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Buridan

Jean Buridan est un docteur scolastique, né à Béthune vers 1295, mort vers 1360, était disciple d'Occam, et ardent nominaliste. Il enseigna la philosophie à Paris, et fut élu en 1317 recteur de l'Université de cette ville. Comme philosophe, Buridan a enseigné le plus pur nominalisme et s'est confiné dans les études philosophiques.  Persécuté par les Réalistes, il se retira en Allemagne, où il fonda une école, et enseigna à Vienne. Buridan, en tant que nominaliste,ne pouvait admettre l'existence de la liberté humaine, et il a longuement discuté la question du libre arbitre dans ses commentaires sur l'Ethique d'Aristote

On lui a attribué l'invention d'un argument resté célèbre. On a prétendu que voulant prouver que la liberté d'indifférence (liberum arbitrium indiferentiae) était nécessaire à l'humain pour être véritablement libre, Buridan aurait dit qu'un âne placé entre deux baquets égaux (ou entre deux seaux, ou entre deux prés) devait se laisser mourir de faim (ou de soif), s'il ne possédait pas cette liberté, et que par conséquent il devait avoir la liberté d'indifférence puisqu'en fait jamais il ne se laisserait mourir de faim. On ne trouve pas trace de cet argument dans les oeuvres qui nous restent de Buridan; il est peu probable qu'il vienne de son enseignement oral, puisque Buridan est plutôt opposé que favorable au libre arbitre; et enfin la question du libre arbitre se pose à propos de l'humain et non à propos de l'âne.

Leibniz a discuté cet argument dans ses Essais de Théodicée, 1re partie, § 49. Schopenhauer (Essai sur le libre arbitre, c. III, trad. fr., p. 119) et Fonsegrive article (Essai sur le libre arbitre, Alcan, 1887, in-8, pp. 119, 199) ont montré que 

« l'exemple classique attribué à Buridan était, dans ses termes essentiels, d'un usage ordinaire dans les écoles philosophiques antérieures à Aristote ».
Ajoutons que, suivant une rumeur, que Gaguin ne mentionne que pour la réfuter ce même Buridan aurait dans sa jeunesse été introduit dans la tour de Nesle, où la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, aurait eu avec lui un commerce coupable, et il aurait failli être victime de son imprudence. Cette tradition, recueillie par Villon, et accueillie par nos dramaturges, si on la rapporte aux  dates citées plus haut apparaît comme une fable sans fondement. (G. Fonsegrive / Bouillet).


Anciennes éditions- Buridan s'est surtout occupé de logique et de commentaires sur Aristote, comme en témoignent les titres de ses écrits : Summula de dialectica (Paris, 1487, in-fol.); Compendium Logicae (Venise, 1487, in-fol.); Sophismata (in-8); Quaestiones in X libros Ethicorum Aristotelis (Paris. 1489, in-fol., et Oxford, 1637, in-4); Quaestiones in VIll libros Physicorum Aristotelis, in libros de Physica et in parva naturalia (Paris, 1516, in-4); In Aristotelis Metaphysica (Paris, 1516-1518, 17 vol. in-fol.). 
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Dictionnaire biographique
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