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Flavien

Saint Flavien est un évêque d'Antioche, né vers 309, élu en 381, mort vers 404. Fête dans l'Eglise grecque, le 25 septembre.

Flavien occupe une large place dans l'histoire du schisme d'Antioche. Né dans cette ville, de famille opulente et très estimée, il se voua dès sa jeunesse à la vie ascétique et il se retira dans la solitude, avec un de ses amis, Diodore, qui devint plus tard évêque de Tarse et fut constamment son compagnon de combat contre l'arianisme. Ils revinrent ensemble à Antioche pour y soutenir ceux qui étaient restés fidèles à la foi nicéenne. Après la déposition d'Eustathe (V. ce nom et Eusèbe de Césarée), le siège épiscopal avait été offert à Eusèbe et refusé par lui; un eusébien, Léontius, fut élu (328). Eustathe, tout en protestant de son droit, exhorta ses partisans à ne point rompre l'unité de l'Eglise et à se soumettre au nouvel évêque. Malgré cette recommandation, il se forma un parti d'opposition auquel Flavien et Diodore se mêlèrent fort activement; ils réunissaient, près des tombeaux des martyrs, des assemblées nocturnes, et on y célébrait un culte pour lequel les anciennes doxologies avaient été altérées afin d'accentuer le dogme nicéen. Néanmoins, tant que durèrent l'épiscopat de Léontius et celui d'Eudoxius, son successeur, il n'y eut pas de rupture manifeste. 

En 360, Mélétius remplaça Eudoxius, promu à Constantinople ; mais il fut exilé peu après son élection. Euzoius, un vieux disciple d'Arius, qui avait accompagné son maître en exil, fut nommé évêque. Les orthodoxes, qu'on appelait encore les eustathiens, s'accordèrent pour le repousser; mais bientôt leur parti se divisa. Les uns restèrent attachés à Mélétius, revenu d'exil; les autres, excités par la lutte, se séparèrent de lui, quoique la pureté de sa doctrine fut incontestée : ils lui reprochaient d'avoir été consacré par des ariens. Ces dissidents se groupèrent sous la direction de Paulin, prêtre fort zélé. Un concile tenu à Alexandrie (362) et obéissant à l'inspiration de saint Athanase, les pressa de se réunir à Mététius. Mais il était trop tard ; un évêque d'Occident, Lucifer de Cagliari, avait donné à Pauliin la consécration épiscopale. Il s'ensuivit un schisme qui dura jusqu'en 414 ou 415, tenant toute la chrétienté en douloureux émoi.

Flavien et Diodore soutinrent Mélétius. Consacrés prêtres, ils encouragèrent à la persévérance, pendant les divers exils de leur évêque, le troupeau persécuté. Après la mort de l'empereur Valens (378), les ariens furent expulsés, à leur tour, et ceux qui avaient été exilés pour la foi furent rappelés. Flavien intervint alors avec succès, auprès du représentant du nouvel empereur, pour lui faire reconnaître officiellement Mélétius comme évêque d'Antioche. Celui-ci proposa à son rival une transaction qui aurait pu rendre la paix à l'Eglise : les deux évêques jouiraient d'une égale autorité, aucun d'eux ne s'assiérait sur le siège épiscopal, et on y déposerait en permanence le livre des Evangiles; le survivant resterait seul évêque. Paulin refusa. En 381, Mélétius se rendit à Constantinople pour assister au deuxième concile oecuménique; il y mourut. Pour mettre fin au schisme, Grégoire de Naziance conseilla au concile de ne pas lui donner de successeur. L'assemblée était composée d'Orientaux; ils ne purent se résigner à abandonner Antioche à un évêque consacré par des Occidentaux, contrairement à la coutume de l'Eglise. Flavien, qui avait accompagné son évêque à Constantinople et qui siégeait aussi au concile, fut élu. Paulin protesta; il fut soutenu par Damase, évêque de Rome, par les évêques d'Occident, d'Egypte, d'Arabie et de Chypre : deux conciles tenus à Aquilée et à Rome se prononcèrent péremptoirement contre Flavien; mais un concile d'Orientaux, tenu en 382 à Constantinople, confirma son élection et sa consécration. On le voit bientôt après investi de la haute faveur de l'empereur Théodose

Paulin mourut en 388. Cet événement ne mit pas fin au schisme : sur son lit de mort et contrairement aux XIXe et XXIIIe canons d'Antioche, Paulin avait consacré comme sors successeur Evagrius, prêtre de son Eglise, sans se faire autoriser par un synode ni assister par aucun autre évêque. Evagrius mourut en une année qu'il est difficile de préciser, mais qui peut être indiquée approximativement vers 393. Flavien réussit à empêcher les partisans d'Evagrius d'élire un autre évêque; mais ils persistèrent dans leur opposition et continuèrent à tenir des assemblées séparatistes. Les dissensions intestines durèrent dans l'Eglise d'Antioche jusqu'à l'épiscopat d'Alexandre (414 ou 415). Au dehors, les efforts de Jean Chrysostome étaient parvenus, dès 399, à faire admettre Flavien dans la communion des Eglises d'Orient et d'Egypte. De son côté, Flavien donna un gage à la réconciliation en inscrivant les noms de Paulin et d'Evagrius sur les diptyques d'Antioche. 

Dès le début de son épiscopat, il avait entrepris contre les euchites ou massaliens une persécution qu'il commença par la ruse et qu'il continua par la violence, pratiquant lui-même sans scrupule la maxime reprochée à ces sectaires, que la fin justifie les moyens. En 388, il obtint de Théodose le pardon des habitants d'Antioche qui avaient renversé les statues de cet empereur. En 386, Jean Chrysostome avait été consacré par lui à la prêtrise; dans un de ses discours, il fait un pompeux éloge de son évêque. (E.-H. Vollet).

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