couvrir enfin les poteries d'un émail
jaspé, le seul qui fasse le vrai mérite de ses ouvrages de
terre. Dorénavant son sort et celui de son ingrate famille étaient
assurés. Il produisit avec succès un certain nombre de vases,
de statuettes, de bassins, de plats, d'ustensiles divers, qu'il appelait
du nom collectif de rustiques figulines (du mot latin'
figulina,
qui signifie toute sorte d'ouvrages de poterie).
Bernard Palissy fabriqua d'abord des faïences,
ou, pour être plus exact, des terres vernissées couvertes
d'émaux jaspés qui le firent vivre
pendant quelques années, puis, ensuite des plats ou « bassins
rustiques, ornés de bestioles », serpents, grenouilles, poissons,
coquilles, lézards, etc., moulés en relief, qui sont restés
les monuments les plus populaires de son art.
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Statue
de Bernard Palissy, devant l'église de Saint-Germain-des-Prés,
à Paris.
©
Photos : Serge Jodra, 2010.
Des Tuileries
à la Bastille.
Toutes les misères passées
furent alors oubliées; sa réputation grandit et ses «-vaisselles
de terre », très appréciées et très recherchées,
lui apportèrent, avec l'aisance, des protections.
Les
seigneurs de la Saintonge ,
ravis de la beauté de ces ouvrages variés, se les disputèrent
pour orner leurs châteaux et leurs
parcs, le comte de Maulevrier, entre autres, et principalement le connétable
de Montmorency. Ce dernier le chargea d'embellir son domaine d'Écouen,
où l'architecte Jean Bullant et le sculpteur
Jean
Goujon avaient déjà payé le double tribut de leur
art. Le connétable fit construire à ses frais un atelier
à Bernard Palissy, et ce fut à Saintes
et non à Ecouen même qu'il dut exécuter ses commandes.
Bernard Palissy se
serait désormais trouvé, lui et sa famille, à l'abri
du besoin et aurait vécu tranquille si la Réforme ne fût
venue l'arracher à ses occupations. Emporté, en effet,
par son esprit ardent et inquiet, Palissy n'avait pas tardé à
embrasser les nouvelles idées religieuses ( Le
Protestantisme) : il fut un des fondateurs de l'Eglise réformée
de Saintes, et son atelier devint milieu de réunion et de conciliabules.
Aussi, en 1562, en exécution de l'édit
de Henri Il qui punissait de mort le «
crime d'hérésie », fut-il arrêté et conduit
de nuit dans les prisons de Bordeaux. Averti
du danger que courait son protégé, le connétable lui
fit aussitôt décerner le brevet d'inventeur des rustiques
figulines du Roy (1563), l'arrachant ainsi, comme faisant partie de
la maison du roi, à la juridiction du Parlement de Bordeaux.
Ce fut un an après son heureuse
délivrance qu'il publia à La
Rochelle un ouvrage intitulé
Recepte véritable,
etc., qu'il avait composé durant sa captivité, et qu'il dédia
à Catherine de Médicis
et au connétable de Montmorency, ses bienfaiteurs. La reine mère
ne tarda pas à l'appeler à Paris;
elle lui donna un logement aux Tuileries peu de temps avant qu'elle jetât
les fondements du célèbre palais qui est devenu la résidence
des rois de France. Bernard Palissy
fut spécialement chargé de la décoration des jardins
royaux, ainsi que le témoigne un mémoire manuscrit
de 1570, déposé à la bibliothèque de Paris ;
Catherine de Médicis lui commanda pour les jardins
du palais des Tuileries ,
une grotte rustique dont il a été retrouvé quelques
fragments conservés au musée de Sèvres. Il associait
à ses travaux ses deux fils Nicolas et Mathurin ; c'est avec leur
concours qu'il embellit, outre les résidences du Louvre
et d'Écouen, les magnifiques châteaux
de Chaulnes et de Nesle, en Picardie ;
ceux de Reux, en Normandie ;
de Madrid, au bois de Boulogne ,
et enfin de Chenonceaux ,
en Touraine .
La position privilégiée qu'il
occupait dans une habitation royale lui valut, le 14 août 1572, d'être
épargné au milieu des massacres de la Saint-Barthélemy.
Il n'échappa à cette horrible boucherie que parce qu'il était
au Louvre, où le protégeait
l'inviolable majesté et peut-être aussi l'égoïsme
craintif du roi.
Bernard Palissy ne se voua pas tout entier,
à Paris, à la mise en pratique
de ses procédés pour faire les
émaux.
Tout en continuant la fabrication de ses poteries,
il publia ses Discours admirables sur la nature des eaux et fontaines
dont
nous avons parlé plus haut, et il fit publiquement des cours scientifiques,
véritables conférences qui étaient annoncées
au moyen d'affiches collées « dans tous les carrefours ».
Ainsi, commença, pendant le carême de 1575 son cours public,
où il convia tous les érudits de la capitale à venir
entendre dans trois leçons l'exposé de ses théories
sur les pierres, les fontaines, les métaux, etc. Afin de provoquer
la réplique et aussi pour éloigner la foule des niais et
des indifférents qui encombrent toujours les leçons gratis,
il prévint que l'on paierait un écu en entrant. Palissy put
ainsi faire son cours devant un auditoire composé d'hommes d'élite,
dont il nous a transmis la liste et sur laquelle figurent Ambroise
Paré, puis tous les médecins
et chirurgiens de la cour et les savants les plus distingués de
cette époque. Palissy appuya toutes ses explications de l'exhibition
d'une grande quantité de pièces colligées avec méthode
et toutes propres à la formation d'un musée d'histoire
naturelle.
Le succès toujours croissant de
ses leçons se poursuivit pendant une dizaine d'années encore,
jusqu'en 1584 approximativement. Le mérite d'avoir le premier en
France
inauguré le grand enseignement public, dont les institutions modernes
de la Sorbonne et du Collège de France,
du Muséum ,
etc., ne sont aujourd'hui que la continuation agrandie et perfectionnées
revient sans conteste à Bernard Palissy. Il sut substituer aux vaines
déclamations des philosophes des
démonstrations scientifiques rigoureuses sur l'origine des fontaines,
la formation des pierres et celle des coquillages fossiles .
que les physiciens de ce temps-là regardaient comme un jeu de la
nature.
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De la pétrification
des poissons armés (1580)
Palissy
n'est pas seulement un potier; il a l'esprit scientifique d'un précurseur.
Pour preuve ce passage où il semble devancer Buffon
et Cuvier.
«
Tu t'abuses de penser que par toutes les parties de la mer il y ait des
poissons portants coquilles : car, tout ainsi que la terre produict des
plantes qui ne sauroient venir en un païs comme en l'aultre, ainsi
que les orangers, figuiers, palmiers, amandiers et grenadiers, ne peuvent
venir en tous païs; aussi en la mer il y a certaines contrees où
l'on pesche des harengs, aultres contrees des seiches, aultres des maigres;
et mesme, nous sommes contraincts aller quérir des molues [1] en
Terres Neuves. Tous poissons portants coquilles se tiennent pres des limites
de la terre, et viennent, en partie, des matieres salsitives [2] qui sont
amenees des bords de la terre prochaine de la mer. Et encores ne fault
penser trouver les dicts poissons par tous les endroicts des bordures de
la mer. Il fault donc conclure qu'il y a quelques endroicts où les
semences des poissons peuvent prendre nourriture, et aultres non. Tout
ainsi comme des vegetatifs [3]. Je n'entends pas dire qu'il y a à
present aussi grand nombre de poissons armés [4] en la terre comme
il y eut aultre fois; car, pour le certain, les bestes et poissons qui
sont bons à manger, les hommes les poursuivent de si presque, enfin,
ils en font perdre la semence. J'ai veu plusieurs ruisseaux où l'on
prenoit grand nombre de lamproyons [5] qu'à présent l'on
n'y en trouve plus. J'ai veu aussi aultres ruisseaux où l'on prenoit
des escrevisses par milliers, là où l'on n'en trouve plus.
J'ai veu des rivieres où l'on prenoit du saumon, et à present
ne s'y en trouve plus. Et que la terre ou rivieres d'icelle ne produisent
aussi bien des poissons armés comme la mer, je le prouve par les
coquilles petrifiees, lesquelles on trouve en plusieurs endroicts par milliers
et millions, desquelles j'ai veu un grand nombre qui sont petrifiees, dont
la semence en est perdue, pour les avoir trop poursuivis [6]. Et est une
chose qui se voit tous les jours, que les hommes mangent des viandes [7]
desquelles anciennement l'on n'en eust mangé pour rien du monde.
Et de mon temps j'ai veu qu'il se feust trouvé bien peu d'hommes
qui eussent voulu manger ni tortues ni grenouilles, et à present
ils mangent toutes choses qu'ils n'avoient accoustumé de manger.
J'ai veu aussi, de mon temps, qu'ils n'eussent voulu manger les pieds,
la teste ni le ventre d'un mouton, et à present c'est ce qu'ils
estiment le meilleur. Par quoi je maintiens que les poissons armés,
et lesquels sont petrifiés en plusieurs carrieres, ont esté
engendrés sur le lieu mesme, pendant que les rochers n'estoient
que de l'eau et de la vase, lesquels depuis ont esté petrifiés
avec lesdicts poissons [8]... Et quant à la cause de la petrification
des coquilles, aulcunes ont esté jectees en la terre, apres avoir
mangé le poisson [9], et estant en terre, par leur vertu salsitive
ont fait attraction d'un sel generatif, qui, estant joinct avec celui de
la coquille en quelque lieu aqueux ou humide, l'affinité des dictes
matieres, estants joinctes à ce corps mixte, a endurci et petrifié
la masse principale. Et quant est des pierres, où il y a plusieurs
especes de coquilles, ou bien que en une mesme pierre il y en a grande
quantité d'un mesme genre, comme celles du fauxbourg Saint Marceau
lez Paris [10], elles là sont formees en la maniere qui s'ensuit
savoir est qu'il y avoit quelque grand receptacle d'eau, auquel estoit
un nombre infini de poissons armés de coquilles, faictes en limace
pyramidale [11]. Et les dicts poissons ont esté engendrés,
dans les eaux dudict receptacle, par une lente chaleur, soit qu'elle soit
provenue par le soleil au descouvert, ou bien par une lente chaleur qui
se trouve soubs la terre, comme j'ai apperceu, estant dans lesdictes carrieres.
»
(B.
Palissy, Discours admirables : des pierres).
Notes
: 1. Molues, morues. - 2. Salsitives, où le sel domine. - 3. Vegetatifs,
végétaux. - 4. Armés, de coquilles. - 5. Lamproyons,
petites lamproies. - 6. Cette raison sera mieux exposée plus loin.
- 7. Viandes (latin vivenda), tout ce qui sert à la nourriture.
- 8. Ici, la théorie est plus nette, et Palissy semble vraiment
devancer les découvertes de la géologie moderne. - 9. Apres
avoir mangé le poisson, après qu'on en a eu mangé.
- 10. Lez, près de. - 11. Limace pyramidale, bélemnites.
|
Tant et de si grands services ne purent
lui faire trouver grâce aux yeux des ligueurs. Par ordre de Matthieu
de Launay, l'un des Seize, il fut (1588), malgré son extrême
vieillesse, jeté à la Bastille
et noté pour être conduit au spectacle public. On comprend
le sens mystérieux de cette terrible expression. Le duc de Mayenne,
l'un de ses admirateurs, fit ajourner l'exécution, de telle sorte
que le roi Henri III put le venir visiter dans
son cachot. Si Henri III parvint à détourner la main sanguinaire
des ligueurs de cette tête illustre, Palissy n'en fut pas pour autant
rendu à la liberté, et il termina , dans sa prison,
en 1590, à l'âge de quatre-vingts ans, une existence commencée
dans la misère.
-
Un
plat à « bestioles » de Bernard Palissy (musée
de Sèvres).
Le dialogue de
la Théorique et de la Practique.
L'oeuvre de céramiste assez considérable
de Bernard Palissy comprend trois périodes distinctes correspondant
à chacune des phases de sa vie. De la première période,
celle des tâtonnements et des recherches, datent les plats, «
les vaisseaux de divers émaux entremeslez en manière de jaspe
» et le commencement des « bassins rustiques ». Au point
de vue purement céramique, ce sont les plus belles et les plus intéressantes
de ses oeuvres. Les « pièces rustiques » qui caractérisent
la seconde période portent surtout l'empreinte de son talent si
original et si épris des merveilles de la nature. Elles se composent
principalement de plats ou « bassins » presque toujours ovales
et dont quelques-uns atteignent parfois 50 et même 55 centimètres.
Les bouteilles, les gourdes de chasse et les aiguières
sont beaucoup plus rares que les plats.
La troisième période comprend
les plats à ornements et à figures, les corbeilles délicatement
découpées à jour, les vases d'apparat, les aiguières
imitées des étains de Briot, les
salières, les flambeaux, les saucières et tant d'autres pièces
sur lesquelles on retrouve toujours la marque du goût pur et élevé
du célèbre faïencier. Mais l'art qu'il avait créé
avec, tant de peine disparut avec lui ou, du moins, ne produisit sous ses
successeurs immédiats que des oeuvres médiocres, ternes,
et provenant de moules usés. Il faut cependant faire une exception
pour l'atelier d'Avon, près de Fontainebleau,
d'où sont sorties, à la fin du XVIe
siècle, plusieurs pièces recouvertes d'un émail pur
et brillant qui, pendant longtemps, les a fait attribuer à Bernard
Palissy. Vers 1845, un faïencier de Tours,
Avisseau,
tenta avec succès d'imiter le genre de Palissy; son exemple fut
suivi depuis par plusieurs céramistes, Pull, Barbizet, Sergent,
Parvillée et autres; presque tous ont signé leurs oeuvres,
mais, même quand elles ne sont pas signées, elles sont tellement
loin, pour la plupart, des faïences du maître qu'il est difficile
de s'y laisser tromper.
Terminons en disant quelques mots sur
la contribution de Bernard Palissy aux progrès de la géologie .
Il a écrit sur la constitution géologique du sol :
«
Nous savons, dit-il, qu'en plusieurs lieux les terres sont faites par divers
bancs, et en les fossoyant on trouve quelquefois un banc de terre, un autre
de sable, un autre de pierre et de chaux, et un autre de terre argileuse
: et communément les terres sont ainsi faites par bancs distingués.
Je ne te donnerai qu'un exemple pour te servir de tout ce que j'en saurais
jamais dire : regarde les carrières de terre argileuse qui sont
près de Paris, entre la bourgade d'Auteuil
et de Chaillot, et tu verras que, pour trouver la terre d'argile, il faut
premièrement ôter une grande épaisseur de terre, une
autre épaisseur de gravier, et puis après on trouve une autre
épaisseur de roc, et au-dessous dudit roc on trouve une grande épaisseur
de terre d'argile, de laquelle on fait toute la tuile de Paris et lieux
circonvoisins. » (De la marne, dans les
Œuvres de Bernard
Palissy, p. 141 et suiv. (édition Paris, 1777, in-4°).)
Bernard Palissy recommanda l'un des premiers
l'emploi de la sonde pour s'assurer de la nature d'un terrain. "Mais
si tu rencontrais, demande la Théorie dans un curieux dialogue
entre la Théorique et la Practique, des rocs durs, comment te
prendrais-tu pour les percer?" - La Practique répond
:
«
A la vérité, cela serait fâcheux. Toutefois, il me
semble qu'une tarière torcière les percerait aisément;
et après la torcière, on pourrait mettre une autre torcière,
et par tel moyen on pourrait trouver des terres de marne noire, voire des
eaux pour faire puis, lesquelles bien souvent pourraient monter plus haut
que le lieu où la pointe de la torcière les aura trouvées;
et cela se pourra faire moyennant qu'elles viennent de plus haut que le
fond du trou que tu auras fait. »
De là à la découverte
des puits artésiens, il n'y avait qu'un pas.
Bien avant le chancelier Bacon,
Bernard Palissy avait recommandé la méthode expérimentale
comme le seul moyen de faire avancer les sciences.
Ses œuvres ont été réunies
à Paris, 1777, avec notes de Faujas
de Saint-Fond, et en 1844, par A. Cap, avec une notice sur l'auteur. (E.
Garnier / J. S-r. / F.Hoefer).
--
Les outils
de Palissy (fantaisie)
«
Il advint, la semaine passée, qu'estant en mon repos sur l'heure
de minuict, il m'estoit avis, que mes outils de Géometrie s'estoyent
eslevez l'un contre l'autre, et qu'ils se débatoyent à qui
appartenoit l'honneur d'aller le premier. Et, estant en ce débat,
le Compas disoit : « il m'appartient l'honneur : car c'est moy qui
conduis et mesure toutes choses; aussi, quand on veut réprouver
un homme de sa despence superflue, on l'admoneste de vivre par compas [1].
Voilà comment l'honneur m'appartient d'aller le premier. »
La Reigle disoit au Compas « Tu ne sais que [2] tu dis; tu ne saurois
rien faire qu'un rond seulement..., mais moy, je conduis toutes choses
directement [3], et de long, et de travers, et, en quelque sorte que ce
soit, je fay tout marcher droit devant moy. Aussi quand un homme est mal-vivant,
on dit qu'il vil desreiglement [4] qui est autant à dire que, sans
moy, il ne peut vivre droitement. Voila pourquoy l'honneur m'appartient
d'aller devant. » Lors l'Escarre [5] dist : « C'est à
moy à qui l'honneur appartient : car, pour un besoin, on trouvera
deux reigles en moy : aussi c'est moy qui conduis les pierres angulaires
et principales du coin [6], sans lesquelles nul bastiment ne pourroit tenir.
» Lors le Plomb [7] vinst à esleser, disant : « Je dois
estre honoré par dessus tous car c'est moy qui ameine et conduis
toute massonnerie direclement en haut, et sans moy on ne sauroit faire
aucune touraille droite, qui [8] seroit cause que les bastiments tomberoyent
soudain; aussi, bien souvent, je fay l'office d'une reigle. Par quoy faut
[9] conclurre que l'honneur m'appartient. » Ce fait, le niveau s'esleva
et dist : « O ces belistres [10] et coquins. C'est à moy que
l'honneur appartient. Ne sait-on pas, que tous les soumiers [11], poutres
et traverses ne pourroyent estre assises à leur devoir sans moy?
Ne sait-on pas bien que je conduis toutes places et pavements comme je
veux ? Ne sait-on pas bien que plusieurs ingenieux [12] se sont servis
de moy, en faisant leurs mines, tranchées, et en braquant leurs
furieux canons, et que, sans moy, ils ne pourroyent parvenir à leur
dessein? Voila pourquoy il faut arrester et conclurre que l'honneur me
doit demeurer. » Et soudain que le Niveau eut fini son propos, voicy
la Sauterelle [13], qui d'une grande vistesse va eslever [14], en disant
: « Devant, devant [15]! Vous ne savez que vous dites, c'est à
moy à qui appartient l'honneur : car je fay des actes que nul ne
sauroit faire; et je vous demande, sauriez vous conduire un bastiment en
une place biaise [16]? Et on sait bien que non; et vous ne servez, ni ne
savez rien faire, sinon un mestier [17]... mais moy, je vay, je viens,
je fay de la petite, je fay de la grande [18], brief, je fay des choses
que nul de vous ne sauroit faire. Parquoy il est aisé à juger
que l'honneur m'appartient. » Adonc l'Astrolabe vint à s'eslever
avec une constance et gravité canonique [19], et dist ainsi : «
Me voulez-vous oster l'honneur qui m'appartient? car c'est moy qui monte
plus haut que tous tant que vous estes, et mon regne et empire s'estend
jusques aux nues. N'est-ce pas moy qui mesure les astres, et que [20] par
moy les temps et saisons sont cognues aux hommes, fertilité ou stérilité?
et qu'est ceci à dire? Me sauroit-on nier, que ce que je dis ne
soit vray? » Et, ainsi que j'entendis le bruit de leurs disputes,
je m'esveillay, et soudain m'en allay voir ce que c'estoit. Dont, soudain
qu'ils m'eurent apperçeu, ils me vont eslire juge, pour juger de
leur different. Lors je leur dis : « Ne vous abusez point, il ne
vous appartient ny honneur, ny aucune prééminence : l'honneur
appartient à l'homme, qui vous a formez. Parquoy, il faut que a
vous luy serviez [21] et l'honoriez. » - « Comment, dirent-ils,
à l'homme? et faut-il que nous obeyssions et servions à l'homme
qui est si meschant et plein de folie?... »
(B.
Palissy, Recepte veritable par laquelle tous les hommes de la France
pourront apprendre à multiplier leurs thrésors; tome
I).
Notes
: 1. On l'engage, en l'admonestant, à vivre par compas, c'est-à-dire
par mesure; compas, qui signifie à l'origine pas égal, marche
régulière, mesurée, a pris le sens de règle,
mesure, et s'est ensuite appliqué à l'instrument qui sert
à prendre les mesures. - 2. Ce que. - 3. En droite ligne. - 4. D'une
manière déréglée. 5. L'équerre. - 6.
De l'angle de l'édifice. - 7. Le fil à plomb. - 8. Ce qui.
- 9. C'est pourquoi il faut. - 10. Gueux. - 11. Sommiers. Sommier désigne
toute pièce de charpente disposée pour soutenir d'autres
pièces lourdes; c'est le mot sommier ou bête de somme, pris
dans une acception figurée. La même métaphore se retrouve
dans poutre, à l'origine cavale (de pulletrum), dans chevalet, de
cheval, etc. - 12. Ingénieurs. - 13. La fausse équerre, dont
les deux branches s'ouvrent ou se referment comme un compas, peuvent prendre
la mesure d'angles de toute sorte, et, comme dit le texte, des surfaces
biaises. - 14. Se lève. - 15. A moi d'aller devant. Voir plus haut.
Voilà pourquoi l'honneur m'appartient d'aller devant. - 16. Dans
les parties qui sont de biais. - 17. Un seul métier. - 18. Je fais
le rôle de petite et de grande, c'est-à-dire, je remplis tous
les rôles. - 19. De chanoine. - 20. Et n'est-ce pas vrai que, etc.
- 21. Que vous lui obéissiez.
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Christine
Viennet, photos : Paul Starosta, Bernard
Palissy et ses suiveurs, du XVIe siècle à nos jours,
Faton/Archéologie, 2010. - Bernard Palissy,
le plus connu des céramistes? Davantage : un héros de l'histoire
de France, l'incarnation de la persévérance et de la passion
du chercheur et de l'artiste, brûlant ses meubles pour terminer la
cuisson de ses céramiques, en une scène immortalisée
par les manuels de générations d'écoliers et contée
par le céramiste lui-même dans ses Discours admirables
: un épisode parmi d'autres des combats que Palissy eut à
mener... Les écrits de Palissy, en effet, comme les témoignages
de son époque, nous révèlent non seulement les projets,
les rêves et l'oeuvre d'un céramiste, mais encore le cheminement
d'un homme de caractère, créateur sans concessions et protestant
convaincu, qui jamais ne renia ses convictions et finalement mourut en
prison. Un homme de la Renaissance, pris dans les tourmentes politiques,
sociales et religieuses de son siècle comme dans son ébullition
artistique. Un penseur curieux de tout, s'occupant tant de géologie,
d'agriculture ou de fortifications que des moeurs humaines ou de l'art
des jardins. Sans doute même un écologiste avant l'heure,
dénonçant les hommes qui ravagent les ressources naturelles
et " ne se soucient aucunement du temps à venir " ; en tout cas
un artiste qui puise dans la nature son inspiration et conçoit ses
oeuvres comme le miroir et l'éloge des créatures terrestres.
C'est cet hymne à la nature que Christine Viennet dégage
à travers son étude, s'intéressant d'abord à
l'homme complet que fut Palissy, avant de se pencher plus précisément
sur une oeuvre à la végétation et au bestiaire foisonnants
qui marqua durablement l'histoire de la céramique. Sur cet homme
passionné et fascinant, comme sur ses émules du XVIe siècle
à nos jours, elle s'est efforcée de réunir un maximum
d'informations, mais aussi de montrer une collection impressionnante de
plats, bassins et objets, illustrant notamment la création palissyste
des XIXe et XXIe siècles. C'est encore cet hymne à la nature
que Paul Starosta fait vibrer avec ses photographies sublimant l'art de
la terre. Le feuillage frémit, les poissons scintillent, les serpents
se coulent et l'on s'attend à voir bondir les grenouilles : sous
son objectif, la céramique et les émaux deviennent matière
vivante autant qu'objets précieux... (couv.).
Jean-Pierre
Poirier, Bernard
Palissy, le secret des émaux, Pygmalion, 2008. - Jusqu'aux
années 1980, on savait peu de chose sur Bernard Palissy (1510-1589),
créateur de l'art de la céramique
et des émaux en France. Il a fallu attendre les fouilles réalisées
au Louvre, sous la cour du Carrousel, entre
1985 et 1987, pour que notre connaissance fasse soudain un bond avec la
mise au jour de son atelier, de son four, de ses moules et de huit mille
fragments de céramique émaillée. Jean-Pierre Poirier
nous livre ici la première et passionnante biographie moderne de
Bernard Palissy, fondée sur une relecture critique de ses textes
et sur les découvertes les plus récentes des archéologues
et des historiens de l'art. Avec un cahier photos de 8 pages. Du même
auteur : Amboise Paré; Lavoisier.
Musée
de la Renaissance d'Ecouen, Une
orfevrerie de terre : Bernard Palissy et la céramique de Saint-Porchaire
, RMN, 1997.
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