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Henri III, le Noir

Henri III, dit le Noir, est un empereur d'Allemagne (1039-1056), né le 28 octobre 1017, mort à Botfeld (dans le Harz) le 3 octobre 1056. Second empereur de la maison de Franconie, fils de l'empereur Conrad II et de Gisèle, fille et veuve de ducs de Souabe, son père lui donna dès 1027 le duché de Bavière, vacant par la mort de Henri de Luxembourg (1027); l'année suivante, il le fit désigner pour son successeur par les grands et couronner roi à Aix-la-Chapelle par l'archevêque de Cologne.

Son père eut soin de le mettre le plus tôt qu'il put au courant des affaires politiques et militaires, lui donnant pour maîtres les évêques Bruno d'Augsbourg, Eigilbert de Freising, le Bourguignon Wipo qui a retracé sa biographie. Le jeune prince profita admirablement de cette éducation. Il épousa Gunhilde, fille de Knud le Grand, qui mourut peu avant son avènement. En 1038, il devint duc de Souabe à la mort de son frère Hermann et fut reconnu et couronné roi de Bourgogne à Soleure. Peu après, la mort de son père en fit le chef du Saint-Empire romain germanique

Nul empereur ne prit le pouvoir dans de meilleures conditions et ne l'exerça avec plus d'autorité. Conrad II avait restauré le pouvoir impérial; des six duchés, deux seulement avaient des ducs indépendants, Saxe et Lorraine; les quatre autres, Franconie, Souabe, Bavière, Carinthie, étaient réunis dans la main de Henri III. Du Rhin à la Morawa, du Harz à la Brenta, il était chez lui, prince local en même temps que souverain. Nulle résistance à son avènement : les grands italiens et bourguignons vinrent le saluer, l'archevêque Aribert de Milan vint demander grâce. De suite, le jeune empereur put s'appliquer aux affaires extérieures.

Le duc de Bohème, Bretislay, profitant de l'anarchie où était tombée la Pologne, aspirait à devenir le chef d'un grand Etat slave; il avait rapporté de Gnesen à Prague les reliques de saint Adalbert et demandait au pape d'ériger Prague en archevêché métropolitain des Slaves et de décerner la royauté à Bretislav. Henri Ill intervint et le somma de rendre aux Polonais son butin et ses conquêtes. Sur son refus, il envahit la Bohème par l'Ouest tandis que le margrave de Misnie l'attaquait par le Nord. Les deux armées furent battues (1040) et il fallut relâcher le fils de Bretislav qu'on avait reçu en otage. Une seconde campagne eut un meilleur succès; les défilés furent forcés et l'empereur campa devant Prague; trahi par l'évêque, Bretislav se soumit, implora son pardon, reçut de nouveau à titre de fief le duché de Bohème, la Moravie et la Silésie (1041). Généreusement traité par Henri III, il lui demeura dès lors fidèle. En Pologne, une armée allemande rétablit Casimir qui se reconnut vassal de l'Empire. 

Henri III se tourna alors contre les Magyars. Ceux-ci avaient chassé leur roi Pierre, neveu de saint Etienne, et lui avaient substitué Aba ou Ovo; c'était une réaction païenne. Aba attaqua les Allemands sur les rives du Danube et dans la vallée de la Drave (1042). Henri, auprès duquel s'était réfugié Pierre, prit l'offensive, assisté par le duc de Bohème. Il s'empara de Haimbourg et de Presbourg et soutint un nouveau prétendant au trône de Hongrie (1042); celui-ci ne put se maintenir : mais l'année suivante l'armée allemande reparut et pénétra jusqu'au cœur du pays, aidée par une flottille sur le Danube. Aba se soumit, céda tout le pays depuis le Kahlenberg jusqu'à la Morava et la Leitha, paya une amende. L'argent conquis sur la Bohème et la Hongrie fut distribué aux fidèles et la frontière du Danube solidement organisée; Liutpold devint margrave du nouveau pays annexé, que sa mort réunit bientôt à la marche de l'Est de son père Adalbert; de cette époque date l'Autriche, dont la frontière orientale est encore la même que fixa Henri III; à l'Est du Wienerwald s'établirent des colons allemands; la marche de Styrie et celle de Carniole furent également organisées. La guerre reprit contre la Hongrie; Henri III se laissa attirer avec une petite armée dans l'intérieur du pays et fut assailli sur le Raab par des forces supérieures; mais il remporta une victoire complète; il s'empara de Szekes-Fehervar (Stuhlweissenburg), la ville royale, du trésor et de la famille d'Aba, et replaça sur le trône son protégé Pierre; la loi bavaroise fut imposée aux Magyars; Aba lait prisonnier fut décapité, sa lance d'or consacrée par l'empereur à Saint-Pierre de Rome (1044). Enfin Pierre se reconnut vassal de son protecteur et lui jura fidélité (1045).

Ces succès donnèrnt à Henri III l'idée de restaurer la monarchie nouvelle de Charlemagne : roi d'Allemagne, d'Italie, de Bourgogne, suzerain de la Bohème, de la Pologne et de la Hongrie, il lui suffisait d'imposer sa suzeraineté au faible roi de France. Il revient aux rêves des Ottons, veut faire passer dans les faits la conception du Saint-Empire romain-germanique. Il épouse Agnès de Poitiers, fille du duc Guillaume d'Aquitaine. Il pouvait compter sur l'appui des moines réformateurs de Cluny dont il était le protecteur déclaré. La grande préoccupation du clergé français était l'établissement de la « paix de Dieu ». Henri III la proclame à Constance (1043) et s'efforce de représenter l'empereur comme le garant de cet ordre pacifique conforme à l'idéal chrétien, arbitre suprême des querelles particulières qu'il avait le droit et la force de régler. C'était une politique nouvelle, à larges vues, s'appuyant sur les plus grandes forces morales de l'époque, mais très idéaliste et déviant singulièrement de la prudence et de la méthode réaliste de Conrad II. Comme Henri II, Henri III est un roi d'Église. 

Son père, comme Henri Ier, Charles-Martel et les fondateurs de dynastie, en général, avait réagi contre l'influence du clergé, cherchant à organiser un Etat qui se suffit à lui-même. Le fils, moins pratique, d'éducation plus raffinée, tombe sous le charrue des clercs, compromet son pouvoir laïque, sa force réelle et matérielle à la poursuite d'idées générales. Aussi verrons-nous grandir d'année en année les difficultés intérieures; cette autorité incontestée et si forte que lui avait léguée son père, malgré toute son impériosité, il ne la maintient qu'à grand-peine; il use sa faible santé dans ces luttes, et quand il meurt, à la fleur de l'âge, il laissera l'Empire à un enfant sous la tutelle d'une femme docile aux suggestions des moines. Son œuvre est ruinée d'avance, car cette réforme ecclésiastique qu'il favorise, c'est au fond contre lui qu'elle se fera; les moines clunisiens se servent de lui comme d'instrument, mais ils n'en sont pas moins hostiles à la confusion du spirituel et du temporel sur laquelle il fonde son pouvoir. Lorsqu'en 1046, Halinard, abbé de Saint-Bénigne de Lyon, est élu archevêque de Lyon, il vient bien à Spire saluer l'empereur, mais il lui refuse le serment féodal de fidélité, disant que l'Evangile et la règle de Saint-Benoît le lui défendent. Les évêques lorrains sont de son avis et Henri III cède.

La féodalité laïque où était la vraie force obéit encore à Henri III, mais il s'y crée de redoutables difficultés. Son père s'était appuyé sur la petite noblesse, s'efforçant d'absorber les grands duchés; mais il évitait de morceler ceux-ci et renonçait à s'appuyer contre eux sur la haute féodalité ecclésiastique. Le fils revient aux anciens errements. Il donne le duché de Bavière à un descendant de Henri de Luxembourg (1402), au successeur duquel il sera obligé de le reprendre, se créant ainsi de lui-même des difficultés ; il renonce de même à celui de Carinthie au bénéfice de Welf III. Conrad Il avait réuni tout le duché de Lorraine entre les mains du vaillant Godefroi, gardien de la frontière de l'Ouest, s'assurant la fidélité d'un puissant vassal; à sa mort Henri divise le duché entre ses fils (1044); l'aîné, Godefroi, limité à la Haute-Lorraine, ne cessera de combattre et d'intriguer contre l'empereur pour avoir toute la succession paternelle; battu et emprisonné en 1045, il est gracié à la mort de son frère, mais la Basse-Alsace est  donnée à son ennemi Frédéric de Luxembourg (frère du nouveau duc Henri de Bavière). Il reste hostile et s'entend avec le roi de France, avec les comtes de Hollande, de Hainaut, de Flandre, trouble tout le pays à l'Ouest du Rhin. 

En Saxe, mêmes inconvénients; au lieu d'absorber les duchés ou de s'entendre franchement avec leurs chefs, Henri III organise l'anarchie, juxtaposant des rivaux dont il n'est pas assez fort pour empêcher les conflits. Il oppose au duc Bernard, le margrave de Thuringe, Louis le Barbu, et l'ambitieux Adalbert, archevêque de Brême : ses agents préférés étaient les évêques. Il distribuait à son gré les offices ecclésiastiques, mais jamais ne pratiqua la simonie, ne les vendit; il nommait des hommes à lui, ses chapelains, par exemple; mais se préoccupait encore moins de leur rôle politique que de l'intérêt de l'Eglise; dévoué à la réforme clunisienne non moins que sa femme Agnès, il s'efforce de ramener à la pureté monastique les mœurs très relâchées des prélats, qui ne se différenciaient guère de celles des princes laïques. Lui-même était d'une piété ascétique, s'astreignant aux pénitences les plus dures; souvent on le vit prier pieds nus et vêtu de bure à la tête de son armée et de sa cour. Il eut une part considérable dans la réforme de l'Eglise accomplie au XIIe siècle et qui fut un des grands événements du Moyen âge. A cet égard son œuvre capitale fut son intervention à Rome.

La papauté était retombée, après la mort d'Otton III, sous l'ascendant des seigneurs féodaux de la région romaine; des Crescentius la prépotence avait passé aux comtes de Tusculum, du temps de l'empereur Henri II. Ceux-ci se la transmettaient. Le désordre fut à son comble sous le pontificat de Benoît IX et de ses honteux démêlés avec Sylvestre III que lui opposaient les capitaines des régions municipales de Rome; deux fois il vendit son abdication. Grégoire VI qui lui avait acheté la tiare se montra partisan déclaré des réformes ecclésiastiques; Pierre Damien et surtout son chapelain Hildebrand (Grégoire VII) l'y encourageaient. Tenu en échec par Benoît IX, que les Tusculans ramenèrent à Rome, et par Sylvestre III, il fit appel à l'empereur Henri III. Celui-ci, qui souhaitait venir prendre à Rome la couronne impériale et dont la piété était vivement froissée des scandales auxquels donnait lieu la conduite des successeurs de saint Pierre, se rendit sur-le-champ à cet appel. 

Comme Otton Ier, il allait être amené à confisquer la papauté; mais son intervention en la moralisant et l'affranchissant du joug de la petite féodalité locale allait lui donner un immense prestige et en faire le plus dangereuse adversaire des empereurs. A l'automne de 1046, Henri Ill franchit le Brenner; il convoqua à Sutri un concile; les trois papes furent évincés. Sylvestre Ill, condamné pour simonie, fut déposé et interné dans un clerc. Grégoire VI abdiqua pour le même motif. L'empereur se rendit ensuite à Rome et y réunit un autre concile lequel déposa Benoît IX et chargea Henri III de désigner un pape. Il nomma l'évêque de Bamberg qui fut consacré sous le nom de Clément II et le même jour mit la couronne impériale sur la tête de Henri III et de sa femme Agnès. Cette cérémonie, célébrée le jour de Noël 1046, marque l'apogée du Saint-Empire romain-germanique. Son chef était aussi maître de l'Eglise que de l'État. 

Les réformateurs mêmes de l'Eglise, tels que Pierre Damien, lui reconnaissaient le droit de toujours ordonner le pape. Le clergé, la noblesse et le peuple de Rome lui soumettaient directement la Ville éternelle, lui conférant le patricial dont il prit les insignes, manteau vert, anneau et diadème. Incontestée dans le présent, garantie dans l'avenir, la suprématie impériale semblait inébranlable. Henri III en fit sur-le-champ usage pour travailler à la réforme; un concile assemblé en sa présence condamna énergiquement la simonie. Une promenade dans le Sud de la péninsule où il châtia Bénévent et consolida ses fidèles, Waimar de Salerne et le Normand Drogo, constata la puissance de l'empereur. A ce moment, il semblait qu'il eût réalisé cette monarchie universelle, spirituelle et temporelle, qui fut l'idéal des chefs du Saint-Empire.

Au moment où s'affirmait le plus le caractère général de la domination de Henri Ill, se manifestèrent plus vivement les résistances des princes. Elles se prolongèrent jusqu'à la fin du règne sans qu'il pût en venir à bout et asseoir sa domination sur une autorité matérielle incontestée. En Hongrie éclata un soulèvement national accompagné d'une violente réaction païenne; le roi Pierre, le protégé des Allemands, fut aveuglé, évêques et prêtres égorgés, un descendant d'Arpad acclamé roi sous le nom d'André (1046). Il donna des assurances de fidélité, revint au christianisme; mais, une fois consolidé, reprit la guerre; il attaqua la forte place de Haimbourg, boulevard de la colonisation germanique (1050). Une double expédition allemande échoua en 1051. L'année suivante on fit vainement le siège de Presbourg. Favorisés par la rébellion du duc de Bavière, les Hongrois reprirent l'offensive et remportèrent une sanglante victoire. Le traité conserva à l'Allemagne le pays conquis jusqu'à la Leitha, mais la Hongrie recouvra définitivement son indépendance (1054). 

Sur la frontière occidentale, même insuccès. Godefroi de Lorraine, appuyé par les comtes de Hollande, de Flandre et de Hainaut, revint à la charge et vainquit les troupes impériales. Henri III traita avec le roi de France, s'allia à ceux d'Angleterre et de Danemark qui l'assistèrent par mer, puis il entra en campagne, accompagné de l'évêque de Toul qu'il venait d'élever à la papauté; le comte Thierry de Hollande fut tué à la bataille de Dordrecht; Godefroi se rendit à merci; Beaudoin de Flandre donna des otages (1049). Cependant, pour résister à ce dernier qui s'emparait du Hainaut, l'empereur dut bientôt rendre à Godefroi ses biens et dignités et le charger de la guerre. 

Une nouvelle campagne menée par le souverain lui-même demeura sans effet (1054). A l'intérieur, le mécontentement des princes laïques contre un souverain très autocrate et dévoué aux princes ecclésiastiques multipliait les difficultés. La Saxe était divisée par la rivalité de son duc Bernard et de l'archevêque de Brême Adalbert. Ce dernier avait de vastes plans; il voulait constituer un patriarcat du Nord, réunissant dans son obédience les pays scandinaves, slaves et peut-être allemands, en face de ceux du Midi où se restreindrait la juridiction du siège de Rome; il refusa la papauté, préférant achever son oeuvre à laquelle l'empereur semble avoir été sympathique. Adalbert fit beaucoup pour la propagande chrétienne sur la Baltique. 

En Bavière, le turbulent évêque Gebhard de Ratisbonne, oncle de l'empereur, et le sage évêque Gebhard d'Eichstaedt, son principal conseiller, entrèrent en conflit avec le duc Conrad; condamné par l'empereur, celui-ci s'insurgea, appela les Hongrois, dévasta la Carinthie; mis au ban de l'Empire, il fut vaincu et le duché transféré au second fils de Henri III, le petit Conrad. Avant ce dernier, un héritier était né à l'empereur le 11 novembre 1050. Il fut baptisé sous le nom de Henri, et le grand abbé de Cluny. Hugues, le tint sur les fonts baptismaux. A la diète de Tribur, il fut reconnu comme successeur de son père, et les grands lui jurèrent fidélité (novembre 1053); il fut couronné à Aix-la-Chapelle par l'archevêque Hermann de Cologne. Un nouveau complot fut tramé par les princes à l'instigation de Gebhard de Ratisbonne; il s'agissait d'assassiner l'empereur. Celui-ci le découvrit et châtia les coupables.

Ces luttes renouvelées perpétuellement en Allemagne coincidaient avec d'autres difficultés en Italie. Le maître parti, les seigneurs avaient relevé la tête. Clément ll mourut subitement, peut-être empoisonné (1047). L'évêque allemand de Brixen, que Henri III nomma pape (Damase II), eut bientôt le même sort (1048). L'évêque Bruno, de Toul, fut alors désigné et prit le nom de Léon IX; il ramenait à Rome Hildebrand. Léon IX déploya une prodigieuse activité pour la réforme de l'Eglise, d'accord avec son suzerain. Mais aussi revendiqua les droits du Saint-siège. A sa mort (1054), une ambassade, conduite par Hildebrand, vint, selon l'usage nouveau, demander un pape à Henri III; celui-ci choisit, malgré ses résistances, l'évêque Gebhard d'Eichstaedt, qui s'appela Victor II. Ces papes allemands assistèrent l'empereur contre les seigneurs italiens. Dans le Sud, les Normands se créaient un Etat indépendant; les chefs du parti allemand, le duc Waimar de Salerne et le marquis Boniface de Toscane, furent assassinés (1052); la veuve du second, Béatrice, épousa Godefroi de Lorraine, le vieil ennemi de l'empereur, et la plus puissante principauté territoriale de l'Italie centrale devint ainsi hostile à la maison de Franconie (1054). 

Henri III descendit dans la péninsule, tint sa diète à Roncalia, un concile avec le pape à Florence, châtiant les insubordonnés, renouvelant les ordonnances contre la simonie et le mariage des prêtres; Godefroi s'enfuit en Flandre et son frère, le cardinal Frédéric, se retira au Mont-Cassin. Béatrice de Toscane et sa fille Mathilde durent suivre l'empereur qui reprit la plupart des fiefs impériaux de l'héritage toscan. Ce dernier prodigua au Saint-siège les témoignages de reconnaissance; il restitua au patrimoine de Saint-Pierre toutes les possessions qui lui avaient précédemment appartenu, et, en compensation de Bénévent, enlevé par les Normands, lui donna Spolète et Camerino. L'entente était complète. Cependant déjà perçaient les prétentions cléricales qui allaient provoquer la grande lutte de la fin du siècle. Bruno de Toul (Léon IX) ne s'était pas contenté de la désignation impériale; il avait demandé au peuple romain de la confirmer par une élection; il revendiqua la suprématie pontificale dans tous les ordres et invoqua les Fausses Décrétales pour réclamer de vastes possessions territoriales. Il s'entendit avec les Normands, qui allaient fournir à ses successeurs un point d'appui pour s'affranchir de la sujétion à l'Empire.

La mort prématurée de Henri III leur laissa le champ libre. La santé de l'empereur avait toujours été très faible; un petit enfant était son seul héritier. Sentant sa fin approcher, le puissant souverain prit ses dispositions pour assurer l'avenir. Cet avenir était sombre. A l'Ouest, le comte de Flandre et Godefroi de Lorraine restaient aussi forts et hostiles que jamais, assiégeant dans Anvers le duc Frédéric de Basse-Lorraine; le roi de France, irrité que l'empereur eût accueilli l'hommage du fils d'Eude de Champagne, inclinait à intervenir en Lorraine. A l'Est, les Hongrois restaient hostiles. Au Nord, le dévoué Hermann, archevêque de Cologne, venait de mourir; à l'Est, les Liutizes reprenaient la guerre; le duc de Bohème Bretislav disparaissait, remplacé par un ennemi des Allemands, son fils Spithiniev; le petit duc de Bavière, Conrad, second fils de Henri Ill, mourait vers le même moment. 

L'empereur régla les affaires dans une diète tenue à Zurich et des conférences avec son ami le pape Victor ll, qu'il appela à Goslar. Il nomma archevêque de Cologne Anno, un parvenu sur lequel il comptait; il fiança son héritier Henri à Berthe, de la famille des puissants margraves de Suse; sa fille Judith avec Salomon, fils du roi de Hongrie. Il eut une entrevue avec le roi de France, laissa le Hainaut au comte de Flandre, se réconcilia avec son tenace adversaire Godefroi de Lorraine; il lui rendit sa femme et le riche héritage toscan. Il gracia et restaura dans leurs biens son oncle Gebhard de Ratisbonne et tous ses complices. Il mourut à trente-neuf ans, réconcilié avec tous ses ennemis, entouré d'une foule de grands laïques et ecclésiastiques auxquels il recommandait son fils et sa femme Agnès chargée de la tutelle et de l'administration de l'Empire pendant la minorité. Le pape conduisit sa dépouille mortelle à Spire. (A.-M. B.).

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Dictionnaire biographique
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