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Born

Bertran (ou Bertram) de Born est un troubadour, né vers 1140, dans la vicomté de Limoges, dans la partie la plus septentrionale du diocèse de Périgueux, mort en 1215 à l'abbaye de Dalon. Il appartenait à une famille noble; son père s'appelait également Bertran de Born; sa mère, Ermengart. 

On ne sait comment le château d'Hautefort tomba au pouvoir de la famille de Born; toujours est-il que, dès avant 1169, Bertran de Born, le poète, y était installé avec son frère Constantin et que, pendant longtemps, les deux frères le possédèrent en commun. La discorde finit toutefois par se mettre entre eux; Bertran prétendit que son frère lui avait tendu des embûches et le chassa d'Hautefort. Constantin réclama auprès de Richard Coeur-de-Lion, alors duc d'Aquitaine, qui accueillit ses réclamations. C'est ce motif tout personnel qui paraît avoir jeté Bertran de Born dans la révolte des barons limousins, poitevins et périgourdins qui, à la fin de l'année 1182 et en 1483 cherchèrent à secouer la domination de Richard en appelant à leur aide son frère aîné, Henri au Court-Mantel. 

La mort d'Henri (14 juin 1183) porta un coup fatal à la cause des révoltés et Bertran de Born fut le premier à en ressentir les fâcheux effets. Le 29 juin, Richard, accompagné du roi d'Aragon, arrivait sous les murs d'Hautefort à la tête d'une armée. Cette forteresse, qu'un chroniqueur qualifie de Castrum valde inexpugnabile, ne tint pas huit jours; le 6 juillet, Richard en était maître. Il semble que Bertran de Born n'ait pas voulu prolonger la résistance de peur d'exaspérer le prince. Une fois maître du château, Richard en expulsa le troubadour pour y installer son frère Constantin; mais peu de temps après, Bertran réussit à rentrer en grâce et occupa de nouveau Hautefort dont ses fils héritèrent après lui. Il ne semble pas depuis lors avoir pris part autrement que par ses chansons aux événements politiques de la fin du XIIe siècle, et vers 1196, il se fit moine à l'abbaye cistercienne de Dalon.
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Chant de guerre

« J'aime quand les coureurs font fuir gens et troupeaux. J'aime quand je vois à leur suite beaucoup d'hommes d'armes bruire ensemble, et j'ai grande allégresse quand je vois châteaux forts assiégés et murs croulants déracinés, et que je vois l'armée sur le bord qui est tout à l'entour clos de fossés, avec des palissades garnies de forts pieux.

Me plaît ce brave seigneur le premier à l'attaque avec un cheval armé, et sans crainte parce qu'il fait oser les siens par sa vaillante prouesse. Et quand il revient au camp, chacun doit d'empresser et le suivre de bon coeur : car nul homme n'est prisé quelque chose tant qu'il n'a pas reçu et donné bien des coups.

Nous verrons les lances et les épées briser et dégarnir les casques de couleur et les écus, dès l'entrée du combat, et les vassaux frapper ensemble, et fuir à l'aventure les chevaux des morts et des blessés; et quand le combat sera bien mêlé, que nul homme dé haut parage n'ait d'autre pensée que de couper têtes et bras; car mieux vaut un mort qu'un vivant vaincu.

Je vous le dis : le manger, le boire, le dormir n'ont pas tant de saveur pour moi que d'ouïr crier, des deux parts : A eux! et d'entendre hennir chevaux démontés dans la forêt et d'entendre crier : A l'aide! à l'aide! et de voir tomber dans les fossés petits et grands sur l'herbe, et de voir les morts qui ont les tronçons outrepassés dans leurs flancs.

Barons, mettez en gage châteaux, villages et cités, avant qu'aucun vous guerroie. Et toi, Papiol, cours vite vers Oui et non, Richard, dis-lui qu'ils sont trop longtemps en paix. » (Bertram de Born).

De bonne heure la légende s'est emparée de la vie de Bertran de Born; quelque vingt ans après sa mort, un auteur provençal anonyme a commenté quelques-unes de ses poésies et a raconté à sa guise les événements auxquels le poète a été mêlé, en exagérant la part qu'il y avait prise, notamment son influence sur les fils d'Henri Il. C'est dans ce miroir grossissant et peu fidèle que Dante a aperçu la figure de Bertran de Born; de là est sorti le tableau saisissant que le poète italien a placé dans le vingt-huitième livre de l'Enfer (La Divine Comédie), où l'on voit Bertran de Born errer décapité, sa tête à la main en guise de lanterne, pour avoir excité Henri le jeune contre son père Henri II. Plus tard, on est tombé dans un excès d'un autre genre :

 Â« Cet homme extraordinaire, a dit Augustin Thierry, semble avoir eu la conviction profonde que sa patrie, voisine des Etats des rois de France et d'Angleterre, et placée, selon l'expression du temps, comme l'enclume entre deux marteaux, ne pouvait échapper aux coups qui la menaçaient perpétuellement d'une part on de l'autre, que par le trouble et la guerre entre ses ennemis. Telle, en effet, paraît avoir été la pensée qui présida, durant toute la vie de Bertran, à ses actions et à sa conduite. » 
Une fois dans cette voie, certains historiens sont allés plus loin encore : l'un a supposé que Bertran de Born voulait renouveler l'ancienne dynastie des ducs d'Aquitaine; l'autre en a fait une sorte d'apôtre du patriotisme français et a vu en lui un précurseur de Du Guesclin et de Jeanne d'Arc. En réalité, il est impossible de découvrir une idée politique supérieure dans la conduite de Bertran de Born. La première fois qu'on le voit en lutte avec Richard Coeur-de-Lion, c'est pour une raison personnelle, parce que ce prince soutient Constantin de Born dans ses droits sur Hautefort. Quand il organise une ligne contre le même Richard, il songe si peu à arracher l'Aquitaine aux princes anglais qu'il voudrait simplement remplacer Richard par son frère aîné, le jeune roi Henri ou même par un autre fils d'Henri II, Geoffroi, duc de Bretagne

Une seule chose domine dans ses poésies, c'est l'amour de la guerre pour elle-même, soit à cause des émotions qu'elle donne, soit aussi, il faut bien le reconnaître, à cause des profits qu'elle rapporte. On l'a appelé le Tyrtée du Moyen âge; la comparaison est juste si l'on ne voit dans Tyrtée que la poète belliqueux qui cherche à communiquer aux autres l'ardeur guerrière qui l'anime, et si l'on ne fait pas de ce nom un symbole du patriotisme.

Les poésies de Bertran de Born sont pour la plupart des sirventés, c'est-à-dire des compositions lyriques, satiriques ou morales; elles ont joui, dès l'origine, d'une grande réputation. Le roi Alphonse Il d'Aragon, qui n'avait pourtant pas à se louer du poète, proclamait que ses sirventés étaient le modèle du genre, tout comme les chansons amoureuses de Giraud de Borneilh, ce qu'il exprimait sous cette forme originale : 

« Sirventés de Bertran de Born et chansons de Giraud de Borneilh, ce sont maris et femmes. »
On y trouve un tableau vivant de la société féodale de l'époque, un écho de tous les événements de la fin du XIIe siècle que le poète a vus de près ou de loin. Il faut signaler particulièrement : un chant guerrier pour le comte de Toulouse contre le roi d'Aragon; plusieurs pièces relatives aux démêlés du poète avec son frère Constantin; un appel aux armes des barons limousins contre Richard; deux chants funèbres sur la mort d'Henri Court-Mantel ; deux pièces virulentes contre le roi d'Aragon, auquel Bertran de Born ne pardonnait pas sa participation au siège d'Hautefort; une série de pièces destinées à envenimer les luttes de Richard Coeur-de-Lion et de Philippe-Auguste; deux chants de croisade, etc. 

Bertran de Born a aussi composé quelques poésies amoureuses en l'honneur de Maheut de Turenne, de Guicharde de Beaujeu et de la propre soeur de Richard Coeur-de-Lion, Mathilde, femme du duc Henri de Saxe, qui l'avait gracieusement accueilli à Argentan, dans un de ses voyages à la cour des Plantagenêt

Dans toutes ses pièces, il y a des expressions pittoresques, des traits heureux, mais Bertran de Born a toujours quelque chose de heurté, parfois d'incorrect dans le style, et, à ce point de vue, il est inférieur à d'autres troubadours, ses contemporains, tels que le Toulousain Peire Vidal ou son compatriote Giraud de Borneilh. (Ant. Thomas)..

Bertran de Born, le Jeune, fils du précédent, était comme lui troubadour et guerrier. il vivait encore en 1223. On a de lui un sirventés de l'année 1202, où il reproche vivement au roi d'Angleterre, Jean-sans-Terre, son manque de courage : 
« Il devrait avoir honte, lui dit-il, s'il se souvenait de ses ancêtres, d'abandonner ainsi au roi Philippe et le Poitou et la Touraine; l'Aquitaine pleure tout entière le roi Richard qui a dépensé pour la défendre tant d'or et tant d'argent; mais lui ne s'en soucie guère. »
Outre ce sirventés, il est possible que quelques-unes des pièces attribuées par les manuscrits à Bertran de Born le père soient également du fils. (Ant. Th.).
Ferdinand-Gotlob Born, né à Leipzig en 1765, mort le 8 décembre 1807, est un philosophe allemand, professeur à l'Université de Leipzig, il est surtout connu par sa traduction latine des oeuvres critiques de Kant (Leipzig, 1796-1798,
8 vol. in-8). A l'époque où Abicht développait dans son Nouveau magasin philosophique (publié à Leipzig, 1789-1791,11 vol. in-8) les doctrines de Kant, il fut l'un de ses plus importants collaborateurs. 

On peut encore citer de lui un essai publié en allemand sur les Principes fondamentaux de la sensibilité (Leipzig, 1788, in-8) et des Recherches sur les premiers fondements de la pensée humaine, aussi en allemand (Leipzig, 1789, in-8). Cet ouvrage a été réimprimé en 1791 sous le titre : Essai sur les conditions primitives de la pensée humaine et les limites de notre connaissance.

Ignace, baron de Born est un minéralogiste, né en 1742 à Carbourg en Transylvanie, mort en 1791, parcourut l'Allemagne, la France, la Hollande et la Hongrie, acquit de grandes connaissances en histoire naturelle, fut nommé en 1770 assesseur à la direction des mines et des monnaies à Prague, et fut appelé en 1776 à Vienne par Marie-Thérèse pour classer et décrire le cabinet impérial d'histoire naturelle. Il publia cette description sous le titre de Lithophylacium bornianum, index fossilium, etc., Prague, 1772. On a encore d'Ignace de Born : Sur les amalgames des minéraux qui contiennent de l'or et de l'argent, Vienne, 1786; Voyage minéralogique de Hongrie et de Transylvanie, Leipzig, 1774. Il introduisit en Europe la méthode d'extraction les métaux précieux, qui était déjà appliquée en Amérique.
Max Born est un physicien né le 11 décembre 1882 à Breslau, en Allemagne (aujourd'hui WrocÅ‚aw, en Pologne), et mort le 5 janvier 1970 à Göttingen, en Allemagne de l'Ouest. C'était d'abord un spécialiste de la physique du solide. On lui doit l'interprétation probabiliste de la théorie quantique (M. Born, Quantenmechanik der Stossvorgänge, Zeitschrift für Physik, 38, 803, 1926; Règle de Born), pour laquelle il recevra le prix Nobel de physique en 1954. 

Après des études  en mathématiques et en physique dans diverses universités (Breslau, Heidelberg, Zurich, Göttingen, où il obtient son doctorat en physique en 1907 sous la direction de Max Planck), Born rejoint quelque temps l'université de Cambridge où il étudie sous la direction de J. J. Thomson et de Joseph Larmor.

A partir de 1912, il enseigne la relativité à l'université de Chicago, puis revient à Berlin en 1915 où il est enrôlé dans l'armée. A la fin de la guerre, il devient professeur à l'université de Francfort, puis en 1921 à celle de Göttingen.Il y aura de nombreux collaborateurs, parmi lesquels Pauli, Heisenberg, Jordan, Fermi, Dirac, Oppenheimer, etc. 

En 1924, Born développe, indépendamment d'Einstein, la statistique de Bose-Einstein, qui décrit le comportement des particules qui suivent les principes de la mécanique quantique et qui ne sont pas soumises au principe d'exclusion de Pauli, telles que les bosons. Puis, en 1925-1926, il cosignera avec Heisenberg et Jordan, divers articles sur la formulation matricielle de la mécanique quantique et sur l'interprétation statistique qu'il convient d'en faire (M. Born, et P. Jordan, Zur Quantenmechanik, Zeitschrift für Physik, 24, 858, 1925; M. Born,  W. Heisenberg et P. Jordan, Zur Quantenmechanik II, Zeitschrift für Physik, 35, 557, 1926). En collaboration avec Robert Oppenheimer, Born a aussi développé  en 1927 l'équation dite de Born-Oppenheimer. Cette équation permet de séparer les variables dans l'équation de Schrödinger pour traiter séparément les mouvements des noyaux atomiques et des électrons dans les molécules.

En 1933, l'avènement du régime nazi le conduit à quitter l'Allemagne. Il enseigne trois à l'université de Cambridge, et travaille en compagnie d'Infeld sur l'électrodynamique non-linéaire. Il travaillera ensuite en Inde, à Bangalore, avec Raman (1935), puis revient en Grande-Bretagne, à l'université d'Edimbourg, où il demeurera jusqu'à sa retraite en 1953. Parmi ses autres travaux notons encore  sa  théorie mathématique de la diffusion quantique, qui décrit comment les particules se comportent lorsqu'elles interagissent avec d'autres particules ou avec un potentiel extérieur. 

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