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Dunois

Dunois (Jean, bâtard d'Orléans, comte de), né vers 1403, mort au château de l'Hay le 24 novembre 1468 (Le Moyen âge; la Guerre de Cent Ans). Fils de Louis d'Orléans et de Mariette d'Enghien, femme d'Aubert Flamenc, sire de Canny, il fut élevé avec les enfants légitimes de son père, auprès de Valentine Visconti, et eut pour précepteur le célèbre médecin-astrologue, Florent de Villers. Après le meurtre de son père (1407), il accompagna Valentine à Paris, pour demander justice et, elle morte (4 décembre 1408), demeura avec ses frères. il assista à leurs côtés à la réconciliation de Chartres (9 mars 1409) et suivit leur fortune dans la querelle des Armagnacs et des Bourguignons. Quand Charles d'Orléans, pris à la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415), alla rejoindre en Angleterre son frère, le comte d'Angoulême, le bâtard resta seul avec son troisième frère, le comte de Vertus. Les Bourguignons avant surpris Paris (nuit du 28 au 29 mai 1418), il tomba entre leurs mains. Quand ils le relâchèrent (13 août 1420), son frère, le comte de Vertus, venait de mourir (août) et le traité de Troyes était signé (24 mai). Le bâtard étant sans fortune, on lui conseilla, dit-on, d'entrer dans l'Église: ses goûts et la nécessité de veiller sur les biens de ses frères l'en éloignèrent. Il s'attacha au parti du dauphin et fit sans doute ses premières armes à la bataille de Baugé (22 mars 1421).

Il reçut alors la seigneurie de Vaubonnais en Dauphiné (4 novembre). En avril 1422, il épousa Marie Louvet, fille de Jean Louvet, favori du dauphin, qui devint bientôt roi (22 octobre). Nommé conseiller et grand chambellan, il prit part à la bataille de Verneuil (17 août 1424), mais la disgrâce de Louvet (juin 1425), provoquée par le connétable de Richemont, entraîna la sienne; il se retira en Dauphiné avec son beau-père. Il ne tarda pas à en revenir (fin 1425 ou commencement de 1426). La brillante délivrance de Montargis (5 septembre 1427) commença sa réputation militaire. Pendant la disgrâce du connétable, il prit la plus grande part à la défense d'Orléans (12 octobre 1427 - 8 mai 1428). Grièvement blessé à Rouvray (12 février), il conseilla au roi Charles VII d'accepter le secours de Jeanne d'Arc, dont il se défia pourtant au début. Après la levée du siège, il la suivit devant Jargeau et Beaugency (juin) et au voyage de Reims. Elle gagna sa confiance en disant qu'elle voulait délivrer le duc d'Orléans. Il l'accompagna dans sa tentative contré Paris (26 août) mais il ne put l'empêcher d'être prisé devant Compiègne, ni la sauver du bûcher (30 mai 1431), par une diversion qu'il tenta en Normandie. Un hardi coup demain lui donna Chartres (12 avril 1432), d'où il menaça Paris et força Bedford à lever le siège de Lagny (août). Il fit, avec Richemont, une campagne dans le Nord et opéra sans lui en basse Normandie et aux environs de Paris pour hâter la conclusion du traité d'Arras (20 septembre 1435); mais il refusa de jurer ce traité, parce qu'il ne rendait pas la liberté à son frère. Ayant, par la prise de Meulan (24 septembre), facilité l'approche de Paris, il vint occuper la capitale avec le connétable (13 avril 1436), chassa, de concert avec lui, les Anglais des environs, prit part au siège de Montereau (fin août, 10 octobre 1437) et tint une placé d'honneur lors de l'entrée du roi à Paris (12 novembre). 

Durant les deux années suivantes, il se donna tout entier à la délivrance de ses frères, et le duc Charles lui fit don du comté de Dunois et de la vicomté de Châteaudun, en échange du comté de Vertus (21 juillet 1439). Au mois d'octobre il épousa en secondes noces Marie d'Harcourt, fille de Jacques d'Harcourt. Elle lui apportait des droits sur la seigneurie de Parthenay, que Jean II Larchevêque, avait été contraint de laisser au connétable. Aux États d'Orléans (octobre 1439), Dunois conseilla de continuer la guerre, mais son affection pour son frère Charles affilié aux mécontents, l'entraîna dans la Praguerie (La Guerre de Cent Ans). Il testa même d'arrêter le connétable à Blois; il est vrai qu'il fit le premier sa soumission. Après la libération de Charles d'Orléans (11 novembre 1440), il prit part à ses intrigues : le duc l'employa à préparer une seconde Praguerie, à négocier avec le duc de Milan, puis à ménager sa soumission au roi (mai 1442). Dunois fut aussitôt nommé lieutenant général dans le Nord. Il mena le dauphin délivrer Dieppe (14 août 1443) et, au retour, reçut le comté de Longueville. Il fut un des négociateurs de la trêve de Tours (20 mai 1444) et en fut conservateur général. Il s'occupa de la réforme de l'armée et reçut une compagnie de cent lances, avec le commandement général des arrière-bans.

 Son refus de prendre part à de nouvelles intrigues lui attira la rancune du dauphin, qui confisqua sa terre de Vaubonnais. Il employa les années 1446, 1447 et 1448 à négocier pour Charles VII avec le roi d'Angleterre, le duc de Bourgogne, le duc de Savoie, l'antipape Félix V. Il était encore à Lausanne quand les hostilités avec les Anglais recommencèrent (mars 1449). Nommé lieutenant général en Normandie (17 juillet), il prit Pont-de-l'Arche, Verneuil, Pont-Audemer, Lisieux, Mantes, Vernon, Gisors, et força Talbot à s'enfermer dans Rouen, qu'il assiégea. Un soulèvement des habitants lui livra la ville (18 octobre). La prise de Harfleur (14 décembre), celle de Honfleur (18 février 1450) et de Bayeux (16 mai) qui compléta la victoire du connétable à Formigny (15 avril), puis la capitulation de Caen (1er juillet), celle de Falaise (25 juillet), et de Domfront (2 août) achevèrent une conquête que Charles VII qualifia de miraculeuse. En 1451, Dunois reprit de même toute la Guyenne. La reddition de Bordeaux (12 juin) et celle de Bayonne (18 août) furent les deux grands épisodes de la campagne. 

Suivant quelques historiens, Dunois aurait été alors légitimé, mais le fait n'est pas prouvé. Il ne prit part ni à la campagne du roi contre le dauphin et Louis Ier de Savoie (octobre 1452) ni à la bataille de Castillon (17 juillet 1453; il mettait alors la Normandie en état de défense. Les Anglais expulsés, il fut mêlé à toutes les grandes affaires : négociations avec la Savoie, procès du duc d'Alençon, révision du procès de Jeanne d'Arc, etc. Quand Richemont fut devenu duc de Bretagne (22 septembre 1457), il obtint de lui l'expectative des biens de J. Larchevêque (22 octobre 1458). La mort d'Arthur III (26 décembre) lui valut donc Parthenay et ses dépendances. Il resta toujours fidèle à Charles VII et l'assista jusqu'à ses derniers moments (22 juillet 1461). Louis XI ne le disgracia pas : il l'envoya négocier avec le duc de Bretagne, puis le chargea de délivrer Savone. Cette expédition, négligée par le roi, ne fut pas heureuse (14621463). Après la mort de Charles d'Orléans (4 janvier 1465), Dunois se laissa entraîner dans la ligue du Bien public, dont il fut le diplomate attitré; ce fut lui qui négocia le traité de Saint-Maur (20 octobre 1465). Il y gagna, pour sa part; 6000 livres de pension. Son fils épousa même la belle-soeur du roi, Agnès de Savoie (juillet 1466). Dunois passa ses dernières années en pleine faveur et s'occupa Jusqu'à la fin des affaires du royaume. Il fut enterré dans l'église de N. D. de Cléry et Louis XI assista aux funérailles. Il laissait, de Marie d'Harcourt, deux filles et un fils, François, qui hérita de ses titres et de ses grands domaines. (E. Cosneau).

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Dictionnaire biographique
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