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Mélèce

Mélèce ou Mélice, Meletius, Melitius, est un évêque de Lycopolis (Haute-Egypte); mort vers 330. Le siège de Lycopolis tenait le second rang après celui d'Alexandrie. Pierre, évêque d'Alexandrie, qui plus tard mourut martyr, ayant fui devant la persécution, Mélèce crut devoir ordonner des prêtres pendant son absence, et exercer des pouvoirs appartenant au primat d'Egypte. A cause de cette intrusion, il fut déposé par un concile que Pierre présida (306). Il résista et, soutenu par des partisans, constitua un schisme. Pierre déclara nul le baptême administré par eux. Le deuxième, le quatrième et le sixième canons du concile de Nicée (325), et une lettre synodale des évêques assemblés se rapportent à cette affaire.

Il résulte de ces documents que Mélèce, quoique déclaré coupable d'insubordination et d'imprudence, put rester à Lycopolis, portant son titre épiscopal, mais avec une autorité nominale, destituée du pouvoir de procéder aux ordinations. Ceux qui avaient été précédemment ordonnés par lui conserveraient leur rang et leur ministère, à la condition de faire confirmer leur ordination, et de n'accomplir aucun acte important sans le concours des évêques unis au siège d'Alexandrie. Mélèce ne résista pas à ces décisions : il remit à Alexandre, successeur de Pierre, une liste de ses adhérents, comprenant vingt-neuf évêques et dans Alexandrie même quatre prêtres et trois diacres; mais après la mort d'Alexandre, il prit parti pour les adversaires d'Athanase. 

A l'origine, le schisme mélécien avait été pur de toute hérésie; il s'était produit avant la controverse d'Alexandre et d'Arius. Le concile de Nicée, condamnant la conduite ecclésiastique de Mélèce, ne lui reproche aucune impiété ni aucune faute contre la doctrine. Mais les méléciens, ayant les mêmes adversaires que les ariens, se trouvèrent naturellement amenés à s'allier avec eux et peut-être à se réunir à eux. En Egypte, on les confondit avec les ariens. Avant de mourir, Mélèce avait désigné pour successeur Jean, son ami. Cet évêque siégeait au concile de Tyr (335), qui déposa Athanase. Ce schisme paraît s'être prolongé au delà du Ve siècle, représenté principalement par des moines, qui, au dire de Théodoret (I, 9) avaient introduit dans leur discipline des pratiques empruntées aux Juifs et aux Samaritains. (E.-H. Vollet).

Saint Mélèce est un évêque d'Antioche, né dans la Mélitène (Petite-Arménie), mort en 381. Fête le 12 février.

En 357, il avait été élu évêque de Sébaste; mais des orthodoxes intransigeants ayant refusé de reconnaître son élection, parce que les ariens y avaient pris part; il se retira à Bérée. Suivant Socrates, il était évêque de cette ville, lorsqu'il fut appelé à Antioche (361). Ce siège était vacant depuis une année, par suite de la promotion à Constantinople d'Eudoxe, évêque arien. Mélèce trouva sa nouvelle Eglise agitée par deux partis irréconciliables. D'un côté, les Eustathiens dont la doctrine confinait au sabellianisme; ils étaient dirigés par le prêtre Paulin, et depuis la déposition d'Eustathe, ils n'avaient cessé de protester contre ses successeurs. D'un autre côté, les ariens stricts. Entre ces adversaires, la majorité des chrétiens parait avoir été composée de semi-ariens et de fidèles qui plaçaient la paix de l'Eglise au-dessus des exigences théologiques. La piété incontestable et l'aménité de Mélèce lui avaient mérité et devaient lui conserver leurs suffrages. 

Comme il s'était abstenu jusqu'alors des disputes dogmatiques qui troublaient l'Eglise, les partis ennemis eux-mêmes s'accordèrent pour solliciter de l'empereur la confirmation de son élection, chacun d'eux espèrent trouver en lui un protecteur. Il semble que pendant tout le mois qui suivit son installation, Mélèce persévéra à ne s'occuper que de ce qui pouvait édifier, et à s'abstenir de ce qui provoquait les dissensions; mais dans une controverse publique sur la sagesse éternelle (Proverbes, VIII, 22-30), il se trouva contraint à se prononcer; il déclara que « le Fils était de la même substance que les Père »; puis que « l'intelligence conçoit trois personnes, mais qu'on ne parle d'elles que comme si on s'adressait à une seule ». Les ariens protestèrent violemment contre ces déclarations; accusant Mélèce de sabellianisme; ils assemblèrent un concile qui le déposa. Pour le remplacer, ils élurent Euzoius, le fidèle ami d'Arius.

Ces mesures furent approuvées par l'empereur Constance et Mélèce fut relégué en Arménie. Ceux qui lui restèrent fidèles se séparèrent du nouvel évêque et s'assemblèrent pour leur culte en l'église des Apôtres, dans la vieille ville. Les Eustathiens obtinrent pareillement de la tolérance de l'évêque arien la faculté de se réunir dans une petite église. Malgré la persécution que Mélèce endurait pour son orthodoxie, ils s'obstinaient à le repousser, parce que des évêques ariens avaient participé à sa consécration, et que d'ailleurs ils ne voulaient point communier avec ceux qui avaient été baptisés par des ariens. 

Après la mort de Constance (361), les édits de Julien permirent aux évêques bannis de rentrer dans leurs Eglises. Pour unir tous les chrétiens contre cet empereur qui avait entrepris la restauration du paganisme, les évêques orthodoxes, notamment Athanase et Eusèbe de Verceil, se proposèrent de pacifier l'Eglise d'Antioche, en la réunissant sous la direction de Mélèce. Mais Lucifer de Cagliari fit échec à ce dessein en consacrant Paulin comme évêque. Malgré la défaveur des Eglises d'Alexandrie et de Rome, Mélèce fut appelé présider le concile oecuménique de Constantinople (381); il mourut pendant Le session de ce concile. (E.-H. Vollet).

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Dictionnaire biographique
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