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Les Îles Marquises
Les îles Marquises, autrefois appelées aussi îles de Mendaña, sont un archipel de l'Océanie, faisant partie de la Polynésie française. Le premier nom, qui est celui adopté en France, dont cas îles sont une possession coloniale, leur fut donné par Mendaña qui les découvrit, en l'honneur de la femme du vice-roi du Pérou, le marquis de Mendoza, et son nom à lui-même leur fut attribué par d'autres voyageurs après lui; on les a désignées encore sous ceux d'archipels de la Révolution, de Washington, de Nouka-Hiva (par extension du nom de l'île principale). Distantes en moyenne de 1500 kilomètres au Nord-Est des îles de la Société et de 1000 kilomètres au Nord des Tuamotu, les Marquises s'étendent du Sud-Est au Nord-Ouest, entre 7°50' et 10°33' lat. Sud et 140°45' et 143°6' de longitude Ouest. Elles sont au nombre de douze, formant deux groupes distincts : celui du Nord-Ouest renfermant 7 îles, dont la principale est Nouka-Hiva, chef-lieu Taio-Hae; celui du Sud-Est. contenant 5 îles. L'ensemble a une superficie de 1274 km². 
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Iles Marquises : Nuku-Hiva.
Nuka-Hiva, dans l'Archipel des Marquises.





Configuration Physique. 
Les îles de la Polynésie équatoriale sont disposées suivant des alignements parallèles Nord-Ouest à Sud-Est et forment six principales rangées la dernière, au Nord-Est, comprend, entre autres, les Marquises, essaim isolé au Sud; les foyers volcaniques actifs n'existent que dans l'Ouest ; ils sont éteints dans les îles orientales. La dernière rangée contraste par ses montagnes avec les terres basses des Tuamotu. Les Marquises sont des îles montueuses, anciens volcans, n'offrant nulle part la forme des cônes avec cratères et laves. Elles se distinguent des îles de la Société (de la troisième rangée parallèle) par l'absence de barrières de récifs. Ses montagnes sont accores sur les vallées et sur la mer; il n'y a pas de rebord littoral fertile, et les passages sont assez difficiles pour que les communications par mer soient préférées par les habitants d'une même île. Des vallées étroites s'avancent à une petite distance du littoral; elles sont arrosées et fertiles, et seules habitables; comme elles se terminent à la mer par de petites baies, on a donné le nom de baies aux districts habités.

Enumération des îles et leur orographie.
Les îles du groupe Sud-Est sont, à partir du Sud : 

1° Fatou-Hica ou Magdalena, de 77 km², parcourue dans sa longueur Nord-Est par une chaîne dont le plus haut sommet a 1120 m; au Nord-Est est le récif de Thomasset; 

2° Motane ou San Pedro, de 18 km², avec un pic de 520 m; au Sud, banc de Marchand;

3° Taouata, Vaïtahou ou Santa Cristina, 70 km²., monts dirigés Nord-Sud, 1000 m d'altitude, falaises à pic; le profond détroit du Bordelais la sépare de l'île suivante; 

4° Hiva, Oa ou Dominica, 400 km², dirigée Ouest-Est dans sa plus grande dimension (39 km), avec sa chaîne de montagnes atteignant 1260 m; vallées fertiles; 

5° Fetou-Houkou (Hooa), îlot de 1 km²., d'une altitude de 360 m.

Le groupe Nord-Ouest comprend :
1° Ouapou (Adam), allongée du Nord au Sud, 83 km², montagnes aux formes bizarres, atteignant 1190 m; au Sud, îlots de I'Obélisque et de l'Eglise; 

2° Ouaouka (Roua-Houna, Washington), de forme arrondie, 65 km²; plaines à l'Ouest, monts à l'Est, 740 m d'altitude, port au Sud; 

3° Nouka-Hiva (Nou-Hiua, Baux), quadrangulaire, la plus grande de l'archipel, 100 km circuit, 482 km²; à l'Ouest, pays désert; au centre, plateau de Tovii, limité par un cercle de montagnes (1178 m) et arrosé par le Taipivai, qui débouche au Sud, ainsi que les autres principaux cours d'eau, côtes dentelées; au Sud-Est, baie du Contrôleur (B. Humi); plus à l'Ouest, baie de Taio-Hae ou Anna-Maria, le meilleur port de l'archipel, puis celle de Taioha ou Akani, ou de Tchitchagoff; au Nord, baie de Hatiheou;

4° Motouiti (Franklin, Kikimaï, Hergest), îlot de 2 km² ; 

5° Hiaou (Masse, Knox), 65 km², altitude 610 m; 

6° Hatoutoa ou Fetou-Houhou ou Chanal, 10 km², altitude 420 m; 

7° île du Corail ou Clark, sablonneuse, sorte d'atoll.

Climat.
Le climat est chaud et assez humide, mais il arrive qu'on passe six et exceptionnellement huit et dix mois sans pluie. Les saisons ne sont pas bien indiquées. Les vents régnants sont ceux qui soufflent du Nord-Est au Sud-Est par l'Est; l'hivernage commence vers la fin de novembre et amène de fortes pluies de Nord-Ouest. Ces derniers vents sont irréguliers. Pendant la saison des pluies, qui est la plus chaude, la température varie de 23° à 33° ; pendant la saison sèche, de 23° à 30°. Les nuits sont assez fraîches sur la côte. Les orages sont rares.
Histoire des îles Marquises. - L'Espagnol Alvaro Mendaña découvrit, le 21 juillet 1595, le groupe Sud-Est ou des Marquises proprement dites; il reçut à l'île Taouata un bon accueil des habitants. Ces îles restèrent inoccupées et ne furent de nouveau visitées qu'en 1774 (7 avril) par Cook, dans son second voyage; il avait mouillé dans la même baie que son prédécesseur, celle de Vaitahou. Les îles du groupe Nord-Ouest ne furent découvertes qu'en 1791, presque en même temps par le capitaine américain Ingraham et par le Français Marchand commandant le brick le Solide armé par la maison Baux, de Marseille. De là les noms d'îles de Washington du premier découvreur et de la Révolution du second, qu'on appliqua aussi plus particulièrement au groupe.

Marchand prit possession, au nom de la France, de ce groupe, sur file d'Ouapou, où il avait abordé. En mars 1792, le lieutenant Hergest, commandant le Daedalus, mouilla à Veitahou, puis, en février 1793, dans la baie de Taio-Hae. En juin 1797, le Duff, de la Société des missions de Londres, transportant 30 missionnaires protestants en Océanie, y laissa le Rév. Crook. Les tentatives d'évangélisation de ce mjssionnaire ne purent aboutir. En 1804, le navigateur russe Krusenstern fit un assez long séjour à Nouka-Hiva. En 1813, le commodore américain David Porter essaya vainement d'y établir une colonie au nom de son pays. Les Marquises furent visitées en 1829 par Stewart, en 1835 par Bonnett; cette même année, par un Français, le baron Thierry, qui se proclama roi de l'île de Nouka-Hiva; en 1838, par Durmont d'Urville.

Les missionnaires catholiques français qui vinrent ensuite s'établir dans l'archipel préparèrent par leur propagande son annexion  par la France. Ce fut en 1842, les 5, 17 et 31 mai, que le contre-amiral Dupetit-Thouars prit possession des Marquises pour la France, successivement à Tahouata et à Nouka-Hiva. Dans le principe, tout alla bien, mais quelques mois après, en septembre, une querelle amena un combat, celui de Vaitahou, où périrent plusieurs Français et où les Marquisiens n'en furent pas moins vaincus. En 1844, l'amiral Bruat réprima la résistance des habitants de Haapa. En 1851, Nouka-Hiva fut désignée comme point de déportation pour les insurgés de Lyon; elle n'en reçut que trois, qui furent graciés en 1834. La colonie fut abandonnée ensuite progressivement jusqu'en 1869, où elle commença à se relever un peu. L'histoire des Marquises suivit ensuite celle des autres Etablissements français d'Océanie, devenus au lendemain de la Seconde guerre mondiale la Polynésie française.

Minéraux, végétaux, animaux.
La nature du sol se traduit par des roches, telles que scories et trachytes péridotiques, basaltes souvent dressés en prismes d'une hauteur prodigieuse, etc., avec des espèces minérales (aragonite, zéolite,feldspath, etc.). On n'a pas trouvé aux Marquises de minerais susceptibles d'être exploités. Il y existe des eaux minérales gazeuses et sulfureuses.

Si les montagnes sont généralement nues à leurs sommités, leurs flancs sont revêtus de verdure et les vallées sont remarquables par leur végétation luxuriante. Nouka-Hiva, Taouata, Ouapou, Hiva-Oa, Fatou-Hiva surtout, offrent à cet égard des sites admirables. Les plantes les plus intéressantes ou les plus utiles sont celles que l'on rencontre dans toute l'Océanie, en premier lieu : l'Arbre à pain (Mei), le Cocotier, ce dernier cultivé, le Pandanus, le Bananier, le Hase (Paritium tiliaceura), le Mio ou Bois de rose (Thespesia populnea), l'Aeurites triloba (Bancoul, dit Ama), les Pouahi ou Santal (Santalurre Freycinetianum), un bois de fer (Casuarina equisetifolia), Filao de la Réunion, dit ici Toa, etc.; viennent ensuite : des plantes féculentes (Patate douce, Igname, Taro [Arum], Tacca pinnalifida); des plantes à fruits (Goyaviers, Ananas, Spondias Cytherea, Papayer, Manguier, etc.), presque toutes importées; on cultive la Canne à sucre, le Tabac, le Ricin et le Coton. On exporte en Chine un Champignon appelé Puaika veninehae ou Fungus dont les Chinois sont friands et qui croît sur les arbres morts, Le Kava (Piper methisticum) sert ici comme à Tahiti à la fabrication d'une liqueur enivrante. Mentionnons encore l'arbre des Banians, Barringtonia, Metrosideros villosa, Gardenia florida, Cyperus consocius, Fimbristylis, Ctenium nukahiueeese, etc. Il est des Graminées susceptibles de former de bons pâturages. Les Fougères et les Lycopodiacées y sont largement représentées.
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Iles Marquises : Hiva Oa.
Hiva Oa, dans l'Archipel des Marquises. Images : The World Factbook.

Jardin mentionnait, en 1860,156 Dicotylédones réparties en 42 familles; 42 Monocotylédones en 12 familles; 187 Cryptogames en 7 familles ou classes, parmi lesquelles 18 Fougères, 20 Mousses, 54 Lichens, 29 Champignons.

La faune terrestre est pauvre. Il n'y avait aux Marquises avant l'arrivée des Européens d'autres Mammifères que des Rats et des Cochons domestiques et sauvages, ainsi que des Chiens, sortes de Bassets, provenant de Tahiti, Depuis, ont été introduits des Chats (par Cook), des Boeufs que l'on a exportés même à Tahiti pour l'alimentation, des Moutons, des Chèvres, des Lapins. Il n'y a qu'un petit nombre de Chevaux, Anes et Mulets. On ne trouve à terre que quelques espèces d'Oiseaux la Colombe Kurukuru, la Perruche Goupil, une sorte de Rossignol appelé Kamoko, de petites Salanganes et une espèce particulière, l'Upé (Serrazius galeatus); les Oiseaux de mer sont plus communs : des Courlis, des Bécassines de mer, des Mouettes blanches, des Hérons, des Sternes, des Chevaliers, la Frégate, le Paille-en-queue, dont les plumes servent dans les coiffures traditionnelles. Les Oiseaux domestiques importés, Poules, Canards de Barbarie et de France, Oies, Pigeons, Dindons, réussissent plus ou moins bien. Parmi les Reptiles, on trouve un Scinque à queue azurée, un petit Gecko (G. oceanicus). Il y a peu d'espèces d'Insectes : quelques Papillons, des Fourmis, des Sauterelles, et, dans le groupe Nord-Ouest, un petit Moustique, dit Nono, dont la piqûre est redoutée. La faune marine est riche. Les Poissons servent en grande partie à l'alimentation des habitants; il en est un spécial à ces îles, appelé Kuavene, que l'on pêche aux flambeaux. Les Requins sont fréquents dans les baies. Les Cachalots y viennent échouer rarement. On trouve des Crustacés, des Tortues, des Poulpes, des Mollusques à coquille. (Ch. Delavaud).

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