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Le pape Grégoire V

Grégoire V, 144e pape, élu le 17 mai 996, mort le 18 février 999. Il fut le premier pape allemand; avant son élection, il s'appelait Brunon. Il était fils d'Othon, duc de Carinthie, et, par conséquent, arrière-petit-fils de l'empereur Othon le Grand. A la mort de Jean XV, il n'était âgé que de vingt-trois ou vingt-quatre ans; mais il était déjà chapelain de son cousin Othon III, plus jeune encore que lui. Présenté par Othon aux Romains, qui lui avaient demandé de désigner un pape à leur choix, il fut élu après un semblant de vote, prit le nom de Grégoire et s'empressa de sacrer son cousin comme empereur. Lorsque celui-ci eut quitté Rome, la faction dont le chef était Crescentius, consul, fils de Théodora la Jeune, chassa le pape saxon et le remplaça par Philagathus, Grec de naissance, archevêque de Plaisance (antipape Jean XVI). Un concile tenu à Pavie excommunia Crescentius et Jean XVI; Grégoire et Othon revinrent sur Rome; l'antipape, pris et mutilé par les soldats de l'empereur, fut soumis par Grégoire à un traitement ignominieux. Crescentius, qui s'était réfugié dans le chateau de Saint-Ange, se rendit sur promesse de vie; mais il fut décapité, et son cadavre pendu par les pieds. 

En servant les intérêts politiques de son protecteur, Grégoire trouva l'occasion d'exercer hautement l'autorité à laquelle le siège de Rome prétendait sur les princes et sur les Eglises nationales. Robert II, roi de France, avait épousé sa cousine Berthe, veuve de Eudes Ier, comte de Blois. Comme elle était héritière, par son frère Rodolphe, du royaume d'Arles, l'empereur était intéressé à la rupture de ce mariage. En vertu des lois canoniques, le roi de France fut sommé par le pape de répudier sa cousine; il essaya de résister, mais les conséquences de l'excommunication le contraignirent à se soumettre. Un concile, tenu à Rome, le condamna à renvoyer Berthe et à subir sept années de pénitence. D'autre part, Arnolphe, archevêque de Reims, accusé par Hugues Capet d'avoir livré cette ville au duc Charles de Lorraine, avait été traduit devant un concile. 

Il fut déposé et remplacé par Gerbert (991, concile de Saint-Basile). Ses défenseurs soutenaient que la cause devait être jugée à Rome; ses adversaires s'élevaient à la fois contre cette prétention et contre les dérèglements des derniers papes, qu'ils appelaient des monstres, des antéchrists. Le pape Jean XV annula les décisions du concile qui avait condamné et déposé Arnolphe. Gerbert, qui, plus tard, devint pape lui-même, lui opposa l'ancien droit qui attribuait aux conciles provinciaux le jugement des évêques; il déclara même que, si un pape n'écoutait pas l'Eglise, celle-ci devait le considérer comme un païen. Pour se réconcilier avec Grégoire V, Robert abandonna le droit des évêques de son royaume; Arnolphe reprit possession de son siège, et Gerbert dut se retirer. 

Il reste de ce pape des lettres et des diplômes dans les Miscellanea de Baluze (t. VI), cinq bulles dans l'ltalia sacra de Ughelli (t. II, III, IV), une dans la Marca de P. Marca, quatre dans le Collection des conciles de Labbe. (E.-H. Vollet).

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Dictionnaire biographique
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