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Mercier de Saint-Léger

Barthélemy Mercier, connu aussi sous le nom d'abbé de Saint-Léger est un bibliographe français. Il était né à Lyon, le 4 avril 1734. Son goût pour l'étude, qui se développa de bonne heure, détermina sa vocation pour le cloître. Il entra en 1749 dans la congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève, et, après une année d'épreuves, prononça ses voeux.

Il fut aussitôt envoyé par ses supérieurs à l'abbaye de Chatrices, en Champagne, pour y faire un cours de rhétorique et de philosophie. Le titulaire de l'abbaye, Jean de Caulet, mort évêque de Grenoble, devina les heureuses dispositions du jeune Mercier, et se plut à les cultiver. De retour à Paris en 1754, il s'attacha à Pingré , bibliothécaire de Sainte-Geneviève, profita de ses conseils, et devint son collaborateur. Il lui succéda, en 1760, dans la place de bibliothécaire, qu'il remplit pendant douze ans avec un zèle infatigable. Ayant eu le bonheur d'attirer l'attention de Louis XV, dans une visite que ce prince fit à la bibliothèque, il fut pourvu, quelque temps après, de l'abbaye de Saint-Léger de Soissons; et le brevet qui lui en fut expédié porte que c'est en récompense des services qu'il avait rendus aux lettres. 

Quelques tracasseries qu'il eut à essuyer de la part de ses confrères le décidèrent à donner, en 1772, sa démission de la place de bibliothécaire, et à prendre un logement séparé. Il n'était encore connu que par quelques articles assez curieux insérés dans les journaux, et surtout par ses démêlés avec l'auteur de la Bibliographie instructive (Debure). Il publia, en 1773, le Supplément à l'Histoire de l'imprimerie, par Prosper Marchand; ouvrage qui n'est sans doute point exempt d'erreurs, mais qui n'en annonce pas moins une érudition et des recherches prodigieuses. Il profita de ses loisirs pour parcourir les Pays-Bas et la Hollande, où il fût accueilli avec beaucoup d'empressement par Méerman, Crevenna, etc. Il rapporta de son voyage de nouvelles notes, et un grand nombre d'extraits de livres rares. 

La Révolution priva Mercier de son bénéfice; et comme il n'avait jamais songé à faire des économies, il tomba dans un état bien voisin de l'indigence. Il prit alors un modeste logement dans le faubourg Saint-Jacques, et se livra avec plus d'ardeur que jamais à l'étude, pour se distraire des événements qui se passaient autour de lui. Nommé , en 1792, membre de la commission des monuments, créée pour mettre un terme aux ravages causés par l'agitation politique, il s'appliqua surtout à sauver les bibliothèques, et adressa des instructions aux bibliothécaires des départements, sur le mode de classement des dépôts précieux remis à leur surveillance.

La commission fut supprimée au bout de quelques mois; et Mercier remporta dans sa retraite une impression funeste des scènes affreuses dont il avait été le témoin involontaire; elles se retraçaient sans cesse à son imagination, et le glaçaient d'horreur : la rencontre qu'il fit, à quelque temps de là, d'un de ses amis, confondu avec une foule d'autres malheureux, sur un de ces chars qui conduisaient chaque jour de nouvelles victimes à l'échafaud , le frappa d'un coup mortel.

Dès cet instant, il ne fit que languir, et ne sortit plus. Le besoin aurait assiégé les derniers jours de ce savant respectable, sans le zèle de quelques amis des lettres. La Serna Santander, bibliothécaire à Bruxelles, of. frit de lui céder sa place; mais François de Neufchâteau, alors ministre de l'intérieur, refusa l'offre généreuse de Santander, et fit accorder à Mercier une pension de 2400 F, dont on lui paya d'avance le premier terme. Mercier mourut à Paris, le 13 mai 1799, à l'âge de 65 ans.

Indépendamment d'un grand nombre d'articles insérés dans les Mémoires de Trévoux, l'Année littéraire, le Journal de Bouillon, le Journal des savants, le Magasin encyclopédique, etc., on a de lui : 

I. Supplément à l'Histoire de l'imprimerie, par Prosper Marchand , Paris, 1772, in-4°.; nouvelle édit., corrigée et augmentée; 1775, in-4°. Il s'occupait sans cesse de perfectionner cet ouvrage: il a publié, dans le Journal des savants, de 1776, une lettre qui contient de nouvelles corrections et additions; et il a laissé pour une troisième édition, un exemplaire chargé de notes. 

II. Lettres à M le baron de H. (Heiss ) sur différentes éditions rares du XVe siècle, Paris, 1783, in-8° de 40 pages. La première contient des recherches sur le plus ancien ouvrage, orné de gravures en taille douce, qu'il croit être : Il monte Santo di Dio du P. Aut. Bettini , Jesuite , imprimé à Florence , en 1477, in-4°. La seconde roule sur l'édition du Dante, de 1481, la Géographie de F. Berlinghieri, et quelques autres livres sortis des presses de Nicolas, imprimeur à Florence.

III. Extrait d'un manuscrit intitulé : Le Livre du très chevaleureux comte d'Artois et de sa femme, fille du comte de Boulogne, inséré dans la Bibliothèque des romans., année 1783; il en a été tiré séparément 25 exemplaires, form. in-8°.

 IV. Notice raisonnée des ouvrages de Gaspard-Schott, contenant des Observations, etc., Paris, 1785, in-8°.; elle est pleine de remarques savantes; l'auteur en préparait une seconde édition.

 V. Lettre à l'éditeur du Traité des monnaies des prélats et barons de France (Tobiesen Duby), dans le Journal des savants, 1789; il en a été tiré à part dix à douze exemplaires.

 VI. Notice de deux anciens catalogues d'Alde Manuce, Paris, 1790, in-12. 

VII Mémoire pour la conservation des Bibliothèques des communautés séculières et régulières de Paris, 1790, in-8°. 

VIII. Opinion sur de prétendues prophéties qu'on applique aux événements présents, ibid., 1791.

 IX. Différents Opuscules, dont on trouvera les titres dans la France littéraire de Ersch, et dans le Dictionnaire des anonymes, par  Barbier; mais il semble que c'est un peu légèrement qu'on accusé Mercier d'avoir fabriqué, de concert avec le duc de la Vallière, le traité, De tribus impostoribus, dont on trouva un exemplaire dans la bibliothèque de ce seigneur. Mercier a laissé des Notes sur les ouvrages de la Monnoye, les Mémoires de Niceron, la Bibliothèque de David Clément, la Bibliographie de Debure, les Soirées littéraires de Coupé, la Biblioth. medicae et infim. latinitatis de Fabricius, les Bibliothèques de Lacroix du Maine et du Verdier etc., et deux volumes de Notices sur les poètes latins du Moyen âge, jusqu'à l'an 1520. (Michaud).

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