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Miloch Obrenovitch

Miloch Obrenovitch (Milosh Obrenovich ou Miloš Obrenovic), prince de Serbie, né à Srednia Dobrinia le 18 mars 1780,  mort à Toptchidéré, près de Belgrade, le 26 septembre 1860. Il perdit de bonne heure son père, un pauvre paysan, nommé Théodore Mihailovitch, et dut s'engager comme pâtre chez des étrangers; il passa ensuite au service de son frère aîné et utérin, Milan Obrénovitch, riche marchand de porcs. Ce dernier devint, en 1804, un des chefs de l'insurrection et fut placé par Karageorges à la tête des trois districts d'Oujitsé, de Roudnik et de Pojéga. Il se fit seconder, dans la gestion des affaires publiques, par le jeune Miloch. En 1810, Milan Obrénovitch mourut à Bucarest, au cours d'une mission diplomatique, empoisonné, a-t-on prétendu,. sur l'ordre du président du conseil dirigeant, Mladen Milovanovitch. Miloch lui succéda dans son commandement et fit également de l'opposition à Karageorges, qui cherchait à restreindre les pouvoirs des chefs militaires. A cette époque, il abandonna son nom de Todorovitch (fils de Théodore) et prit l'appellation de son défunt frère et protecteur : Obrénovitch. En 1813, il tint héroïquement tête aux Turcs, à Ravagne, dans la Matchva, avec un millier d'hommes, et ne se replia sur Chabats qu'après avoir épuisé toutes ses munitions. Lorsque Karageorges et les principaux chefs se furent enfuis en Autriche, il tenta vainement de sauver la situation. Il fit enfin sa soumission à la Porte, qui lui attribua le commandement du district de Roudnik avec le titre de knez. Il gagna les bonnes grâces des Turcs en les aidant à réprimer une révolte qui éclata en 1814 et qu'il jugeait alors inopportune. L'année suivante, Skopliak-Pacha ayant voulu désarmer les Serbes, Miloch proclama l'insurrection dans le village de Takovo, le 23 avril 1815. Après avoir battu à Tchatchak, à Pojarévats les Turcs cantonnés en Serbie et s'être emparé de Krouchévats, il eut recours à la diplomatie. 

Le vizir de Bosnie franchissait déjà la Drina, à la tête d'une armée; Miloch courut à sa rencontre, battit une partie de ses troupes à Doublié, dans la Matchva, le 25 juin 1815; il s'aventura ensuite seul dans le camp turc, au risque d'y être retenu prisonnier, et sut entamer des négociations qui aboutirent à un armistice. Cependant une autre armée turque, conduite par Marachlia-Pacha et venant de la Roumélie, remontait la vallée de la Morava. Miloch la rejoignit à Tchoupria. Il hasarda encore une fois sa vie dans le camp turc et arrêta avec Marachlia un modus vivendi provisoire, puis un traité définitif réservant au sultan la suzeraineté du pays et l'occupation des places fortes. Ce même traité portait qu'un conseil de 12 knez siégeant à Belgrade et dit Chancellerie nationale serbe administrerait le pays, prélèverait un tribut payable à la Porte, jugerait les Serbes et livrerait au représentant du sultan, pour les faire mettre à mort, les condamnés à la peine capitale. Miloch acquit bientôt une influence prépondérante dans ce conseil et mit à profit son autorité pour écarter les chefs qui pouvaient lui porter ombrage. En 1816, il fit périr Moler, qui menaçait de devenir un concurrent dangereux.

En 1817, Karageorges, rentré en Serbie, y fut assassiné. Cette même année, en novembre, la Skoupchtina nationale réunie à Belgrade proclama Miloch prince suprême de Serbie, en décidant que cette dignité serait héréditaire dans sa famille. A partir de ce moment, l'ancien pâtre poursuivit sans répit l'exécution du traité conclu avec Marachlia, que les Turcs s'efforçaient de laisser à l'état de lettre morte. Il mit à profit toutes les difficultés de la Porte pour arracher à cette dernière des concessions profitables au pays, négociant à la fois à Istanbul et à Saint-Pétersbourg, travaillant à l'affermissement de sa propre autorité. Il établit sa capitale à Kragouïévats, divisa le pays en provinces, institua un conseil d'Etat et organisa des tribunaux. En 1827, la Skoupchtina de Kragouïévats le confirma dans ses fonctions. Le 15 août 1830, la Porte elle-même le reconnut prince de Serbie par un hatti-chérif (= décret) qui perpétuait la dignité princière dans sa famille. Miloch organisa alors une armée permanente, une église nationale; en 1835, il promulgua une constitution jugée trop libérale et qui ne put être appliquée en, suite des réclamations, de la Porte, de la Russie et de l'Autriche. En 1836, il rendit visite au sultan à Istanbul.

En 1838, la Porte, de concert avec la Russie et en violation du traité de 1815, imposa aux Serbes une constitution, limitant les pouvoirs du prince et instituant un sénat dans lequel prirent place les principaux chefs, les anciens compagnons d'armes de Miloch, pour la plupart jaloux de l'autorité de ce dernier et désireux de rétablir à leur profit, dans le pays, une organisation similaire à celle des Turcs. De là des troubles que Miloch ne parvint pas à réprimer, comme par le passé, et qui le forcèrent à abdiquer, le 13 juin 1839, en faveur de son fils aîné Milan. Miloch se retira alors dans ses domaines de Valachie, d'où il suivit les événements. Le 23 décembre 1868 il fut rappelé par la Skoupchtina qui venait de prononcer la déchéance d'Alexandre Karageorgévitch et qui lui décerna le titre de Père de la patrie. Ayant obtenu de la Porte un nouveau firman d'investiture, il rentra en Serbie. Durant son second règne, qui dura un peu moins de deux ans, il édicta plusieurs lois nouvelles et introduisit quelques réformes dans l'armée. (A. Giron).

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Dictionnaire biographique
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