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Jean II, d'Aragon

Jean ou Juan II, roi d'Aragon et de Navarre, mort à Barcelone le 19 janvier 1479. Il était fils de Ferdinand Ier, surnommé le Juste, et de Leonor d'Albuquerque. Quand mourut son père (1416), il eut le titre de duc avec la seigneurie de Lara et les villes de Momblanc et de Medina del Campo. Son aîné, Alphonse V, était roi d'Aragon. A la mort de Carlos III le Noble (1425), dont il avait épousé la fille, doña Blanca, l'infant don Juan devint roi de Navarre.

II suivit son frère Alphonse V le Magnanime à la conquête de Naples et fut pris avec lui à la bataille navale de Ponzia, gagnée par les Génois (25 août 1435). Remis en liberté, Alphonse le chargea de gouverner l'Aragon en son absence. Avant attaqué Juan II de Castille, il essuya une défaite complète à Olmedo, ainsi que les seigneurs castillans révoltés contre le roi (19 mai 1445).

Le 27 juin 1458, Alphonse V mourut à Naples, laissant à Juan II le couronne d'Aragon. Excité par sa seconde femme, Juana Enriquez, fille de Fadrique Enriquez, almirante de Castille, il avait persécuté avec acharnement son fils Carlos, prince de Viana. Il le vainquit et le prit à Ayvar (1452), lui rendit la liberté à la demande des Cortès, se vit forcé de le reconnaître héritier d'Aragon, de lui céder le gouvernement de la Catalogne, et finit, dit-on, par le faire empoisonner, en 1461.

Aussitôt le peuple de Barcelone s'arma contre le roi qu'il accusait de ce crime. Juan II eut recours à Louis XI. Le roi de France lui fournit 700 lances et de plus 200,000 ducats. Cerdagne et Roussillon furent remis entre ses mains jusqu'au paiement de la dette. La reine Juana Enriquez et l'infant Ferdinand, assiégés dans Girone par les Catalans, n'échappèrent que grâce à l'arrivée des hommes d'armes français (1462). La Catalogne insurgée se donna d'abord au faible Enrique IV de Castille qui l'abandonna bientôt, puis au connétable de Portugal, dom Pedro, proclamé par les rebelles comte de Barcelone et roi d'Aragon (1464).

Le prince Ferdinand, plus tard Ferdinand le Catholique, âgé de treize ans seulement, vainquit les Catalans et les Portugais à Los Prados del Rey (1465). Après la mort du connétable, les révoltés appelèrent René d'Anjou (1466) qui, trop vieux pour venir en personne, leur envoya son fils Jean, duc de Lorraine. En 1468, Juan II, devenu aveugle, fut guéri par un astrologue et médecin juif nommé Abiabar. 

Enfin, Jean de Lorraine étant mort, Barcelone se rendit au roi, après une résistance acharnée (1472). La guerre de Catalogne avait duré dix ans. Cette lutte était à peine terminée que les villes du Roussillon, cédées jadis à Louis XI et accablées d'impôts par leur nouveau maître, se soulevèrent à la fois et massacrèrent les garnisons françaises. A cette nouvelle, le vieux Juan II accourut s'enfermer dans Perpignan avec sa noblesse et le connétable de Navarre, Pedro de Peralta. Philippe de Savoie dut lever le siège en grand désordre à l'approche de Ferdinand qui conduisait une armée aragonaise et castillane au secours de son père. Louis XI traita. 

Le 17 septembre 1473, il fut convenu entre lui et Juan II que le Roussillon serait restitué à l'Aragon le jour où les 200,000 ducats, prêtés en 1462, seraient entièrement payés. Malgré cela, la guerre reprit. Les Français s'emparèrent d'Elne (1474), de Perpignan (1475) et pénétrèrent dans Ampurias (1476). Juan II mourut âgé de quatre-vingt-un ans et demi, sans avoir vu la fin de la longue lutte engagée contre Louis XI. 

Il eut pour successeur son fils Ferdinand V le Catholique (en Aragon Ferdinand II), époux de l'infante Isabelle depuis 1469 et roi de Castille à partir de 1475. (Lucien Dollfus).

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Dictionnaire biographique
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