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Grégoire de Tours

Saint Grégoire de Tours (Georgius, Florentius, Gregorius) a été un évêque de Tours de 573 à 593 ou 594, né dans la cité des Arvernes, aujourd'hui Clermont-Ferrand, le 30 novembre 538, mort à Tours le 17 novembre 593 ou 594. Il était apparenté par son père comme par sa mère aux plus illustres familles sénatoriales de la Gaule. Il comptait parmi ses parents un martyr, Vettius Epagathus, et plusieurs évêques, Gallus d'Auvergne, Nicetius de Lyon, Euphronius de Tours, Tetricus et Gregorius de Langres. Ayant perdu de bonne heure son père Florentius, il fut élevé par sa mère, par son oncle Gallus et par Avitus, successeur de Gallus. L'illustration de sa famille et son mérite personnel lui valurent la faveur du roi d'Austrasie, Sigebert, à qui appartenaient l'Auvergne et la Touraine. A la mort d'Euphronius, en 573, il fut choisi par le clergé et par le peuple de Tours et confirmé par Sigebert comme évêque de cette ville. Il ajouta sans doute alors le nom de Gregorius, en souvenir de son grand-oncle saint Grégoire de Langres, à ceux qu'il tenait de son aïeul et de son père.

Grégoire de Tours fut considéré comme un évêque modèle et l'Eglise en fit un saint. Son activité était prodigieuse. Au milieu des guerres des rois de Neustrie et d'Austrasie qui se disputaient la cité de Tours, comme au milieu des querelles privées et des épidémies qui désolèrent son diocèse, sa fermeté à défendre les droits de son Eglise fut égale à la charité et au dévouement qu'il prodiguait à ses ouailles. Il sut inspirer aux rois francs un respect religieux mêlé d'affection, même à Chilpéric, qui posséda Tours de 575 à 584, et à qui il résista plusieurs fois en face, soit en refusant de livrer des fugitifs réfugiés dans la basilique de Saint-Martin, soit en prenant la défense de l'évêque de Rouen, Prétextat, accusé de lèse-majesté, soit en s'opposant aux violences du comte de Tours, Leudaste. 

Après la mort de Chilpéric, Grégoire de Tours fut comblé de faveurs, ainsi que son église, par le roi de Burgondie, Gontran, et par le roi d'Austrasie, Childebert. Il se rendit plusieurs fois à la cour de ce dernier et fut envoyé par lui, en 588, auprès de Gontran, pour obtenir la confirmation du traité d'Andelot. Malgré le désordre de ces temps de guerre civile et de barbarie, malgré d'incessants voyages entrepris, soit pour se rendre auprès des rois, soit pour assister à des conciles, Grégoire s'occupait avec zèle de tous les détails de son ministère, faisait reconstruire ou restaurer les églises de son diocèse, et il trouvait encore le temps de composer, pendant ses vingt années d'épiscopat, des oeuvres historiques très considérables qui lui ont mérité en France le titre de Père de l'histoire. Elles contiennent en effet un véritable trésor de renseignements sur l'histoire politique et sur l'histoire religieuse de la Gaule au Ve et au VIe siècle.

Descendant d'un des premiers martyrs de la foi chrétienne en Gaule, uni de coeur à plusieurs églises par sa parenté avec leurs évêques, élevé en Auvergne, le dernier boulevard de l'indépendançe gallo-romaine, le pays d'origine de l'empereur Avitus et de l'évêque Sidoine, enfin évêque de Tours, la ville de saint Martin, sanctuaire vénéré entre tous, vrai centre religieux où l'on affluait de toutes parts pour visiter le tombeau de l'apôtre des Gaules, Grégoire de Tours se trouva préparé à ce rôle d'historien par son éducation, par sa haute situation ecclésiastique, par ses voyages, par ses relations avec tous les grands personnages de son temps. Son instruction littéraire avait été très superficielle; aussi écrivait-il une langue rude et incorrecte, plus rapprochée du parler vulgaire de ses contemporains que de la latinité classique; mais la rusticité dont il s'excuse n'est pas sans charme naïf, et son style ne manque pas de couleur ni même parfois d'éloquence. S'il est dépourvu de sens critique, il a du moins une sincérité qui permet de corriger par ses récits même ses erreurs de jugement. Si la barbarie de son temps a parfois émoussé la délicatesse de son sens moral, on admire cependant en lui l'ardeur de sa piété, la hardiesse courageuse avec laquelle il défend toutes les causes qu'il croit justes, et une tendresse de coeur qui faisait de lui un véritable père des pauvres, des malades, des opprimés.

Son oeuvre principale est l'Historia Francorum en dix livres. Le premier contient un résumé de l'histoire universelle et de l'histoire de l'Eglise jusqu'à la mort de saint Martin; le second raconte l'histoire de la Gaule et des Francs de la mort de saint Martin à celle de Clovis. Les livres III et IV nous conduisent jusqu'à la mort de Sigebert (575). Les deux livres suivants comprennent les dix années pendant lesquelles Chilpéric fut maître de Tours. Enfin les quatre derniers sont consacrés au récit des événements des années 584 à 594.

A côté de cet ouvrage capital qui nous fournit un récit détaillé des actes des rois francs de Clodion à Childebert Il et un tableau saisissant de la société du VIe siècle, Grégoire a composé une série d'ouvrages hagiographiques de moindre importance, mais très précieux aussi pour l'histoire ecclésiastique et l'histoire des moeurs. Ce sont-: les Libri septem miraculorum comprenant quatre livres de Miracula S. Martini, le De Gloria Martyrum, les Miracula S. Juliani, le De Gloria Confessorum et le De Vita Patrum, recueil des vies de vingt-trois abbés, évêques et reclus. Il a traduit du syriaque, avec l'aide d'un interprète, Ia Passio septem dormientium apud Ephesum, et du grec les Miracula S. Andreae et peut-être les Miracula S. Thomae. Il a encore composé un court écrit liturgique, le De Cursu Slellarum, un commentaire sur les Psaumes dont nous n'avons conservé que quelques fragments, et une préface au livre De Missis de Sidoine Apollmaire. Il a dans le dernier chapitre de son Histoire, sorte d'épilogue de son oeuvre entière, donné lui-même la liste de tous ses écrits originaux. (G. Monod).

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