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L'Antarctique 
Découvertes et explorations
Aperçu L'hypothèse 
du continent austral
Les voyages 
de découverte
Les explorations
au XXe siècle
Les voyages de découverte

L'Océan Austral.
De cet océan on n'a su que fort peu de choses jusqu'au début du XXe siècle. Auparavant, les explorations y ont d'ailleurs été assez peu nombreuses. En dehors de quelques incursions de Francis Drake dans les eaux du détroit qui porte son nom, au sud du cap Horn, en 1578, et qui ont montré que s'il existait un continent austral il était déconnecté de l'Amérique du Sud, du voyage, en 1603 de Gabriel de Castilla, qui, à bord du Nuestra Señora de la Mercedes, semble avoir atteint le 64e parallèle, au sud du détroit de Drake, du voyage au cours duquel Edmund Halley observe le premier iceberg tabulaire, en 1699, et du voyage au cours duquel le Malouin Jean-Baptiste Bouvet de Lozier, première tentative officielle pour découvrir la  « Terre australe » postulée par les géographes, mais qui ne découvrit, en 1739, les îles qui portent son nom, l'océan Austral n'a été pénétré que vers 1770, par les explorations presque simultanées de James Cook (1768-1771 et surtout 1772-1775), du Malouin Marion-Dufresne accompagné de Crozet (1771-1772) et du Quimpérois Kerguelen (1771-1773). 

Une bonne partie du voyage circumpolaire de Cook se fit le long du 60e parallèle, à la limite des glaces flottantes, et ses deux navires, la Resolution et l'Adventure, franchirent même, à partir du 17 janvier 1773, le cercle polaire à trois (ou quatre?) reprises, faisant même une incursion jusqu'à 71° 10' de latitude Sud, sans rencontrer la terre. On douta alors de l'existence d'un continent austral (ou alors celui-ci devait être beaucoup moins étendu que ce que l'on avait imaginé), et les mers du Sud furent délaissées par les explorateurs, jusqu'à ce que la découverte, par le baleinier anglais William Smith, de l'archipel des Shetland du Sud, en 1819, ait rendu l'espoir de trouver là un continent.

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La barrière du Pack

Un partie importante de l'Océan austral (celle qui, en gros, est au sud du cercle polaire) est resté longtemps inaccessible à cause des glace (pack) qui en occupent toute la partie méridionale. La géographie de ce pack est très incertaine -son étendue est variable non seulement selon les saisons, mais aussi selon des années - et constitue un défi supplémentaire aux explorations. En janvier 1820 (été austral), Bellingshausen a rencontré le pack un peu au Nord du 70° parallèle; en mars 1843, Ross l'a rencontré par 72° (sous le 15° de long. Ouest) et par 64° (au Sud des îles Hawaii); en janvier 1831, Biscoë n'a pas pu dépasser 58°. C'est pourtant à peu près sous la même longitude que Weddel avait affirmé, en 1823, avoir poussé sa navigation jusqu'au 74°, assertion qui finira par paraître suspecte. 

Pendant ces mêmes années, en hiver, des navires se sont heurtés au pack par 60° 58' (au Sud du cap Horn) et même par 54°. Entre la longitude de la pointe de l'Amérique et de l'Australie, des navigateurs (Cook, 1773-74, Wilkes1840) ont rencontré le pack entre 68° et 71°. Ross, en janvier 1842, l'a d'abord trouvé par 62°, mais plus à l'Ouest il a pu pénétrer par-delà le 77° parallèle. En hiver, on l'a vu dans les mêmes régions au Nord du 66°. A l'Ouest de l'Australie, le bord de la banquise a été vu, en ,janvier 1851, par 57° et par 61°, en mars 1845. Mais en 1874, le Challenger, commandé par le capitaine Nares, est parvenu jusqu'au 74° parallèle sans l'apercevoir...

L'Antarctide.
Les navigations dans l'océan austral ont donné de nouveaux arguments aux partisans de l'existence de l'Antarctide. Les expéditions furent nombreuses de 1820 à 1845 et permirent de reconnaître de place en place la limite du continent : découverte en 1821 de l'archipel Pierre Ier par l'amiral Bellingshausen , dont l'expédition comptait deux navires, le Vostok et le Mirnyy, et de la terre de Palmer par le navigateur de ce nom, expédition de Weddell (1787-1834), à bord de la Jane, jusqu'à 80° de latitude sud en 1823; découverte par James Eights (1798-1882), géologue de l'expédition Palmer-Pendleton (1831) du premier fossile connu de l'Antarctique (du bois carbonisé); découverte de la terre de Graham par Biscoë en 1832; explorations et levés cartographiques de Dumont d'Urville de 1837à 1840, expédition de Charles Wilkes de 1838 à 1842, de Ross de 1839 à 1843, de Moore en 1845. Il faut ensuite aller jusqu'à 1874, pour trouver une incursion du Challenger dans ces parages. Les sondages de James Ross qui n'avaient nulle part révélé des profondeurs de plus de 1000 m; c'était déjà un indice encourageant. Les boues bleues recueillies par le Challenger au voisinage du cercle polaire, permirent de conclure avec plus assurance à l'existence d'un continent antarctique. Les résultats de cette expédition ont ainsi engagé James Murray (1865-1914) à provoquer de nouvelles recherches faites par le Jason en 1893, l'Antarctic (Carl Larsen) en 1895 ; et encore en 1897, un navire belge, la Belgica, est parti avec un personnel choisi et des instruments perfectionnés pour séjourner dans les mers australes. 
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Carte de la région de l'Antarctide qui fait face au Cap Horn (1894). La Péninsule
antarctique dont c'est ici la pointe septentrionale n'est pas encore apparente...
(Source : Perry-Castañeda Library map collection).

Cependant, même lorsqu'on atteignait une terre, on ne pouvait être certain de l'avoir atteint. Ne s'agissait-il pas plutôt d'une île? Plus d'une fois, d'ailleurs, ce que l'on avait pris pour une terre ne s'était-il pas avéré n'être qu'une glace flottante entrevue au loin, au milieu du mauvais temps? En fait, toutes les méprises eurent leur heure. Et l'on atteignit ou l'on vit même le continent bien avant d'avoir su le reconnaître...

Après Théodore de Gheritk, Kerguelen (qui a découvert les îles Kerguelen), Bouvet, Mareois et Crozet que des tempêtes avaient poussés dans le Sud, Cook , on l'a dit, a le premier exploré scientifiquement la région australe (1772-75), longeant une partie de la banquise et découvrant la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud. Smith (1819) découvrit les Shetland du Sud. Bellingshausen découvrit les pointes Pierre Ier et Alexandre Ier (1820-23) et son expédition fut probablement la première dans l'histoire à voir le continent antarctique proprement dit. A quelques semaines d'intervalle, l'Antarctide (probablement à la pointe de la Péninsule antarctique) fut également aperçue par l'expédition britannique commandée par Edward Bransfield (janvier 1820), et trois jours plus tard, dans le même secteur, par le baleinier Nathaniel Palmer. Suivirent d'autres baleiniers : Powell, Weddell qui atteint, dans la mer qui porte son nom, la latitude record de 74° 15', Morrell, John Biscoë (1830) qui a vu la terre d'Enderby (du nom de ses employeurs), Kemp, etc. Ils ont signalé quelques côtes ou ont peut-être pénétré plus avant que d'autres. L'un d'eux, John Davis (un homonyme du J. Davis, qui avait exploré les mers arctiques au XVIIe siècle), semble avoir été le premier, avec son équipage, à fouler le sol du continent, le 7 février 1821

Balleny a encore aperçu les îles Balleny et la Terre Sabrina (1839). Mais les chasseurs de phoques et de baleines ne sont plus désormais les seuls découvreurs. De nouvelles expéditions scientifiques sont maintenant mises sur pied. Entre 1838 et 1843, il y en aura trois (neuf navires au total). La première est celle de l'amiral Dumont d'Urville, qui découvrit (1838-40) la Terre Louis-Philippe, la Terre Adélie et aperçut la Terre Clarie. La deuxième (1839-1842) est dirigée par Wilkes. Avec plusieurs navires,  il longea la banquise sur plus de 2000 km et jugea découvrir, de distance en distance, des terres montagneuses qui étaient selon lui la bordure d'un continent inconnu, mais que d'autres navigateurs, pénétrant même plus au Sud, ont tardé à retrouver (on sait aujourd'hui qu'il s'agit bien d'une portion de continent et elle porte le nom de Terre de Wilkes). Enfin, la troisième est celle de  James Clark Ross, commandant l'Erebus et le Terror,  qui franchit plus de 300 km à travers les glaces flottantes (mer de Ross), put, avec un de ses canots, toucher à l'île Possession (janvier 1841), longea la Terre Victoria et vit (février 1841) par 77° de latitude deux volcans, l'Erebus et le Terror; il s'avança même jusqu'à 78° 4', où il fut arrêté par une banquise haute de 50 à 100 mètres. Il pensa également avoir localisé le pôle magnétique Sud, mais ne put l'atteindre. L'année suivante, il put pénétrer jusqu'à 78°9' 30°, mais cette fois sans apercevoir de terre. Même si on peut signaler ensuite le voyage de  Moore, sur la Pagode en 1845 et celui de baleinier hambourgeois Dallmann en 1873, le voyage de Ross aura été le plus important qui ait été accompli dans ces parages jusqu'au début du XXe siècle
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James Ross (à gauche) et Adrien de Gerlache.
(Source : Antarctica).

A cette époque on connaissait seulement trois groupes importants d'îles et de côtes, dont les connexions restaient encore incertaine : 

  • Le premier de ces groupes était celui de la Terre de Graham.  Situé entre le 60° et le 68° parallèles, il comprend la Terre de Graham proprement dite; puis, au Nord du Détroit de Bismarck, les Terres de Palmer, de la Trinité (avec le golfe de Hugues), de Louis-Philippe (avec le mont Haddington, 2150 m), l'île Joinville. La cote est bordée d'îles, île Adélaïde, Shetland du Sud (2 200 km²), séparées de la terre Louis-Philippe par le détroit de Bransfield. Plus à l'Est sont les Orcades du Sud (1 650 km²). Au Nord-Est, le groupe des îles Sandwich (env. 500 km²), rochers volcaniques, et la Géorgie du Sud (env. 4000 km²) quoique situées au N. du 60° parallèle, appartiennent à la région polaire par leur climat et leur stérilité.
  • L'autre groupe, situé au Sud de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, comprenait trois parties : La Terre Victoria, qui s'étend du Nord au Sud sur une longueur de plus de 700 km est la côte de ce que l'on hésite encore à appeler un continent, l'hypothèse d'une très grande île n'étant toujours pas exclue. Seulement savait-on que cette terre était sans végétation et qu'elle se termine par de hautes falaises, des glaciers et, par derrière, on avait aperçu de hautes montagnes. Les volcans Erebus et Terror se trouvaient au Sud de cette terre. Les îles Balleny, situées à environ 500 kilomètres au Nord de la Terre Victoria, presque sous la même longitude que la Nouvelle-Zélande, on connaissait également le commencement d'une série de côtes montagneuses et glacées que des navigateurs avaient aperçues plusieurs fois, et que Dumont d'Urvilleavait abordées en un point (pointe Géologie) de la Terre Adélie; après la Terre Adélie, on plaçait la Terre Clarie, la Terre Sabrina que Wilkes disait avoir découverte, mais que Nares et Ross n'ont pas retrouvée, les Terres Budd et Knox.
  • Le troisième groupe, situé par 50° de longitude Est environ, se composait de deux côtes : la Terre de Kemp et la Terre d'Enderby longue d'environ 400 km, aperçues en 1831 et en 1834 , mais dont ont admettait qu'elles pouvaient n'être que des îles. 

  • L'Antarctique en 1894. La forme générale du continent (en gris) est
    proposée par Murray s'appuie sur les seuls trois groupes 
    de terres (en marron) déjà cartographiées.
    (Source : Perry-Castañeda Library map collection).

    Les premiers séjours de longue durée dans l'Antarctique datent des toutes dernières années du XIXe siècle. Il s'agit, en premier lieu, de l'hivernage de l'expédition antarctique belge dirigée par Adrien Victor Joseph de Gerlache à bord de navire Belgica, pris dans les glaces (entre le 28 février 1898 et le 14 mars 1899) , puis de l'hivernage sur le continent même (Péninsule Antarctique) de  la British Antarctic Expedition (1899-1900) menée par Carsten Borchgrevink, qui utilisera également en cette occasion les traîneaux à chiens. (E. Levasseur).

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