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Henri Marie Ducrotay
de Blainville est un naturaliste, d'une très ancienne famille,
né à Arques, près de
Dieppe,
le 12 décembre 1777, mort à
Paris
le 1er mai 1850. Il perdit de bonne heure
son père, fut élevé par les moines bénédictins,
et à l'àge de dix-neuf ans vint à Paris pour étudier
la peinture et y mena d'abord une vie de plaisirs et de dissipation. Quelques
relations fortuites avec des savants décidèrent de sa vocation;
il quitta l'atelier de peinture, où il travaillait peu, et il se
livra aux études scientifiques avec toute la fougue de son caractère.
Reçu docteur en 1808, il ouvre un cours d'anatomie et étudie
en même temps la zoologie .
Cuvier,
qui l'avait distingué, voulut se l'attacher comme collaborateur
et le prit pour suppléant de son cours du Collège de France
et de l'Athénée. Mais Blainville était un esprit trop
indépendant pour se courber devant un maître; aussi ne resta-t-il
pas longtemps l'associé de Cuvier, qui cependant avait favorisé
sa nomination à une chaire d'anatomie et de zoologie vacante à
la Faculté des sciences de Paris, en 1812. Une rupture ne tarda
pas à se produire entre les deux savants, et bientôt cette
rupture dégénéra en une lutte ardente. En 1825, Blainville
entra à l'Académie des sciences,
en 1830 il obtint au Muséum une portion de la chaire de Lamarck
et eut à traiter des mollusques ,
des zoophytes et des vers; en 1832, il remplaça Cuvier dans la chaire
d'anatomie comparée .
Parvenu ainsi à la position la plus élevée qu'il pût
ambitionner, la fortune ne le changea pas; il resta rude, indomptable,
presque sauvage, mais bon, généreux et dévoué
pour ses élèves et ses amis. Blainville était admirable
comme professeur; sa parole ardente, imagée, passionnait son auditoire,
et faisait passer ses convictions dans l'esprit de ses élèves.
La plupart des travaux de de Blainville
portent sur l'anatomie comparée .
Mais sa célébrité est due principalement aux vues
élevées qu'il introduisit en zoologie et défendit
avec tant d'éclat. Voici un aperçu des notions fondamentales
qui présidèrent à sa classification
du règne animal .
A l'exemple de Bichat, il sépare les deux
vies organique et animale et donne comme attributs
à cette dernière la sensibilité
et la Iocomobilité qui n'en est qu'une dépendance; la sensibilité,
pour établir les relations avec le monde extérieur, est nécessairement
périphérique; dès lors, pour de Blainville, la forme
extérieure de l'animal, la surface qui le sépare du milieu
ambiant, constitue son caractère essentiel et primordial. Aussi
sa classification est-elle basée sur la forme, qui traduit à
l'extérieur la distribution du système nerveux, le grand
agent de la sensibilité. De là trois grandes divisions :
1° Animaux
amorphes ou Amorphozoaires;
2° Animaux rayonnés
ou Actinozoaires;
3° Animaux bilatéraux
ou Zygomorphozoaires.
Cette classification a été abandonnée
depuis longtemps, mais des groupes secondaires, plus naturels, ont été
adoptés durablement par les naturalistes. Mais où se manifeste
surtout l'originalité de de Blainville, c'est dans sa conception
générale du monde vivant et, plus largement de ce que les
avants appellent encore à cette époque la Création;
pour Cuvier, le règne animal se compose
de groupes distincts, nettement circonscrits; pour de Blainville, qui est
partisan de l'idée d'unité,
les êtres forment une série non interrompue, et les lacunes
qu' on signale, les intervalles qui séparent les groupes et les
espèces actuels ont été remplis autrefois par des
êtres disparus. Donc, point de créations successives, mais
une création unique : tous les animaux ,
vivants ou fossiles, sont sortis du même coup des mains du Créateur;
chaque fossile nouveau qu'on découvre vient remplir une lacune dans
la série des êtres. Par une généralisation plus
étendue, Blainville arrive à présenter l'ensemble
des connaissances humaines comme formant
un cercle complet, ayant pour terme Dieu
ou la puissance intelligente créatrice. (Dr. L. Hn).
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En
bibliothèque - Ouvrages principaux
de Henri de Blainville : De l'organisation des animaux, ou principes
d'anatomie comparée (Paris, 1822, in-8, t. 1, seul paru); Manuel
de malacologie et de conchyliologie,
etc. (Paris, 182527, in-8, avec atlas de 100 pl.); Mém., sur
les bélemnites
considérées zoologiquement et géologiquement (Strasbourg
et Paris, 1827, in-4, avec 5 pl.); Cours de physiologie générale
et comparée, etc. (Paris, 1833, 3 vol. in-8, seuls parus);
Manuel d'actinologie et de zoologie, etc. (Paris, 1834-37, in-8, avec
atlas de 100 pl. in-8);
Ostéographie ou description iconographique
comparée du squelette et du système dentaire des mammifères
récents ou fossiles, etc. (Paris, 1839, 1864, en 26 liv., 4
vol. in-4 de texte, et atlas de 323 pl. infol.), ouvrage remarquable, resté
incomplet malheureusement; Histoire des sciences de l'organisme et de
leurs progrès comme base de la philosophie; leçons recueillies
et publiées par l'abbé Maupied (Paris, 1845, 3 vol. in-8);
dans le Dict. d'hist. naturelle, un véritable ouvrage sur
les Vers, qui a fait époque. |
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