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Dupont

Pierre Dupont est un poète et chansonnier français, né à Lyon le 23 avril 1821, mort à Lyon le 24 juillet 1870. Tour à tour élève du séminaire de L'Argentière (Ardèche), apprenti canut, clerc de notaire, employé dans une maison de banque, il vint à Paris en 1839 et fit insérer quelques vers légitimistes dans la Gazette de France et la Quotidienne. Une souscription patronnée par Pierre Lebrun et ouverte à Provins, dont la famille de Dupont était originaire, couvrit les frais de son exonération du service militaire et lui permit de faire imprimer les Deux Anges, poème couronné par l'Académie française (1842). II fut à cette époque et jusqu'en 1847 attaché aux travaux de la rédaction du Dictionnaire

En 1846, sa chanson des Boeufs, et bientôt après celles du Braconnier, des Louis d'or, du Chien du berger, du Chant du vote, du Chant des nations dont il avait composé les airs en même temps que les paroles,  et quelques autres, qui ont le plus souvent une couleur socialiste, lui valurent une rapide et considérable popularité. D'autres chansons, plus spécialement politiques elles aussi, écrites après la Révolution de février et chantées par l'auteur dans les clubs, le firent inquiéter lors du coup d'Etat de 1851 et condamner à sept ans de déportation, mais sa grâce fut sollicitée et obtenue. II vécut dès lors à l'écart et ne sortit de la retraite où il s'était confiné que pour publier la Légende du Juif-Errant, poème illustré par Gustave Doré (1862, in-fol.); Dix Eglogues (Lyon, 1864, in-8) et enfin une brochure politique ou il se ralliait manifestement à l'Empire : Sur certains bruits de coalition (1860, in-8). 
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Les boeufs

« J'ai deux grands boeufs dans mon étable, 
Deux grands boeufs blancs, marqués de roux; 
La charrue est en bois d'érable, 
L'aiguillon en branche de houx; 
C'est par leurs soins qu'on voit la plaine 
Verte l'hiver, jaune l'été;
Ils gagnent dans une semaine 
Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.

S'il me fallait les vendre, 
J'aimerais mieux me pendre;
J'aime Jeanne ma femme, eh bien! j'aimerais mieux
La voir mourir, que voir mourir mes boeufs.
Les voyez-vous, les belles bêtes, 
Creuser profond et tracer droit, 
Bravant la pluie et les tempêtes, 
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid. 
Lorsque je fais halte pour boire,
Un brouillard sort de leurs naseaux, 
Et  je vois sur leur corne noire 
Se poser les petits oiseaux.
S'il me fallait les vendre, etc.
Ils sont forts comme un pressoir d'huile,
Ils sont doux comme des moutons. 
Tous les ans on vient de la ville 
Les marchander dans nos cantons 
Pour les mener aux Tuileries, 
Au Mardi-Gras devant le roi,
Et puis les vendre aux boucheries;
Je ne veux pas, ils sont à moi.
S'il me fallait les vendre, etc.
Quand notre fille sera grande,
Si le fils de notre régent 
En mariage la demande,
Je lui promets tout mon argent; 
Mais si pour dot il veut qu'on donne
Les grands boeufs blancs marqués de roux, 
Ma fille, laissons la couronne
Et ramenons les boeufs chez nous.

S'il me fallait les vendre, etc. »

(P. Dupont).

Les Chants et Chansons de Pierre Dupont ont été l'objet d'une édition de luxe, ornée de dessins par T. Johannot, Célestin Nanteuil, etc. (1852-1854, 3 vol. in-8) et de réimpressions diverses. Sous le titre de Muse juvénile (1859, in-12), il avait réuni d'autres études en vers et en prose. 

La célébrité de Pierre Dupont n'a pas survécu aux circonstances qui l'avaient fait naître, et ses refrains, comme ceux de Béranger, ne sont plus connus que des spécialistes. (M. Tx.).

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