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Colin MacLaurin
(ou Maclaurin) est un mathématicien
né à Kilmoddan près d'Inverary (Écosse)
en février 1698, mort à York le
14 juin 1746. Troisième fils d'un pasteur presbytérien, mais
orphelin de bonne heure, il fut élevé
par un de ses oncles, Daniel MacLaurin. Il dut en partie au hasard son
goût pour une science dont il allait reculer les limites: il n'avait
que douze ans, lorsqu'il trouva chez un de ses amis les Eléments
d'Euclide; ayant emporté ce volume, il
le lut avec tant d'application, qu'au bout de quelques jours, et sans aucun
maître, il fut en état d'expliquer les six premiers livres
de ce père de l'ancienne géométrie.
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Colin
Maclaurin (1698-1746).
Il étudia
à l'université de Glasgow.
En 1717, après un concours de dix jours, avec des compétiteurs
fort habiles, il obtint la chaire de mathématiques au Marischal
College à Aberdeen, et dès 1719 publiait sa Geometria
Organica, qui le mettait en relations avec Newton
et le faisait admettre à la
Royal Society.
En 1722, il accompagna,
dans ses voyages, le fils aîné de lord Polwarth, plénipotentiaire
du roi d'Angleterre au congrès
de Cambrai, visita Paris,
et séjourna quelque temps en Lorraine
son élève étant mort à Montpellier,
il se hâta de revenir à sa chaire d'Aberdeen.
Les curateurs de
l'université d'Edimbourg désirèrent
le donner pour adjoint à James Gregory
, que son âge et ses infirmités empêchaient de faire
son cours avec assiduité. Gregory s'y opposa par la crainte d'être
obligé d'abandonner une partie de son traitement à son suppléant;
mais Newton leva tous les obstacles en offrant de se charger des honoraires
du jeune professeur. A ce poste MacLaurin s'occupa activement de physique,
de mécanique pratique, d'astronomie,
etc., en même temps que de science pure. Il partagea, en 1740, avec
Daniel
Bernoulli et Euler, le prix de l'Académie
des sciences de Paris, pour un mémoire sur les marées .
Déjà en 1724, il avait remporté un prix de cette institution
pour un mémoireSur le Choc des corps.
Il fut chargé,
en 1745, de fortifier à la hâte la ville d'Edimbourg, menacée
par les rebelles. Les fatigues qui furent la suite de cette opération,
et de la nécessité où il se trouva de prendre la fuite
à l'arrivée des insurgés, altérèrent
sa santé : il se retira auprès de l'archevêque d'York;
et il y mourut le 14 juin 1746 , dans la force de l'âge dans la maturité
de son talent.
Ce fut sans contredit, après Newton,
le plus grand mathématicien anglais du XVIIIe
siècle;
l'élégance et la précision de ses ouvrages sont célèbres
à juste titre; mais son attachement à la notation des fluxions
et aux méthodes géométriques dans le siècle
des Euler et des Bernoulli semble avoir exercé pendant plusieurs
générations une fâcheuse influence sur l'enseignement
des mathématiques en Angleterre.
On a de Colin MacLaurin :
• Geometria organica seu descriptio
linearum curvarum universalis, Londres, 1720 , in-4°. Quelques
propositions de Newton furent pour MacLaurin le germe de l'immense et belle
théorie qu'il établit dans ce livre : non seulement il y
démontre les théorèmes
de Newton; mais il y en ajoute un grand nombre, tous plus curieux les uns
que les autres. En prenant plus de pôles, ou en faisant mouvoir les
points de rencontre des côtés des angles donnés, sur
diverses courbes, il en résulte la description de courbes d'ordres
de plus en plus relevés : il y résout aussi généralement
un problème, que Newton jugeait lui-même de la plus grande
difficulté, celui de décrire, par un procédé
semblable, une ligne d'un ordre supérieur, n'ayant aucun point double.
MacLaurin ajouta, par la suite, à ce traité, un Supplément,
ou il simplifiait et portait beaucoup plus loin cette théorie :
on en trouve un précis dans les Philosophical Transactions
(Montucla , Histoire des mathérnatiques, t. III, p. 85 et
86 ). MacLaurin eut quelques contestations avec Braikenridge, mathématicien
écossais, sur la priorité de la découverte de cette
théorie; et il y eut, de part et d'autre, quelques écrits
qui sont aujourd'hui sans intérêt autre qu'historique.
• Traité des Fluxions (Treatise
of fluxions), Edimbourg , 1742 , in, 4°; cette théorie
du
calcul différentiel, ouvrage très estimé, a été
traduite en français par le P. Pézenas, Paris, 1749, 2 vol.
in. 4°.
• Traité d'algèbre et
de la manière de l'appliquer, etc.; ouvrage posthume, imprimé
plusieurs fois à Londres; traduit
en français, par Lecozic Paris , 1753, in-4° : cet ouvrage est
suivi d'un Traité des principales propriétés des
lignes géométriques, On ne peut, dit Montucla,
rien ajouter à sa clarté, à son élégance
et sa précision; et l'on y trouve d'ailleurs un grand nombre de
propriétés particulières, qui n'avaient été
énoncées avant lui, par aucun géomètre (Histoire
des mathématiques, t. III , p. 10 et 71 ).
• Exposition des découvertes
philosophiques de Newton
(Account of Sir Isaac Newton's Philosophy), Londres, 1748 , in-8°.;
publiée par Patrice Murdoch, qui y a joint une notice détaillée
sur la vie et les écrit de l'auteur : cet ouvrage a été
traduit en français, par Lavirotte Paris, 1749, in-4°., et en
latin par le P. Falck , jésuite, Vienne 1761, in-4°.
• Neuf mémoires intéressants
, dans les Philosophical Transactions, sur la construction des courbes,
sur la forme des alvéole des abeilles , etc.
MacLaurin s'était longtemps occupé
de la question relative à un passage à l'océan Pacifique ,
par l'océan Arctique
( L'Arctique,
découvertes et explorations) : on le consulta souvent dans les
discussions élevées à ce sujet; et ce fut contre son
avis que, dans l'acte du parlement, passé en 1744, on limita le
prix à la découverte d'un passage par le Nord-ouest , car
il était persuadé que le passage devait se trouver par le
Nord et très près du pôle. On l'a plus d'une fois entendu
dire que si son âge et sa position le lui eussent permis, il aurait
lui-même entrepris l'expédition à ses frais.
Ajoutons que son fils, John MacLaurin,
lord Dreghorn, né à Edimbourg, en décembre 1734 ,
avocat distingué, a été l'un des fondateurs
de la société royale établie à Edimbourg en
1782, mourut en 1796. On a de lui : Essai sur la propriété
littéraire, et d'autres ouvrages de jurisprudence, trois pièces
dramatiques, etc.; il avait tenu un journal des principaux événements
arrivés en Europe de 1793 à
1794.
(W-s / T.). |
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