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Marie de France

Marie de France est une poétesse française du XIIe siècle. C'était une femme d'humble condition qui, née en France, c.-à-d. dans l'Ile-de-France (de là son surnom), vint en Angleterre et y vécut du produit de sa plume, en versifiant pour les grands des récits en français. Il ne nous reste d'elle que trois ouvrages, des fables, des lais et un poème Sur le Purgatoire de Saint Patrice
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Marie de France.
Marie de France. Illustration d'un manuscrit médiéval de ses Lais.

Ses Fables (en vers de 8 syllabes à rimes plates) sont dédiées à un comte Guillaume qu'il n'est pas facile d'identifier; c'est probablement le plus ancien des ouvrages conservés (vers 1170); elles sont écrites d'un style simple et clair, mais sec; c'est la traduction d'un recueil latin, connu sous le nom de Romulus, qui se composait essentiellement de la mise en prose des fables de Phèdre et d'une collection de fables indiennes arrivées en Occident par Constantinople
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La mort e li Bosquillon

« Tant de loing que près n'est laide
La mort. La clamoit à son aide,
Tosjors un povre bosquillon [= bûcheron]
Que n'ot chevance ne sillon :
- « Que ne viens, disoit, ô ma mie,
Finir ma dolorouse vie! » -
Tant brama qu'advint, et de voix 
Terrible : « Que veux -tu? - Ce bois 
Que m'aydiez à carguer, madame! »
Peur et labeur n'ont mesme gamme. »
 

 (Marie de France).

Ses Lais (même forme), le plus intéressant de ses ouvrages, furent dédiés vers 1180 à un roi d'Angleterre qui ne peut être que Henri II; ils reposent sur des récits oraux entendus en anglais, d'anciennes légendes de provenances diverses, mais en grande partie celtiques d'origine. 

« Ce sont des contes d'aventure et d'amour, ou figurent souvent des fées, des merveilles, des transformations; on y parle plus d'une fois du pays de l'immortalité, où les fées conduisent et retiennent les héros; on y mentionne Arthur, dont la cour est parfois le théâtre du récit et aussi Tristan. On peut y reconnaître les débris d'une ancienne mythologie, d'ordinaire incomprise et presque méconnaissable; il y règne en général un ton tendre et mélancolique en même temps qu'une passion inconnue aux chansons de geste; d'ailleurs les personnages des contes celtiques sont transformés en chevaliers et en dames. » (G. Paris). 
Les plus beaux lais de Marie de France ont une couleur bien celtique, par exemple Guigemar (histoire de deux amants rapprochés par une merveilleuse fatalité, puis séparés et enfin réunis de nouveau); Bisclavret (histoire de loup-garou : un homme changé en loup par la faute de sa femme, qui aime un autre homme, finit par recouvrer la forme humaine et se venge des coupables); Lanval (un chevalier est aimé par une fée d'une merveilleuse beauté qui l'entraîne dans un monde enchanté); Yonec (une jeune épouse enfermée par un vieux mari est consolée par un chevalier qui vient la visiter changé en oiseau; l'amant tué par le mari est vengé par son fils); le lai du Chèvrefeuille (épisode de la légende galloise de Tristan). 

D'autres sont originaires de la France continentale (le frêne, les Deux Amants, dont la scène est localisée en Normandie); d'autres enfin sont des récits qu'on retrouve à peu près partout : Equitan, Laustic, Milon (combat entre un père et son fils), Eliduc (légende du mari aux deux femmes). 

Les lais qui lui sont positivement attribués par les manuscrits sont au nombre de 12, mais il est très probable que quelques-uns des anonymes, comme Tidorel et Tiolet, lui appartiennent aussi. L'Espurgatoire Saint Patriz, une traduction (exécutée vers 1190) du Tractatus de Purgatorio S. Patricii de Henri de Salterey, est une des nombreuses versions de la vision (irlandaise d'origine) des peines de l'autre monde, du chevalier Owen. (A. Jeanroy).

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