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La famille Jouvenel des Ursins

Le chroniqueur J. Jouvenel des Ursins assure que sa famille était issue de la grande maison italienne des Orsini, mais il est beaucoup plus vraisemblable qu'elle était originaire de la Champagne. Des documents authentiques prouvent que P. Jouvenel était drapier à Troyes en 1360. Il épousa une fille de Thibaut d'Assenay, vicomte de Troyes. Un de ses fils, Jean Ier Jouvenel, occupa de hautes fonctions et eut seize enfants, parmi lesquels on remarque surtout : Jean II Jouvenel, qui fut archevêque de Reims; Guillaume Jouvenel, qui devint chancelier de France, et Jacques Jouvenel, qui fut aussi archevêque de Reims. Parvenus à la fortune, les Jouvenel crurent rehausser leur noblesse récente par une prétendue parenté avec les Orsini et ajoutèrent à leur nom celui de des Ursins. Il est à remarquer que, dans les titres originaux, les formes ordinaires du nom sont Jouvenel et surtout Juvenel, au lieu de Juvénal.
Jean Ier Jouvenel, prévôt des marchands de Paris, né vers 1360, mort le 1er avril 1431. II était fils du drapier de Troyes, Pierre Jouvenel. Après avoir étudié le droit civil à Orléans et le droit canon à Paris, il fut conseiller au Châtelet (janvier 1381) et avocat au parlement (1384). Son mariage (juin 1386) avec Michelle de Vitry, nièce de J. Le Mercier, sire de Noviant, ministre de Charles VI, lui procura des protections puissantes. Nommé prévôt des marchands (janvier 1389), il occupa ces fonctions jusqu'en 1400 et y rendit de si grands services que la ville de Paris lui donna l'hôtel des Ursins. Il fut ensuite avocat général au parlement. Très attaché à la maison d'Orléans il s'attira ainsi l'inimitié des ducs de Bourgogne. Après l'assassinat de L. d'Orléans (novembre 1407), il prit parti pour les Armagnacs, combattit les Cabochiens (1413) et fut quelque temps chancelier du dauphin Louis, duc de Guyenne. Proscrit par les Bourguignons quand ils redevinrent maîtres de Paris (mai 1418), il s'enfuit à Poitiers, avec le dauphin Charles, mais ses biens furent confisqués. Le dauphin le nomma président au parlement de Poitiers (septembre 1418) puis président du parlement de Toulouse (1420). Revenu peu après à Poitiers, il y resta jusqu'à sa mort. Après le recouvrement de Paris (avril 1436), Michelle de Vitry revint avec ses enfants dans cette ville, où elle mourut en 1456. Elle fut inhumée à Notre-Dame, dans la chapelle de Saint-Remy, ou avaient été transférés les restes de son mari. Les statues de Jean Jouvenel et de sa femme qui ornaient le magnifique tombeau élevé par leurs enfants, sont aujourd'hui au musée de Versailles. Un tableau que Jean II Jouvenel fit peindre en 1445 et qui est au musée du Louvre représente l'ancien prévôt et sa femme avec les onze enfants qu'elle avait encore à cette époque :
Jean Juvénal des Ursins.
Jean I Jouvenel des Ursins et sa famille. (Primitif français du XVe s., musée du Louvre).
Jean Il Jouvenel des Ursins, prélat et chroniqueur, né à Paris le 23 novembre 1388, mort le 14 juillet 1473. Il étudia le droit et fut nommé maître des requêtes (1418), puis avocat général au parlement de Poitiers (août 1425). Il revint chapelain de Charles VII, archiprêtre de Carmaing, doyen d'Avranches, conseiller du roi et fut envoyé en ambassade à Rome auprès d'Eugène IV. Il succéda, comme évêque de Beauvais, à P. Cauchon (24 avril 1432), et fut sacré à Rome par la cardinal J. Orsini (24 mars 1483). Il avait laissé sa charge d'avocat général à son frère Jacques, pour mieux s'occuper de son église. Il prit part aux négociations du traité d'Arras (1435). Après le recouvrement de Paris, il fut élu conservateur des privilèges de l'Université. En 1444, il fut nommé évêque de Laon, puis, en 1449, archevêque de Reims, en place de son frère Jacques. Son savoir, ses talents, sa grande autorité lui permirent de jouer un rôle considérable, soit dans les affaires de l'Église, aux assemblées de Chartres (mai 1450) et de Soissons (juillet 1465), soit dans beaucoup d'autres circonstances importantes, aux États d'Orléans (1439), aux conférences de Meaux (1446) et de Paris (1447), dans la capitulation de Rouen (1419), dans des missions auprès du duc de Bourgogne en 1451 et 1452, dans le procès de Jacques Coeur (1451-1453) et de Jean II d'Alençon (1458), dans la révision du procès de Jeanne d'Arc (1456) et dans la querelle entre l'université de Paris et les ordres mendiants (1457). La franchise et la hardiesse de son langage déplurent à Louis XI. Après avoir sacré le nouveau roi à Reims (15 août 1461), il fut tenu à l'écart. Il ne put ni empêcher la révolte dite de la Miquemaque à Reims (1461), ni apaiser le courroux du roi. Lors de la ligue du Bien public (1465), il fut l'un des trente-six commissaires chargés de travailler à la réformation du royaume. Il parut encore aux États de Tours (1468) et de Poitiers (1469), mais ensuite il ne quitta plus Reims, où il mourut. Il fut inhumé, selon ses dernières volontés, devant le maître-autel de sa cathédrale. Il avait beaucoup augmenté la splendeur de son église; il lui avait légué ses livres et ses tableaux. Jean Il Jouvenel est surtout connu comme historien de Charles VI. Sa Chronique (1380-1422), rédigée à Poitiers, du vivant de son père, est une des sources les plus précieuses pour l'histoire de cette époque. Il a laissé beaucoup d'autres écrits (épîtres, discours, sermons; Traité de l'Office du chancelier; Discours touchant les questions et différends entre les rois de France et d'Angleterre, etc.) qui abondent en détails curieux et utiles. En somme, il fut un des hommes les plus remarquables de son temps.

Guillaume Jouvenel, baron de Treignel, chancelier de France, né à Paris le 15 mars 1401, mort le 23 juin 1472. Comme ses frères Jean et Jacques, il étudia les lois et fut conseiller au parlement de Poitiers, mais à la carrière ecclésiastique il préféra le métier des armes et fit ses preuves à la guerre aussi bien que dans les conseils. Il fut armé chevalier à Reims, au sacre de Charles VII (17 juillet 1429). Après avoir été bailli de Sens (1437), puis de Troyes et lieutenant de R. de Gaucourt dans le Dauphiné, il succéda, comme chancelier de France, à Regnault de Chartres (16 juin 1445). Dès lors, il joua un rôle important dans toutes les grandes affaires du règne de Charles VII, notamment dans assemblée du clergé à Chartres (1450), dans la conquête de la Normandie (1449-1450) et de la Guyenne (1454), dans les procès de Jacques Coeur (1451-53) et de Jean II d'Alençon (1458). Il assista aux derniers moments de Charles VII (22 juillet 1461) et suivit son convoi funèbre jusqu'à Saint-Denis. Louis XI lui ôta sa charge pour la donner à P. de Morvilliers (3 septembre 1464), tout en lui octroyant une pension annuelle de 2000 livres. Son attachement à ses devoirs le rendit suspect aux seigneurs ligués contre Louis XI. Arrêté par ordre du duc de Bourbon, il fut détenu quelque temps à Moulins (1465). La révolte finie, le roi lui rendit l'office de chancelier (9 novembre 1465) qu'il conserva jusqu'à sa mort. Son corps fut placé dans le tombeau de sa famille, à Notre-Dame de Paris. Le célèbre artiste J. Foucquet avait fait son portrait, qui est maintenant au Louvre. G. Jouvenel avait épousé, en 1423, une fille de Macé Héron, trésorier des guerres de Charles VII, Geneviève, dont il eut plusieurs enfants.
-Guillaume Juvénal des Ursins.
Guillaume Jouvenel des Ursins
par Jehan Foucquet.
Jacques Jouvenel, archevêque de Reims, né à Paris le 14 octobre 1410, mort à Poitiers le 12 mars 1457. Après avoir étudié le droit, il reçut les ordres sans renoncer aux fonctions publiques. Il succéda, comme avocat général, à son frère Jean, prit part aux États d'Orléans (1439), fut ensuite archidiacre de Notre-Dame de Paris (1441), président à la chambre des comptes (2 janvier 1444), archevêque de Reims (24 juin 1444), conseiller de Charles VII, commissaire royal auprès des États de Languedoc. Après avoir assisté aux conférences de Châlons (1445), il fut chargé de diverses missions, en Angleterre (1445), à Lyon, à Gênes, à Rome et en Savoie avec Jacques Coeur (1446-1448). Il contribua beaucoup à la pacification de l'Église, en obtenant l'abdication de l'antipape' Félix V (1449). Pour l'en récompenser, Nicolas V le nomma patriarche d'Antioche (1449). C'est alors qu'il laissa l'archevêché de Reims à son frère Jean, pour prendre l'administration des évêchés de Poitiers et de Fréjus. Il échangea les revenus de celui de Fréjus contre le prieuré de Saint-Martin des-Champs, à Paris. En 1450, il fut chargé d'une information sur le financier Xaincoings et présida l'assemblée du clergé de France à Chartres. Il défendit Jacques Coeur pendant son procès Il mourut à Poitiers et fut inhumé dans la cathédrale de cette ville. Il avait fait exécuter un magnifique manuscrit qui, acheté par A.-F. Didot, en 1861, et revendu à la ville de Paris, a été brûlé, dit-on, en 1871.
Parmi les autres membres de la famille Jouvenel, on remarque encore trois autres enfants de Jean Ier, c.-à-d. Louis Jouvenel, chevalier, qui s'illustra, en 1420, à la défense de Melun, où il fut pris, et qui devint plus tard bailli de Troyes; Michel Jouvenel, qui fut également bailli de Troyes et eut de nombreux descendants; enfin Marie Jouvenel (1399-1479), qui fut religieuse et prieure de Poissy. (E. Cosneau).
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Dictionnaire biographique
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