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Marcabrun

Marcabrun est un troubadour gascon du XIIe siècle. Marcabrun est, avec Guillaume IX, le plus ancien troubadour connu; aussi les biographes du XIIIe siècle étaient-ils déjà fort peu renseignés sur son compte. Selon la plus explicite des deux notices qu'ils nous ont laissées sur Marcabrun, celui-ci était un enfant trouvé; déposé à la porte d'un homme riche, nommé Audric del Vilar (probablement Auvillars, arrondissement de castelsarrazin [Tarn-et-Garonne]), il fut élevé par celui-ci, puis apprit l'art de « trouver " sous la direction de Cercamon, son compatriote; il était fort redouté des grands à cause de la violence de ses attaques et il fut tué par l'ordre du châtelain de Guigne. 

L'étude de ses pièces nous permet heureusement de compléter ces renseignements : plusieurs se rapportent à diverses expéditions dirigées contre les Sarrasins par Alphonse VII de Castille (Aujatz de chan, 1135; Pax in nomine domini, 1137, appel enflammé à la croisade; Émperaire per mi mezeis, 1437-1147), ou sont adressées à ce prince (Emperaire per vostre pretz). Une autre pièce, sorte de pastourelle, est relative à la croisade de 1147 (A la fontana del vergier).

Marcabrun est un des rares troubadours qui n'aient pas composé une seule chanson amoureuse, à moins d'y ranger une une jolie pastourelle qui relève marginalement de ce genre; ses autres poésies sont des pièces morales et satiriques. Il s'y met violemment en opposition avec tous les troubadours : il se plaint (bien que son époque ait été de beaucoup la plus favorable aux poètes) que Jeunesse et Prix (synonymes de courtoisie et largesse) soient en pleine décadence; il dévoile avec un cruel réalisme les dangers des théories courtoises prêchées avec tant d'ardeur par tous les poètes méridionaux; il montre les femmes encouragées au désordre par l'infidélité des maris, et les familles les plus nobles abâtardies par tes complaisances de celles-ci pour les gens de basse condition chargés de les garder (on sait que l'hérédité des sentiments nobles ou vils a été un dogme pour tout le Moyen âge). 

La satire dans Marcabrun est toujours âpre, parfois éloquente, en somme fort originale; malheureusement, son style, chargé d'expressions populaires ou proverbiales, métaphore que à l'excès, est extrêmement obscur et parfois inintelligible. Par ses qualités comme par ses défauts, il s'était acquis une grande notoriété; jusqu'au milieu du XIIe siècle, il est l'un des, troubadours les plus souvent cités et commentés, et quelques autres, comme Pierre d'Auvergne, n'ont guère fait que l'imiter servilement. Il reste de lui environ 45 pièces. (A. Jeanroy).

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Dictionnaire biographique
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