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Vivant Denon

Dominique Vivant, baron Denon  est un dessinateur-graveur, littérateur et diplomate français, né à Givry, près de Chalon-sur-Saône, le 4 janvier 1747, mort à Paris le 27 avril 1825. Destiné à la magistrature, il n'étudiait la jurisprudence qu'à contre-coeur, et finit par y renoncer pour le monde des lettres et des arts, où son physique avantageux, la vivacité de son esprit et l'élégance de ses manières lui valurent des succès extraordinaires, surtout auprès du beau sexe. C'est grâce à celui-ci qu'il parvint à faire jouer à la Comédie-Française une pièce médiocre : Julie, ou le Bon Père (1769). Puis il se tourna vers les arts, pour lesquels il avait des dispositions. Admis auprès de Louis XV, il sut distraire le vieux roi par sa conversation brillante et enjouée, et obtint d'abord la garde du cabinet de médailles et de pierres gravées, puis la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre, enfin le poste de gentilhomme d'ambassade à Saint-Pétersbourg. A l'avènement de Louis XVI, le ministre de Vergennes lui confia une mission secrète en Suisse, que Denon remplit avec son habileté accoutumée. Au retour, il força adroitement les portes de la demeure de Voltaire, et dessina, à l'insu de son hôte, le fameux Déjeuner de Ferney (4 juillet 1775), puis son portrait, dessins propagés ensuite par la gravure et dont le réalisme exaspéra le philosophe grincheux, qui reprocha au jeune artiste de l'avoir représenté en « singe estropié ». 

Nommé secrétaire d'ambassade, puis chargé d'affaires de France auprès du roi des Deux-Siciles, Vivant Denon séjourna à Naples pendant sept ans et eut une grande part de collaboration au Voyage historique et pittoresque dans ces contrées, publié sous le nom de l'abbé de Saint-Non. Il publia ensuite à part son Voyage en Sicile et à Malte (1788). Ayant déplu à la reine des Deux-Siciles et à son ministre Acton, il donna sa démission, et séjourna à Rome, à Florence, à Venise, où il travailla activement à la reproduction à l'eau-forte des dessins des maîtres et des portraits des peintres de la galerie des Offices. De cette époque aussi datent une foule de petits portraits charmants des personnalités avec lesquelles il se trouva en relations en Italie, surtout ceux de la célèbre comtesse Albrizzi et de la belle lady Hamilton. Il se montra encore un pasticheur de gravures d'une rare habileté. A son retour à Paris, il fut reçu membre de l'Académie de peinture, comme « artiste de divers talents » (1787). II était de nouveau en Italie au moment de la Révolution, mais il s'empressa de rentrer et dut sa radiation de la liste des émigrés à l'intervention du peintre David. Pour lui complaire, il grava le Serment du Jeu de Paume, pièce de dimensions exceptionnelles, infiniment précieuse et rare. Il fit encore, à l'eau-forte et au lavis, un remarquable portrait de Barrère à la tribune, d'après un dessin d'Isabey. David lui fit confier aussi la gravure de ses Costumes républicains (onze pièces), ce qui procura à Denon l'occasion de gagner les bonnes grâces de Robespierre. Il se consola de ce travail, qui convenait mal à sa pointe, en publiant le recueil d'Oeuvre priapique (23 pl. in-fol.), inspiré par les antiques de Pompéi

Avec son flair habituel, Vivant Denon s'attacha en temps opportun au général Bonaparte, et il sut plaire à Joséphine de Beauharnais. Il accompagna l'expédition d'Égypte et fut chargé de dessiner et de décrire les monuments de ce pays, tâche dont il s'acquitta avec ardeur et talent, comme en témoigne son Voyage dans la haute et basse Égypte (Paris, 1802, 2 vol. gr. in-fol., avec 141 pl.). Nommé en 1804 directeur général des musées et de la Monnaie des médailles, il prit part à toutes les grandes entreprises monumentales de Napoléon, qu'il accompagna dans ses grandes campagnes, et c'est lui qui fut l'initiateur de l'enrichissement du Louvre avec des dépouilles des musées des pays conquis. Il développa ses considérations sur l'histoire de la gravure dans une Notice sur Gérard Audran (1809, in-fol., avec 6 pl.), et rentré dans la vie privée après la chute de l'Empire, il entreprit d'écrire l'histoire de l'art. Il n'eut le temps que de faire lithographier les planches de cet ouvrage, d'après les objets de sa propre collection, planches qui parurent plus tard avec un texte explicatif d'Amaury Duval : Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes, recueillis par Vivant-Denon (1829, 4 vol. in-fol.). Son riche cabinet fut dispersé après sa mort.

Vivant Denon fut l'un des premiers à pratiquer la lithographie, et vers la fin de sa vie il fit par ce procédé une charmante pièce allégorique où il se représenta à tous les âges, en seize portraits. Ses eaux-fortes, au nombre de trois cent dix sept, ont été réunies dans une publication faite par les soins d'Albert de La Fizelière (l'Oeuvre originale de Vivant-Denon; Paris, 1872-1873, 2 vol in-4), qui y joignit une intéressante notice sur cet artiste amateur. Denon est encore l'auteur du joli conte grivois Point de lendemain (1777), réimprimé en 1842, 1876 et 1879. (G. Pawloswki).



Marie-Anne. Dupuy-Vachey, Pierre Rosenberg, Les itinéraires de Vivant Denon, dessinateur et illustrateur, Le Bec en l'Air, 2007.
9782916073231
Dominique-Vivant Denon est célèbre pour les dessins qu'il a réalisés lors de la campagne de Napoléon en Egypte ; ce fut aussi le premier directeur du musée du Louvre. On connaît moins ses dessins personnels et son goût pour l'illustration, que l'auteure présente ici en sept chapitres à travers des oeuvres méconnues.  (couv.)
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