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Anciens
habitants.
La république
de l'Equateur occupe le territoire de l'ancien royaume indien des Quitus
ou ancien peuple de Quito, qui avaient un chef
qui portait le titre de Quitus. Ils avaient bâti à
Cañar, sur la colline de Guagualsuma, un temple et ils y sacrifiaient
tous les ans des enfants pour obtenir une bonne récolte. D'autres
peuples, les Yambava, les Latacunga, etc., étaient alliés
à eux. Avant l'an 1000,
la nation des Caras, venue par mer du Pérou
peut-être, s'était établie sur la côte de Guayaquil,
fuyant, dit la tradition, devant des géants
nommés Manta; ils remontèrent le petit fleuve Esmeraldas,
et, vers l'an 1000,
ils se rendirent maîtres de la région de Quito, plus fertile
que la côte. Ils apportèrent leur propre civilisation et imposèrent
leurs chefs désignés sous le nom de Scyris, qui régnèrent
sur le pays de l'an 1000
à l'an 1475
il y a eu une quinzaine de Scyris.
Les Caras-Quitus
avaient un gouvernement monarchique. Ils adoraient le Soleil,
sans prétendre comme les Incas en
être les descendants; ils réglaient l'année
d'après les solstices,
et Quito était regardé comme
un lieu saint, parce qu'il se trouve sous l'équateur,
en un point, par conséquent, où deux fois par an le Soleil
ne donne pas d'ombre. Ils habitaient des maisons; ils construisaient des
routes et des ponts de lianes; ils avaient des armes de silex et de bronze
très dur, des poteries, des tissus de coton et de laine; ils taillaient
et sculptaient l'émeraude. Les Quitus brûlaient leurs morts;
les Caras les enterraient. Les uns et les autres comptaient avec de petits
morceaux de bois ou de pierre coloriés et enfilés. On voit
encore à Cañar les restes d'une forteresse de forme ovale,
longue de 38 m, construite en pierres de taille. On en voit aussi dans
le voisinage d'Ibarra. Au XVe
siècle, ils entrèrent en
lutte avec les Incas. Ces derniers prirent la forteresse de Tiojacas (1460),
mais ils furent vaincus à Mocha; plus tard ils furent vainqueurs
à Hâtun-Taqui où le dernier Scyri fut tué (1475)
: le lac Jaguacocha, «-lac
de sang-»,
a conservé le souvenir de cet événement. L'inca
Huayna Capac, victorieux, épousa la fille du Scyri, et le royaume
de Quito devint une dépendance de son empire. A sa mort, Huayna
Capac légua le royaume de Quito au fils qui était né
de ce mariage, à Atahualpa (1525)
qui, à la suite d'une guerre civile, vaincu Cañar, puis vainqueur
à Huamçhuco (1531),
devint maître du Pérou,
puis mourut victime de Pizarro.
Plusieurs centaines
de peuples parlant une quarantaine de langues différentes dépendaient
de cet Etat, qu'on désignait sous le nom de pays de Lican. Les Caras-Quitus
parlaient une langue voisine de celle des Quechua. Les Puritacus, les Cayambis,
les Utaballus, les Caranquis, etc., au Nord du royaume de Quito,
les Llatan-Cungas, les Purubas, les Cañar, les Zarza, etc., au Sud,
étaient les principales populations soumises ou alliées aux
Caras-Quitus. Sur la côte étaient les Hantas, les Huancavilcas,
les Caras, les Tacams. Dans la plaine orientale vivaient plus de deux cents
tribus moins avancées, qui n'étaient pas soumises au royaume;
les Xiparos, les Zaparos, etc., qui habitent encore ces parages.
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L'exploration
de l'Equateur
C'est en l'année
1531, lors de l'arrivée des premiers explorateurs espagnols
dans le pays, que l'Équateur entra dans le domaine de la géographie
positive; mais on n'eut qu'une idée très vague de sa configuration
jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, où une expédition
scientifique franco-espagnole commença l'étude géographique
des plateaux et de quelques parties du versant maritime. Le résultat
en fut, outre d'importantes publications de La
Condamine et des frères Ulloa (1735-1745)
(Le Voyage
des géomètres en Amérique du Sud, texte en ligne),
l'établissement par d'Anville, en 1730,
de la carte dite « de Maldonaldo ».
Les voyages de de
Humboldt en 1801, de Boussingault,
de Moritz Wagner, de Reiss et Stübel, d'Edouard André, du Dr
T. Wolf ont contribué d'une façon plus ou moins considérable
à faire mieux connaître la géographie
du pays. Ceux du Dr Wolf ont eu pour résultat l'établissement
d'une carte représentant d'une manière
précise les provinces maritimes et la chaîne des Andes équatoriennes,
c'est-à-dire la zone la plus peuplée de la république.
Cette carte, publiée en 1892, fut la meilleure qu'on possèdait
encore au début du XXe siècle sur le pays, dont il
n'exista pendant plusieurs décennies encore aucun levé précis
et dont certaines parties restaient encore absolument inconnues. |
Conquête
et colonisation par les Espagnols.
Pizarro
avait fondé Puerto Viejo (1531).
Un de ses lieutenants, Benalcazar, parti de
la côte, s'empara de Quito (1533),
à laquelle le général inca
Ruminaluri mit le feu avant de prendre la fuite. En 1538,
Pizarro fit un gouvernement particulier de l'ancien royaume de Quito que
le pacificateur du Pérou,
le gouverneur Pedro de La Gasca, érigea en audience de Quito, subdivisée
en neuf correjimientos et en gouvernements dont le nombre fut variable
: l'ensemble du pays formait la présidence de Quito. Des villes
avaient été fondées : Guayaquil
et Loja dès 1535
et 1546;
plus tard Zamora (1549),
Cuenca (1546),
Ibarra (1597),
etc. Dans la plaine orientale, Quéjos (1552),
Baiza (1558),
furent fondées, et des Espagnols
s'établirent chez les Macas, anciens alliés d'Atahualpa,
mais la révolte générale des Xiparos et des Macas
(1599)
anéantit presque la puissance espagnole de ce côté.
En 1540,
Gonzalès Pizarro, avec 340 Espagnols et 4000 Indiens, partit de
Quito, franchit la Cordillère par Pappalacta, souffrit considérablement
par les pluies torrentielles, longea néanmoins le Napo à
la recherche de la ville d'Eldorado.
Il construisit à grand-peine une barque après avoir fabriqué
des outils avec les fers des chevaux morts; mais il fut abandonné
par Orellana, à qui il avait confié
cette barque et dut revenir à Quito avec 80 Espagnols,
en affrontant des fatigues plus rudes encore. La présidence de Quito
fut rattachée à la vice royauté de Santa Fé
à l'époque de sa fondation (1718)
puis replacée (1722)
sous l'autorité du vice-roi de Lima.
L'émancipation
et la république de l'Equateur.
La présidence
de Quito ne fut pas la première à secouer l'autorité
espagnole; quelques tentatives de soulèvement avaient été
réprimées (1809-1812).
Le général Sucre s'empara de Guayaquil
en octobre 1820
et, vainqueur à Riobamba, au Pichincha (22 mai 1822),
il renversa les autorités espagnoles. L'Equateur avait adhéré
en 1821à
l'union du congrès de Cuenta (El Rosario de Cucuta en Colombie)
Simon Bolivar, venu de Bogota,
fit son entrée à Quito (1822)
et, sous sa dictature, le pays fit partie de la Colombie.
Il était alors divisé en trois départements : Quito,
Guaya et Azuay. Une armée péruvienne ayant envahi le pays,
fut vaincue à Tarqui par le général Sucre, lieutenant
de Bolivar (1828).
Mais le Venezuela
ayant rompu l'union et refusé d'envoyer des députés
à la Convention de Bogota (1830),
l'Equateur suivit son exemple et, au congrès de Riobamba (mai 1830),
il proclama son indépendance, sous la présidence du général
Florès. Deux provinces colombiennes que l'Equateur s'était
annexées (Pasto et Buenaventura) furent reconquises presque sans
combat (1832).
Le général Florès resta maître de la république
de l'Equateur jusqu'en 1845;
mais la guerre civile dura jusqu'en 1836
(combat de Miñarica, etc.); elle recommença après
l'exil de Florès et, en 1850,
le désordre devint tel que la république faillit se démembrer.
Florès, qui avait essayé plusieurs fois de ressaisir le pouvoir,
fut chassé (1855).
Les partis libéraux et conservateurs, radicaux, etc., ne cessèrent
de se disputer le pouvoir, et la révolution fut eu quelque sorte
en permanence.
La constitution,
plusieurs fois remaniée et plusieurs fois méconnue, a été
refaite le 31 mars 1843
à Cuenca; cette constitution a été à son tour
remaniée en 1852,
1853,
1861,
1869,
1883,
1884,
1887.
Les questions de limites ont occasionné plusieurs guerres. En 1859,
le président du Pérou,
Castilla, prit Guayaquil;
mais les troubles du Pérou l'obligèrent à rentrer
à Lima. Les conservateurs ayant repris l'avantage en 1860,
Florès, se contentant du gouvernement de Guayaquil, laissa la présidence
à son gendre, Garcia Moreno. Celui-ci soutint des guerres difficiles
contre la Nouvelle-Grenade (Colombie),
mais entreprit deiverses réformes à l'intérieur.
Les Indiens ont
quelquefois protesté encore contre la domination des Blancs et des
Métis; un soulèvement à Riobamba (1872)
a été étouffé par la force. Garcia Moreno consacra
la république au « Sacré-Coeur » et fut assassiné
en 1875.
La lutte entre conservateurs, libéraux et radicaux, amena alors
la formation de trois Gouvernements qui, unis en 1883,
nommèrent une convention qui élut président Placid
Camano. Après lui vinrent Antonio Florès (1888-1892),
Luis Cordero, qui démissionna en 1895,
Alfaro, sous qui une nouvelle constitution fut proclamée le 12 janvier
1897.
Au milieu de ces
guerres civiles incessantes, la constitution de l'Equateur fut souvent
remaniée ; cependant, celle de 1897
diffère peu des précédentes, notamment de celle de
1884. Le président de la République est élu pour quatre
ans. Le pouvoir législatif appartient à un congrès
de deux Chambres : le Sénat, dont les membres (deux par province)
sont élus pour quatre ans, et qui est renouvelable par moitié
tous les doux ans; la Chambre des députés, élue pour
deux ans (1 député par 30 000 habitants). Tout majeur, catholique
romain, sachant lire et écrire, est électeur.
La république
de l'Equateur a été, pendant l'année 1906,
le théâtre de graves désordres, qui n'ont cessé
qu'au commencement du mois d'octobre. Ils ont eu pour prétexte le
retour de l'ex-président Plaza, qui essaya, au mois de décembre
1905,
de reprendre le pouvoir à son successeur, Lizardo Garcia, dont la
popularité était en effet médiocre parmi les libéraux
de l'Equateur. Cette tentative ayant jeté le trouble dans le pays,
un autre ancien président, Alfaro, - qui s'était fait connaître
en obtenant dans l'Equateur la séparation de l'Eglise et de l'Etat
et en faisant décider l'expropriation des biens du clergé,
- est alors intervenu au nom du parti avancé, et a fait procéder
à l'élection d'une Constituante, installée à
Quito
au début d'octobre 1906,
et par laquelle il a été élu président de la
République pour quatre ans.
Entre 1904 et 1942,
l'Équateur a perdu des territoires dans une série de conflits
avec ses voisins. Une guerre frontalière avec le Pérou qui
a éclaté en 1995 a été résolue en 1999.
Bien que l'Équateur
ait marqué 30 ans de gouvernance civile en 2004, la période
a été marquée par l'instabilité politique.
Les manifestations à Quito ont contribué à l'éviction
à mi-mandat de trois des quatre derniers présidents démocratiquement
élus de l'Équateur. Fin 2008, les électeurs ont approuvé
une nouvelle constitution, la vingtième de l'Équateur depuis
son indépendance. Guillermo Lasso a été élu
président en avril 2021, devenant ainsi le premier président
de centre-droit du pays en près de deux décennies
(GE / NLI).
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Daniel
Klein, Equateur,
l'art secret de l'Equateur précolombien, Cinq continents,
2007.
9788874393381
Nous
nous devons d'accorder à la richesse archéologique de l'Équateur
actuel la place qui lui revient. En effet, cette région des Andes
septentrionales est peu traitée par la littérature archéologique
car elle est prise en étau entre deux cultures importantes : l'architecture
monumentale du Pérou, au sud, et la
richesse métallurgique de la Colombie,
au nord. Par leur situation géographique, les Andes septentrionales
constituent pourtant une zone de confluence d'importants phénomènes
écologiques et culturels qui ont donné naissance à
une civilisation extrêmement riche qui a survécu dans la céramique,
la pierre, l'or et l'argent alors que les constructions, les peintures
murales et les textiles ont été perdus à jamais.
L'archéologie
précolombienne a commencé dans les années 1940 après
de surprenantes découvertes. Elle est fondée essentiellement
sur les objets : la réitération de thèmes ou de styles
et les ressemblances esthétiques, la convergence ou la divergence
de représentations symboliques ont permis aux chercheurs de retracer
le territoire, les rapports interrégionaux, les contacts lointains,
les apports primitifs de peuples qui ont en quelque sorte marqué
le développement des différentes régions américaines,
depuis le Mexique jusqu'au sud du Chili.
C'est ainsi que, par exemple, ont été mis à jour la
culture de Valdivia - la première ayant maîtrisé la
céramique en Amérique - ou le
rôle de premier plan joué sur toute la côte du Pacifique
par les marchands de spondyles qui, depuis les peuples de la côte
équatorienne, ont essaimé sur tout le continent.
Les
recherches de ces dernières années ont donc mis à
jour en Équateur, un long processus de génération
de pensées et d'images appartenant à différentes cultures
témoignant d'une grande richesse et d'une extrême diversité.
Elles sont présentées dans cet ouvrage à travers une
sélection de 250 objets, remarquablement photographiés. (couv.) |
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