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Jean Meslier,
curé d'Estrépigny, est un philosophe né à Rethel
(Champagne), en 1678, mort en 1733. Il était fils d'un ouvrier en
serge, et il avait fait ses études au séminaire de Châlons,
où il était entré par la protection d'un ecclésiastique
de la contrée. Il semble bien établi qu'il parut toujours
être un prêtre de moeurs pures, charitable envers les pauvres,
et qu'il ne donna jamais à ses paroissiens motif de soupçonner
qu'il avait perdu sa foi en la religion dont il était ministre.
Cependant il était habituellement taciturne et triste, absorbé
par ses méditations, lorsqu'il ne l'était pas par la lecture.
Ses auteurs favoris étaient Montagne
et Bayle, dont on trouva dans sa bibliothèque les volumes fatigués
par an long service. Il est vraisemblable que cette lecture l'amena à
rejeter les dogmes du catholicisme. Voltaire rapporte que, après
sa mort, on découvrit chez lui un gros ouvrage manuscrit où
il notait ses impressions et ses réflexions. Meslier y attaquait
la religion catholique avec la violence et l'emphase propres à la
plupart des écrivains ecclésiastiques, lorsqu'ils invectivent
contre l'incrédulité.
Il en avait fait trois copies, qu'on prétend
n'avoir jamais existé que chez Voltaire. Quoi qu'il en soit, Voltaire
en publia des extraits : une première fois sous la titre de Testament
de Jean Meslier (1762); une seconde fois dans l'Evangile de la Raison
(1768, in-24), sous le titre d'Extraits des sentiments de Jean Meslier.
On a remarqué entre ces deux éditions des différences
de style, dont on a peut-être exagéré l'importance.
Le baron d'Holbach est l'auteur du livre
beaucoup plus répandu, intitulé le Bon sens du curé
Meslier ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles
(Londres, 1772, in-12). (E.-H. Vollet). |
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