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Lactance
(Lactantius, Lucius Caelius ou Caecilius Firmianus). - Apologiste
chrétien, mort à Trèves vers 323. La date de sa naissance
est inconnue; on sait seulement qu'il mourut très vieux. Quant au
lieu, on a induit de son surnom (Firmianus) qu'il était né
à Formium en Italie; mais le nom de plusieurs localités d'Afrique
peut être pareillement adapté à la composition de ce
mot. Ce qui est certain, c'est qu'il reçut son éducation
en Afrique. On dit aussi qu'il y suivit les leçons d'Arnobe.
Cette affirmation, qui n'est fondée sur aucun indice précis,
semble contredite par une vraisemblance résultant du fait que Lactance,
qui mentionne Minucius Felix, Tertullien et
Cyprien,
ne parle pas d'Arnobe. Il était encore païen, lorsque
Dioclétien,
qui avait remarqué un de ses écrits, le Symposium,
recueil d'énigmes en vers, destinées à égayer
les repas, l'appela comme professeur de rhétorique à Nicomédie,
dont il avait fait sa capitale. Comme le latin n'était pas en honneur
dans cette ville, restée grecque, Lactance y trouva peu d'élèves.
Il composa des livres pour vivre, et vécut pauvrement. L'austérité
de ses moeurs l'a porté vers le christianisme .
La constance des chrétiens devant leurs persécuteurs le décida
à embrasser leur religion; il entreprit d'en réfuter les
adversaires et d'en exposer la doctrine. Vers
313, Constantin lui confia l'éducation
de Crispus, ce fils aîné qui devait
mourir si tragiquement, Éusèbe écrit qu'à la
cour Lactance resta pauvre.
Saint Jérôme a fait la liste
de ses écrits. Ceux qui nous sont parvenus ont pour titre : De
Opificio Dei vel de Formatione hominis, ad Demetrianum auditorem
suum; - Divinarum instilutionum libri septum; - Epitome Institutionum
ad Pentadium; - De Ira Dei; - Liber ad Donatum confessorem
de Mortibus persecutorum ou De persecutione liber unus. Dans
le premier de ces ouvrages, décrivant l'oeuvre de Dieu
dans l'organisation de la nature humaine, Lactance complète ce que
Cicéron
a écrit dans ses traités philosophiques, et il réfute
les objections d'Epicure et de Lucrèce
contre la providence divine. Il le fait avec
une pureté de style et une élégance qui lui ont valu
le surnom de Cicéron chrétien, une profondeur et une ampleur
de pensée qu'on chercherait vainement chez l'auteur romain.
Les Institutions divines ont pour
objet de faire ressortir, par comparaison, la supériorité
de la religion chrétienne sur la religion païenne. Les trois
premiers livres traitent de la fausse religion, de l'origine de l'erreur
et de la fausse sagesse; les quatre derniers,
de la vraie sagesse, de la justice, du vrai culte et de la vie heureuse.
En décrivant le bonheur des justes, Lactance fait une large part
aux conceptions millénaristes ( Chiliasme ).
La conclusion de tout cet ouvrage, c'est que la philosophie
et la religion païenne ont commis une funeste erreur, en séparant
du sentiment religieux la vraie sagesse; en
les révélant unies dans la personne de Jésus ,
Fils de Dieu, fait chair pour la rédemption des humains, le christianisme
a rendu, dit-il, la vérité au monde.
A l'origine du
monde, la justice régnait avec l'adoration d'un seul Dieu; tous
les vices ont été engendrés par le polythéisme
: l'Évangile
a remis en lumière l'adoration du Dieu unique. Lactance a fait lui-même
un résumé de ces sept livres : Epitome Institutionum;
le commencement de ce résumé, qui manquait depuis longtemps,
a été retrouvé par le chancelier Pfaff, dans la bibliothèque
de Turin .
Le traité De Ira Dei est dirigé contre les
stoïciens
et les épicuriens, qui laissaient Dieu
indifférent à l'égard des méfaits des humains,
afin de respecter son impassibilité et de ne lui attribuer rien
d'humain. Le livre sur la Mort des persécuteurs prétend
démontrer la divinité de la religion chrétienne par
la fin tragique de ceux qui ont persécuté l'Église .
Il contient des faits intéressants; mais, pour l'ordonnance et le
style, il est très inférieur aux autres écrits de
Lactance. C'est pourquoi on en a plusieurs fois contesté l'authenticité.
Il semble qu'on peut la maintenir, mais en constatant un cas assez commun
: un écrivain, expert dans l'exposition des idées, peut être
très malhabile dans la relation des faits.
Conformes à l'état de la
pensée
chrétienne, à l'époque où ils ont été
composés, les écrits de Lactance s'écartent, sur plusieurs
points encore indécis, des définitions
dogmatiques ont été décrétées plus tard.
C'est pourquoi saint Jérôme dit qu'il réussit mieux
dans la réfutation des erreurs païennes que dans l'exposition
de la doctrine chrétienne (Epist. ad Paulinum). Le décret
dit de Gélase classe ses livres parmi les apocryphes ,
ce qui signifie ici suspects quant à l'orthodoxie. Malgré
son mérite comme apologiste du christianisme ,
on lui a toujours refusé le titre de docteur de l'Église.
Néanmoins sa valeur morale et littéraire lui ont assuré
beaucoup de lecteurs, surtout aux époques où le culte des
lettres et le goût de la bonne latinité étaient en
honneur dans l'Église. L'indice de ce fait résulte du grand
nombre des manuscrits de ses ouvrages et des époques où ils
ont été copiés. (E.-H. Vollet).
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Editions anciennes -
Depuis la découverte de l'imprimerie, on compte plus de 115 éditions
totales ou partielles de lactance; de 1465 à 1739, 86 éditions
des oeuvres complètes. La première fut imprimée dans
le célèbre monastère
bénédictin de Subiaco (États pontificaux), et c'est
en même temps le premier livre avec date qui ait paru en Italie.
Parmi les meilleures, sont celles de Rome (1651-59, 4 vol. in-8); de Paris
(1748, 2 vol. in-4), préparée par Lebrun et Lenglet du Fresnoy;
de Deux-Ponts (1786, 2 vol. in-8). La dernière est contenue dans
la Bibliotheca patrum Ecclesiae latinae de Gersdorf (Leipzig, 1842,
t. X-XI).
Traductions
en français : René Famé, Institutions divines
(Paris, 1746, in-8). - Maucroix, Mort des
persécuteurs (Paris, 1680, in-12). - Basnage, Mort des persécuteurs
(Utrecht, 1687, in-8).
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