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Fabre

J. Fabre est un protestant de Nîmes, célèbre par son amour filial : son père devant être envoyé aux galères pour avoir pratiqué son culte malgré les édits royaux, il se dévoua pour lui et alla subir sa peine au bagne de Toulon, 1756. Un si beau dévouement étant venu à la connaissance du duc de Choiseul, alors ministre, il le fit délivrer, après six ans de fers. Ce trait de piété filiale a été mis sur la scène par Falbaire dans l'Honnête Criminel.
Fabre d'Olivet est un écrivain médiocre, de la même famille que Jean Fabre (de Nîmes), né à Ganges (Hérault) en 1767, mort à Paris en 1825, a donné quelques romans et quelques poésies, mais il est surtout remarquable par la tournure mystique de son esprit, Il prétendit avoir découvert la clef des hiéroglyphes et avoir retrouvé le vrai sens de la langue hébraïque, qui était, disait-il, restée ignorée jusqu'à lui; il publia dans ce but La langue hébraïque restituée, 1816 : cet ouvrage insensé fut mis à l'Index. Fabre prétendait avoir guéri des sourds-muets par une méthode secrète (Guérison de Rodr. Grivel, 1811).
François-Xavier Fabre est un peintre français, né à Montpellier en 1766, mort en 1837, fut élève de David, obtint en 1787 le grand prix de peinture, se rendit à Rome, puis à Florence, où il se lia avec la comtesse d'Albany, veuve du dernier des Stuarts et d'Alfieri. Ses principaux tableaux sont : la Mort de Milon de Crotone; Philoctète dans l'île de Lemnos; la chaste Susanne; le Jugement de Pâris; la Mort de Philopoemen, le portrait d'Alfieri, etc. Il se distingua par la sévérité du style, la pureté du dessin et la richesse de la couleur. Le musée de Montpellier a été enrichi par Fabre de plusieurs riches collections : depuis sa mort il porte le nom de Musée-Fabre.
Victorin Fabre est un écrivain et poète, né à Jaujac (Ardèche) en 1785, mort en 1831, se fit remarquer dès l'âge de 20 ans, et publia dans le court espace de sa vie un assez grand nombre d'ouvrages en prose et en vers qui lui assurent un rang distingué, mais où l'on sent trop souvent le rhéteur. Voici les principaux : Éloge de Boileau, 1805; Discours en vers sur les voyages, 1807; Éloge de P. Corneille, 1808; la Mort de Henri IV, poème, avec notes, 1808; Éloge de La Bruyère, 1810; Tableau littéraire du XVIIIe siècle, 1810; Eloge de Montaigne, 1813. Ses Oeuvres ont été publiées par C. Durand, 1844, 6 vol. in-8.
Auguste Fabre, frère du précédent, 1792-1839, s'est aussi distingué dans les lettres. On lui doit : la Calédonie, poème en douze chants, 1823; Histoire du siège de Missolonghi, 1826; la Révolution de 1830 et Mémorial historique de la Révolution, 1833. Les deux frères fondèrent en 1829 la Tribune, journal politique avancé.
Ferdinand Fabre est un écrivain français, né à Bédarrieux (Hérault) en 1830. Fils d'un architecte, il commença d'abord sous la direction d'un de ses oncles, curé de Camplong, puis aux séminaires de Saint-Pons et de Montpellier, ses études thélogiques qu'il interrompit, non sans de longues luttes avec sa propre conscience. Cette crise lui a fourni plus tard le sujet de la curieuse autobiographie intitulée : Ma Vocation (1889). Après avoir définitivement renoncé à la vie ecclésiastique, il fut un moment clerc d'avoué à Paris, publia les Feuilles de lierre (1853), poésies qui passèrent inaperçues, et revint dans le Midi pour rétablir sa santé compromise. 

Sous le titre collectif de : Scènes de la vie cléricale, il écrivit deux premières études de moeurs : les Courbezon (1862) et Julien Savignac (1863), qui lui valurent un prix à l'Académie française et une mention flatteuse de Sainte-Beuve. Dès lors, si l'on en excepte le Chevrier (1868), roman rustique écrit dans la langue du XVIe siècle, tous les autres livres de Ferdinand Fabre furent consacrés à la peinture de la société au milieu de laquelle s'était écoulée sa première jeunesse : Mademoiselle de Malavieille (1865); l'Abbé Tigrane, candidat à la papauté (1875), plusieurs fois réimprimés; le Marquis de Pierrerue, comportant deux épisodes : le Carmel de Vaugirard et la Rue du Puits qui parle (1874, 2 voumes); Barnabé (1875); la Petite Mère, grande étude divisée en quatre séries : la Paroisse du Jugement dernier, le Calvaire de la baronne Fuster, le Combat de la fabrique, Bergonier, l'Hospice des enfants assistés (1876-1878, 4 volumes) abrégées et réimprimées depuis en un seul volume sous ce titre unique : Madame Foster (1887); Mon oncle Célestin, moeurs cléricales; le Roi Ramire (1884); Lucifer (1884); Monsieur Jean (1886); Toussaint Galabru (1887); Norine (1880); l'Abbé Roitelet (1890); Un Illuminé (1890); Xavière (1890, illustré par Boutet de Monvel); Sylviane (1891); Germy (1891).
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Le fifreur

« Une intelligence surprenante - Dieu daigne souvent toucher du doigt sa créature la moins parfaite - avait préservé Jean Maniglier, dit Branguibus, de la dégradation où tombent les faibles sur notre terre de granit. Né en pleine paysannerie, comme ses parents acharnés contre un sol ingrat, après avoir, dans les années de son enfance maladive, gardé les ouailles à travers les prairies et plus d'une fois, dans les forêts de chênes, au risque de se faire dévorer, les truies avec leurs marcassins, vers dix-huit ans, il avait essayé de se prendre à la terre. Impossible! Ses bras tremblants n'avaient soulevé le pic qu'avec peine et avaient totalement manqué de puissance pour peser sur l'oreillette de la charrue et enfoncer le soc dans les sillons.

Il fallut tourner bride à un labeur qu'il eût aimé. Les champs, où il eût passé délicieusement sa vie, lui devenaient inaccessibles. Il quitta les Aires tout honteux, et, en pleurant, s'enfonça dans les Montagnes-Noires.

Certes, le dessein de cet infortuné n'était pas de tendre la main aux portes des fermes. Malgré le sac de toile de genêt que sa mère prudente lui avait passé au col, il était déterminé, au contraire, à gagner son pain, à le gagner sans s'avilir à la sueur ensemble de toute son âme et de tout son corps. Cela était beau, et je le sais, moi qui, dans ces dernières années, reçus les confidences de Branguibus, quelle intuition native ce rustre avait de la noblesse humaine. Il entra, en qualité d'aide-berger, de pillard, selon l'expression cévenole, à la borde des Quatre-Chemins, non loin de Rieussec.

C'est dans les solitudes de ce pays pauvre et morne jusqu'à la désolation que s'éveilla l'instinct musical de Jean Maniglier. En un séchoir de châtaignes, où l'on passait la veillée, ayant ouï un pâtre jouer un noël sur le fifre, il en rêva plusieurs nuits et n'eut de cesse qu'il n'eût acquis, à Saint-Pons, l'instrument auquel il avait dû des jouissances si pures, si inconnues.

Désormais, ce fut pour lui comme une fête éternelle, à travers les garrigues. Ayant inspiré quelque intérêt à l'éminent artiste du séchoir, frappé de ses dispositions naturelles, il en reçut des leçons, et ne tarda pas à savoir guider ses doigts sur les six trous. Quelle joie, quel enivrement, quand, un soir, ramenant ses longues files de chèvres et de moutons aux étables, il modula son premier accord! Cet enfant délicat et sensible, en qui la nature, avare du côté du corps, avait déposé tous les trésors de l'âme, faillit se trouver mal de plaisir. Les cieux venaient de s'ouvrir sur sa tête. 

La voie de Branguibus était trouvée. Il serait musicien. Comme le vieux pâtre de Rieussec, lequel, depuis vingt ans, avait abandonné son premier métier, trouvant plus lucratif et moins pénible d'aller sonner du fifre aux fêtes des villages, aux noces, aux baptêmes, voire aux enterrements, lui aussi se ferait
fifreur. »
 

(F. Fabre, Barnabé).

La plupart de ces romans ont été plusieurs fois réimprimés et quelques-uns en éditions de luxe. Il faut citer à part le Roman d'un peintre (1878), histoire de la jeunesse et des débuts de Jean-Paul Laurens, et l'Hospitalière, drame rustique en cinq journées (1880), non représenté. 

Ferdinand Fabre, à qui la Société des gens de lettres a décerné, en 1891, le premier prix de la fondation Chauchard (3000 F), a été nommé en 1883 conservateur à la bibliothèque Matarive, en remplacement de Jules Sandeau, et il s'est présenté contre Pierre Loti et Emile Zola pour recueillir la succession académique d'Octave Feuillet. (M. Tx.).

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Dictionnaire biographique
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